Ce film le fait GRAVE !

Julia Ducournau, cela vous dit-il quelque chose ? Non ? A mon avis, il serait intéressant de retenir ce nom car son métrage, Grave, présenté au Festival de Cannes en 2016 et sorti en 2017, montre un talent certain. Ce film envoie du steak, ne comporte pratiquement pas de boulette et sent bon les barbecues les soirs d’été. Reliant réalisme, horreur, poésie et gastronomie, Grave intervient à un moment clé pour nous montrer que le cinéma français a encore de la patate.

Justine, jeune fille venant d’une famille de végétariens, intègre une école vétérinaire. Elle aura l’occasion d’y retrouver sa sœur, Alexia, qui fait les mêmes études. Tous les nouveaux doivent passer au bizutage et lors de ce dernier, l’adolescente est obligée de manger un morceau de viande. A partir de là, elle va développer un goût inquiétant pour la viande. Très inquiétant.

Parti avec un résumé comme celui-ci, on se demande dans quoi l’on va tomber. Serait-ce une critique de la vague vegan que nous connaissons ces dernières années ? De la société de consommation ? Une remontrance contre les honoraires de vétérinaires jugés trop bas ? Non, nous sommes simplement dans un métrage horrifique qui parle d’une adolescente et des changements que cela implique.

Véritable mine de métaphores, Grave nous emmène dans une histoire bourrée de bonnes idées et de clins d’œil sur la vie et le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Sur un fond de cannibalisme, évidemment. Là où le film aurait pu se planter à maintes reprises, il y a toujours quelque chose à en tirer ; la vie estudiantine de Justine, sa relation avec sa grande sœur, son « problème » lié à la nourriture, tout suit comme un rail, nous pressant le pas pour voir la suite du menu.

Garance Marillier est impeccable en Justine. Cette jeune actrice a un talent certain, parvenant à convaincre dans le rôle de l’adolescente fragile et paumée avant de bifurquer sur la jeune femme forte et téméraire tout en faisant un passage par la dévoreuse flippante. Avant cela, elle s’est illustrée dans des courts-métrages et téléfilms. Pour son premier grand rôle, c’est franchement savoureux.

Sa sœur Alexia est jouée par Ella Rumpf avec une facilité déconcertante. Plus grande que Justine, elle jongle entre le fait que sa sœur soit un boulet incroyable ou une petite chose à protéger. Leur relation sera d’ailleurs une des clés du film, tant cette dernière paraît crédible et réaliste. Très bon rôle alliant je-m’en-foutisme-de-la-crise-d’ado et syndrome de la grande sœur.

Rabah Nait Oufella fait aussi partie du casting en tant qu’Adrien, jeune homme un peu paumé dans ses sentiments, ce qui donnera un tournant à un moment du film. A noter également Joana Preiss et Laurent Lucas, qui n’en sont pas à leur coup d’essai, dans le rôle de la mère et du père de Justine et Alexia.

Grave est-il donc un bon film ? Totalement. Le ton réaliste, le parallèle évident entre la fringale de Justine et les problèmes adolescents, les prises de vue, la direction des acteurs, tout semble sourire à Julia Ducournau qui signe ici également le scénario. Cependant, quelques longueurs sont à soulever au niveau des plans. On part parfois dans le contemplatif et on attend que la suite arrive, presque de manière impatiente en se disant « C’est bon… on a vu que tu savais faire des plans fixes ». Quelques petites incohérences par-ci, par-là, mais honnêtement, rien de GRAVE.

Et au niveau horrifique, y a-t-il quelque chose à se mettre sous la dent ? Quand on sait que lors des premières projections, plusieurs évanouissements ont été recensés et que certains spectateurs ont même vomi, on se croit arriver dans un monde où le gore et l’horreur sont omniprésents. Du crade, on en aura, et je vous laisse la surprise de ce qui nous a été mijoté. Cependant, la réalisatrice parvient à toujours rester dans l’axe de son film sans jamais partir dans la surenchère. C’est surprenant, parfois dégueu, mais jamais ça ne dépassera le stade de l’ambiance générale du film. Il y a une réelle cohérence entre les événements dits « gores » et l’ensemble du métrage. Cela donne une crédibilité supplémentaire à l’œuvre, et une lecture plus fluide et nettement plus agréable.  

A la fin, on en arrive au générique avec une réelle sensation de satiété, satisfait du travail accompli par la réalisatrice et les acteurs. En plus, avec un ending comme celui-là, on ne restera pas sur notre faim.

Grave s’inscrit donc dans le guide des meilleures tables cinématographiques avec un nombre d’étoiles proportionnel au plaisir laissé par la dégustation du métrage. Le cinéma français permettant de présenter des œuvres cohérentes, intéressantes et crues n’est pas mort. Une magnifique odyssée adolescente proposée par Julia Ducournau, traitant habilement de l’implication des jeunes adultes dans leur future vie active et comme quoi tout ne sera pas facile tous les jours. Délicieux ! Vous en reprendrez bien un peu ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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