Le chant du lézard

Univers issu de l’accord entre Warner Bros et la Toho, le MonsterVerse compte quatre films ; Godzilla (2014), Kong : Skull Island (2017), Godzilla 2 : Roi des monstres (2019) et le présent Godzilla vs Kong (2021). La série se dégradant quelque peu avec le temps, on s’attend tout de même à du titanesque dans ce dernier épisode qui nous promet du lourd. A un poil près 59 ans après leur première confrontation dans King Kong contre Godzilla en 1962, les deux monstres reviennent pour nous en mettre plein les mirettes. Pour la réalisation de cet opus, c’est Adam Wingard qui passe derrière la caméra. Réalisateur principalement horrifique (segment V/H/S, You’re Next, Blair Witch 2016), le bonhomme va-t-il réaliser un film horrible ? Est-ce que plus c’est gros, plus c’est beau ? Le sang-froid peut-il surpasser le sang-chaud ? On se prépare au combat et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers sur les opus précédents du MonsterVerse et potentiellement sur celui-ci

Cinq ans après la magistrale pâtée que Godzilla a foutu à Ghidorah et ses trois têtes, le grand lézard se met inexplicablement à attaquer certaines infrastructures de la société Apex, détruisant tout sur son passage. Dans le but de calmer le monstre, une équipe décide d’emmener un autre Titan, Kong, au cœur de la Terre Creuse pour y récupérer l’énergie nécessaire afin de stopper ce carnage.

Dans l’intro de cet article, quand je dis que la série s’est dégradée sur la durée, il faut principalement comprendre que là où Godzilla et Kong : Skull Island dosaient bien leurs quantités entre les personnages et les monstres, Godzilla 2 : Roi des monstres faisait principalement fi des humains et d’un scénario complexe pour se concentrer sur la baston pure et dure, lâchant une partie de ce qui était intéressant dans ce MonsterVerse. Mais bon, on est là pour voir des monstres se foutre sur la gueule, non ? Qu’en est-il de ce nouvel opus ?

Premier constat ; il n’y a plus beaucoup de Titans à la surface de notre planète. On nous apprend qu’ils ont bien essuyé une défaite face à Godzilla, cela via le générique de début de ce nouveau métrage, et également lors de leur prosternation devant le Roi des monstres dans l’opus précédent. On nous précise aussi que cela fait maintenant cinq ans qu’ils n’ont pas montré leur tronche au monde. Manque de budget pour une nouvelle apparition ? Je vote plutôt pour une concentration plus légitime sur les deux protagonistes principaux.

D’un côté du ring, avec ses 120 mètres (et des poussières) de hauteur, ses écailles robustes et son souffle atomique dévastateur, c’est le King des Lizzards, celui qui reste toujours sur ses gardes, le chouchou du réalisateur Adam Wingard, j’ai nommé Gooooooooooodziiiiiiiiiilaaaaaaa !

Face à lui, un adversaire qui a eu le temps de grandir pour dépasser les 100 mètres, possédant une dextérité simiesque, une capacité de parler le langage des signes et le loisir d’utiliser des armes pour ses bastons, c’est le plus poilu des Titans, celui qui pète tout quand il n’est pas content, le singe qu’on voudrait comme président, il s’agit de Kiiiiiiiiing Kooooooong !

Et ces deux-là, il faut bien les garder en tête car ils sont clairement au cœur du récit. Godzilla vs Kong, tout est dit. On ne va pas s’encombrer avec des humains au background compliqué ; ces derniers sont présents uniquement pour faire avancer l’histoire, servir de chair à canon ou justifier les prises de risques pour sauver l’humanité.

Pourtant, nous avons de bonnes bouilles comme Alexander Skarsgard dans le rôle de Nathan Lind, un géologue passionné de la théorie de la Terre Creuse qui a même l’occasion d’aller y faire un tour ! On retrouve également Kyle Chandler interprétant Mark Russell (que l’on aperçoit à de maigres occasions) mais surtout sa fille, Madison, campée par Millie Bobby Brown. Celle-ci, aidée par son pote nerd absolu Josh (Julien Dennison) ainsi que par un lanceur d’alerte parano, Bernie (Brian Tyree Henry), a fort à faire pour tenter d’apporter un semblant de cohérence au métrage.

On peut également citer Ilene (Rebecca Hall), gardienne de Kong en mode « regard admiratif » ; Maia (Eiza González), une méchante en carton ; son papounet Walter (Demián Bichir), directeur de l’entreprise Apex et sous-produit d’un antagoniste de James Bond ; Ren (Shun Oguri), se croyant dans Pacific Rim ; ainsi que la jeune Jia (Kaylee Hottle), seule survivante de sa tribu de Skull Island, sourde de son état, ne disant aucun mot et qui reste la plus crédible de toute la troupe.

Quand au méchant du film précédent, Alan Jonah (campé par l’excellent Charles Dance), récupérant une des têtes de Ghidorah… ben on n’a aucune nouvelle. Il ne répond pas quand on l’appelle ; il n’y a pas de lumière chez lui et on a l’impression qu’un certain Thanos a dû claquer des doigts pour une disparition aussi soudaine. Eh bien, l’explication se trouve dans une scène coupée du film et sa non-présence est, dès lors, justifiée. Mais pourquoi ne pas avoir laissé cette scène AU MOINS QUE L’ON PUISSE COMPRENDRE !?

Donc, peu à attendre des personnages dans ce film tant l’écriture de ceux-ci ne sert qu’à justifier tout le reste, à savoir les monstres. Pour en revenir à ces derniers, nous avons déjà passablement d’informations sur Godzilla mais nous allons plus creuser les origines de Kong. Malheureusement, cela va apporter clairement beaucoup plus de questions que de réponses.

Le scénario étant ce qu’il est, un petit tour dans la Terre Creuse nous permet de voir un peu le cadre de vie du King avant son arrivée sur Skull Island (enfin, d’après ce que j’ai pu en comprendre). Déjà, pour se rendre dans ce lieu, il faut ; des engins contrôlant la gravité (tiens… on se croirait dans un certain Fusion) ; un Titan originaire du coin ; et une équipe composée de tout sauf d’experts. Une fois que l’on s’y trouve, c’est bien fichu, c’est même joli (et dangereux) mais PUTAIN ON N’EN SAURA PAS PLUS ! Quitte à faire un scénario peu condensé, autant ne pas charger la mule en matière de questionnement irrésolu.

On suit donc les 113 minutes du film (oui, le plus court du MonsterVerse) pour atteindre une fin digne, sobre et tentant de draguer notre côté émotionnel… sans réellement y parvenir. On vient de terminer Godzilla vs Kong, le générique démarre (sans scène agrémentant ce dernier comme les opus précédents) et on se sent quelque peu trahi par ce que l’on vient de voir.

Le scénario n’étant pas un blaster atomique, les personnages semblant faire partie du décor et les irrégularités ayant fait place-forte, est-ce que l’on a ce que l’on était venu initialement chercher ; des combats de monstres ? Eh bien… y’en a pas tant que ça ; une baston en pleine mer et la dévastation de la ville de Hong-Kong. A part ça, quelques pichenettes çà-et-là en cours de route avec d’autres petits monstres, mais rien de bien sérieux.

Il faut pourtant mentionner que le combat final nous fait avancer en direction de notre écran car il vaut son pesant en matière d’intensité, surtout lorsque Mechagodzilla vient mettre son gros grain de sel. On assiste à une véritable guerre ouverte entre trois créatures titanesques et sur ce point, le film tient ses promesses. C’est donc au moins un pouce en l’air pour ce qui est de la confrontation finale. OUF !

Du coup, tout ce qui a été placé dans les films précédents n’a servi qu’à cet ultime moment. De la bouche même des créateurs, le but était clairement d’en arriver à cette finalité de Godzilla vs Kong. Actuellement, aucune suite de prévue et les nombreuses questions en suspens ne trouveront peut-être jamais de réponse.

Perso, je pense que lorsqu’un univers entier devient gentiment bancal ou change radicalement de positionnement public, il est temps d’arrêter avant la véritable catastrophe. Certaines séries ainsi que certains autres univers auraient dû stopper bien avant. Dans le cas du MonsterVerse, même s’il existe actuellement des idées pour continuer, je pense qu’il vaut mieux laisser les bébêtes tranquilles afin qu’elles puissent prendre un repos bien mérité.

En termes de profondeur, on peut donc repasser, ce qui fait que le métrage n’a pas une véritable teneur essentielle à la structure du MonsterVerse. Qui plus est, vu qu’il s’agit potentiellement du dernier film, pas besoin de transmettre une nouvelle consistance qui ferait encore râler certains spectateurs. Hein ? Comment ça « Trop tard dans mon cas » ?

Ben finalement, s’il y a deux-trois bonnes bastons pendant le film, que le combat final est correct, que l’on voit principalement des monstres, qu’il y a de chouettes clins d’œil aux nombreux autres films des deux franchises (Godzilla et King Kong) et que les effets spéciaux sont bien fichus, il y a là la majorité de ce que l’on pouvait attendre du film, non ? Il est vrai que retrouver des personnages plus consistants (Godzilla en 2014) ou une trame scénaristique moins fumette, ça aurait été cool. Mais au moins, c’était joli.

Fondamentalement, Godzilla vs Kong n’est pas un film impérissable. C’est très beau quand on le regarde, le pop-corn passe admirablement bien et on prend les paris sur lequel des deux monstres va gagner. Pourtant, après le visionnage, on ressort du dernier film de ce MonsterVerse sans avoir réellement envie de repartir pour un tour. On peut au moins saluer cet univers cinématographique comme étant un bel hommage des films de monstres et surtout une sympathique collaboration entre Warner Bros et la Toho pour nous présenter des spectacles grandioses, bien qu’un peu creux sur la fin.

Ouaip… un peu creux… comme la Terre dans le film, quoi.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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