Quelqu'un a une corde ?

Le style found footage, ‘faut dire qu’on en a pour tous les goûts. Particulièrement dans le domaine horrifique, on se retrouve avec certaines perles ([REC]) ou des atrocités visuelles (Pyramide). Réalisé par Travis Cluff et Chris Lofing, ce métrage porté par la société de production Blumhouse pour qu’il soit lancé sur grand écran se veut intrigant. On se frotte les mains en pensant qu’une histoire de pièce de théâtre maudite, ça doit envoyer du lourd. La comédie, est-ce chose facile ? Que penser des remakes de pièces de théâtre ? Va-t-on être aussi coulant que le nœud en procédant au visionnage ? On respire un grand coup et on se lance dans la critique.

Pendant la présentation de la pièce The Gallows en 1993, le jeune comédien Charlie (Jesse Cross) meurt pendu sur scène. En 2013, la petite équipe de théâtre du même lycée où s’est déroulée la tragédie décide de présenter cette même pièce. Mais cela ne va pas être du goût de l’esprit retors de Charlie qui compte bien les pendre haut et court.

Avant toute chose, il est nécessaire de mentionner que nous nous trouvons dans une production à petit budget ($ 100'000), avec des acteurs qui en sont, pour la plupart, à leur coup d’essai et avec beaucoup de bonne volonté des réalisateurs. En effet, ils voulaient rendre hommage aux films d’horreur des années 80, l’époque où ils ont grandi.

On découvre donc le film en commençant, comme à l’accoutumée, avec la présentation des divers protagonistes. Le sportif Reese (Reese Mishler) tient le rôle principal et pédale dans la semoule pour être en mesure de se souvenir de son texte. Mais qu’importe ; il doit sa présence sur les planches à la jolie Pfeiffer (Pfeiffer Brown) dont il est secrètement amoureux.

Il n’est pas aidé dans sa tâche par son meilleur pote Ryan (Ryan Shoos), un vandale nerveux se trimbalant partout avec sa caméra. La petite amie de ce dernier, Cassidy (Cassidy Gifford), n’est pas en reste et aime aussi beaucoup créer le chaos autour d’elle. Paniquant à l’idée d’être la risée du lycée lors de la première de la pièce, Reese accepte de revenir de nuit avec Ryan et Cassidy pour détruire le décor, lui donnant ainsi l’opportunité de consoler la belle Pfeiffer, grandement impliquée dans cette production, et évitant du même coup un flop sur les planches.  

Ce que l’on peut dire, c’est qu’après seulement quelques minutes de visionnage, on prendrait bien un des personnages pour taper sur les autres. Ryan est insupportable, sa petite amie le suit de près, et Reese n’est pas en reste vu qu’il est prêt à tout pour rouler une galoche à Pfeiffer… Mouais, une belle brochette de jeunes en manque de sensations fortes avec des hormones qui décollent du caleçon. Pourtant, l’assidue Pfeiffer s’en tire bien non sans être parfois confondue avec le décor par une écriture de personnage quelque peu plate.

Et voilà ; pièce maudite + déambulation nocturne dans les couloirs du théâtre + volonté de foutre le bordel = film d’horreur tout trouvé ! Gallows tient ses promesses en matière de sursaut car des jump scares, il y en a ! Donc, nous sommes plus en présence d’une trouille de surprise que d’une véritable tension. Pourtant, qu’il s’agisse de la scène d’introduction (ah, les pièces de théâtre qui tournent mal comme dans Mais ne nous délivrez pas du mal de 1971), de la présence inquiétante du pendeur dans le théâtre ou de la scène finale bien glauque, on voit que les réalisateurs voulaient intensifier une tension qui, malheureusement, peine à décoller.

C’est donc en toute logique que nous allons retrouver tous les clichés horrifiques de ces dernières années ; objets qui se remettent en place, ombre inquiétante, pièce secrète, blessures infligées par une présence invisible, scène tragique et, bien entendu, twist final. Ce dernier pourra être décrypté bien avant son avènement par les plus aguerris des visionneurs horrifiques et reste sympathique vu la teneur du reste du métrage.

Car oui, devant Gallows, on s’ennuie ferme. Alors que nos yeux s’éteignent doucement, on se retrouve propulsé au plafond grâce à un petit jump scare des familles, nous sortant d’une léthargie programmée, du moins pour les quelques minutes suivantes. Le destin funeste des protagonistes, on s’en tamponne le coquillard vu qu’ils ne nous inspirent pas vraiment de sympathie.

Il faut avouer que les morts par pendaison, c’est quelque chose d’assez peu répandu dans le domaine horrifique pour attirer notre attention. Bien que le film reste extrêmement soft par rapport à d’autres productions, on peut noter la volonté d’essayer quelque chose de nouveau. Qui plus est, l’idée de la pièce maudite nous change un peu des traditionnels VHS ou sites Internet hantés de ces dernières années.

Mais ce n’est pas avec beaucoup de volonté et quelques bonnes idées que Gallows parvient à nous tenir en haleine. Le métrage se termine donc sur une note tragique, à la manière de la pièce de 1993 qui a vu s’éteindre le jeune Charlie. Ce qui m’est venu au moment du générique, c’est « Beaucoup de bruit pour rien ». Néanmoins, je pense qu’avec un peu de bouteille, nos deux réal’ peuvent pondre quelque chose de franchement sympathique.

Restant conventionnel jusqu’au bout de la corde, Gallows surprend par ses jump scares, ses ados incroyablement casse-couilles et son esthétique pour le moins réussie. Pour le reste, on se retrouve simplement devant un film plein de promesses mais qui tire trop sur la corde pour sortir clairement du lot. Pratique pour ceux qui veulent voir un found footage qu’ils n’auraient pas encore vu, relativement pénible pour les autres.

Bon, reste à voir ce que vaut le deuxième opus… Espérons qu'il nous présente moins de gibier de potence. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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