Prendre la porte

Aussi connu sous le titre Enlèvement, ce film m’a intrigué tout d’abord par son casting composé notamment d’Amanda Schull, Shawn Ashmore et Milo Ventimiglia. Ensuite par son titre laissant à penser une porte dérobée vers les Enfers. Finalement, j’avais un peu de temps à tuer, alors pourquoi ne pas essayer. Disons qu’en matière de tuer le temps, là, je l’ai carrément assassiné à un niveau moléculaire. Avec Clay Staub aux commandes, qui réalise et scénarise son premier film, on sent bien une volonté de faire les choses bien… mais à quel prix ? Pour le savoir, on active la Porte des Etoiles et on démarre la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers ; donc si vous voulez conserver une surprise totale, visionnez-le avant de lire la critique.

L’agent du FBI Daria Francis (Amanda Schull) se rend dans le Dakota du Nord pour enquêter sur la disparition d’une femme et son fils. Elle y rencontre l’adjoint du shérif Colt (Shawn Ashmore) qui va lui permettre d’interroger Jackson Pritchard (Milo Ventimiglia), l’époux de la disparue. Il vit en reclus dans sa ferme entourée de pièges et semble détenir quelque chose dans son sous-sol. De quoi peut-il bien s’agir ?

Bon, autant faire péter le bouchon tout de suite ; c’est un film qui parle d’extra-terrestres. Voilà, c’est fait ! Moi qui m’attendais à un truc bien sournois avec une porte vers un au-delà terrifiant, je me suis bien fait avoir. N’empêche, il faut mentionner que les personnages tiennent pratiquement tout le film sans prononcer « extra-terrestre » ou « alien », ce qui est déjà louable.

On démarre tranquillement et même avec un certain entrain. La découverte des personnages principaux est bien fichue et ces derniers semblent avoir quelque chose de concret dans leur personnalité qui pourrait nous forcer à les apprécier. Amanda Schull ne cabotine pas et sa première affaire, avant celle-ci, semble encore la hanter aujourd’hui. Mais bon, on va nous expliquer tous les tenants et aboutissants de l’affaire en question seulement après quelques minutes de film, donc pas besoin de trop s’en faire.

Shawn Ashmore s’en tire bien en adjoint du shérif et reste le personnage pour lequel on ressent le plus d’empathie (également pour l’alien, mais j’y reviendrai). Joyeux, naïf, souhaitant clairement aider son prochain, il va comprendre à ses dépens qu’on ne peut pas tendre la main à tout le monde.

Et Milo Ventimiglia dans tout ça ? Après Heroes, une grosse filmographie et vu dans This is us, on le retrouve ici dans le rôle de Jackson, fervent croyant qui a une aptitude « MacGyveresque » pour tendre des pièges autour de chez lui, allant même jusqu’à tuer un pauvre automobiliste qui demandait de l’aide. On ne peut plus faire confiance à personne en ce bas monde.

Ça tombe bien car on va parler d’un autre monde ! La disparition de l’épouse de Jackson, Maria (interprétée avec brio par Bridget Regan) et de son fils Jonah (Spencer Drever) est le déclencheur de l’arrivée de l’agent Francis à la ferme familiale des Pritchard. Quelques menaces, une étrange pluie d’éclairs et un tir d’arbalète dans la jambe de Colt plus tard, ils découvrent l’impensable ; Jackson garde un alien enfermé dans sa cave.

Selon lui, ces créatures (qu’il prend pour des anges… sérieusement ?) auraient kidnappé sa famille et il est parvenu à en capturer un comme monnaie d’échange. L’idée n’est pas foncièrement mauvaise ; garder un extra-terrestre en otage en attendant de voir comment les autres réagissent, ça peut être un moyen de procéder.

A partir de là, tout se passe dans la baraque des Pritchard. Le retour de Maria, la révélation sur l’état de Jackson, l’assaut des bestioles venues d’ailleurs, tout cela ne nous décolle pas une réelle sympathie pour les personnages, mis à part pour Colt qui va terminer sa carrière dos au mur (sans jeu de mots). Ah oui, sans oublier l’alien planqué dans la cave.

Le design de ce dernier est un croisement entre Abe Sapiens et une créature de l’univers de Star Wars. On voit bien que le pauvre souffre et le bougre de Jackson va même jusqu’à lui couper un doigt pour l’envoyer à ses amis comme preuve qu’il ne plaisante pas ! Torturer des êtres venus d’ailleurs ? Mais quelle idée… On prend donc en pitié ce pauvre touriste enfermé dans une cellule contre son gré. Heureusement, les crédits précisent qu’aucun animal ou extra-terrestre n’a été blessé pendant le tournage. Ouf !

Mais les aliens ne s’arrêtent pas à ça et envoient ce qui semblent être un destructeur d’êtres humains un peu trop retors. Grand, blancs, possédant une membrane faisant penser à des ailes, ses crocs aiguisés et sa capacité à manier la télékinésie en font un ennemi particulièrement dangereux… qui n’est utilisé qu’au détour de deux scènes avec un petit effet « ta gueule, c’est magique ». Pourtant, le design de cette créature est fichtrement bien foutu et on ne souhaiterait pas la rencontrer au détour d’une ruelle sombre en pleine nuit.

A noter que Javier Botet, bien connu des aficionados de l’horreur, interprète le rôle de l’humanoïde. Lequel ? Je ne pourrais pas vous dire, mais sans doute les deux vu les capacités hors normes de notre acteur fétiche.

On suit donc le film jusqu’à un final anticipant une prochain invasion alien dans le secteur terrestre, planquant du matos sous le sol de la grange comme l’aurait fait la famille Kent à une époque. Lorsque le générique démarre, on ne ressent qu’un certain vide par rapport à ce que l’on vient de voir.

Car si l’idée de base est bonne, prenant une famille de fermiers dans le Dakota du Nord pour leur donner un lien étroit avec des êtres venus d’ailleurs, la forme foire quelque peu dans son application. Le rythme est mollasson, les scènes s’enchaînent sans vraiment nous intriguer et au niveau trouillomètre, on est carrément gelé. Il y avait pourtant un réel potentiel, notamment avec l’histoire des portes métalliques permettant apparemment à ces créatures de passer de chez elles à chez nous. Idée utilisée dans les dernières secondes du film juste pour nous annoncer une invasion que nous ne verrons jamais. Et puis, bon, c’est un peu pompé sur Stargate, non ?

Parallélisant à outrance cette histoire avec la religion, on se demande à certains moments si nous ne sommes pas dans une promo pour une nouvelle congrégation. Jackson est un fervent croyant, il appelle les créatures « des anges », ne cesse de reprendre des termes bibliques et surtout, c’est l’apparition d’un texte de l’Evangile selon Mathieu qui débarque en fin de métrage comme pour nous confirmer que tout est peut-être finalement quelque chose de religieux. On sait sur quel pied on est en train de danser, là ?

Brouillon dans sa mise en scène et n’axant son action que sur un seul lieu dont on a vite fait le tour, Devil’s Gate ne casse pas trois tentacules à un alien. Dommage car avec le casting présent, l’idée de base et la présence d’une bestiole franchement bien faite, on aurait pu accéder à quelque chose de plus élevé et de plus intéressant. Ne reste qu’on sent bien que Clay Staub aime le genre et il serait intéressant de voir ce que cela pourrait donner avec un terrain de jeu plus grand. En attendant, repassez-vous un petit Indepedence Day pour caler une soirée où vous avez du temps libre.

Devil’s Gate prend la porte.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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