"N'est pas mort ce qui à jamais dort..."

Après le succès retentissant du premier film, il était normal de voir la suite arriver. C’est six ans plus tard, en 1987, que sort sur les écrans Evil Dead 2. Censé être une suite directe au premier film, il est étonnant de constater des problèmes importants de continuité, expliqués par le fait que Sam Raimi a retourné, pour les trois films, les scènes de flashback. Partant donc quelque peu sur de nouvelles bases, cette suite fera-t-elle honneur à l’original ? Qu’est-ce qui pourrait rendre l’horreur encore plus viscérale que celle du  premier opus ? Embarquez dans l’Oldsmobile Delta 88 pour de nouvelles aventures ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Ash et sa petite amie Linda se rendent dans une cabane au fond des bois pour y passer des vacances. Sur place, ils découvrent un magnétophone et en enclenchant ce dernier, des phrases étranges font surgir une puissante entité démoniaque. Celle-ci prend possession de Linda, et Ash se voit contraint de la tuer. Lui-même attrapé par la force maléfique, il parvient à s’en tirer et se retrouve à se battre contre l’entité dans la cabane. Au même moment, une jeune fille souhaite retrouver son archéologue de père dans sa maisonnette au milieu des bois pour lui apporter des nouvelles pages du Necronomicon, le Livre des Morts.

Simplifiant l’histoire du premier film en ne conservant que les personnages d’Ash et de Linda (et en faisant que le Necronomicon survit au feu de cheminée), Evil Dead 2 démarre pourtant sur de bonnes bases, expliquant notamment comment Ash a pu survivre à l’assaut de l’esprit dans les dernières secondes du premier film. En partant de là, on peut donc continuer à suivre l’histoire sans peine et découvrir de nouvelles et cruelles idées inédites de Sam Raimi pour nous faire à nouveau frissonner.

Dans le rôle d’Ash, on retrouve avec plaisir Bruce Campbell, fidèle à lui-même. Son personnage va pouvoir évoluer afin de devenir plus brutal et direct, nous offrant des scènes de malade comme un coupage de main afin d’éviter une propagation de la possession. Il devient de plus en plus badass… et c’est ça qu’on aime, au fond. Sarah Berry joue Annie Knowby, la fille de l’archéologue. De passage par la forêt pour apporter de nouvelles pages du Necronomicon à son père, elle va être prise dans la tourmente. Voyant Ash comme un ennemi, elle va rapidement se rendre compte de la situation et devenir, elle aussi, une victime des démons. Dan Hicks est Jake, un type qui a juste joué les guides pour Annie et son petit ami Ed (Richard Domeier) et qui se retrouve au milieu de tout ce bazar. Il a également embarqué sa petite copine, Bobby Joe (Kassie Wesley). A noter que le frère de Sam Raimi, Ted, joue Henrietta Knowby, la femme de l’archéologue, en état de possession.

Le premier film nous tendait les nerfs à grand coup de gore et de violence visuelle à gogo. Ici, nous sommes toujours dans la même ligne… mais pas dans le même style. Renforçant encore l’aspect « comic book » de l’histoire, Sam Raimi n’aura de cesse de nous présenter un bestiaire des plus hallucinants ; main autonome, cou démesuré, objets animés, on ne va pas s’ennuyer une seconde avec toutes ces nouveautés, la suivante toujours plus surprenante que la précédente.

Et c’est tant mieux ! Car si la forme change et nous propose quelque chose de nouveau, ça ne sera pas la même limonade pour le fond. Nous restons bien dans la droite ligne du premier opus, avançant dans un scénario certes basique mais maîtrisé. Les scénettes délirantes nous font alors un bien fou, ponctuant ce récit codé de moments hors du temps et du conventionnel.

Les effets spéciaux sont également complètement dans le tir. Nous sommes en 1987 et le bestiaire proposé conserve son aspect « cartoon ». Cet aspect est bien entendu assumé par Sam Raimi et entre dans la galerie de métrages comme House de Steve Miner, sorti une année plus tôt. On penserait presque, à certains moments, que le film dérive lentement mais sûrement vers la comédie horrifique en lieu et place d’un pur film d’horreur comme l’était le premier opus. Est-ce le cas ?

Non… et oui. Beaucoup plus détendu que son prédécesseur (ce qui fait son charme), Evil Dead 2 propose toujours autant de gore et d’images crues tout en se prenant moins au sérieux. Ce revirement pourra en surprendre quelques uns mais dans l’ensemble, cela apporte une dynamique différente au métrage et permet non seulement une lecture tranquille en plus de quelques bons éclats de rire et plusieurs moments où l’on se surprend à marmonner « Hein ? Mais non… » avec un large sourire sur les lèvres.

La fin reste l’élément visuel le moins convaincant (un tunnel dans l’espace-temps, ce n’est pas évident à représenter) mais devient le point scénaristique le plus intéressant. A la base, Evil Dead 2 devait déjà se passer dans une autre époque, mais Sam Raimi a décidé d’effectuer ce bond temporel dans le troisième film. Dès lors, on retrouvera Ash, pris dans un vortex temporel, qui se cassera méchamment la binette dans une époque lointaine où les chevaliers étaient encore de mise. En matière d’envie de voir la suite, Sam Raimi fait très fort.

Avec le temps, ce film a largement mérité son statut de film culte, mélangeant horreur et comédie tout en conservant un visuel méchant et coloré qui ne manquera pas de faire plaisir aux amateurs du genre. Les démons se prennent des roustes incroyables, Ash devient l’antihéros que tout le monde connaît aujourd’hui et Sam Raimi, malgré tout, parvient à nous offrir un film d’une excellente qualité et d’un délire absolu. Belle réussite !

« …et au long des ères étranges peut mourir même la Mort » 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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