Il veille sur vous

Les séries inspirées de crimes réels ne laissent pas indifférents. On peut citer récemment Dahmer, la série ayant un souci du détail particulièrement acéré. Dans le cas de The Watcher, on s’inspire également d’un fait divers ayant eu lieu en 2014 dans le New Jersey, plus précisément à l’adresse du 657 Boulevard à Westfield. La famille Broaddus fait l’acquisition d’un magnifique bien immobilier et entame des travaux de rénovation. Puis, des lettres arrivent dans leur boîte, des missives étranges signées par « The Watcher » (« L’Observateur » ou « Le Veilleur » en français).

Si la première lettre semblait être plus bizarre qu’autre chose (« Le 657 Boulevard est l’objet de ma famille depuis des décennies » / « Pourquoi êtes-vous ici ? Je vais le découvrir »), les suivantes sont clairement plus menaçantes, visant notamment les enfants de la famille (« Quand je connaîtrai leur nom, je les appellerai et les attirerai vers moi »). Inquiet pour leur sécurité et n’ayant pas encore emménagé dans leur nouvelle demeure, la famille va revendre la maison et malgré une enquête, l’Observateur n’a jamais été identifié. Je vous mets le lien vers une vidéo de McSkyz qui retrace impeccablement cette affaire : https://www.youtube.com/watch?v=N8zAhkMbEHo

A préciser que la série a été créée par Ian Brennan (cocréateur et scénariste notamment de Scream Queens) et Ryan Murphy (également cocréateur de Scream Queens et papa d’American Horror Story), on devrait donc avoir du lourd. Mais qu’en est-il vraiment ? Va-t-on frissonner ? Cette affaire de stalking va-t-elle réveiller en nous une terreur sans nom ? Pour le savoir, on ferme sa porte à clé et on se lance dans la critique !

La famille Brannock investi tout son pognon dans une nouvelle magnifique demeure dans un quartier tranquille ; le 657 Boulevard à Westfield. Ils y démarrent quelques travaux et font la connaissance de leurs curieux voisins. C’est alors qu’une lettre leur parvient ; sur un ton relativement menaçant, une personne leur assure qu’il surveille la maison et qu’elle fait l’objet de l’obsession de sa famille depuis des décennies. C’est le début de la descente aux enfers pour la famille Brannock.

Pour commencer, on peut dire qu’il y a du beau monde à Westfield ! Les nouveaux venus, la famille Brannock, est composée de Nora (Naomi Watts), son époux Dean (Bobby Cannavale) et leurs deux enfants. Ils font rapidement la connaissance de leurs voisins ; Pearl (Mia Farrow), farouche défenseuse de l’histoire du quartier et du monte-plats du 657 Boulevard, vivant avec son frère ayant un retard mental, Jasper (Terry Kinney) ; Maureen (Margo Martindale) et son mari Mitch (Richard Kind), deux retraités passionnés de chaise longue et de jumelles ; ou encore un étrange individu (Joe Mantello) qui s’invite chez les Brannock comme si de rien n’était.

Si on ajoute à cela Theodora (Noma Dumezweni), une détective prête à tout pour découvrir la vérité ; Roger (Michael Nouri), un ancien prof aimant écrire des lettres d’amour aux maisons ; Karen (Jennifer Coolidge), agent immobilier passionnée par le 657 Boulevard ; et l’inspecteur Rourke (Christopher McDonald), policier qui s’en bat les couilles de la situation, on tient une belle brochette de cinglés.

Et c’est sur cela – et à mon sens uniquement cela – que va miser la série pour tenter de séduire les téléspectateurs. L’intrigue de base, en soi, n’est pas réellement complexe ; une personne envoie des lettres étranges à la famille Brannock et il faut découvrir de qui il s’agit. Mais avec des personnages aussi étranges et des sous-intrigues qui n’en finissent plus, on commence à avoir beaucoup, BEAUCOUP de suspects, passant d’un à l’autre au fur et à mesure des épisodes, sans réelle cohérence.

Durant le visionnage des sept épisodes, j’avais clairement l’impression que le but du jeu était de mettre le plus de suspects possibles, chose qui fonctionne dans des films comme Scream ou encore Usual Suspects. Mais ici, à chaque épisode on nous présente une nouvelle possibilité de piste, la détective Theodora changeant de suspect principal au fil de l’histoire pour engranger plus de contenu.

Qui plus est, les liens avec la véritable histoire s’arrêtent à la réception des lettres et à l’envie de conservation du quartier par le voisinage. On sent une puissante broderie scénaristique pour parvenir à faire en sorte que la série tienne debout en dépit d’une cohérence sur l’ensemble de la production. Par-là, je veux dire que blinder l’intrigue en suspects et en sous-intrigues passablement loufoques (des voisins décédés mais pas trop, la passion de Jasper pour le monte-plats, une hostilité ambiante non négligeable) ne sert à rien, si ce n’est à alimenter la paranoïa de la famille Brannock.

Et c’est peut-être là que la série tape dans le mille ; il ne s’agit pas d’une affaire sur la réception de quelques missives incongrues mais bien d’une histoire sur la paranoïa. Avec seulement un bout de papier et quelques mots, la famille Brannock va s’enfoncer dans la peur et le doute, les poussant à montrer du doigt quiconque aurait l’outrecuidance de péter de travers. Et sur cette mise en scène pour présenter une paranoïa bien réelle, la série joue très bien son rôle.

Mais sinon… ben très peu d’angoisse et pas vraiment de révélation finale, bien que l’on se fasse passablement bien avoir à la fin de la série. Le manque de révélations (si ce n’est sur le petit groupe bien décidé à faire en sorte que le quartier ne change pas) vient du fait qu’une saison deux serait actuellement en cours de développement. Mais honnêtement, au vu de la teneur de cette première saison, je ne vois pas vraiment ce que l’on pourrait ajouter de plus. Plus de suspects ? Plus de sous-intrigues ? Plus de contenu pour une finalité d’une banalité affligeante ? Difficile à dire.

The Watcher n’a pas vraiment d’intérêt ; même si les acteurs sont bien dans leurs rôles, que l’ambiance globale est assez oppressante et que la représentation de la paranoïa est extrêmement bien fichue, forçant les Brannock à s’auto-détruire, le reste passe relativement inaperçu. Si saison deux il y a, je procéderai au visionnage pour avoir l’idée globale mais ce n’est pas quelque chose qui me transcende énormément. Pour les fans de faits divers et pour caler quelques soirées visionnages dans la semaine, ça reste tout à fait regardable.

Moi, dans le courrier, je n’ai que des factures…

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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