Prêt pour un second tour (d'écrou) ?

Ah, la première saison de The Haunting… un grand moment de télévision horrifique. Le créateur, Mike Flanagan, envoie du lourd en matière d’ambiance et d’histoires de fantômes. Vous pouvez retrouver la critique de The Haunting of Hill House en cliquant sur ce lien. Mais nous parlons ici de la seconde saison, The Haunting of Bly Manor, ô combien attendue, disponible sur Netflix. Il s’agit d’une revisite du roman Le Tour d’écrou, d’Henry James, paru en 1898. En cette année 2020, nous en avons déjà eu un aperçu de cette histoire avec le film The Turning qui s’avérait franchement moyen.

Mais ici, l’histoire répartie sur neuf épisodes semble plus consistante et plus travaillée, avec des personnages fouillés et intéressants. Après une première saison qui m’a totalement séduit, le visionnage de la seconde était un fait inaltérable. Mais l’ambiance est-elle au rendez-vous ? Les fantômes, est-ce encore un commerce valable ? Les personnages vont-ils être à la hauteur de la tâche ? On prépare un bol de pop-corn, un pack de protons et on se lance dans l’aventure. ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1987, Danielle Clayton (Victoria Pedretti) débarque à Londres afin d’obtenir le poste de gouvernante dans le manoir de Bly, résidence d’Henry Wingrave (Henry Thomas). Elle doit s’occuper des enfants du frère de ce dernier, décédé avec son épouse dans un tragique accident ; Flora (Amelie Bea Smith), 8 ans, et son frère Miles (Benjamin Evan Ainsworth), 10 ans. A son arrivée, Danielle fait la connaissance des autres employés et remarque bien vite que tout ne semble pas naturel au manoir de Bly. Sans compter qu’elle cache aussi un lourd secret…

Bien que The Turning n’ait pas réussi à convaincre, ce n’est pas une raison pour dénigrer Le Tour d’écrou d’Henry James. C’est donc sans appréhension que j’ai démarré le visionnage tout en me souvenant nostalgiquement que la première saison se basait, elle aussi, sur une célèbre histoire de fantômes (The Haunting of Hill House, de Shirley Jackson, 1959). Voyons ce que donne cette nouvelle histoire.

On démarre la saison de manière appropriée avec une répétition de repas de mariage durant laquelle une femme d’un certain âge va conter une histoire aux autres invités. Elle insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de la sienne et que cela s’est déroulé il y a longtemps au manoir de Bly, en Angleterre. Nous sommes en 2007 et nous allons faire un bon de vingt ans dans le passé.

Nous faisons alors la connaissance de Danielle Clayton, institutrice de son état, fuyant visiblement quelque chose en cherchant une place de gouvernante au manoir de Bly. Même si j’ai peiné (je l’avoue) à trouver de l’empathie pour le personnage dans les premiers épisodes, cela s’en va crescendo par la suite.

Arrivés au manoir, nous sommes tout d’abord bluffés par la beauté du lieu. Rien de réellement sinistre ; c’est une grande bâtisse accueillante, avec un hall à faire pâlir les réceptions des plus beaux hôtels et des extérieurs absolument magnifiques. Rien ne semble vraiment troubler ce lieu paisible… mais il faut se méfier de l’eau qui dort.

On découvre le reste du casting ; Jamie (Amelia Eve), la jardinière au franc parler ; Hannah Grose (T’Nia Miller), la gardienne des lieux toujours ordrée ; et Owen (Rahul Kohli), le cuisinier attitré de la propriété, adepte de jeux de mots vaseux. Cela sans oublier les enfants ; Flora (Amelie Bea Smith), parlant comme un livre et toujours enjouée ; et son frère Miles (Benjamin Evan Ainsworth), charmant mais quelques fois flippant.

Par la suite, on fait également la connaissance de Peter Quint (Oliver Jackson-Cohen), l’ancien homme de main de la famille au comportement trouble ; Rebecca Jessel (Tahirah Sharif), l’ancienne gouvernante morte dans d’étranges circonstances ; Henry Wingrave (Henry Thomas), le propriétaire des lieux terré dans son bureau avec une floppée d’alcool ; Edmund (Roby Attal), un morceau problématique du passé de Danielle ; et Viola Willoughby (Kate Siegel), l’ancienne propriétaire du manoir.

On va donc suivre les mésaventures de Danielle. Celle-ci, ayant déjà son lot de visions terrifiantes personnelles, va se retrouver à s’occuper des deux orphelins Wingrave. Flora semble toujours regarder dans le vide, fait une fixette sur l’emplacement de ses poupées dans une maison miniature à l’effigie de Bly et fait promettre à sa gouvernante de ne pas promener dans la maison de nuit. Miles, lui, change radicalement de comportement à tout moment, se transformant en lover relou à la moindre occasion ou piquant une crise pour un rien.

Mais tout n’est pas rose au manoir de Bly et Danielle s’en rend vite compte. Quelque chose plane sur cette propriété. Un secret profondément enfoui semble happer tous ceux qui y vivent pour les entraîner dans leurs peurs les plus secrètes. C’est donc ainsi que de spectatrice passive des événements liés à ce lieu, elle va devenir celle qui peut y changer quelque chose.

Et là, c’est quine-carton ; alors que l’empathie peine à venir, on découvre ces personnages au fur et à mesure de l’histoire et c’est véritablement une montée céleste qui nous attend ! La douleur des enfants d’avoir perdu leurs parents se ressent de plus en plus, la culpabilité de Danielle prend plus de consistance, Henry nous pousse à la pitié et toutes les interactions entre ce petit monde sont absolument incroyables en tout point.  

Le pari gagnant, c’est de centrer certains épisodes sur des personnages précis dans le but de nous en apprendre plus sur eux et ainsi de développer une véritable relation spectateur-persos. Pour ne pas trop en dire, je terminerai sur le casting en disant simplement qu’il faut vivre pendant neuf épisodes avec chacun d’eux pour apprendre à les connaître… et à les apprécier.

C’est indéniablement le poing fort de cette saison ; le casting. Côté histoire, on se retrouve donc dans une revisite du roman Le Tour d’écrou qui va passablement nous transbahuter dans nos émotions. Cependant, moins de trouille à prévoir dans cette saison que la précédente ; tout ici se joue sur la finesse et le déroulement de l’intrigue, comme si le manoir de Bly était un endroit hors du temps.

Ne vous attendez donc pas à changer de coussin à chaque épisode tant votre camouflage précédent aura été lacéré par vos petits ongles terrifiés. Les apparitions fantomatiques surprennent mais se font dans le rythme de la série, c’est-à-dire de manière posée, construite et logique. Il faut tout de même avouer que le design de certains revenants (la marcheuse sans visage, l’homme aux lunettes de feu) est fichtrement bien vu et que notre épine dorsale ressent un petit quelque chose.

Le visionnage de chaque épisode apporte son lot de questions et de réponses, nous poussant dans nos propres retranchements en nous demandant si tout ce que l’on voit est bien réel ou simplement le fruit de notre imagination. Le but du roman d’origine était d’explorer cette frontière entre imaginaire et réalité ; c’est le cas dans cette nouvelle saison qui va nous interroger sur les faits de ce qui nous est présenté.

Tout cela pour en arriver aux trois derniers épisodes qui envoient clairement du lourd en matière de scénario ; l’antépénultième nous balance plusieurs twists histoire de bien nous faire crocher pour la suite ; l’avant-dernier nous présente l’histoire du manoir de Bly et les revenants principaux qui s’y accrochent ; et le dernier… conclut admirablement l’affaire.

Contrairement à la première saison, Mike Flanagan, le créateur, ne réalise pas tous les épisodes ; il passe la main à d’autres noms connus dans le métier. Nous avons Ciarán Foy (Sinister 2, Eli), Liam Gavin (A Dark Song), Yolanda Ramke & Ben Howling (Cargo), Axelle Carolyn (Soulmate) et E. L. Katz (notamment sur la série Channel Zero). Tout ce petit monde va donc pouvoir mettre son grain de sel dans les différents épisodes en nous faisant également découvrir leurs univers tout en gardant les pieds ancrés sur les terres de Bly.

Une fausse note ? Disons que le principe de la transposition dans les souvenirs est assez flou et dénote avec le rythme posé que veut prendre la série. Quand cela arrive, on se sent un peu perdu (c’est sans doute le but, je comprends bien) mais ça pourrait en dérouter certains. Cependant, c’est un argument idéal pour nous permettre d’en découvrir plus sur les différents personnages.

Beaucoup de thèmes sont présents dans cette seconde saison, la famille étant l’élément central. Cependant, on peut faire clairement ressortir la culpabilité, ressentie par plusieurs personnages. Chacun possède sa manière de la gérer ; Henry a sa manière, Danielle a sa manière ou encore Owen a sa manière. C’est un élément non négligeable vu qu’il est le déclencheur d’un certain nombre d’événements.

Les souvenirs sont aussi au centre de toute l’intrigue. Qu’est-ce qui définit un être humain ? Si ce sont ses souvenirs, que se passe-t-il lorsque ces derniers disparaissent ou sont altérés ? Restons-nous vivants ou mourrons-nous faute d’accroches dans notre mémoire ? Le sujet est bien traité et mérite sans doute d’être encore développé post-visionnage.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur les différentes symboliques de cette nouvelle saison et je vous invite à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire. Ce qu’il faut encore préciser, c’est que l’histoire du manoir de Bly m’a permis de voir une des meilleures fins de saison (respectivement de série, vu que l’histoire se termine) de toute ma vie. Mon petit cœur a fait des bonds dans ma poitrine, non pas de trouille, mais bien d’émotion. Car les dix dernières minutes sont tellement bien orchestrées, peaufinées d’un dernier plan merveilleux, que l’on termine cette histoire en étant bien. Et ça, c’est rare pour une série de cette teneur.

Amateurs de la première saison, lancez-vous sans sourciller dans cette nouvelle aventure où vous y trouverez votre compte. Pour ceux qui ne connaisse pas encore la série The Haunting, arrêtez de lire cette critique et passez au visionnage, car entre le frisson viscéral déclenché dans la première saison et l’émotion qui se dégage de celle-ci, je pense que Mike Flanagan peut nous gratifier d’une troisième sans aucun problème.

C’était parfaitement splendide !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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