La banlieue, c'est morose...

Lorcan Finnegan est définitivement un réalisateur à suivre. Cet irlandais a déjà plusieurs courts métrages à son actif et a été aux commandes du bon Without Name en 2016. En 2019, il revient sur les grands écrans avec Vivarium. Entre le titre, l’affiche et le pitch, on se demande vraiment sur quoi on va tomber. Eh bien, croyez-moi, on ne s’y attend pas. Mélangeant habilement horreur, science-fiction, drame et une touche de comédie, on se retrouve embarqué dans une aventure multiface particulièrement intrigante. La vie en banlieue, est-ce si terrible ? Combien de fonds possède ce film ? Le cours de l’immobilier va-t-il chuter ? On débloque l’hypothèque et on se lance dans la critique.

Tom (Jesse Eisenberg) et sa petite amie Gemma (Imogen Poots) recherchent une maison pour y créer leur petit coin de paradis. C’est ainsi qu’ils arrivent dans l’agence de Martin (Jonathan Aris), individu ayant un comportement des plus étranges bien que sympathique. Ils s’en vont visiter un nouveau projet de construction appelé Yonder. Pendant la visite de la maison n° 9, Martin disparaît. Le couple ne parvient pas à sortir du lotissement et s’y retrouve coincé alors que des événements de plus en plus inquiétants s’enchaînent.

Présentée au Festival de Cannes 2019 ainsi qu’au NIFFF (Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel) la même année, cette coproduction irlando-dano-belge ne possède pas un casting énorme… mais pourtant prestigieux. Jesse Eisenberg (Bienvenue à Zombieland, The Social Network) n’en est pas à son coup d’essai et Imogen Poots (28 semaines plus tard, Chatroom, Green Room) possède déjà une bonne filmographie. Tous deux sont en symbiose dans le rôle du mignon petit couple qui cherche un nid douillet pour s’épanouir.

Et que dire de la prestation de Jonathan Aris (Le Dernier Pub avant la fin du monde, Rogue One, Churchill), flippante à souhait, interprétant un agent immobilier attachant dans un premier temps, puis glissant lentement mais sûrement vers le bizarre et le malsain. Le duo Senan Jennings et Eanna Hardwicke, dans un même rôle à des âges différents, complète le tableau avec des prestations aussi terrifiantes qu’horripilantes. En matière de casting, on a donc peu de monde… mais du beau monde.

Pourtant, une question demeure ; qu’est-ce que c’est que ce film ? En le visionnant, on pourrait facilement se retrouver propulsé dans l’univers de La Quatrième Dimension. Une banlieue possédant des maisons affreusement identiques, un ciel tout sauf réaliste, des routes qui ne mènent nulle part, le couple se retrouve donc bloqué dans un univers peu banal et visuellement prenant. En se mettant à leur place, on commence grave à flipper aussi.

Mais l’horreur de la situation n’est rien sans une dose de suspense supplémentaire. C’est ainsi qu’une routine s’installe où vider les poubelles et préparer à manger se fait par l’intermédiaire de livreurs invisibles qui s’occupent de tout. Pendant ce temps, le couple doit, lui, s’occuper… d’un enfant. Et c’est là qu’une dimension de bizarrerie supplémentaire vient se greffer au métrage.

N'étant manifestement pas humain (y’a qu’à l’entendre crier, le bougre !), répétant atrocement les dires du couple comme un disque rayé, le tout à l’aide d’une voix ne correspondant pas du tout à son âge, nous avons de quoi nous poser tout un tas de questions. Les tentatives pour tenter de fuir cet enfer vont être diverses ; Tom creusant dans le jardin et Gemma essayant de survivre à cette mécanique implacable dans laquelle elle se trouve.

Ce qui est saisissant dans ce film, c’est son design extrêmement particulier, irréel, à la fois simple et cauchemardesque. Inclure des événements accroissant cette impression d’étrange nous donne un résultat visuellement grandiose, bien que le scénario reste dans une ligne assez droite et simple pour éviter de trop tergiverser sur des sous-intrigues sans importance.

Car oui, l’histoire suit un fil conducteur précis (être coincé dans une banlieue comme ça avec un mouflet inconnu et inhumain dont on doit s’occuper, ‘c’est pas la joie) et c’est uniquement dans son sprint final que le film va totalement partir en sucette, notamment avec une incursion dans d’autres « endroits » qui vont nous prouver toute l’étendue de l’horreur de la situation.

Pour les plus aguerris, on devinera assez vite la finalité de l’histoire (que j’ai personnellement vu venir extrêmement rapidement). On termine donc le film avec un petit sourire de coin d’une part parce qu’on a vu venir le truc, mais également parce que, finalement, c’était une expérience assez particulière pour être soulevée.

Car au-delà d’une intrigue de surface et d’un design vachement bien foutu, c’est toute la symbolique du film qu’il y a à creuser. Cruel dans son dénouement, le métrage ne prend pas de gants et ne fait pas dans la dentelle, renvoyant directement aux oiseaux du début (des coucous) pour construire son dénouement. Je pense que quelques débats sur les symboliques peuvent apporter un plus non négligeable au film.

Le thème du couple est au centre du récit tout en construisant l’histoire sur une foule d’autres points comme l’éducation, la capacité à tenir le coup dans une situation stressante, l’appréciation des petites choses de la vie et le guide complet de comment creuser un puits dans son jardin. Franchement, le film regorge de plein de petites choses intéressantes et chaque scène possède son interprétation.

Restant en surface mais nous gratifiant d’un magnifique (petit) casting et d’une histoire assez étrange pour nous coller des frissons, Vivarium vous fait passer de l’autre côté de la vitre. Vous n’êtes plus ce spectateur tranquille sur son canapé ; vous êtes tout aussi coincé que Tom et Gemma dans un univers barré. Bonne performance du réalisateur qui reste donc à suivre pour ses prochaines créations. Si vous appréciez les thrillers horrifiques un brin barrés, ruez-vous sur ce film. 

Donc, on peut en conclure que la banlieue, c’est pas rose. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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