Épidémie australienne

En 2013, les réalisateurs Ben Howling et Yolanda Ramke dirigent un court métrage appelé Cargo. En 2017, le long métrage issu du plus petit est projeté au Festival International du film d’Adelaide, en Australie avant d’être disponible sur la plate-forme Netflix en mai 2018. Jusqu’ici, rien de bien singulier me direz-vous. Pourtant, Cargo est l’un de ces films qui surprennent. De prime abord, un film de zombie en plein bush australien ne semble pas casser des briques. Pourtant, avec un scénario rodé, des idées à foison et une prestation admirable de Martin Freeman, on obtient un film qui vaut clairement la peine. Equipez-vous de votre sac à dos et c’est parti pour la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Une terrible épidémie transformant les gens en zombies s’est abattue sur l’Australie. Andy (Martin Freeman), son épouse Kay (Susie Porter) et leur petite Josie voguent en sécurité sur un fleuve à distance des éventuels contaminés. Pourtant, un arrêt pour trouver des vivres va tourner au cauchemar. Son épouse décédée, Andy est mordu par une créature. Il a maintenant 48 heures pour trouver à qui confier sa petite fille avant qu’il ne se transforme.

Au début du film, on se dit que l’on tombe sur quelque chose de tout à fait conventionnel. Une épidémie, des infectés retors, seul le cadre rural de l’Australie semble faire une différence notable par rapport à d’autres récits traitants de morts-vivants contagieux. On se demande même si le scénario ne va pas être extrêmement bateau (sans rapport avec l’embarcation de la petite famille) tant on voit ce qui va se passer à l’avance.

Mais là, il ne s’agit que des premières minutes car à partir du moment où Kay se fait malencontreusement mordre, on démarre une autre approche du film bien plus humaine, tendue et en dehors des sentiers battus. Le virus met exactement 48 heures à se propager totalement dans le corps et ça, ça permet à l’histoire de jouer habilement sur une deadline cruelle et sans appel.

Après une confrontation émotionnellement prenante avec un zombie, Andy se fait mordre. Le compte à rebours s’enclenche alors pour lui et il dispose de quelques heures pour trouver une solution afin que sa petite Josie puisse lui survivre. Son cheminement est parsemé de rencontres, tant d’individus peu recommandables (Vic, joué par Anthony Hayes) que de personnages salvateurs (Thoomi, jouée par Simone Landers).

On peut donc le dire ; le scénario est prenant. On retrouve une consistance humaine non négligeable dans ce monde en perdition rempli de morts-vivants agressifs, contrastant ainsi admirablement avec les mésaventures d’un père recherchant le salut pour sa petite fille. L’horreur du monde dans lequel ils survivent est contrebalancé par cet amour inconditionnel d’un père pour sa fille.

Et Martin Freeman n’est pas étranger à la beauté du film. Impeccable jusqu’au bout des ongles dans le rôle du père piégé sous la coupelle du temps, de lui émane toutes les émotions qui peuvent transiter à l’intérieur du cerveau dans des moments comme ceux qu’il traverse. L’abnégation, l’espoir, la peur et principalement l’amour, ce qui lui permet d’avancer d’heure en heure en conservant ses pensées fixées sur l’objectif ; garder sa fille en vie.

Le personnage de Thoomi est également magnifiquement interprété par la jeune Simone Landers. Venant d’une tribu aborigène, convaincue que les zombies conservent une part d’eux-mêmes (elle se promène même avec son papounet qui n’a plus vraiment quelque chose d’humain), elle apporte une émotion toute particulière au métrage, créant également une « australian-touch » bienvenue.

Car le cadre de l’action dans les terres sauvages de l’Australie permet également de ne pas se retrouver en territoire connu, nous empêchant de soupirer en pensant que l’on va connaître à l’avance tout ce qui va se passer. Les rencontres peuvent être bonnes comme mauvaises, chacune laissant tout de même une empreinte dans notre secteur mémoriel cinématographique, à l’instar de cette famille croisée en début de métrage puis retrouvée à la fin. Il va sans dire que cette rencontre nous brise quelque peu le cœur.

Rythmé par une image où le soleil est omniprésent et les paysages magnifiques, le film nous emmène jusqu’à une conclusion à la fois terrifiante et salvatrice. Car au-delà du simple métrage de zombie où la survie est le seul credo que l’on peut attendre, c’est ici une histoire à dimension humaine d’un lien familial implacable et indestructible. Le final est donc à la hauteur du reste du film ; cohérent et nous redonnant un étrange espoir sur l’avenir du monde qui nous a été dépeint.

Si l’on constate effectivement quelques scènes trash dans Cargo, l’important n’est pas là ; il s’agit clairement de développer l’histoire et les personnages dans le but de nous offrir un rendu final compact et juste d’un bout à l’autre. La violence présente dans le film n’est jamais gratuite et a son lot de conséquences, aussi terribles soient-elles (la réaction d’Andy après sa morsure, sa rencontre avec Vic et « sa femme »). Nous ne sommes pas en présence d’un film horrifique à proprement parler ; c’est plus que cela.

Après l’avoir vu, je peux dire que Cargo est une agréable surprise. Cela fait du bien de retrouver un métrage comme celui-là, rempli d’une émotion particulière, d’acteurs qui collent à leurs rôles et d’une histoire simple mais ô combien prenante. Si vous avez envie de passer un sympathique moment de cinéma, lancez-vous dans le visionnage de ce film qui est tout sauf bateau. Au fond, c’est peut-être vrai que l’amour est la seule chose qui puisse nous sauver.

Et vous, que feriez-vous ces 48 dernières heures ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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