Assez épicé ?

Quelle aventure que celle de Dune ! Tout d’abord un roman de Frank Herbert sorti en 1995, il est jugé inadaptable au cinéma. D’ailleurs, plusieurs réalisateurs vont se casser les dents sur le projet d’une transposition sur grand écran entre 1975 et 1984, dont Alejandro Jodorowsky et Ridley Scott. Puis, en 1984 débarque enfin l’adaptation cinématographique réalisée par David Lynch. Echec commercial et critique à l’époque, notamment à cause de sa grande complexité, reste qu’il possède actuellement le statut de film culte.

Il faut attendre 37 ans pour revoir une nouvelle adaptation à l’écran sous la direction de Denis Villeneuve avec une sortie donc en 2021. L’histoire complexe, les nombreux personnages et le cadre extrêmement futuriste auront-ils raison de ce nouveau métrage ? Le roman est-il vraiment si impossible à transposer à l’écran ? L’Epice, combien ça coûte ? On fait le plein de son vaisseau et on se lance dans la critique !

L’an 10'191. La planète Arrakis est le seul endroit dans l’univers où l’on trouve l’Epice, une substance extrêmement précieuse qui permet de rallonger l’espérance de vie et également de procéder aux voyages interstellaires. L’empereur désigne Leto Atréides et sa Maison pour prendre les rênes d’Arrakis ainsi que la production de l’Epice. Mais est-ce bien raisonnable d’aller sur une planète précédemment détenue par la Maison Harkonnen, des foldingues notoires, ainsi que se confronter aux natifs du coin, les Fremen, peuple du désert aguerri aux combats ?

Bon, c’est difficile de résumer l’histoire en quelques lignes tant le contenu est dense. Il faut dire que le roman Dune n’est qu’une histoire parmi la totalité existante du Cycle de Dune, rassemblant passablement d’ouvrages. Donc, qui dit grand univers dit possible complexité d’en cerner toute la matière. C’est d’ailleurs ce qui avait été grandement reproché au Dune de 1984.

Pour le métrage ici présent, il faut dire que l’histoire se suit sans prise de tête. Oui, il faut assimiler pas mal d’informations sur l’univers qui nous est présenté mais cela reste de l’ordre du possible. La lecture de l’histoire se fait avec douceur et l’on avance petit à petit pour découvrir le cadre politique et social de ce qui nous entoure.  

Dans cet univers, vous vous en doutez bien, il y a passablement de personnages, à commencer par la Maison Atréides. Leto (Oscar Isaac), duc de son état, gère bien les choses et aspire à une paix entre les mondes. Son épouse, Dame Jessica (Rebecca Ferguson) maîtrise la Voix (permettant notamment de contrôler les individus) et s’occupe de l’éducation de leur fils Paul (Timothée Chalamet), appelé apparemment à un grand avenir. Duncan (Jason Momoa) est un éclaireur hors pair, Thufir (Stephen McKinley Henderson) s’occupe de la sécurité et Gurney Halleck (Josh Brolin) est un lieutenant sans faille des troupes des Atréides.

Du côté de la Maison Harkonnen, ennemis de toujours des Atréides, nous avons une belle brochette de cinglés. Le baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgard) règne sans partage sur ses troupes composées notamment de Rabban (David Bautista), une montagne de muscles sans pitié, et Piter de Vries (David Dastmalchian), un conseiller taciturne. Les Harkonnen l’ont un peu en travers de la gorge de s’être fait virer d’Arrakis et comptent bien le faire comprendre aux Atréides.

Il faut encore compter sur les Fremen, peuple du désert composé entre autres de Stilgar (Javier Bardem), chef de clan partageant volontiers l’humidité de son corps, Jamis (Babs Olusanmokun), un guerrier intrépide, et Chani (Zendaya), une jeune femme téméraire, se retrouvant souvent dans les visions de Paul Atréides. Reste à mentionner la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam (Charlotte Rampling), personnage de haut rang du Bene Gesserit (une loge influant grandement sur le pouvoir politique et religieux de tout l’empire) et le compte y est… du moins pour les personnages de premier plan.

Premier constat ; le casting est un florilège de costauds en matière de filmographie. Ils possèdent tous un CV bien fourni et surtout un capital sympathie auprès du public. A noter que chacun reste dans son rôle et s’y tient, révélant ainsi toutes les facettes des différents personnages sans fausse note.

Ensuite, malgré le nombre passablement élevé de protagonistes, on s’y retrouve assez facilement, chacun possédant ses propres caractéristiques. C’est donc avec plaisir que l’on rencontre chacun d’eux, même le baron Harokonnen, si, si. Bien qu’étant plus « soft » que son prédécesseur, qui était Kenneth McMillan, on s’attend à du lourd (sans jeux de mots) avec ce personnage.

Le film de Denis Villeneuve est donc plus clair et limpide que celui de 1984, qu’il s’agisse de l’identification des personnages ainsi que de la trame de l’histoire. Il faut dire que nous nous trouvons dans un univers passablement lointain (l’an 10'191, ce n'est pas pour tout de suite) et que le contexte politique et social mériterait un développement en quinze volumes à lui tout seul. Donc, chapeau d’avoir réussi à quantifier cela en bloc sans que ça ne pose de problème viscéral.

Qui plus est, le visuel du film est simplement splendide ; les océans de la planète Caladan (patrie des Atréides), les dunes de la planète Arrakis, le design des vaisseaux (à la fois épuré et crédible dans ce contexte), les vaisseaux-libellules, les deux lunes éclairant Arrakis une fois la nuit tombée… non, sérieusement, le film est visuellement bluffant. En s’éloignant de l’excès de détails que l’on pourrait retrouver dans d’autres métrages, cela apporte une atmosphère plus posée et surtout plus propice au calme nécessaire pour comprendre l’histoire.

Autre élément intéressant, bien que le film dure 155 minutes, il n’y a pas eu un moment où je me suis terré sur mon canapé en râlant « Bon, ça avance ou quoi ? ». On passe donc l’intégralité du métrage à découvrir, petit à petit cet univers… et c’est franchement plaisant, le tout se greffant admirablement sur une histoire aux enjeux politiques immenses, racontée avec calme et parcimonie.

Bon, après, il faut aimer les films de science-fiction avec de tels enjeux, sans quoi vous risquez fortement de ne pas dépasser l’heure de visionnage. L’action n’est pas prédominante sur l’ensemble de l’histoire mais les quelques incursions de celle-ci en cours de route (les combats d’entraînement de Paul, l’attaque des Harkonnen sur Arrakis, les coutumes étranges des Fremen) sont les bienvenues.

Ajoutez à cela quelques scènes bien tendues (la main dans la boîte, les échanges verbaux entre Paul et sa mère, l’insertion d’espions au sein de la Maison Atréides), une poignée de vers des sables (costauds les bestiaux !) et vous obtenez Dune.

On ne peut pas nier que le film ne plaira pas à tout le monde au vu des thèmes traités et que son contexte (tout de même hyper futuriste) pourrait en rebuter plus d’un. Et puis… il y a cette fin, abrupte, déchirante, comme une claque en pleine gueule en nous disant « Coco, maintenant, t’es bon pour attendre la suite dans deux ans ». Car oui, il s’agit ici d’une première partie et la seconde est prévue pour… 2023. Espérons que d’ici là, l’envie de découvrir la suite des aventures de Paul Atréides, des Fremen et de toute la clique ne se soit pas ténue.

Agréable surprise en cette année 2021 que cette nouvelle adaptation du roman de Frank Herbert. Même s’il y a passablement d’éléments qui ont dû être revus (pas possible de mettre toute la densité de l’histoire dans un récit, même en deux blocs de deux heures trente), il en reste un conte futuriste intéressant, lisible et possédant un lot de personnages évoluant au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. Content d’avoir redécouvert Dune autrement… et impatient de voir comment Denis Villeneuve va nous finaliser cela. En tout cas, concernant ce film, le mélange d’épices est subtil, bien dosé et comme il faut ; ni trop, ni trop peu.

Malgré tout, le film de David Lynch reste totalement culte.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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