Les larmes de "Conjuring"

Il convient en premier lieu de rétablir la vérité. Le titre français de ce film de 2019, La Malédiction de la dame blanche, prend un sens plus précis dans la langue de Shakespeare, à savoir The Curse of La Llorona. Dans le langage paranormal, une dame blanche peut être beaucoup de choses, souvent représentée par une femme faisant du stop dans nos contrées. Le mythe de la Llorona venant d’Amérique Latine est plus précis concernant l’histoire de ce film, mettant en scène une femme ayant assassiné ses enfants et dont l’esprit reste sur Terre dans l’unique but de prendre la vie d’autres bambins.

Ce métrage fait partie de l’univers Conjuring, maintenant bien connu des amateurs du domaine horrifique. Bien que le lien avec les autres films soit assez faiblard, il entre pourtant dans la droite ligne de ses précurseurs ; des événements surnaturels se déroulant dans une tranche historique située entre les années 50 et 70. Pour sa première réalisation d’un long métrage, c’est Michael Chaves qui se colle derrière la caméra. Va-t-il nous procurer du frisson ? Va-t-on verser une larme ? Sera-t-elle de joie… ou de tristesse ? Après avoir verrouillé toutes les portes, on passe au visionnage. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Los Angeles, 1973. Anna (Linda Cardellini) élève seule ses deux enfants Chris (Roman Christou) et Samantha (Jaynee-Lynne Kinchen) après la mort de son époux. Travaillant au service de protection de l’enfance, elle va se rendre chez la famille Alvarez pour découvrir deux enfants enfermés dans un placard. Leur mère Patricia (Patricia Velásquez) jure que c’est pour les protéger d’une terrible entité maléfique connue sous le nom de la Dame Blanche.

Bon, il faut déjà se mettre en mode « Llorona » avant de démarrer le métrage afin de bien s’incruster dans le plot qu’il ne s’agit pas d’un esprit faisant de l’auto-stop sur une route déserte à trois heures du matin. Une fois cela intégré, on démarre le film avec une séquence se déroulant en 1673 où l’on apprend l’origine de cette sinistre madame. La Llorona : 2 / Les enfants : 0, ça, c’est fait.

Comme à l’accoutumée, on continue le film avec la présentation de la petite famille. Anna doit concilier éducation des enfants, gestion de l’emploi du temps et travail tout en conservant son calme et sa dignité, notamment professionnelle. La famille Garcia (aucune affiliation avec un sergent du même nom) fonctionne bien et j’ai trouvé la prestation des enfants particulièrement sympathique. Anna, elle, se retrouve confrontée à une chose qu’elle ne peut pas expliquer et réagit de manière idoine à ce sujet.

En parvenant à conserver l’un de ses dossiers en lieu et place qu’il soit repris par sa collègue (aurait-il mieux valu ?), elle se retrouve à gérer l’étrange cas de la famille Alvarez où les enfants semblent maltraités… mais cela serait en fait pour les protéger. Après une séquence avec jeux de lumières incluant lesdits enfants et la Llorona, c’est sur la famille d’Anna que cette dernière va jeter son dévolu.

Vous en conviendrez ; on se trouve dans une terminologie connue d’avance. Peu de surprises parsèment le métrage. Même si l’ambiance globale est bien maintenue et le sentiment de tension bien présent, scénaristiquement, on assiste à quelque chose de déjà vu maintes et maintes fois. Cela dit, ce n’est pas pour autant que l’on se détourne de l’écran car plusieurs choses viennent tout de même titiller notre vecteur cérébral.

A commencer par la star du film, la pleureuse de service, celle qui verse des larmes noires en guise de pénitence pour ses crimes, j’ai nommé la Llorona ! Histoire tragique et simple, condamnation terrible et sans appel, cette femme incarne une tristesse et une rage à toute épreuve. Son graphisme et foutrement bien fichu et chacune de ses apparitions nous colle un frisson viscéral dans le dos tant son apparence reflète parfaitement ce que nous ne voudrions pas avoir en face de nous.

Pour se battre contre cette entité, il faudra compter sur l’aide d’un prêtre, le Père Perez (Tony Amendola) qui a déjà été aux prises avec une certaine Annabelle, faisant ainsi le lien avec l’univers Conjuring. Mais l’aide la plus vitale vient de Rafael (Raymond Cruz), ancien padre reconverti dans des pratiques moins orthodoxes pour chasser le mal. Nul doute que ce personnage reviendra dans un prochain opus de l’univers Conjuring.

Même s’il est convenu, le scénario se suit paisiblement et on sursaute passablement de fois, notamment avec l’utilisation des jump scares tant appréciés dans le domaine horrifique. Cependant, Michael Chaves ne s’arrête pas là et nous propose quelques séquences bien tendues (la nuit des enfants Alvarez, la scène de la voiture avec Chris et Samantha, la première rencontre entre Anna et la Llorona, la scène du bain), jouant même avec le concept d’arrière-plan pour conserver notre attention.

Malgré cela, on se demande si nous n’avons pas affaire à un film prétexte. L’incursion de Rafael, qui s’avère être calé dans le domaine de la chasse aux monstres, et la présence presque anodine du Père Perez laisse à penser qu’il s’agit-là d’une histoire usitée pour nous introduire quelques personnages complémentaires à l’univers Conjuring en nous gratifiant d’une heure trente de dame blanche.

Si la famille est au centre de l’histoire, c’est également principalement la relation parent-enfant qui est mise en avant. D’un côté Anna, une mère dévouée, prête à tout pour que sa famille puisse s’épanouir et étant obligée de faire avec les moyens du bord, respectivement en gérant la terrible absence de son époux. De l’autre la Llorona, impulsive, rageuse et pleureuse, ayant assassiné ses enfants sur un coup de tête pour faire souffrir celui qu’elle aime. A mon avis, il n’y a pas photo ; le mode d’éducation de la dame blanche laisse clairement à désirer.

Sans imposer une morale trop pesante, en nous faisant grimper quelque peu le trouillomètre sans pour autant le faire exploser, La Malédiction de la dame blanche ne laisse pas un souvenir impérissable. Finalement, même si les personnages sont bons et attachants et que le scénario est simpliste mais facile, on ne versera aucune larme ; ni de joie, ni de tristesse. Ne restera que le constat d’un nouveau métrage horrifique dans l’univers Conjuring qui plaira sans doute à tous les amateurs mais qui ne changera pas radicalement notre vision du genre.

Et si vos larmes sont noirâtres, je vous conseille d’aller consulter.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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