E1 - Les Forces obscures

The Damned Thing

Kevin a vu son père tuer sa mère et se faire détruire par une force invisible quand il était enfant. Devenu adulte, il est shérif et continue d’entretenir une surveillance constante de la maison familiale afin que les forces obscures ne reviennent plus. Mais comment détecter ce qui est invisible ? Kevin va alors se retrouver face à cette menace et devra protéger sa famille pour ne pas répéter les actions de son père. ATTENTION : cet article contient des spoilers.

Tobe Hooper a déjà réalisé le segment La Danse des morts dans la première saison des Maîtres de l’horreur. Ici, il se tient aux commandes du premier épisode de la saison 2. Au casting, nous retrouvons Sean Patrick Flanery dans le rôle du shérif Kevin Reddie. Traumatisé par la mort de ses parents, il n’aura de cesse de vouloir protéger les siens à tout prix contre les forces obscures. Son épouse Dina, jouée par Marisa Coughlan, est compréhensive et attentionnée, mais ne supporte plus la surveillance constante de son époux sur elle et son fils. A souligner la présence de Ted Raimi (frère du réalisateur Sam Raimi) dans le rôle d’un prêtre qui va péter sa case. L’épisode Les Forces obscures est tiré d’une nouvelle du même nom (1893) de l’écrivain Ambrose Bierce.

La saison 2 des Maîtres de l’horreur démarre bien. Nous avons droit ici à une introduction digne des plus grands films d’horreur, alliant tension, surprise et gore. Quelques minutes qui dépotent sévèrement pour un début, c’est impeccable ! On prend son pied, on s’installe confortablement et on attend impatiemment la suite.

Revenant au présent, nous découvrons les personnages. Il s’agit ici d’un des points forts de cet épisode ; la profondeur. Nous aurons alors la possibilité de découvrir ce qu’il se passe dans la vie de Kevin et de sa famille, donnant une dimension humaine aux événements qui vont se produire. Bien vu donc de ce côté-là.

D’un point de vue scénaristique, on suit les pérégrinations des protagonistes sans trop se poser de question, et ça fait du bien. L’histoire se déroule, avec son lot de surprises et de situations étranges, cela dit sans réellement nous coller la frousse. En avançant dans l’épisode, la tension monte… mais l’intérêt descend cruellement. Où sont donc les frissons de l’introduction ? Qu’est devenue la peur de l’inconnu et de l’invisible ressentie durant les premières minutes ? Rien… plus rien.

Quelques scénettes viendront remettre un peu de baume, mais sans exagérer sur la quantité ; quelques coups de marteau dans la tête, des disputes éclatant entre voisins, rien de trop méchant. On se demande alors pourquoi on nous présente des coupures de journaux relatant des faits similaires il y a quelques décennies, durant lesquels plus de 200 personnes se sont mises sur la gueule de manière sanglante dans une ville des environs. Car nous n’aurons rien, absolument rien de cela.

Le métrage, au contraire, s’engouffre dans le drame familial surnaturel, présentant des forces obscures liées, apparemment, à une malédiction générationnelle. Le but étant de faire de Kevin un protecteur, puis une menace, histoire d’alimenter le scénario et surtout de coller aux minutes de départ du film. On passera donc l’intégralité de celui-ci à attendre que quelque chose décolle.

En fin de course, nous aurons un aperçu desdites forces… et aucune explication. Le final explose littéralement les vitres d’une bagnole pour nous laisser sur le carreau, se demandant comment cela a bien pu réellement se terminer, si ce n’est pas la mort de toute la ville. Mais aucune confirmation et pas de trace d’un début d’explication.

Si je me permets une petite théorie, Les Forces obscures est un métrage qui revient souvent sur le sujet du pétrole. D’ailleurs, d’après ce que l’on peut en comprendre, tout a commencé dans une ville voisine avec la découverte d’une source d’or noir. Substance étrangement ressemblante avec le « physique » des forces ténébreuses en question, on pourrait alors théoriser de la manière suivante ; les choses damnées représentent le lobby pétrolier, affamant les gens et les poussant sur la brèche financièrement, plus rien ne fonctionnant sans la précieuse huile. Cupides, les gens ont été maudits pour cela via cette denrée énergétique. Cela expliquerait également le fait que dans la scène finale, la voiture finisse en panne d’essence… permettant ainsi l’attaque finale.

Voilà, ça, c’était pour mon lâchage quotidien de théorie vaseuse. N’en reste que Les Forces obscures nous présente un épisode en demi-teinte, formidable dans ses premières minutes et descendant lentement dans les abîmes d’une flaque de goudron, sombre et sans échappatoire. On sera déçu du rendu final et même si Tobe Hooper a fait un super travail avec les acteurs, on n’a pas frissonné un instant après l’introduction. Dommage.

Ça me fait penser ; il faut remettre de l’essence dans la voiture. 

E2 - Une famille recomposée

Family

Harold semble être le voisin parfait par excellence. Sympathique, attentionné, pas râleur pour un sou, il mène une vie de célibataire dans un chouette quartier. Ses nouveaux voisins, David et Celia, l’apprécient beaucoup. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’Harold a une famille, composée des squelettes des personnes qu’il a assassiné. Vivant dans sa psychose, il entrevoit une possible relation avec Celia et souhaite qu’elle fasse partie de sa famille.

John Landis a déjà réalisé le comique La belle est la bête dans la première saison de cette série. Ici, il s’attaque à la vie d’Harold, joué avec classe par George Wendt. Comédien habitué à différents types de métrages, il incarne à la perfection le voisin sympa en apparence mais complètement à la masse sous la surface. Meredith Monroe est parfaite en Celia, jeune mariée aimante et gentille avec tout le monde. Matt Keeslar la suit de près avec le rôle de son époux David, affable et discret.

Vous l’aurez compris ; au niveau casting, rien à redire. Les personnages sont intéressants, on sait ce qu’il faut savoir sur eux et on s’attache relativement rapidement à chacun. Mention spéciale à George Wendt, magnifique dans son rôle et parvenant à nous attendrir comme à nous terrifier. La direction opérée ici par John Landis semble plus posée que lors de son précédent métrage dans cette anthologie.

Car ici, on démarre directement fort avec une caméra déambulant dans le quartier pour arriver jusque dans la maison d’Harold. Après une petite visite, nous descendons à la cave pour voir notre sympathique résident… retirer la peau d’un corps à l’acide ! Le tout sur une musique gospel des plus entraînantes ! Un début qui envoie du lourd… comme le segment précédent. Il faut dès lors se méfier de la suite.

Et pourtant, il n’y aura pratiquement rien à redire. Le scénario est l’une des ficelles les plus solides de ce segment. Harold, tiraillé entre ses délires et sa vie de voisin conventionnel aura d’ailleurs un peu de mal à tout gérer… pour notre plus grand plaisir. Le réalisateur fait toujours dans le comique mais ici, nous parlons de comédie noire. Quelques allusions cyniques, des situations de dialogues embarrassantes mais maîtrisées, un ton à la fois sérieux mais décomplexé ; tout concorde au bien de l’histoire.

Histoire qui prendra d’ailleurs une tournure finale absolument fabuleuse ! Avis à tous les amateurs de twist ; ce segment est pour vous ! Sans abuser des standards du genre, on arrive aux dernières minutes avec un large sourire aux lèvres car tout s’est passé à la perfection, jusque dans les méandres des détails. Nous sommes scotchés et ravis !

Dans sa précédente prestation, John Landis avait réalisé un métrage qui n’avait pas la prétention pure de se trouver dans une série horrifique. Qu’en est-il ici ? Avec talent, il nous présente des personnages plus profonds et fouillés et également des scènes plus à même de se retrouver dans ce type de média. Préparation des corps, mise en place des squelettes dans des scénettes quotidienne, bavardages entre Harold et « sa famille », tout colle beaucoup plus que précédemment.

Ici, c’est l’ambiance qui est mise en avant et qui parvient à nous prendre dans son tourbillon. Même si on ne sursaute pas une seule fois, l’ensemble est tellement bien foutu qu’à la rigueur, on s’en fiche de ne pas avoir eu besoin de changer de caleçon. Bien maîtrisé du début à la fin, ce second segment des Maîtres de l’horreur deuxième saison nous présente, de façon horrible, la fraction psychique d’Harold et l’étale pour nous en faire profiter.

Non, Une famille recomposée n’est pas un film d’horreur à proprement parler, à nouveau. Mais cette fois-ci, M. Landis nous prouve qu’avec une bonne direction et un scénario qui tient la route, on peut passer un moment délectable de tension et de plaisir, tout ça avec un petit sourire aux lèvres. Formidable épisode, espérons que ça continue ainsi !

Et ne planquez rien dans votre boîte aux lettres ; ce n’est pas un endroit sûr.  

E3 - V comme vampire

The V Word

Deux adolescents, Kerry et Justin, veulent se donner quelques frissons. Ils décident de se rendre, de nuit, à la morgue où travaille le cousin de Justin. Une fois là-bas, ils pénètrent dans le bâtiment et se retrouvent aux prises avec un vampire. Kerry, mordu, reste à terre et Justin s’enfuit. Commence alors pour lui une nuit de traque où il va se trouver être la proie.  

Cet épisode est écrit par Mick Garris (le créateur de la série) et réalisé par Ernest Dickerson. Ce dernier est notamment connu pour son film Bones avec Snoop Dogg. Ici, il dirige Branden Nadon dans le rôle principal de Justin. Adolescent classique se découvrant pourtant une charité incroyable. Son ami, Kerry, est joué par Arjay Smith, toujours prêt à suivre son pote, ce qu’il regrettera sûrement. Michael Ironside, grand habitué des seconds rôles, est le vampire de base de l’histoire, attaquant les jeunes à la morgue. Pour finir, il faut noter la présence de Jodelle Ferland, l’incroyable Sharon de Silent Hill.  

Commençons par une note positive, voulez-vous ? En anglais, « the … word » est mentionné lorsqu’on ne veut pas prononcer le mot en question. Ici, le mot en « V » s’avère être « vampire » (sans déconner…) et il est intéressant de constater qu’il n’est pas prononcé une seule fois dans le métrage. Voilà, ça c’était pour la note positive et instructive.

Pour le reste… eh bien on repassera. Les acteurs, bien que relativement convaincants, ont pourtant l’air de se perdre dans leur jeu. Entre Justin qui passe par tous les stades possibles émotionnellement parlant et le vampire Ironside qui se situe entre un Doc Brown sous acide et un Beetlejuice en manque de sucre, on ne sait pas trop s’il faut rire ou pleurer. Heureusement, Arjay Smith remonte un peu le niveau, nous présentant une facette de son personnage magnifiquement bien vue… mais en fin de métrage.

Avant d’arriver à la fin, il faut commencer par le début. Après leur décision de visiter la morgue, tout se passera à merveille. En se retrouvant dans cet endroit sombre et glauque, propice à beaucoup de trucs peu conventionnels, la tension monte bien jusqu’à l’attaque du vampire et la fuite de Justin. A partir de là, le soufflé retombe et même s’il y a un intérêt à visionner la suite, on ne le fera pas forcément avec un immense plaisir, tant les choses paraissent longues et possèdent un incroyable effet de déjà-vu. Heureusement, la scène du souper et la tirade finale aideront à passer le cap.

Cap difficile à franchir pour cet épisode. On s’attendait à une revisite du mythe du vampire, un truc dépotant sévère nos convictions vampirique, reléguant définitivement Twilight au rang de film pour enfant et forçant Dracula à se retourner dans son cercueil. Rien de tout cela ici. Même si le mot « vampire » n’est pas prononcé (ce que je trouve personnellement bien vu), pas de revisite ici. Toujours un problème d’ail, de soleil et de soif de sang. Les crocs ont été remplacés par des dents jaunies et il faut avouer que les noctambules ont de très (très, très) légers relents empruntés aux vampires de 30 jours de nuit. Tiens… ça doit sûrement être les yeux.

C’est donc conventionnellement que nous avançons dans le métrage, sans frissons ni tressaillements de joie. Sur un fond de drame familial, on retombe dans certains standards établis sans en fractionner une partie. On notera quelques clins d’œil aux films du genre, avec l’intervention de Bela Lugosi en Dracula sur un écran de télé ou encore la reprise de certains mots du célèbre vampire via une conversation dans un bus. Pour le reste, c’est plat.

Le final ne restera pas dans les mémoires, si ce n’est pour son sens religieux absolu. Le feu purificateur, la demande de pardon, la prise de conscience de l’humanité, tout cela concentré en une scène de quelques secondes. En étalant cela sur 60 minutes, on aurait peut-être eu quelque chose d’un peu plus consistant, mais il n’en sera rien.

V comme vampire… V comme vraiment difficile à aimer, plutôt. Le mythe des suceurs de sang est un des piliers du cinéma d’horreur. Réussir à rester dans le convenu le plus absolu avec une carte blanche dans cette anthologie, c’est franchement dommage. A voir comme un film de vampires de plus, sans en attendre beaucoup, c’est ce qu’il y a certainement de mieux à faire.  

Bon, maintenant on ouvre les volets ; ça manque de lumière ici.  

E4 - Un son qui déchire

Sounds Like

Larry Pearce est superviseur d’une hotline téléphonique. Depuis la mort de son fils, son ouïe devient de plus en plus fine, parvenant à capter les moindres sons. Au fil du temps, chaque bruit est grandement amplifié, rendant extrêmement compliqué le quotidien de Larry. Jusqu’où peut tenir un homme qui a en permanence une cacophonie sans nom dans la tête ?

Basé sur une nouvelle de Mike O’Driscoll, Brad Anderson réalise ce segment. Ce nom ne vous dit rien ? Réalisateur de Session 9 et Le Machiniste, il en connaît apparemment un rayon sur l’art de mettre en place des scénarios complexes et intéressants, surtout qu’il se trouve également être à l’écriture de l’épisode. Chris Bauer est Larry, l’homme à l’ouïe exceptionnelle. Possédant une filmographie bien fournie, cela fait plaisir de le retrouver à l’écran, surtout qu’il porte le métrage pratiquement à lui tout seul. Attachant, inquiétant, il a cette capacité d’émouvoir sans effectuer d’exagérations faciales. A ses côtés, son épouse Brenda, jouée par Laura Margolis, touchante dans son rôle de femme délaissée, devant pratiquement gérer le deuil de son fils toute seule. Le reste du casting est correct et n’entache pas la visualisation de ce segment.

On s’en doute ; Un son qui déchire parle de deuil, ici celui d’un enfant. Tout se déclenchant à cause d’un son entendu par Larry, il est normal que ce dernier développe ensuite une ouïe de malade. C’est d’ailleurs ce don qui sera rattaché tout du long au deuil à effectuer par ce personnage. Nous avons donc une histoire parlant de la mort d’un proche et également un scénario bien ficelé.

Arpentant les différents pans de la personnalité de Larry, nous allons le découvrir de plusieurs manières différentes, la plus intéressante ici étant le père névrosé par les sons alentours. Et là, des sons, vous allez en avoir ! Il est incroyable de constater à quel point les petits bruits du quotidien peuvent devenir une véritable horreur s’ils venaient à être amplifiés. Parvenant, à grand renfort d’images, à nous mettre dans le contexte, Brad Anderson nous inflige des bobos à nos oreilles, nous faisant vivre le calvaire constant de ce pauvre Larry. Bien joué, enfin… merci pour mes esgourdes.

Le périple de cet employé d’une hotline se fera donc sur deux tableaux ; le privé… et le professionnel ! Son métier consistant à écouter les conversations, cela fera une assise supplémentaire pour permettre un lot de surprises par rapport à son boulot. Durant le métrage, nous ne douterons plus qu’il faille à Larry une aide psychologique. Cependant, cette dernière arrivera bel et bien, mais pour repartir aussi vite, la capacité surnaturelle de Larry lui permettant de déceler la moindre parcelle de mensonge dans le discours d’une personne, ici donc de son psy.

Jouant habilement avec la tension, Brad Anderson avance lentement mais sûrement. Pris dans la tornade de sons entendus par Larry, nous virevolterons avec lui jusqu’à un dénouement atroce et poétique, le dernier plan nous dessinant pratiquement un sourire sur les lèvres.

On regrettera quelques longueurs, utiles si l’on prend en considération l’empathie à créer vis-à-vis du personnage, et inutiles en matière scénaristique. On trouvera aussi quelques prestations d’acteurs dans la moyenne, mais sans plus. Finalement, il faudra se creuser un peu les méninges pour découvrir le pourquoi du comment de cette ouïe exceptionnelle et tirer nous-mêmes les conclusions en faisant un rapprochement avec le deuil que vit Larry. Pas d’explications outre mesure ne seront étalées ici.

Un son qui déchire passe sans faire trop de bruit (étonnant, non ?). Métrage discret, n’allant pas dans la surenchère, il ne surprend pas en mal… mais en bien non plus. L’idée est bien gérée et bien mise en place par le réalisateur, l’immersion dans le monde de Larry est tout à fait correcte, mais l’ensemble ne donnera pas un souvenir impérissable. Segment qui permet tout de même de se dire que tout est possible dans le domaine horrifique, même de jouer avec les bruits et d’en faire profiter le public.

Et n’oubliez pas ; le silence, ça réunit tout le monde.  

E5 - Piégée à l'intérieur

Pro-Life

Angélique arrive dans une clinique qui pratique l’avortement. Elle veut se séparer du bébé le plus vite possible, ce dernier ayant été conçu lors d’un viol des plus étranges. Seulement, son père, Dwayne, militant anti-avortement, se tient devant la porte. Il a reçu des messages de Dieu ; il doit protéger l’enfant que porte sa fille, coûte que coûte. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Dans la première saison des Maîtres de l’horreur, John Carpenter nous avait fait relativement plaisir avec son segment La Fin absolue du monde. Ici, il s’attaque au sujet délicat et controversé de l’avortement… aïe ! Il dirige Caitlin Wachs dans le rôle d’Angélique, convaincante et piégée à l’intérieur du bâtiment par son père et ses frères. Emmanuelle Vaugier, grande habituée des séries télévisées et présente dans de nombreux métrages, joue ici Kim, employée de la clinique. Mark Feuerstein est son collègue Alex. Ron Perlman, à la filmographie rutilante, est Dwayne, le père déterminé. Pour finir, Derek Mears, celui qui deviendra le nouveau Jason Voorhees en 2009, est le père de l’enfant. Félicitations à l’heureux papa ! 

Il faut faire très attention avec ce métrage car nous touchons à un sujet faisant énormément débat ; l’avortement. Ici, il faut clairement le dire, nous avons les deux écoles qui apparaissent à l’écran ; ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Je ne vais pas débattre ici de qui est pour ou contre la pratique en question, car le but de ce métrage est principalement de tenter un aspect horrifique dans ce cadre précis. Fort est de constater que John Carpenter nous présente cependant les deux facettes, dans un contexte pour le moins particulier.  

En effet, la jeune Angélique (un prénom qui n’a absolument pas été pris au hasard) a été violée par ni plus ni moins qu’un démon. Du coup, il n’est pas étonnant qu’elle souhaite ardemment se débarrasser de ce qui est en train de grandir dans son ventre ! On assiste donc à l’établissement d’un contexte tout à fait surnaturel au sein de cette clinique aux murs blancs et aseptisés, endroit de mort de quelque côté que l’on se place.  

De l’horreur, nous en aurons donc dans ce métrage. Entre la tronche franchement pas amicale du gamin… et celle de son père, nous aurons notre lot de sales gueules. A noter aussi quelques échanges de coups de feu et une session de torture « avortement-like » sur la personne du directeur de la clinique, pratiquée par Dwayne en personne. Âmes sensibles, passez votre chemin.

La relation entre Angélique et Dwayne reste un des éléments pivots de cette histoire. Un père cherchant à protéger sa fille, convaincu d’entendre la voix de Dieu et souhaitant, à tout prix sauver l’enfant qu’elle porte. La détermination de Dwayne est bien celle d’un père, mais de celui qui a des convictions profondément ancrées. Le thème de la religion est bien entendu exposé, principalement le fait que Dwayne est prêt à écouter n’importe quelle voix pour autant qu’elle suive ses propres convictions.  

Seulement, dans ce métrage, plusieurs choses ne jouent pas. Tout d’abord, le scénario. Oui, Dwayne est déterminé à entrer dans la clinique et il parviendra à le faire avec une facilité déconcertante. Le plan d’attaque mis en place avec ses enfants ressemble à une stratégie de prise d’une place forte et la mort de ses garçons ne semblera pas l’effleurer plus que ça. A nouveau, on voit que les convictions vont au-delà des éventuelles pertes en cours de route.  

Le rythme est inégal à bien des endroits. Balançant toujours entre l’accouchement d’Angélique et la présence de Dwayne dans le bâtiment, on est tiraillé entre le surnaturel total et la réalité brute avec des flingues. Cette partie de ping-pong est censée apporter un tonus supplémentaire, mais ne fera que rendre plus long les séquences de tir au pistolet et ternir l’horreur qui se joue dans la salle d’accouchement.  

L’horrifique est globalement bien géré, mais on termine dans un final totalement « freaks », nous présentant donc un bébé-insecte-démon avec une sale tronche, et un cornu finement dessiné mais avec un côté too-much relativement déconcertant. La dernière image conclut l’histoire sans en faire des caisses et ne remettra pas en cause ici la naissance d’un démon, fait pourtant peu commun, vous en conviendrez.

Piégée à l’intérieur reste un métrage tout à fait regardable pour tous les amateurs d’horreur. Seulement, ne cherchez pas vraiment du Carpenter ici. Même si on sent une infime présence du film Le Prince des ténèbres, on est loin de ce que l’on pouvait attendre. Avec un sujet comme celui-ci, ça aurait dû partir dans une explosion horrifique de grand cru, et nous n’en avons que les miettes.

Et évitez à tout prix de faire de la balançoire lorsque la nuit est tombée.  

E6 - J'aurai leur peau

Pelts

Jake Feldman est un commerçant en fourrures, obsédé par une strip-teaseuse nommée Shanna. Cette dernière n’étant absolument pas intéressée par le bonhomme, ce dernier espère bien lui créer le plus beau manteau qui soit avec de magnifiques peaux de ratons laveurs. Cependant, celles-ci semblent maudites et poussent ceux qui entrent en contact avec elles à commettre des actes abominables.

Basé sur une nouvelle de l’écrivain F. Paul Wilson, J’aurai leur peau est un épisode réalisé par Dario Argento. L’italien nous a déjà proposé Jenifer, l’un des meilleurs segments de la première saison. Sous sa direction, le chanteur, musicien et artiste Meat Loaf, impeccable dans le rôle de Jake Feldman, commerçant bourru et antipathique, fasciné par la belle Shanna. Cette dernière est jouée par Ellen Ewusie, déjà apparue dans plusieurs métrages et séries (notamment Supernatural et Van Helsing). Magnifique actrice apportant une féminité bienvenue dans ce métrage. Avec sa filmographie bien fournie, nous retrouvons aussi John Saxon jouant un trappeur avide d’argent aidé de son fils, interprété par Michal Suchánek.

Au niveau des acteurs, pratiquement rien à redire. Les rôles principaux sont rôdés, les rôles secondaires bien fichus, on tient déjà quelque chose de sympa. En effet, en plus d’être intéressants, les différents personnages sont chacun un maillon de la chaîne de l’industrie textile officiant dans la création de vêtement à base de peaux et de fourrures. C’est donc naturellement que chacun aura ce qu’il mérite en touchant aux peaux maudites.

Car ici, le métrage vise ladite industrie. Que se passerait-il si les animaux tués pour leurs parures avaient la possibilité de répliquer d’une manière relativement gore ? J’aurai leur peau porte bien son titre, car c’est exactement cela qui nous est présenté ici. Le plus ? Les morts sont poussées dans le détail car chacune représente ce que les ratons laveurs ont subi, de leur prise dans un piège à leur finalisation en manteau.

C’est donc un débordement de scènes trashs et gores qui nous attend ! Fracassement de crâne, couture des paupières et autre orifices faciaux, dépeçage, rien ne sera épargnés à tous ceux qui toucheront aux peaux. Les effets spéciaux étant réalisés avec minutie et passion du détail, cela ravira les amateurs de sensations fortes et de tortures qui font mal.

L’histoire se lit facilement et est construite de manière à ne pas s’endormir sur nos acquis. C’est donc à maintes reprises que nous aurons l’occasion de voir la finalité d’une action sanglante des peaux… et voir son déroulement ensuite. Cette manière de procéder (la première image s’avère être l’une des dernières) permet non seulement d’avoir un rythme tenu durant tout le métrage, mais également de mettre à profit notre imagination. En voyant le résultat, notre cerveau démarre le processus et s’imagine comment cela a pu se passer… avant que nous recevions tous les détails en plein dans les mirettes.

De l’horreur, un scénario bien foutu, une critique d’un pan de la société de consommation, des acteurs jouant leurs rôles, pas grand-chose à redire sur ce métrage. En pinaillant (mais vraiment en cherchant la petite bête), il y aurait juste un petit manco. L’origine du mal présent dans le film est brièvement expliquée par une vieille femme au détour d’une scène avec Jake, alors que les ruines où se trouvent les ratons laveurs me semblent bien assez explicites. La touche « vieille dame » apporte certes un peu de mystique, mais alourdi l’effet des explications alors que ce n’était pas nécessaire.  

Le petit truc, c’est le manteau. Les peaux ont fait un certain nombre de morts et on en arrive à la création d’un vêtement absolument magnifique (j’espère qu’ils n’ont pas tué de jolis petits animaux pour les besoins du film…). L’objet en question sera sans doute séquestré par la police, mais… va-t-il continuer sa sinistre besogne ? Pour un élément central du métrage, il est un peu délaissé sur la fin.  

J’aurai leur peau parvient à avoir la nôtre ! Maîtrisé par M. Argento, on se surprend à passer les soixante minutes sans avoir vu le temps passé et en plus, on a eu un segment horrifique digne de ce nom. Jusqu’ici, ce réalisateur est le seul à avoir fait du très bon sur chacune de ses créations dans Les Maîtres de l’horreur. Viscéral, visuellement abouti et prenant, c’est exactement ce qu’on attendait de lui.

On peut lui tirer notre toque en raton-laveur !  

E7 - La Guerre des sexes

The Screwfly Solution

Partout à travers le monde, un étrange virus transforme les hommes en assassins misogynes. Alan Alstein et son ami Barney, scientifiques, tentent de trouver une solution. Le temps presse ; le virus prend de plus en plus d’ampleur et Alan sait que sa femme et sa fille ne seront plus en sécurité… le danger venant principalement de lui-même. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Reprise fidèle d’une nouvelle d’Alice Sheldon datant de 1977, ce segment est réalisé par Joe Dante, qui a déjà fait très fort avec Vote ou crève lors de la première saison. Le papa des Gremlins s’attaque ici à un virus contaminant les hommes qui se mettent alors à tuer les femmes. Dans le rôle principal masculin, Jason Priestley. Avec beaucoup de participation dans les films et série, le Brandon Walsh de Beverly Hills 90210 interprète ici Alan, père de famille et bien décidé à trouver un remède à ce virus, même s’il sait qu’il va devenir une menace pour ceux qu’il aime. Kerry Norton joue Anne, la femme d’Alan. Convaincante dans son rôle de mère et d’épouse, elle aura également la part belle en fin de métrage, représentant à elle seule le combat mené par les femmes à travers le monde. Brenna O’Brien se débrouille bien dans le rôle d’Amy, la fille d’Alan et Anne (z’avez remarqué ? Que des « A » ! Et leur nom de famille est… Alstein !). Pour finir, Elliott Gould (MASH, la série des Ocean’s) est Barney, le collègue et ami d’Allan qui apportera de l’eau au moulin avec son rôle à la fois touchant et drôle.

Pour les acteurs, nous en avons donc plusieurs avec de la bouteille et cela se ressent clairement dans le métrage. Pas de fausses notes ahurissantes à signaler, les rôles sont correctement interprétés, voire parfois même un peu flippant, à l’instar de ce jeune homme arrêté pour avoir tué une strip-teaseuse dans un club, regardant intensément dans le vide en déblatérant des propos ultrareligieux.

Car Joe Dante aime la critique… mais pas la critique facile. Dans Vote ou crève, nous avions droit à une satire du système de la politique américaine, offrant non seulement de la fraîcheur mais également un réel point de vue. Ici, nous avons tout d’abord une grosse mise en avant sur la misogynie ambiante. Ne se gênant pas pour critiquer, au passage d’une scène, les pays acceptant la violence envers les femmes, Joe Dante vise le global ; violence conjugale, irrespect dans les rues, propos pervers, tout y passera.

Dans un second temps, nous aurons également une critique du système ultrareligieux, les hommes infectés par le virus développant une nouvelle doctrine appelée les Fils d’Adam. Prétextant qu’Eve a croqué la pomme en premier, ils utilisent donc la Bible pour justifier le meurtre féminin de masse, ou fémicide. Ponctuellement rappelée, cette manière de procéder donne une touche pratiquement ésotérique au métrage, baignant dans une ambiance plus sombre encore.

Du sombre, il y en aura. Le thème de base étant déjà bien badass, les meurtres perpétrés ainsi que les allusions faites aux femmes durant tout le métrage seront synonymes de malaise. Inéluctablement, le virus avance, contaminant l’intégralité de la population masculine et la transformant en pervers outranciers et assassins de surcroit. Il serait intéressant de savoir le ressenti de chaque sexe devant ce métrage pour en découvrir toutes les subtilités. Dans l’ensemble, c’est pesant et bien construit.

L’horreur réside dans le contexte de l’histoire. La tension accumulée en cours de métrage est maîtrisée et on veut savoir de quoi il en retourne. Sur la fin, nous verrons une troupe de chasseurs annoncer fièrement la « libération » d’un nouveau lieu, dixit que toutes les femmes ont été tuées. Avec eux, un jeune garçon. Peu après, nouvelle scène avec lesdits chasseurs, sans l’enfant. N’ayant apparemment pas vraiment d’intérêt pour ce dernier, ils se mettent à parler d’Abraham et d’Isaac. L’on comprend alors que le virus a certainement dû muter et que, maintenant, ce sont les enfants mâles qui sont visés.

Un cran supplémentaire dans la tension… jusqu’à une retombée brutale. En effet, Sam Hamm, le scénariste, a poussé la fidélité de l’œuvre d’origine jusqu’au bout, même dans sa fin, qui restera le gros point noir du métrage. Alice Sheldon était auteure de science-fiction. Le récit date de 1977. On peut donc se douter du final. Dans la forêt, Anne, survivante de son état, découvre ce qui a déclenché l’épidémie ; des extra-terrestres. Lumineux, semblant limite sympathiques, ce sont eux qui ont décidé d’en finir avec l’humanité de cette manière. Le soufflé retombe.

On peut considérer qu’une cause extérieure amène les hommes (les Fils d’Adam) à monter leur propre doctrine dans le but de justifier leurs actes. Cependant, la cause extérieure en question aurait pu évoluer avec le temps. Un final avec des E.T. exterminateurs, ça le fait moyen. Pour une fois, ne pas connaître l’origine de l’épidémie n’aurait pas égratigné la force du métrage.

La Guerre des sexes est donc un segment intéressant et palpitant, mettant à nouveau le doigt sur un problème de société toujours plus actuel ; la violence à l’état brut. Construit intelligemment, dirigé d’une main de maître par Joe Dante, on retrouve notre réalisateur en forme, sauf en ce qui concerne la finalité. Dans l’ensemble, c’est encore un très bon épisode de cette deuxième saison.

Allez, paix et amour dans le monde.  

E8 : La Muse

Valerie on the Stairs

Rob Hanisey est un écrivain non publié. Afin de retrouver l’inspiration et de parvenir à sortir un de ses manuscrits, il se rend à la résidence Highberger, un lieu où les auteurs vivent dans l’attente d’être enfin reconnus. Depuis son arrivée, il est assailli par des visions, celles d’une jeune femme, Valérie, lui demandant de l’aide et étant apparemment retenue prisonnière par un démon.

Mick Garris, créateur de la série et réalisateur du segment Chocolat dans la première saison revient derrière la caméra pour cet épisode, basé sur une nouvelle de Clive Barker. Le personnage de Rob est joué par Tyron Leitso de manière relativement convaincante. Auteur ne parvenant pas à décoller, angoissé de la page blanche, il va prendre le rôle du « héros » souhaitant aider une jeune femme. Cette dernière, Valérie, interprétée par Clare Grant, apparaît à quelques reprises et fait ce qui doit être fait pour être dans le ton. C’est avec plaisir que nous retrouvons Christopher « Doc » Lloyd dans le rôle d’Everett, un vieil écrivain toujours à la recherche d’inspiration et timbré à ses heures. Pour finir, notons l’apparition de Tony Todd (Candyman, série des Destination Finale et bien d’autres), jouant le méchant démon.

Les acteurs sont correctement dirigés et leurs personnages envoient du steak. En matière d’écrivains ratés, de loosers de la page blanche et de frustrés des lettres, nous en avons pour tous les goûts. Interprétés dans le bon ton, chacun possède sa personnalité, aussi artistique soit-elle. C’est donc tout naturellement que nous nous prendrons d’affection pour eux, pour le meilleur… ou pour le pire.

Car le traitement des personnages ne fait pas tout. Même si ces derniers possèdent une certaine profondeur, le métrage, lui, part légèrement en… chocolat, si je puis dire. Le scénario, pourtant rôdé et précis, va s’attarder sur des détails, des apparitions de Valérie qui ne feront que rajouter en longueur sans forcément nous apporter le nécessaire. Tout ça pour nous emmener vers une solution finale qui est, il faut le dire, intelligente.

A ce titre, ne vous fiez surtout pas au titre en français La Muse ; vous pourriez partir sur des pistes qui, au final, n’existent pas dans le métrage. Partez du principe que rien n’est acquis et que tout est à prendre. En suivant le film de cette manière, malgré quelques suppléments inutiles, vous en arriverez au dénouement final, expliquant concrètement le pourquoi du comment via un Christopher Lloyd en roue libre.

Si le scénario pose quelques problèmes de rythme, qu’en est-il de l’aspect horrifique ? Eh bien, il faut avouer que Tony Todd en démon, ça en jette quand même pas mal. Cependant, le tout restera relativement gentillet par rapport à d’autres écrits de M. Barker et d’autres réalisations de M. Garris. Ici, tout est misé sur l’ambiance à la résidence Highberger et sur les différents personnages.

Car, en fait, tandis que chacun tente de développer une histoire pour être publié et devenir célèbre, ils font tous partie de la même histoire, celle qui se déroule actuellement dans la maison, incluant Valérie, un vilain démon et chacun d’entre eux. C’est sur cette base là que le métrage puise sa vraie force, et non pas dans le rythme parfois chancelant.

En démarrant La Muse, il ne faut donc pas s’attendre à de l’extraordinaire, du hors conventionnel ou encore de l’extravagant. Les idées sont bonnes, les personnages intéressants, mais l’ensemble donne un goût irrémédiable de déjà-vu et de conventionnel. Tout ça pour finir sur une touche très artistique et qui pourrait être mal vue par la plupart, laissant littéralement les écrits s’envoler.

Au moins, on ne s’ennuie pas dans la résidence Highberger. 

E9 - Péchés de jeunesse

We All Scream for Ice Cream

Les membres d’une bande d’amis d’enfance se mettent à mourir mystérieusement, les uns après les autres. L’un d’entre eux, Layne, en déduit que cela pourrait avoir un rapport avec un terrible accident qu’ils ont causé lorsqu’ils étaient encore jeunes, provoquant la mort d’un clown vendeur de glaces, Buster.

Cet épisode est basé sur une nouvelle de David Schow (qui a également écrit le scénario), le même gaillard à l’origine de Serial Autostoppeur dans la première saison des Maîtres de l’horreur. Pour la réalisation, Tom Holland est à la barre. Le papa de Chucky (Jeu d’enfant) et de Vampire, vous avez dit vampire ? s’attaque ici à une histoire avec… un clown. Ce dernier est interprété par William Forsythe, déjà vu dans Rock de Michael Bay ou encore The Devil’s Rejects de Rob Zombie. Il campe ici un personnage touchant dans un premier temps, puis flippant lors de sa revanche. Avec une filmographie cossue, l’autre premier rôle revient à Lee Tergessen. Déjà vu dans nombre de films et de séries télé (dont l’excellente Oz), il joue ici un père de famille aux prises avec des événements peu rassurants, le renvoyant directement à une page sombre de son enfance. Colin Cunningham interprète Virgil, un éternel tyran complètement dérangé du système. Le reste du casting, et particulièrement les enfants, se débrouille très bien.

La première constatation à faire avec Péchés de jeunesse, c’est que l’on se retrouve en zone reconnue. Les flashbacks dans le passé mettant en scène une bande d’enfants et un clown nous renvoie au téléfilm Ça de Tommy Lee Wallace (1990), l’attitude diabolique de l’homme au nez rouge en moins. L’accident nous fait vivre des relents émouvants de Sleepers de Barry Levinson. Du moins, c’est le ressenti que j’en ai eu en regardant l’épisode… et ce n’était de loin pas désagréable, permettant une connexion entre des émotions déjà ressenties devant des métrages qui envoient du lourd (sans jeu de mot) et ce petit segment des Maîtres de l’Horreur.

Ensuite, ce qui fait la beauté de la chose, ce sont les acteurs. Les enfants se débrouillent très bien (mention spéciale au jeune Virgil interprété par Samuel Patrick Chu, insupportable à baffer donc pile dans le rôle) et les adultes, des années plus tard, s’en tirent pas mal également. On peut regretter quelques surenchères ou des décisions parfois un peu étranges de la part des personnages, mais rien de glaçant.

En parlant de glaces (remarquez la transition de malade !), celui à qui revient la palme est sans nul doute Buster le clown. Sa présence durant l’enfance des protagonistes est sympathique, touchante et bien amenée, à tel point que l’on se prend réellement d’affection pour ce personnage loufoque déguisé en Bozo. Pire, ce que les enfants lui font subir fera monter en nous une rage contre le meneur tyrannique de ces bambins, tant on en arrive à apprécier le personnage. Chapeau !

Pour la suite, Buster deviendra bien entendu l’antagoniste. Jouant sur le principe de la peur des clowns instaurée, notamment, par le téléfilm susmentionné, cela donnera quelques scènes sympathiques mais de loin pas flippantes, sauf si vous êtes réellement atteint de coulrophobie. Dans l’ensemble du métrage, on ne sursautera pas beaucoup car Tom Holland mise sur l’ambiance.

La musique du camion de glaces, la comptine pour attirer les enfants, le principe des douceurs dégustées par les bambins pour en finir avec leurs pères, tout se suit se se marie admirablement bien, comme une grande glace à plusieurs parfums. Peu de temps mort et surtout, quelques touches gores avec notamment la liquéfaction lente et douloureuse d’un protagoniste lors d’un bain. Miam.

On en arrive ensuite au final, le combat que l’on attendait. Quelques surprises, deux-trois effusions de gore et BOUM, on va parvenir à s’en sortir. Ce n’est que lorsque tout paraît être revenu à la normale qu’une petite musique viendra remettre le personnage principal à l’ordre. Le passé, même s’il a été combattu, restera éternellement à vos basques.  

Le film a beau reprendre quelques standards incontournables, il n’en reste pas exceptionnel pour autant. Il s’agit de beaucoup de choses déjà vues et l’originalité principale reste dans le traitement et non dans le fond. Beaucoup de bonnes idées donc mais ça reste un segment pour le plaisir uniquement. Qui sait, si vous étiez guéris, cela pourra peut-être relancer votre peur indicible des clowns.

Pour moi, ce sera un cornet vanille-chocolat.   

E10 - Le Chat noir

The Black Cat

L’écrivain Edgar Allan Poe s’essaie à la poésie, mais son éditeur lui demande une nouvelle histoire d’horreur. A court d’idées et devant s’occuper de sa femme malade, l’auteur, désespéré, va alors se mettre en tête que tout est de la faute de leur chat, Pluton.

Ce segment est basé sur une nouvelle d’Edgar Allan Poe publiée en 1843. Déjà portée à l’écran un certain nombre de fois, cette histoire reprend grandement le thème de la culpabilité et ressemble quelque peu à un autre conte de l’écrivain, « Le Cœur révélateur ». Pour son insertion dans Les Maîtres de l’horreur, c’est Stuart Gordon qui passe derrière la caméra. Déjà réalisateur sur le bancal Le Cauchemar de la sorcière dans la première saison, il porte ici à l’écran directement l’auteur de la nouvelle, Monsieur Poe. Ce dernier est interprété par un Jeffrey Combs en grande forme, déjà présent sur plusieurs métrages de Stuart Gordon (Re-Animator, Aux portes de l’au-delà). Il joue un Edgar Poe érudit et parfois timbré, sans cesse tourmenté par des hallucinations étranges. Elyse Levesque est son épouse Virginia, interprétée simplement et de manière convaincante. Aron Trager est George Graham, éditeur de Poe et fan des histoires horrifiques de l’écrivain.

La nouvelle d’Edgar Allan Poe est reprise de manière fidèle dans ce métrage… a ceci près que le narrateur ici est l’écrivain lui-même. Prenant quelques libertés permettant une lecture plus profonde, le film ne se perd pas en conventions et va à l’essentiel, usant de quelques scènes un peu plus longues pour présenter les personnages et instaurer un contexte bien posé.

Car l’ambiance est capitale ici. Nous nous retrouvons au 19ème siècle, il faut donc que le spectateur ait le temps de se mettre au diapason. C’est pourquoi nous retrouvons Monsieur Poe avant, pendant et après cette terrible épreuve instiguée apparemment par un chat noir du nom de Pluton. A ce propos, le rôle du chat est extrêmement bien joué, lui aussi.

Les acteurs présents sont tous convaincants… ce qui est moins le cas de certains effets. Oui, nous aurons notre lot de choses crades, tout comme dans la nouvelle. Cependant, dans la scène de la pendaison, au lieu de partir sur quelque chose de totalement dérangeant, cela pousse presque au comique de par la situation et la teneure des effets. Bon, je chipote un peu, mais cela revient également à l’une des scènes finales où l’épouse de Poe ressemble étrangement à la créature du segment Amateur Night du film V/H/S, après un coup de hache bien placé.

Ce qu’il faut retenir, outre la prise de l’œuvre d’origine et la prestation des acteurs, c’est l’esthétique. Comme mentionné avant, nous sommes au 19ème siècle. La texture de l’image réside principalement dans des tons bruns et gris, donc ternes. Dès lors, il suffit que du sang apparaisse à l’écran (via une blessure ou l’un des symptômes sanglants de la maladie de Virginia) pour que ce dernier explose littéralement l’image et prenne toute la place. Il s’agit d’un procédé bien vu et relativement simple pour intensifier l’effet.

Peu de choses à redire donc sur le segment de Stuart Gordon, qui reprend ici un peu confiance en lui. Avec le très moyen Le Cauchemar de la sorcière, nous retrouvons ici non seulement un grand auteur fantastique, mais également un réalisateur possédant des qualités ineffables en matière d’horreur. A ce titre, peu de sursauts mais cela reste une histoire dépendant littéralement de sa mise en place et de son ambiance. Des jump-scares ou l’intervention d’images terrifiantes à outrance ne sont donc pas conseillés pour instaurer un véritable contexte fantastique.

Le Chat noir est dans les rails, cela ne fait aucun doute. Bonnes prestations des acteurs, dérangeant sur quelques scènes, nous proposant une fin simple mais totalement raccord avec le reste, nous tenons ici un segment qu’il est possible de qualifier de « bon ». Et puis, cela fait toujours plaisir de voir une adaptation d’Edgar Allan Poe à l’écran… surtout quand il en est lui-même le héros.

Je vais me relire Le Scarabée d’Or pour le coup. 

E11 - George le cannibale

The Washingtonians

Mike Franks, son épouse Pam et sa fille Amy, héritent d’une maison suite au décès de la grand-mère paternelle. Dans cette dernière, Mike fait une curieuse découverte ; un écrit qui confirmerait que George Washington était en fait un cannibale. Rapidement, les habitants de la région développent un étrange comportement, principalement avec Amy, la fille de Mike, seulement âgée de dix ans. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Ce segment est basé sur une nouvelle de l’écrivain Bentley Little, sortie en 1992 et portant le même titre que celui en anglais. Pour le coup, on demande à Peter Medak de réaliser tout ça, ayant une longue liste de réalisations (en série télé) à son actif ainsi que quelques films d’horreur (L’Enfant du diable, La Mutante 2). Sous sa direction, Johnathon Schaech, campant ici le rôle de Mike, père de famille dévoué et découvreur de choses dangereuses à ses heures perdues. Avec une filmographie tout à fait correcte, son épouse Pam est jouée par Venus Terzo, et son personnage suit l’histoire sans chipoter. Myron Natwick est Samuel Madison, grinçant et dérangeant en tant qu’intermédiaire pour transmettre les biens de feue la grand-mère. La jeune Julia Tortonalo est la petite Amy, peureuse et fortement considérée comme « à croquer » par les habitants du coin. Pour finir, mentionnons la présence de Saul Rubinek en Professeur Harkinson, possédant une bonne filmo et devenant plus tard le « Artie » de la série Warehouse 13.

Ce segment est fascinant car il démarre absolument bien. L’arrivée dans la demeure de feue grand-maman, la découverte de la lettre de George Washington (où il écrit quand même qu’il va bouffer des gosses et faire des services trois pièces avec leurs os) et la découverte des habitants de la région, tout ça nous met dans une ambiance particulière et relativement sordide. On ne peut s’empêcher de tressaillir quand les autochtones (tous avec quelques années au compteur) posent leurs yeux gourmands sur la toute jeune Amy, se léchant pratiquement les babines à la vue de l’enfant. Pour une histoire de cannibales, on commence bien et c’est le gros malaise. L’ambiance se pose, tout semble bien se passer.

Puis, plus le métrage avance, plus on perd totalement ce contexte si pesant. Cela intervient dès la première arrivée des Washingtoniens chez la famille Franks. Avec leurs bouilles teintes en blanc, leurs dents caractéristiques et leurs costumes, on sombre gentiment dans le burlesque. Après quelques péripéties et l’arrivée du Professeur Harkinson pour nous faire une leçon d’histoire (relativement intéressante, cela dit), on en arrive au moment du kidnapping et du grand souper des Washingtoniens, perpétuant les habitudes alimentaires du premier d’entre eux, George Washington.

Et là… stupeur ! Personnellement, pour un nom comme le leur, je me suis imaginé une confrérie remplie d’Hannibal Lecter en puissance, à la fois raffinés et sanglants. Je me trompais lourdement. A la place, nous avons une bande de gugus déguisés façon 18ème siècle, possédant un langage des plus grossiers, avides de viande humaine et de blagues à deux balles. La scène en question présente tout de même quelques images dérangeantes (l’arrivée du repas… et sa dégustation), ainsi qu’une nouvelle leçon d’histoire de la part des cannibales, mais tout cela sent cruellement la surenchère.

Où se trouve le malaise ressenti en début d’épisode ? Pourquoi est-ce qu’on part tout d’un coup dans le burlesque absolu ? Peut-on réellement appeler ça de l’horreur, ou plus une performance artistique pour réussir à convaincre le monde de l’existence des Etats-Cannibales d’Amérique ? Quoiqu’il en soit, l’arrivée du Professeur Harkinson avec une bande du SWAT Gouvernemental ainsi que d’agents du FBI spécialisés dans les trucs pas nets ne va rien arranger à l’affaire. Ça arrive comme un cheveu sur de la soupe d’humain… et c’est pas cool. A noter cependant l’ironie quand on sait que Saul Rubinek sera, quelques années plus tard, justement placé dans un entrepôt où le gouvernement stocke tous les trucs bizarres et autres artefacts maudits.

Le final n’arrangera rien à la chose. Etant devenus végétariens, la famille Franks a apparemment fait éclater la vérité sur George Washington au grand jour. Du coup, le gouvernement a décidé de modifier les billets de un dollar et il apparaît maintenant sur ces derniers le portrait de… George W. Bush ! Terminer le film sur cette image était culotté mais n’arrange rien à l’affaire, tournant à l’absurde ce que devait être le remaniement de tout un pays suite à la divulgation de cette sombre affaire de cannibale.  

Savoureux dans sa première partie, George le cannibale se perd ensuite dans quelque chose d’autre. L’aspect horrifique disparaît au profit de quelque chose de plus burlesque, voire risible. Les dernières scènes ne laissent aucun doute à l’expédition vite-fait, bien fait du métrage, proposant ensuite une fin too much au possible. Effacer l’Histoire pour repartir à zéro n’est pas chose aisée, surtout en changeant la trombine d’un président sur un billet. Et puis, de toute manière, George Washington n’était pas cannibale.   

Quoique, c’est possible ; Abraham Lincoln était bien chasseur de vampires. 

E12 - Mort clinique

Right to Die

Cliff Addison et sa femme Abby ont un grave accident de voiture. Lui s’en sort pratiquement indemne mais son épouse est gravement brûlée et maintenue en vie artificiellement. Souhaitant la laisser partir en paix, il se retrouve confronté à sa belle-mère qui veut que sa fille reste en vie. C’est alors que Cliff se rend compte qu’à chacun des arrêts cardiaques de son épouse, son esprit peut s’en prendre à lui… et à son entourage.

Comme réalisateur de ce segment, nous avons Rob Schmidt. Ce dernier a déjà réalisé Détour mortel, un film d’horreur boisé au goût de La colline a des yeux. Ici, Martin Donovan tient le rôle principal. Avec pas mal de métrages à son actif. Il joue Cliff, mari adultère et personnage ambigu au possible. Son épouse Abby est interprétée par Julia Benson. Gravement brûlée, nous aurons plusieurs apparitions de sa part ailleurs que dans son lit d’hôpital car la majorité du temps, elle reste relativement statique (pour des raisons médicales, vous en conviendrez). Pour compléter le triangle amoureux, nous avons Robin Sydney dans le rôle de Trish, secrétaire de Cliff et occasionnellement maîtresse de ce dernier.

Il faut le dire ; la matière scénaristique nous offrira bien des surprises. C’est ici un des éléments clés de ce métrage. Nous partirons sur une voie avec quelques lacunes et celles-ci trouveront une réponse tout à fait concrète et pertinente à la fin du segment. Autant dire que ça part bien pour Mort clinique.

Il est clair que les triangles amoureux ont toujours apporté un peu de punch dans les drames ou les films d’horreur ; une tension constante entre les individus, les choix faits par ces derniers et leurs conséquences. Ici, ce qui change, c’est que l’une des partie se trouve être totalement brûlée… et apparemment avide de vengeance ! Il va sans dire que les choix de Cliff seront déterminants pour savoir si oui ou non il pourra s’en sortir. Mais comme on dit, chassez le naturel… il revient au galop.

Les acteurs nous offrent une bonne interprétation de leurs personnages, même si parfois on sent un peu le bancal. Le meilleur dans l’histoire reste sans doute Cliff, son dilemme suintant de son être, et exprimant son angoisse de se retrouver avec le fantôme de son épouse si celle-ci venait à passer l’arme à gauche. Une femme en colère, c’est déjà quelque chose, mais si en plus elle a des capacités surnaturelles, ça risque de devenir compliqué.

Pas compliqué en revanche pour les effets horrifiques le long du métrage. Rien que l’apparence d’Abby parvient à nous glacer (alors qu’elle, c’est l’inverse, #humourfatigué) et ses interventions durant ses arrêts cardiaques augmentent la tension instaurée. En veut pour preuve une petite session de clichés coquins montant l’approche de la menace avec intelligence. Car ici, nous sommes dans un drame horrifique pur jus.

Si les allers et venues de l’épouse de Cliff sont bien représentés, il en sera également de même pour une scène complètement délirante se déroulant dans le salon dentaire de notre cher M. Addison. Il est dentiste, le gars, par foncièrement chirurgien spécialisé dans le retirage d’organes à potentiellement greffer. Cela nous donnera droit à un charcutage hallucinant, dans la veine de ce que l’on aura pu apercevoir dans J’aurai leur peau, la douleur en moins (ce qui intensifie encore la scène).

Beaucoup de bon dans ce segment, il faut l’avouer. Cependant, nous aurons quelques longueurs concernant la mise en place des personnages. Parfois, il n’est pas nécessaire de leur donner une profondeur trop grande, suffisant simplement que l’on puisse comprendre leurs choix. Au contraire, certains personnages apparemment importants prennent la porte à certains moments cruciaux. Je pense notamment à la mère d’Abby, de laquelle nous n’aurons plus de nouvelles après le revirement de Cliff. Dommage, car pour un film qui porte sur les choix et les conséquences, celles présentent sur les personnages secondaires (et pourtant intéressants) sont peu montrées.

Qu’importe, Mort clinique reste un bon métrage horrifique, instaurant une ambiance particulière et sachant manier la tension. Tout cela finira bien sûr par péter à la gueule d’un des protagonistes de manière relativement inattendue. Parvenant à nous enrôler dans ce triangle amoureux, Rob Schmidt nous a prouvé qu’il pouvait gérer un film avec un scénario plus complexe qu’une bande de jeunes paumés dans la forêt avec des monstres à leurs trousses.

Pauvre Cliff… ce qu’il va prendre en rentrant à la maison.  

E13 - Croisière sans retour

Dream Cruise

Jack Miller, avocat de son état à Tokyo, doit discuter d’un sujet épineux avec l’un de ses clients, Eiji Saito. Ce dernier propose à Jack de parler affaires lors d’une croisière sur son bateau. La femme d’Eiji, Yuri, sera également présente. Seulement, celle-ci s’avère être la maîtresse de Jack. Uniquement les trois sur un bateau au milieu de l’océan, la tension monte, sans compter que l’ancienne femme d’Eiji a disparu dans des circonstances étranges.

Tout comme pour la saison précédente, nous terminons celle-ci sur un métrage réalisé par un japonais, ici Norio Tsuruta. Déjà à la barre de Ring 0 et Prémonition, il se retrouve comme maître de l’horreur en charge de finaliser cette saison deux. Comme moussaillon, Daniel Gillies tient le rôle principal en tant que Jack Miller (ça sonne comme un héros de film d’action, non ?). Avec quelques apparitions à son actif au moment du tournage de ce segment, il se débrouille bien en avocat rodé mais aux prises avec la terrible situation de partir en croisière avec un de ses clients... et la femme de ce dernier, Yuri, qui est sa maîtresse. Celle-ci est jouée par la belle Yoshino Kimura, apportant indéniablement la touche féminine nécessaire à cette balade en mer. Pour terminer, le mari Eiji est interprété par Ryo Ishibashi, déjà vu dans Audition, Suicide Club et The Grudge 1 & 2, version américaine. Impeccable dans le rôle du taré de service, il saura nous faire frissonner.

Il faut le dire ; avec ce segment, nous avons les standards absolus de l’Orient et de l’Occident qui arrivent en masse. Entre la perte du frère de Jack dans de terribles circonstances, les apparitions fantomatiques de celui-ci dans les reflets et sa tête d’esprit grisâtre apparemment en pétard, nous aurons notre lot d’Occident. Pour l’Orient, spectre de femme saccadé, cheveux à outrance et apparition furtive seront de la partie.

Cependant, ce qu’il y a de bien avec les standards, c’est qu’ils fonctionnent très souvent, particulièrement ceux venant du Japon. Franchement, un film d’horreur japonais sans une masse de cheveux ou sans un spectre flippant de femme ? Voyons, ça n’irait pas. Dès lors, même si on se retrouve en terrain archi-connu, preuve en est que l’on passe un chouette moment horrifique à proprement parler, contrairement à plusieurs segments vus dans Les Maîtres de l’horreur. Ici, même banalisée, l’horreur reste horrifique.  

L’intérêt réside également dans le nombre de protagonistes et dans le lieu. Pas la peine de mettre plein de monde à plusieurs places différentes ; on centralise trois personnes sur un bateau. De ce fait, il y a un bon contrôle de la tension et des événements, permettant à nos marins en eaux profondes de se retrouver mal barrés avec des spectres aux trousses de tous les côtés… sans espoir de s’échapper.

N’oublions pas le triangle amoureux, ici finement représenté par la paranoïa absolue d’Eiji et le malaise grandissant des deux accusés. Cet aspect du scénario n’est pas nouveau mais entre le cadre et les nations représentées (Etats-Unis et Japon), il faut dire que cela apporte une certaine vague de fraîcheur bienvenue.

Tout se déroule selon le plan ; amener les protagonistes au milieu de nulle part et lâcher les esprits. Ces derniers seront certes conventionnels, mais parviendront quand même à étonner par leur intelligence et leur manière de débarquer au milieu du métrage. Quelques apparitions, des événements étranges, une pétée de case totale d’Eiji et le tour est joué.

La fin de l’histoire est cependant un peu bateau. Cela a à voir avec la culpabilité, le regret et la notion de lâcheté. Tout sera pourtant pardonné, terminant le métrage sur un lever de soleil salvateur, apportant aux survivants la métaphore d’un nouveau lendemain et la promesse d’une journée ensoleillée. C’est beau… presque trop pour un métrage de cet acabit.

Croisière sans retour signe la fin de la saison 2 des Maîtres de l’horreur avec une certaine nostalgie. On nous présente tout ce qui a fait l’horreur de ces dernières années concentré dans un seul métrage. Oui, c’est du déjà-vu. Oui, c’est parfois un peu ronflant. Oui, certains effets tombent à l’eau (l’effet « Slimer » sur le spectre). Mais au final, on est content de revoir tout ce qui a fait les sursauts dans les métrages horrifiques, d’ici et d’ailleurs. Conventionnel, certes, mais ô combien sympathique.

La saison se ferme sur un lever de soleil… sérieusement ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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