Méfiez-vous des faux prophètes

Quand on mélange miracles et horreur, cela peut donner des métrages assez sympatoches. C’est le cas du film The Unholy dont nous parlons ici. Jouant à fond la carte du religieux, le réalisateur Evan Spilitopoulos, co-scénariste sur plusieurs productions Disney, se lance pour son premier long métrage derrière la caméra. Il s’agit ici d’adapter le roman Sanctuaire de l’écrivain James Herbert. Mais est-ce que les miracles existent ? Toucher à la religion au cinéma, est-ce dangereux ? La rédemption peut-elle être pour tout le monde ? Armés de nos croyances les plus profondes, on se lance dans la critique !

Gerry (Jeffrey Dean Morgan), un journaliste déchu qui a méchamment galvaudé la vérité dans ses articles passés, tente de dégoter un sujet pour se retrouver dans les bonnes grâces de ses supérieurs. Il découvre alors des événements étranges se déroulant à Boston où une jeune femme, Alice (Cricket Brown) semble communiquer directement avec la Vierge Marie (ou la Dame). Mais comme toujours, les apparences sont trompeuses.

Le sujet des miracles dans le cinéma horrifique est parfois tendancieux, comme veut le prouver Stigmata (1999) au thème sulfureux qui a fait couler pas mal d’encre. Ici, on reste dans un standard un peu plus commun, retrouvant quelques sursauts inhérents à tout métrage horrifique de ces dernières années. Bien que la ligne scénaristique soit relativement basique et sans réelles surprises, le film possède tout de même son lot de points forts.

Il faut commencer par les acteurs qui semblent tout à fait à l’aise dans chacun de leur rôle. Alice (Cricket Brown), jeune femme sourde-muette, se retrouve tout à coup douée de parole après une apparition de la Dame. Quelques guérisons miraculeuses plus tard, son tuteur, le Père Hagan (William Sadler) est forcé de constater que Dieu se manifeste bien dans le champ à côté de sa chapelle.

Natalie (Katie Aselton), médecin d’Alice, n’en revient pas et toute la communauté de Boston est en effervescence ; leur ville va devenir la nouvelle Lourdes. Cela arrange bien les affaire de l’évêque Gyles (Cary Elwes), pouvant asseoir définitivement l’Eglise Catholique dans le secteur et également faire un peu de promo pour toucher de la thune.

Et tout cela se passe sous les yeux (et l’objectif) de Gerry, journaliste en perdition, qui semble avoir trouvé LE filon pour revenir dans la course, surtout qu’Alice semble ne vouloir parler qu’à lui. Quand il n’est pas occupé à traquer du démon dans Supernatural ou à casser des gueules à coup de Lucille dans The Walking Dead, Jeffrey Dean Morgan sait comment nous faire plaisir en nous présentant un personnage au développement passablement bien fichu.

Car le thème de la rédemption est un point central de The Unholy et ça, le réalisateur l’a bien compris. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que l’on voit le personnage de Gerry évoluer de manière logique, inéluctable et plaisante à l’écran. Là où d’autres films auraient peut-être bâclé le personnage central au profit d’une intrigue plus surnaturelle et sournoise, c’est ici, à mon sens, un tour de force en matière d’écriture de personnage, se terminant de manière cohérente, qui plus est avec tout le bagage humain et spirituel que l’on pouvait en attendre.

Car l’autre thème principal du film, c’est bien entendu la religion. On assiste à une succession d’événements pour le moins troublants avant de constater que les rôles sont, à juste titre, inversés ; les envoyés de l’Eglise Catholique s’interrogent viscéralement sur les faits tandis que les autres habitants y croient immédiatement, sans se poser de questions.

Par ce biais, le film nous montre qu’il ne faut pas mettre la charrette avant les bœufs et que ce genre d’événement nécessite que l’on s’interroge sur son bien-fondé. Vous l’aurez compris, dans le cas présent, ce n’est pas du tout la Vierge Marie qui vient taper la causette avec Alice… mais une entité diabolique bien plus vicelarde que ce que l’on pourrait imaginer.

La trouille est donc bien présente dans le métrage mais ne représente pas l’intégralité de celui-ci. Préférant baser son histoire sur des personnages et des situations précises, le réalisateur ne tombe pas dans le jump scare facile, même si l’on assiste à quelques sursauts du genre. L’ambiance est parfaitement maîtrisée et la scène finale possède une esthétique toute particulière.

Mais bon, cela peut-il contrer une histoire trop convenue et des scènes parfois un peu bateau ? A l’issue du visionnage, je n’ai pas été déçu des 99 minutes que je venais de passer, même s’il n’y avait rien de radicalement transcendant. A aucun moment on ne se fait berner par l’esprit aux commandes de tout cela est c’est sans doute ce qui manque le plus au film ; un effet de surprise.

Au lieu de ça, on reste sur les rails en matière de défilement horrifique et de scènes coup de poing histoire de nous laisser dans l’impression que nous sommes effectivement en train de visionner un film d’horreur. Sans effet de surprise, on ne peut nier que l’on est peu crédule devant les événements vécus par Alice. Qui plus est, le final, même s’il est visuellement bien fichu, nous montre que l’ennemi contre lequel il fallait se dresser en premier lieu, c’était la crédulité des gens et non une puissante entité démoniaque.

Possédant une chouette écriture sur ses personnages mais ne créant pas un effet de surprise saisissant, The Unholy reste agréable à regarder lors d’une petite soirée télé horrifique des familles. Un Jeffrey Dean Morgan top, quelques scènes bien senties et la capacité d’oser parler de la religion d’un point de vue un peu différent de d’habitude, le film pourra sans doute plaire à ceux qui veulent voir un Stigmata version 2021… et constater que voir, croire et savoir sont trois choses bien différentes.

Matthieu 7 : 15

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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