Peut-on échapper au futur ?

En 1976, trois ans après la sortie de Mondwest (Westwold en VO) réalisé par Michael Crichton, débarque sur les écrans Les Rescapés du futur (Futureworld en VO) dirigé par Richard T. Heffron. Surtout connu pour ses téléfilms, le réalisateur va prendre le pari de prolonger l’aventure du bijou de science-fiction sorti quelques années plus tôt. Cette suite méconnue va-t-elle faire aussi bien que le premier opus ? Les robots sont-ils réellement nos ennemis ? Qui a réussi à nettoyer après le bazar laissé à la fin du film précédent ? Tant de questions qui trouveront, sans doute, des réponses dans l’article qui suit. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Deux ans se sont écoulés depuis le drame du parc d’attraction Delos. Proposant des mondes hyperréalistes à ses visiteurs, des robots se sont retournés contre les humains, causant une cinquantaine de morts. Après des mois de conception et plus de 1'500'000 $ de dépenses pour mettre à jour les systèmes, le Dr. Duffy annonce la réouverture du parc. Chuck Browning, un journaliste de presse ayant couvert le drame, et Tracy Ballard, présentatrice télé et ancienne amante de Browning, se voient invités au parc pour y redorer son blason. Mais les apparences sont très souvent trompeuses.

Dans le rôle principal masculin, nous avons Peter Fonda (rien que ça !) qui interprète Chuck Browning, journaliste de son état. L’acteur du culte Easy Rider est bon en fouineur des familles qui tente de soulever le moindre lièvre du parc par tous les moyens. A ses côtés, en premier rôle féminin, Blythe Danner, alias Tracy Ballard. Peu de film avant celui-ci, mais une carrière fournie par la suite. Elle joue la journaliste télé sûre d’elle, souhaitant ne pas faire de vagues tout en visant un max d’audimat. Râleuse invétérée autant que complice de tout instant de son ancien amant Chuck, son rôle est parfaitement dans le tir. Arthur Hill est le Dr. Duffy, guide des deux journalistes durant leur séjour à Delos. Souriant et affable, il faut parfois se méfier des apparences et son rôle lui colle à merveille. John P. Ryan est le Dr. Schneider. Personnage obscur au faciès en mode « pas content », il va très bien dans cette interprétation du méchant, un tantinet à la James Bond. Stuart Margolin est Harry, employé de Delos et ami d’un androïde sans visage. Son rôle, bien que secondaire, reste extrêmement sympathique. Il faut également mentionner l’apparition quelques minutes de Yul Brynner, pour sa dernière apparition dans un film. Son peu de présence à l’écran a déclenché un tollé, les spectateurs espérant tout de même plus qu’un simple caméo.  

Le film démarre et on nous apprend relativement vite que le parc d’attraction Delos a rouvert ses portes depuis maintenant un mois, proposant de nouveaux mondes aux visiteurs après l’abandon de celui de l’ancien Far West. Deux journalistes sont alors invités pour constater que tout se passe bien et que les terribles événements de la révolte des robots ne se reproduiront plus. Pour parer à cela, les techniciens sont maintenant tous des androïdes, plus fiables et dociles que les humains. Mouais, je ne sais pas si l’idée de contrer une révolte robotique en mettant plus de robot est foncièrement bonne.

Et bien entendu, ce qui doit arriver, arrive ! Chuck le fouineur ne met pas longtemps à comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. C’est après une visite dans le Futureworld (décollage en fusée, arrivée dans une station spatiale, possibilité de faire du ski sur Mars ou une sortie éducative sur Vénus) que lui et sa partenaire vont petit à petit découvrir le pot aux roses. Avec l’aide d’un employé humain du parc (Harry), la vérité va rapidement leur exploser à la tronche.

Le fait d’inviter les grands pontes du moment (un général russe, un homme d’affaires chinois… et nos journalistes) n’est pas anodin vu que le but est de créer de parfaites copies robotiques d’eux-mêmes pour ensuite les renvoyer dans le monde réel et garder ainsi un contrôle sur les événements à venir ! Contrôler le futur en insérant des personnes « factices » dans la société, que voilà un coup d’éclat !

Dès lors, le scénario est réellement bien construit, reprenant notamment l’un des standards du premier film pour l’amplifier. Il s’agit du complexe de Dieu qui, ici, ne se résume plus à simplement créer des robots pour les contrôler, mais utiliser ces machines pour prendre possession du monde entier. On reste dans le cadre des années 1976 (en pleine Guerre Froide) et on a comme des odeurs d’un James Bond, notamment avec le personnage du Dr. Schneider qui n’a rien à envier aux savants fous et aux méchants de la saga précédemment nommée.

En creusant un peu plus profondément, la mécanique complexe du parc de Delos va également être sous la loupe des journalistes, et cela permettra aux spectateurs de mieux comprendre comment tout cela fonctionne. En balançant des informations complémentaires, c’est une saveur toute particulière qui vient s’ajouter au récit et permet de colmater les éventuels manques explicatifs dans le précédent opus.

L’intrigue est bien tenue et il sera surprenant de voir comment les choses vont se terminer. On ne pourra qu’esquisser un sourire avec le dernier doigt d’honneur de Chuck, geste libérateur au possible et qui ponctue admirablement cette histoire. Oui, il est possible d’échapper au futur, en fin de compte.

Outre un scénario intelligent, des acteurs bien dans leurs godasses et une intrigue intéressante, on notera cependant quelques scènes peut-être un peu trop longue et sans un réel intérêt. Le « kidnapping » des invités pour un petit bilan médical prend quelques plombes et aurait pu être relativement raccourci. La séquence onirique avec Tracy (et l’apparition de Yul Brynner) n’a pas de réel intérêt si ce n’est le passage à l’écran de l’acteur en question. Quelques longueurs sont donc à déplorer.

Pour contrebalancer, quelques anecdotes sympathiques peuvent être mentionnées. Ce film contient la toute première image de synthèse en 3D utilisée au cinéma, via une séquence sur un écran d’ordinateur montrant une main puis un visage humain. Un effet spécial de fou pour l’époque. D’ailleurs, les effets n’ont pas trop mal vieilli, si l’on exclu les tirs de pistolet. Et puis, le jeu d’échec auquel joue Chuck et Tracy est encore plus badass que celui présent dans le premier film d’Harry Potter. Comme quoi, tout se transforme. J’ai également trouvé intéressant que les modèles d’androïdes les plus récents était les 700, ne pouvant se mouvoir dans toutes les parties du bâtiment à cause de leur fragilité, notamment à l’humidité. Dans Terminator de James Cameron (1984), Kyle Reese explique à Sarah Connor que les T-800 étaient les premières machines à pouvoir infiltrer les bases humaines. Y aurait-il un lien ?

Les Rescapés du futur est un bon petit film d’anticipation, complétant merveilleusement Mondwest. De bons acteurs dans un cadre futuriste et alarmant, souhaitant montrer que la technologie servant à l’innovation peut aussi devenir destructrice si elle est utilisée à mauvais escient. L’humain, créateur de génie, peut-il mettre au monde quelque chose sans avoir une arrière-pensée d’avilissement ? Toute la problématique soulevée dans le film se trouve dans la question et c’est intelligemment bien amené. Fans de science-fiction, de dérive robotique et de cinéma seventies, ce film est pour vous !

Et vous, pensez-vous que le Dr. Schneider est réellement un humain ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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