La vie trouve TOUJOURS un chemin

Ceux d’un certain âge se souviennent sans doute des émois ressentis lors du visionnage du tout premier Jurassic Park en 1993. Puis vinrent deux autres films et une pause de quatorze ans avant la sortie de Jurassic World en 2015. Avec son plus d’un milliard et demi de dollars au box-office, il était normal qu’une suite soit réalisée. C’est chose faite avec Jurassic World : Fallen Kingdom en 2018. Dirigé par un Juan Antonio Bayona motivé, ce nouveau film continue cette saga enclenchée il y a vingt-cinq ans et nous permet de constater que les dinosaures, forts de leur plus de 65 millions d’années d’ancienneté, ont toujours la cote. Alors, bien cuite ou saignante votre cuisse de brachiosaure ?

Trois ans ont passé depuis la débâcle du parc Jurassic World. Les bestiaux, toujours sur l’île d’Isla Nublar, sont menacés par l’éruption du volcan local. Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) milite farouchement pour trouver des fonds afin d’aller sauver ces animaux. Elle y parviendra via un ancien collègue de John Hammond et ne manquera pas d’embarquer son ancien petit ami Owen Grady (Chris Pratt), l’homme qui a dompté les vélociraptors. Entre une éruption volcanique, une nouvelle espèce créée en laboratoire et des animaux éteints à sauver, leur aventure sera mouvementée.  

Vu comme ça, le pitch semble des plus déplaisants, non ? De deux choses l’une ; j’évite de trop spoiler l’intrigue ; et effectivement, la première partie du film n’est pas des plus reluisantes. On sent que le réalisateur pose ses marques histoire de pouvoir les développer par la suite, mais le rythme semble un peu bancal, jouant la carte du scénario « déjà-vu » pour ne pas dépayser les fans et permettre aux nouveaux venus de comprendre ce qu’il se passe.

Pourtant, beaucoup de choses restent au crédit de cette première partie. La séquence d’introduction envoie du lourd et nous met en appétit (de T-Rex) pour la suite. Ça fait plaisir de revoir les bouilles des acteurs du premier opus, et d’un vieux de la vieille qui revient le temps de quelques minutes ; l’inimitable Ian Malcolm (Jeff Goldblum), l’homme qui a toujours eu raison. La scène de l’éruption est fichtrement bien menée (bien que parfois capilotractée) et nous met en situation de stress, avant de nous tirer les larmes sur un plan incluant un ponton et un brachiosaure.

Et puis, les petits nouveaux ne se débrouillent pas si mal que ça ; Franklin (Justice Smith) prend le rôle du peureux de bureau et donne droit à quelques traits d’humour qui font mouche ; Zia (Daniella Pineda) est impeccable en vétérinaire spécialisée en dinosaures, battante et pleine de vie ; Eli Mills (Rafe Spall) sent le méchant à des kilomètres mais gère bien son rôle ; et la toute jeune Maisie (Isabella Sermon) s’applique dans son personnage à chaque instant.

L’occasion aussi de retrouver le magnifique James Cromwell en Benjamin Lockwood, ami en son temps de John Hammond (que nous retrouverons aussi via une toile sur un mur) ; B.D. Wong et son personnage maintenant incontournable du Dr. Henry Wu ; Ted Levine en chasseur de dinos bourru ; et la présence d’une des filles de Charlie Chaplin, Geraldine Chaplin, en gouvernante au passé mystérieux. Du bon casse-croûte pour les dinosaures !

En parlant de ces derniers, que deviennent-ils ? On voit toujours une certaine habitude de manier à fond les effets numériques et il faut dire que ces derniers, autant pour les dinos que pour le reste, sont bien fichus. Quelques bestioles en animatronique viennent ponctuer un univers visuel coloré et blindé d’espèces en tout genre. Si on voulait voir du jurassique (ou du crétacé) à l’écran, on va être servi ! La musique vient affermir le tout et les notes du thème principal donnent toujours autant de frissons.

En milieu de film, le ton change, devenant plus adulte, sur un fond de thriller technologique aux enjeux dantesques. Le passage d’une vente aux enchères, d’une évasion massive et de révélations chocs sur l’origine de tout ça ne sont que quelques exemples des excellents moments de cette deuxième moitié. Jouant parfois un peu beaucoup sur les éléments de tension des films post-2010 (jump-scares et autres ficelles histoire de faire monter le stress), il faut dire que l’intrigue prend de la consistance et on est complètement plongé dans l’histoire. La relation entre Blue et son dresseur Owen est presque touchante et apporte un peu de douceur dans ce monde de brutosaures.

Quelques clins d’œil sympathiques sont également présents pour les connaisseurs de la franchise. Sans tous les énumérer, on peut citer la capacité à l’un des dinosaures d’ouvrir une porte, la scène avec la petite Maisie dans un passe-plat à l’instar de Lex dans Jurassic Park, le branle-bas de combat à coup d’hélicoptères comme dans Le Monde Perdu, ou encore la présence de la représentation d’un Dilophosaure dans l’exposition de Lockwood.  

Malgré quelques facilités (ou incohérences de choix) scénaristiques, on se laisse embarquer dans cette terrifiante aventure, les protagonistes piégés dans une grande bâtisse avec un Indoraptor (oui, oui, z’avez bien lu) aux fesses. Ce monstre, créé génétiquement pour devenir une arme, n’en manque pas une, osant même parfois un sourire carnassier avant de passer à l’attaque. Intelligent, rapide, destructeur, le bestiau inspire un cran plus de trouille que son prédécesseur, l’Indominus Rex.

La dernière partie du film est donc un concentré d’action et de course-poursuite en tout genre. On en arrive aux révélations sur les véritables motivations de John Hammond et de son ami Benjamin Lockwood (donnant un autre sens à toute cette saga) et on termine sur une échappée gratinée de quelques images qui nous collent les poils… et annonce clairement une suite qui promet une variation scénaristique à la Zoo, série animalière s’il en est une. Standing ovation pour le face à face entre un lion et un T-Rex, image que je mettrais volontiers en fond d’écran.

Et moralement, Jurassic Wold : Fallen Kingdom, ça dit quoi ? Eh bien, on pourrait penser qu’on nous ressert les mêmes éléments que précédemment sur le fait que la vie ne peut pas être contenue et que l’homme qui créé des dinosaures, ça va forcément finir avec des pleurs et des sparadraps. Alors oui, mais pas seulement. Sur un fond où la génétique est le centre de tout, on en vient à se poser des questions sur les applications de cette maîtrise technologique. Jusqu’où cela va-t-il nous mener ? Est-il possible d’y survivre ? A vous de vous faire votre propre opinion et de vous poser la question ; auriez-vous appuyé sur ce bouton ?

De plus, il y a toute la dimension de l’exploitation de la nature par l’homme, via cette vente aux enchères outrancière et hors limites, durant laquelle l’argent est le seul moteur viable. C’est vrai qu’un T-Rex accroché à une laisse près de sa niche dans le jardin, ça peut en jeter. En poussant un peu cette vision, on en vient à cet élément clé du film ; l’utilisation des avancées technologiques… pour l’armement. Toute progression se résume donc à cela et était déjà pressentie dans le premier opus, via Owen et sa capacité à dresser les raptors. Les implications miliaires deviennent ici réalité et la question est lâchée ; est-ce l’homme qui contrôle l’arme… ou l’inverse ?

Rassurez-vous ; pas de morale berçante et inutile, ni de gros WTF bancals à la mièvrerie sauce conte de fée à la fin du film. Simplement des questions qu’il est possible de soulever à la finalité du métrage. Et même à sa toute finalité si on en croit la petite scène post-générique. Les dinos seront-ils à même d’exterminer l’humanité et tous ses vices ? Nous le saurons, sans doute, dans le prochain épisode, apparemment déjà prévu pour 2021. En trois ans, les bébêtes auront le temps de faire des dégâts.

Jurassic World : Fallen Kingdom est un magnifique film pop-corn qui ravira tous les amateurs de dinosaures de tous poils. Malgré quelques facilités et une première partie avec des perles mais globalement penaude, il n’en reste pas moins un divertissement extrêmement correct, cohérent avec le reste de la saga. On peut le voir comme une monstrueuse introduction à quelque chose de plus vaste encore, et c’est avec une certaine impatience qu’on attend la suite, se demandant où tout cela pourra nous mener. Avec la sortie de Jurassic World : Fallen Kingdom, c’est l’occasion de revoir l’intégralité de la saga pour se replonger, nostalgiquement, à l’époque où les dinosaures dominaient le monde.

Qui veut mettre le cri du T-Rex comme sonnerie de portable ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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