Salem, Massachusetts, 1692

Qui n’a jamais entendu parler des grands procès des sorcières de Salem ? Cet évènement historique s’est déroulé en 1692 à Salem Village. Des jeunes filles se mettent à agir bizarrement et accusent certains concitoyens de sorcellerie. Il n’en faut pas plus à la communauté puritaine pour lancer une chasse aux sorcières qui se solde par vingt-cinq exécutions et un grand nombre de personnes emprisonnées.  

L’affaire fit grand bruit à l’époque… et continue de faire parler d’elle encore aujourd’hui. Le cinéma et la télévision ne sont pas en reste quand il s’agit d’utiliser des sorcières dans leurs fictions ; Charmed, American Horror Story, Hocus Pocus, Dangereuse Alliance et bien entendu la saga Harry Potter. C’est un fait ; les personnes aux pouvoirs magiques mettent le feu à nos écrans et les histoires qui s’y rattachent font bien souvent mention des procès de Salem.

C’est donc d’une normalité absolue que de se lancer dans le visionnage de la série présentée ici. Sa création nous vient d’Adam Simon (Le Dernier Rite) et Brannon Braga, scénariste sur la série Star Trek (ainsi que les films Générations et Premier Contact, issus de cet univers). Il est également cocréateur de la série Flashforward. Salem se déroule sur seulement trois saisons réparties de 2014 à 2017, mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Comment la mise en image va-t-elle se faire ? La reprise des procès de Salem mérite-t-elle une adaptation télévisuelle comme celle-ci ?

Ne vous méprenez pas ; Salem n’a pas réellement une teneur historique (j’y reviendrai). Puritanisme américain, sorts et contre-sorts, trahisons et amourettes, la série comporte beaucoup de facettes tout en conservant une étonnante droiture, liant quelques événements effectifs et fictifs. Va-t-on être ensorcelés ou s’ennuyer grave ? Sortez les marshmallows ; c’est parti pour la critique !

... Ah non ; y’a pas eu de bûcher à Salem. Tant pis, je prends quand même les marshmallows.

ATTENTION : cet article traitant des trois saisons de Salem, des spoilers sont présents

Un contexte trouble dans les débuts…

A Salem, les sorcières existent bel et bien. Voilà, ça c’est posé ! Mais au lieu d’avoir un fil rouge à deux francs six sous, on nous propose ici une idée qui va permettre le développement d’une intrigue principale potentiellement intéressante. Les sorcières vont utiliser leurs pouvoirs pour que les puritains s’autodétruisent et que le Grand Rite puisse être accompli. C’est Mary Sibley (Janet Montgomery) qui s’y colle.

Le Grand Rite, qu’est-ce que c’est ? Ni plus ni moins que la possibilité pour les sorciers d’en finir avec les Moldus et ainsi pouvoir accéder à une terre bien à eux. C’est ici la base qui est posée pour la première saison ; l’accomplissement du rite en question. Pour cela, sacrifice d’innocents (au nez et à la barbe des puritains qui vont eux-mêmes exécuter lesdits innocents) et tours de magie sont de mise.

Pourtant, malgré une idée de départ qui semble des plus intéressantes, la première saison démarre extrêmement gentiment, alternant quelques longueurs, des histoires à rallonge et des revirements inutiles présents uniquement pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps. Mais au bout de quelques épisodes, la magie opère et le scénario prend de la consistance et l’envie de voir la suite devient plus pressante.

Je le disais dans l’introduction ; Salem n’est pas une série purement historique. Même si les noms de plusieurs protagonistes de la véritable affaire sont repris, ainsi que des éléments reconnus (pas de bûcher, la mort de Giles Corey, etc.), les créateurs ne tendent pas vraiment à donner dans une fouille approfondie de la véritable affaire. Et étonnamment, plus on s’éloigne de la vérité historique, plus la série attise sa mythologie et plus on y prend du plaisir. 

La relation trouble entre John Alden (Shane West) et Mary Sibley apporte un peu de romance de ce monde de brutes. Il en est de même pour le jeune révérend Cotton Mather (Seth Gabel), impeccable en ivrogne tentant de mettre à niveau une situation qui semble lui échapper. Son père Increase Mather (Stephen Lang) donne dans les discours percutants et impose sa stature dans chacune de ses scènes. Il est loin de Pandora et se retrouver face à des sorcières en lieu et place des Na’vis ne semble pas grandement l’affecter.

La jeune Anne Hale (Tamzin Merchant) et son père le Magistrat Hale (Xander Berkeley) ont une vie de famille mouvementée mais qui enclenche des évènements d’une importance CAPITALE pour la suite. C’est aussi l’occasion de faire la connaissance de Tituba (Ashley Madekwe), Mercy Lewis (Elise Eberle) et Isaac (Iddo Goldberg) tous bien à l’aise dans leurs rôles.

Tout ce petit monde se trahit, se pardonne, se trahit à nouveau et chacun tente d’accéder à ce qu’il veut par ses propres moyens. Des alliances se font et de défont, bref, il faut bien suivre le fil de l’histoire si l’on veut réussir à s’y retrouver par la suite car ça va partir en cacahuète… pour notre plus grand plaisir, car le final de la première saison envoie du lourd et laisse entrevoir un feu de joie pour la suite.

…un milieu génialement prometteur…

La mythologie de la série est lancée. C’est le bordel dans le clan des sorcières et ça va méchamment se taper sur la gueule. Mary Sibley commence de montrer les crocs, Mercy est devenue une antagoniste potentiellement incroyable et John revient avec la ferme intention d’en finir avec les sorcières, même s’il doit pour cela utiliser lui-même des pouvoirs. Ces personnages prennent nettement en grade.

Maintenant que le Grand Rite a réussi (si, si) et que Mary peut jouer les mamans de nuits, on nous propose une couche supplémentaire d’éradication des Moldus par le biais de… la petite vérole. Maladie bien cradingue lancée grâce à la participation d’Isaac, celle-ci ne touche pas les sorcières et sert, principalement, à faire un peu de ménage avant qu’elles ne viennent passer le dernier coup de balai.

Et que penser des petits nouveaux qui arrivent sur l’écran ? La Comtesse Marburg (Lucy Lawless) a un goût prononcé pour le sang et décante la tronche de ses ennemis tout en finesse. Son fils Sebastian (Joe Doyle) paraît un peu niais dans ses premières apparitions mais devient ensuite, sans nul doute, un des personnages à suivre. Le Dr. Samuel (Stuart Townsend) tente de trouver un remède pour la maladie présente à Salem et s’amourache de la belle Mary. C’est l’un des seuls personnages où l’on se demande ce qu’il fout dans les parages, à part étaler son discours sur la science et la magie. Au milieu de tout ça, le petit John Junior (Oliver Bell) a un comportement bien étrange… qui ne va pas s’améliorer par la suite. C’est sans doute comme ça quand on a été élevé dans la forêt par des sorcières qui n’avaient pas tous les boutons dans l’ascenseur.

Tout le long de cette deuxième saison, on accroche à chaque épisode, le scénario jouant avec nos nerfs à chaque instant. Visuellement, c’est plus sanglant et viscéral que durant la première saison. La terrible maladie qui ravage Salem, la rivière des morts due à l’épidémie, le design et le sadisme de Mercy, des interventions ensorcelées graphiques et dérangeantes, on peut dire que côté image, on est servi.

Pourtant, dans les derniers épisodes, on sent que ça s’essouffle un peu. Après sa rencontre avec la Comtesse, Mercy se transforme en petite princesse Disney ; certains éléments scénaristique (comme la rivière des morts) passe sous silence après leur utilisation ; le regain scénaristique, c’est comme la confiture ; moins on en a, plus on l’étale.

On pourrait penser que tout est perdu et que cette fois-ci, la série va se faire pendre haut et court… QUE NENNI ! Le dernier épisode arrive et là, on se prend tout en pleine poire ; Mary qui passe l’arme à gauche, l’arrivée du diable à Salem, la prise de pouvoir d’Anne sur son nouveau mari Cotton, l’attrait de Mercy pour le sang frais dans les ruelles de la ville, tout semble concorder pour une suite de taré. La saison trois pourrait être axée pleinement sur la mythologie de la série et on aurait droit à une confrontation ardue entre les différentes factions de sorcières ! Non ? Ah bon…

…et une fin à cramer direct’ !

Seulement dix épisodes dans cette dernière saison contre treize dans les précédentes. Il y a comme un goût de… relâchement dans le traitement du scénario et des personnages. Mary est plus convaincante en humaine qu’en sorcière (allez savoir pourquoi) ; John déambule (y’a pas d’autre mot) à gauche et à droite avec un regard ravageur ; Cotton est pris au piège, puis libre, puis pris au piège, puis… ; Anne se monte le bourrichon ; Tituba ne voit plus très clair ; Mercy se lance dans le commerce de la luxure (et dans une relation avec le Magistrat Hathorne) ; Isaac passe de fornicateur à diseur de vérité et joue les shérifs ; Sebastian convainc mais ses contages de fleurette sont lassants ; et Samaël croise les jambes et joue aux échecs contre Dieu lors de ses moments de détente. Le seul personnage qui m’ait totalement convaincu sur toute la saison est celui de Thomas Dinley, barbier et chirurgien interprété par… Marylin Manson.

Alors oui, il y a des moments sympatoches dans cette dernière saison. Samaël est toujours aussi dérangeant par ses propos et ses aspirations, mais devient légèrement gonflant avec son profond complexe d’Œdipe. Anne développe ses pouvoirs et semble clairement maîtriser la situation. Cotton est plus convaincant que par le passé, tout comme John Alden qui reprend un coup de jeune. Par contre, les effets de l’utilisation de ses pouvoirs en saison précédente, apparemment, on s’en bat les steaks car ça ne revient pas sur le devant de la scène.

Le scénario se base ici sur l’ascension du diable dans la société de Salem et nous promet de nouveaux coups fourrés made in hell. Samuel Roukin (si, si) vient même traîner ses bottes dans le rôle de Belzébuth, la sentinelle de Samaël, imposant, grave, sûr de lui et même drôle… avant de lamentablement se faire dézinguer. Sa présence est justifiée pour que tout soit mis en place dans le but que Samaël prenne possession du monde entier lors du dimanche noir, jour le plus important de l’année pour le petit bout d’chou (après son anniversaire).

Et tout ça jusqu’à l’épisode neuf, moment délicieux durant lequel on approche grandement du final et on se dit que tout est encore possible. « Les scénaristes ont dû nous pondre un dernier épisode de fou » me suis-je entendu dire lors de la finalité de ce pénultième épisode. Et arrive le final.

C’EST QUOI CE FOUTAGE DE GUEULE ? Sérieusement, j’ai bien vu ce que je viens de voir ? On expédie le tout en deux minutes trente avec Anne qui s’en va faire sa propagande à tout le cast principal et qui en bute la moitié. Et puis, c’est quoi cette idée de faire de Samaël un grand gaillard qui a une durée de vie de trente minutes ? Et que fait la police quand Cotton se retrouve dans cet endroit pire que la colonne d’attente au supermarché ? Alors oui « Sens du sacrifice, bla bla bla » mais franchement, il méritait vraiment ça ?

Enfin, c’est cool pour John et Mary. Au moins, cette série nous aura appris que l’amour VRAI ne meurt jamais… et qu’il permet de survivre à toutes les épreuves.

Un dernier épisode affligeant… et pourtant cohérent. En fin de première saison, les sorcières parvenaient à finaliser le Grand Rite. Fin de saison deux, elles faisaient revenir Samaël sur Terre. Il était donc totalement logique que la série se termine sur la victoire de l’une d’elles. Pourtant, au lieu d’utiliser les personnages à bon escient (Mercy et son potentiel, Isaac et son altruisme, John et sa capacité au combat) on se retrouve dans un épisode vite expédié, réunissant tous les principaux, histoire de dire qu’ils étaient présents.

Au final, pas de revirement de situation rocambolesque à nous coller les fesses au plafond. On pourrait même dire que lors de l’arrivée du générique en cette fin d’épisode, on se sent un peu las, comme si on avait raté quelque chose. A mon sens, le plus dommage est la non-utilisation concrète des personnages principaux lors de ce final, eux qui s’étaient tous retrouvés dans une grange un peu plus tôt pour décider d’en découvre une fois pour toute avec le mal absolu. Snif…

Tirer sur la corde de l’Histoire

Même si Salem ne suit pas scrupuleusement les faits ayant eu lieu durant les procès pour sorcellerie, prenant un virage en direction du surnaturel pur jus et de l’horreur, n’en reste que certains personnages et faits sont directement repris des documents officiels qui émanent de cet évènement.

On peut dès lors mentionner Mary Walcott (Sibley), le capitaine John Alden, Cotton Mather et son père Increase, Tituba, Mercy Lewis, le magistrat Hale, comme des personnages qui ont réellement existé et, qui plus est, dans le rôle qui leur est attribué. Bien que des libertés aient été prises, on peut tout de même se fier au climax de l’époque et aux comportements qu’adoptaient certains protagonistes durant cette période trouble.

Car si Salem se la joue clairement en mode surnaturel dans son traitement, il faut préciser que l’ambiance générale de l’époque est bien représentée. Les habitants de la petite ville étaient en souci par rapport à la présence de sorcières dans les environs, les rassemblements populaires visant à humilier une prétendue sorcière ou lors des exécutions étaient effectifs, sans compter sur les rôles des différents personnages qui devaient gérer la population non sans tenter de régler un tant soit peu le problème des sorcières.

D’autres faits historiques viennent s’ajouter à cela pour donner une ambiance certes empreinte de surnaturel mais convaincante dans son traitement. Ainsi, les personnes accusées de sorcellerie et condamnées à mort ne le sont pas via un petit bûcher des familles. La mise à mort se faisait par pendaison, sauf dans le cas d’un certain Giles Corey. Ce dernier, interprété à l’écran par Kevin Tighe, ne fait pas long feu puisque il n’apparaît que dans le premier épisode. Il a été condamné pour sorcellerie à la peine forte et dure, soit par l’empilement de grosses pierres sur la poitrine jusqu’à l’écrasement. Une mort bien douloureuse.

Pour terminer cette section, et vu que la série joue à fond la carte du paranormal, n’oublions pas de parler de Jenifael. D’après certaines rumeurs, ce nom aurait été écrit sur un rapport d’un des procès et a été brûlé par la suite. Cette mystérieuse jeune femme aurait bien pu être la seule réelle sorcière de Salem et celle par qui tout a commencé. Seulement, aucune preuve ni trace de sa présence durant cette affaire, pas plus que dans la série. Il aurait été intéressant d’intégrer ce personnage vu qu’ici le mystère dépasse la réalité.

Visuel ensorcelant

Salem, ça cause de sorcellerie, vous l’avez compris. Ici, les créateurs n’y sont pas allés de main morte quand il s’agit de montrer quelques tours de passe-passe à l’écran. Très visuel dans son contenu, la série nous offre des moments virant de l’onirique au cauchemardesque et usant d’effets spéciaux de bon cru pour nous mettre dans le bain.

Sorts à grand renfort de sang, téléportation, télékinésie, pièces cachées, insertion d’animaux dans un corps humain, les images surprenantes et dérangeantes sont légion dans la série. Les mises à mort sont également très réalistes et renforcent le côté historique sans pour autant surpasser l’aspect surnaturel.

Car comme déjà dit plus haut, Salem commence de devenir particulièrement intéressante dès le moment où l’on s’éloigne de la trame de l’Histoire avec un grand H. C’est à ce moment que la série part pleinement dans sa propre mythologie et nous offre des instants plus glauques, pesants et magiques tout en conservant une étrange teinte réaliste. Chaque réalisateur parvient habilement à mettre en image les divers épisodes et les plans sont tantôt sombres et inquiétants, tantôt cossus et magnifiques.

Au fil des saisons, les effets vont se faire plus sombres et sanglants, à l’instar du personnage de Mercy qui se retrouve brûlée au 18ème degré dans la saison deux, ou l’apparence clairement flippante de Samaël lors de sa reconstruction en fin de saison trois. De bons effets aident à se plonger plus concrètement dans cet univers où, tout comme dans Scream, tout le monde est suspect et il est normal de se méfier des uns et des autres.

L’horreur est bien présente dans la série. On sursaute quelques fois au moyen de jump-scares lambdas (qui ne sont pas nombreux) et le sentiment de tension est bien vif dans certaines situations, les réalisateurs sachant comment gérer un évènement et le faire durer pour plus de suspense. Pourtant, c’est sans conteste visuellement que Salem se distingue d’un point de vue horrifique.

La machine à saigner au-dessus de la baignoire de la Comtesse, le besoin compulsif d’utiliser du sang (humain ou animal) dans toutes les situations, les tortures subies par Isaac durant toute la série, l’ambiance globale de la cité avec les exécutions régulières et la colline aux morts non loin de là, c’est en nous montrant les choses que l’horreur peut s’afficher et nous mettre en situation de tension, voire parfois de malaise. Ça, Salem sait bien le faire. Par exemple, les sorcières des bois (saison 1 et 2) et celles planquées dans l’arbre (saison 3) n’ont pas vraiment des gueules de porte-bonheur, il faut le dire.

Thématiques magiques

Les thèmes abordés sont nombreux et bien connus ; la famille, l’amitié, la fraternité, les différences sociales dans la population, la vengeance, etc., j’en passe et des meilleurs. Ce qui ressort fortement du visionnage de la série, c’est une grande tendance à mettre la femme en avant. Salem est-elle une adaptation féministe pour autant ? Et bien il faut dire que les gaillards n’ont pas forcément la meilleure part à jouer dans cette histoire, préférant se battre pour tuer leurs ennemis sans prendre le temps de réfléchir ou étant à la botte de sorcières du coin via une petite bestiole (crapaud ou rat, c’est selon) insérée au fond de leur gorge. Et puis, c’est tout de même une femme qui gagne à la fin.

Pourtant, cela ne dérange pas car les personnages sont traités de manière égale. Les femmes ont effectivement le pouvoir à Salem… mais cela grâce à leur potentiel en sorcellerie. Mary Sibley n’était pas connue et reconnue avant d’épouser l’un des magistrats de la ville… et d’obtenir ses pouvoirs. Anne était une jeune fille sans histoires avant d’apprendre qu’elle était une sorcière. Pareil pour Mercy qui prend en grade au fur et à mesure que ses pouvoirs grandissent.

Avant de crier au féminisme exacerbé de la série, il est de rigueur de mettre à plat la situation ; c’est équitable entre hommes et femmes. La différence ne réside pas dans le sexe à proprement parler, mais dans la capacité de manipulation, grandement améliorée si l’on a conclu un pacte avec une entité sombre histoire d’avoir quelques pouvoirs dans la poche. 

Et puis, Salem, c’est aussi une histoire d’amour, ou du moins une histoire qui traite des différentes formes de l’amour. Deux types de relations restent indestructibles dans le fil de la série ; l’amour inconditionnel entre deux êtres (John et Mary ne cessent de vouloir se sauver l’un l’autre en dépit de leur propre intégrité) et l’amour inconditionnel de la foi (Giles Corey sait qu’il va mourir mais affirme avoir toujours la foi, Cotton se retrouve dans un no man’s land terrifiant pour sauver les miches de la ville).

Preuve en est, c’est le véritable amour de Cotton (Gloriana, jouée par Azure Parsons) qui le poussera à sauver la ville et non pas celui de son épouse, traîtresse et un peu dérangée sur les bords. Mercy et son cher et tendre meurent ensemble, se vouant des sentiments sincères jusqu’à la fin, l’inverse de ce que la jeune femme propose dans son établissement, à savoir de l’amour sans lendemain ni conséquences.

D’autres thèmes seraient à soulever, comme celui de la suspicion et de l’impact d’une rumeur dans une société organisée. Dès que les sorcières commencent de pointer le bout de leurs nez crochus, c’est le bazar. Les notables ne savent pas comment gérer la situation (procès vite expédiés et mises à mort arbitraires, ce n’est peut être pas la bonne solution), la population s’inquiète (tout le monde suspecte ou accuse tout le monde) et la structure sociale même de la citée en prend un coup (les émeutes en fin de saison trois).

Il est intéressant de remarquer que c’est exactement ce qu’il s’est passé durant la véritable histoire en 1692. La ville a commencé à dépérir, les sorcières étaient le sujet de conversation principal et l’est resté pendant un bon moment. Un climax de terreur s’est emparé de la cité, non pas parce que de vilaines mégères armées d’un balai ensorcelaient les badauds, mais bien parce que la population transie de peur devant ces éléments terrifiants et surnaturels s’est abandonnée aux rumeurs et à la peur instaurée par les évènements.

Le thème des puritains est utilisé de manière tout à fait géniale dans la première saison… mais s’efface énormément lors de la suite de la série. C’est dommage car historiquement (et scénaristiquement) parlant, cela aurait pu être intéressant de développer cet aspect, la communauté puritaine étant non seulement ennemie des sorcières mais également des libres penseurs de l’époque. Une coche manquée ?  

Il existe d’autres thèmes à foison dans la série, mais je pense que le mieux et de vous laisser les découvrir et vous faire votre propre avis sur la situation. Quand un passage de l’histoire est mis en image de cette manière-là, on peut soulever beaucoup de choses, surtout en usant de l’aspect horrifique pour faire passer le message. 

Verdict

Coupable ! Oui, Salem est coupable d’être une série plaisante à regarder, avec une forte inspiration historique tout en prenant des libertés assumées qui donnent corps à la mythologie de cet univers si particulier. Elle est coupable de nous offrir un visuel intéressant, onirique, cauchemardesque et travaillé, et des personnages parfois mitigés mais auxquels l’on reste étonnamment croché.

Mais la série est aussi coupable d’être inconstante dans son récit et dans son rythme, entachant la réputation des grands faits historiques télétransposés. Inégale sur plusieurs aspects, c’est surtout dans son final expédié en express que tout se joue. En mettant en scène une fin différente, je suis certain que le goût des trois saisons aurait été nettement plus savoureux. Comme quoi la fin, c’est souvent le plus important.

Qu’importe ! De mon côté, dans le contexte de la série, j’espère que la petite Dorcas (Emma Claire Wynn) est une sorcière et qu’une fois adulte, elle va mettre la misère à Anne et la bouter hors du trône de Salem. Un sourire, un clin d’œil, une volonté de la jeune fille de nous faire espérer qu’Anne n’a pas nécessairement gagné à la fin aurait été des plus salvateurs. Mais bon, nous ne le saurons jamais. A noter que dans la véritable histoire, la toute jeune Dorcas a été elle aussi accusée de sorcellerie.  

Salem reste pourtant une série tout à fait regardable. Avec trois saisons de 13 et 10 épisodes (36 au total) d’une quarantaine de minutes, c’est impeccable pour les après-midi pluvieux et pour découvrir quelques éléments intéressants sur l’histoire des procès de Salem. On peut aussi profiter d’épisodes qui ont été réalisés, entre autre, par Peter Weller (n° 5 saison 2 et n° 6 saison 3), l’interprète du tout premier RoboCop, et également par un certain Joe Dante (n° 7 saison 2 et n° 4 saison 3).

Si vous cherchez une série profonde, admirable, exceptionnelle, grandiose et surprenante, je vous propose de passer votre chemin. Si vous aimez les sorcières, l’histoire de Salem, les séries avec de bons effets et une intrigue potentiellement haletante, vous pouvez vous lancer dans le visionnage. Mais prenez garde au dernier épisode, ça risque de vous mettre un coup… de balai.

L’audience est levée.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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