Le slasher de Noël

Le slasher est sans doute le sous-genre horrifique le plus connu, regroupant surtout un grand nombre de personnages incontournables, tels que Jason Voorhees, Michael Myers ou les tueurs masqués de la saga Scream. Et si Black Christmas n’avait jamais existé ? Dans le milieu du cinéma, ce film est considéré comme l’un des premiers slashers à pouvoir porter ce titre. Bien des codes présents dans ce métrage seront repris plus tard par de grands noms de l’horreur comme John Carpenter ou Wes Craven. Le réalisateur de ce slasher de Noël ? Bob Clark, après notamment Children Shouldn’t Play with Dead Things et Le Mort-vivant. Est-ce que Monsieur Clark va nous faire frémir ? Les années 70 sont-elles intéressantes horrifiquement parlant ? Qu’allons-nous retrouver sous le sapin ? On s’emmitoufle dans une couverture bien au chaud ; c’est parti ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Dans une sororité étudiante, plusieurs jeunes filles restent sur place pour les fêtes de Noël. Des coups de fils étranges sont reçus, avec une voix terrifiante et haletante à l’autre bout de la ligne. Une des pensionnaires disparaît mystérieusement. Le cadavre d’une adolescente est retrouvé en ville. La police tente, tant bien que mal, de faire la lumière sur ces affaires, pendant que dans la résidence étudiante, les jeunes filles ne se doutent pas que le tueur est déjà sur place.

Jessica (Olivia Hussey) est une jeune femme sympathique, douce et attentionnée. Souhaitant faire de ces fêtes de Noël un moment de partage avec ses sœurs de la résidence, elle va pourtant se retrouver confrontée à un malade… et se battre bec et ongle pour survivre. Elle a pour petit ami Peter (Keir Dullea), un musicien passablement impulsif qui possède des faux-airs du personnage d’Alex dans Orange mécanique. Barbie (Margot Kidder, la futur Loïs Lane de la saga Superman) fume et boit sans vraiment s’inquiéter du reste et va même jusqu’à insulter le maniaque au téléphone. Téméraire et courageuse… du moins tant qu’elle reste éveillée. Au milieu de tout cela, le lieutenant Kenneth Fuller (John Saxon) tente de trouver des solutions pour mettre fin aux actes d’un malade en liberté.

Niveau casting, on se retrouve avec du bon et un jeu typique des années 70, de l’époque où l’on balançait le texte avec les tripes. On peut dire que les prestations sont correctes, même si certains personnages comme Mme Mac (Marian Waldman), portée sur la bouteille et aimant les chats, sont plus enclin à faire sourire et décadrer un peu du reste. Néanmoins, on tient du bon dans les rôles principaux.

Côté scénario, là aussi, il y a de l’idée pour 1974. Une bande de jeunes filles se retrouvent aux prises avec un tueur maniaque dans leur résidence. De nos jours, cela peut paraître d’un banal affligeant, mais ce n’était absolument pas le cas il y a 43 ans en arrière ! Intelligent dans son traitement, le film ne nous montrera pas le tueur planqué dans la maison (joué par Nick Mancuso et Bob Clark lui-même) et se déroulera sans encombre. Quelques sous-intrigues viendront ponctuer le métrage pour donner un peu plus de corps au tout, même si l’on peut compter sur quelques longueurs de temps à autre.

Côté trouille, on se retrouve dans un vrai film d’horreur ! Bob Clark possède un certain don pour égaliser la tension de manière à nous faire rester en éveil durant tout le métrage. La vue à la première personne du tueur (reprise dans Halloween de John Carpenter) intensifie l’immersion, les élucubrations malsaines au téléphone collent des frissons et les crises vocales et colériques du maniaque mettent tout simplement mal à l’aise. Du très beau travail !

C’est donc cela qui ressort le plus de Black Christmas ; le côté malsain. La première victime du tueur est tranquillement installée sur une chaise à bascule dans le grenier, l’arme du crime, un sac en plastique, toujours sur la tête. A maintes reprises, nous allons revoir cette victime, sous plusieurs angles différents, jusqu’à l’image finale du film. Un rappel à l’ordre glauque selon lequel le tueur tire les ficelles, et ce jusqu’à la dernière seconde. Pour se faire une idée, c'est l'image présente sur l'affiche du film. Autre plan collant les miquettes ; l’œil du tueur. L’espace de quelques secondes, cet œil épiant Jessica nous met dans un état de tension fortement bien vu. C’est con, quand on y pense ; un œil.

Car ce film comporte également une fin peu banale, nous présentant l’échec cuisant de la police et des étudiantes. L’intrigue est tirée de telle manière qu’une autre personne, toute trouvée, est accusée des crimes. Cette dernière ayant passé l’arme à gauche, il est impossible de savoir si c’était bien elle ou non, laissant donc le tueur en liberté. La dernière image, composée avec la sonnerie du téléphone, parvient à nous tétaniser.

Reste cette étrange phrase du tueur en toute fin de métrage ; « Agnès, c’est moi, Billy ». Nous n’en saurons pas plus sur le maniaque de service et c’est tant mieux. Parfois, dans un film d’horreur, ne rien savoir sur l’assaillant permet de conserver un mystère paralysant, donnant à l’antagoniste tous les visages que l’on veut et parvenant ainsi à mettre le spectateur en position de victime. Extrêmement bien vu !

Black Christmas est un film d’horreur pour tous les fans du genre. Bien qu’il y ait quelques longueurs, quelques occasions de rire et que, manifestement, il se soit passé beaucoup de choses dans le domaine horrifique ces quarante dernières années, ce n’est pas une raison pour bouder les films qui ont instauré les règles du genre au départ. Un beau cadeau sous le sapin de Noël rempli de tension, empaqueté dans scénario sordide et enrubanné de frissons délicats. Bob Clark = Petit Papa Noël ?

Et merci à Cocotte pour son apparition dans le film. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page