Une hantise modérée

Ah, cette magnifique phrase « Basé sur des faits » réels n’a pas fini de nous surprendre. Tantôt on se laisse agréablement avoir, tantôt on se fait carrément blouser. Dans le cas présent, il s’agit de la reprise d’une légende américaine, celle de la Sorcière des Bell. Une famille habitant dans le Tennessee au 19ème siècle aurait été la proie d’un esprit particulièrement retors qui a même causé la mort d’un humain. Il s’agirait de l’affaire de poltergeist la plus documentée aux Etats-Unis. Sorti en 2005, le film adapté de cette histoire est réalisé par Courtney Solomon qui a précédemment officié comme réalisateur sur… Donjons & Dragons. La trouille va-t-elle nous saisir ? L’histoire des Bell va-t-elle nous intéresser ? Que penser des tensions familiales dans les maisonnées du 19ème siècle ? Même avec un bon titre, une bonne histoire et une bonne affiche, il arrive que la mayonnaise ne prenne pas. ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1817, un litige oppose John Bell (Donald Sutherland) à Kate Batts (Gaye Brown) qui a la réputation d’être une sorcière. Des événements étranges commencent à se produire à la ferme des Bell, ciblant plus particulièrement la jeune Betsy (Rachel Hurd-Wood). La hantise devient de plus en plus forte, affectant les autres membres de la famille. Il est temps pour John Bell de trouver un moyen d’en finir avec cette entité.

Ce qui frappe dans ce film, c’est le casting. Donald Sutherland en première ligne, Rachel Hurd-Wood bien dans son rôle de jeune fille martyrisée, James D’Arcy interprétant le professeur Richard Powell et surtout Sissy Spacek en tant que Lucy, la mère de Betsy. L’actrice a fait du chemin depuis son interprétation de fou dans Carrie au bal du diable et la revoir à l’écran fait carrément plaisir.

Mais même si les acteurs sont bien dans leurs baskets, on s’ennuie pas mal. La profondeur des personnages n’est pas avérée et leur interprétation ne colle pas vraiment à l’ambiance globale. On peut tout de même trouver certains moments intéressants, notamment le personnage de Kate Batts, peu présent à l’écran mais qui reste totalement convaincant.

L’ambiance, voilà un des points noirs du métrage. Les jump-scares et la musique bondissante aident au développement de l’effet de surprise sur notre canapé, mais le véritable intérêt de peur passe clairement à côté. On avance dans le film, découvrant la famille Bell et son indésirable invité, mais pas de tension à l’horizon. L’ambiance passe de l’inquiétant à l’inintéressant en une fraction de seconde et on ne se prend pas au jeu. On somnole un peu et on se fait réveiller en sursaut par les assauts musicaux. Triste pour un film se déroulant au 19ème siècle.

La trame est cependant bien fichue, reprenant l’histoire originale et relativisant le contexte à la fin du métrage en nous présentant une alternative selon la théorie de Nandor Fodor. Psychanalyste de son état dans la première moitié du 20ème siècle, il avance la théorie selon laquelle les déboires des Bell découlent des abus de John Bell sur sa fille. Et c’est l’explication qui nous est présentée ici.

En nous vendant cela de cette manière, American Haunting évite la facilité avec un esprit retors envoyé par Kate Batts ou toute autre explication foireuse. L’idée n’est pas mal et permet surtout de nous envoyer une fin surprenante et inquiétante, transposant l’action dans notre monde moderne. Si on voulait ressentir une quelconque émotion de peur, c’est cet instant précis ou jamais.

Car dans le reste du film, c’est un sentiment global d’ennui qui nous étreindra le plus. Les effets spéciaux sont présents mais l’activité paranormale est souvent redondante. L’utilisation de la vue à la première personne est sans doute un hommage à la saga Evil Dead mais n’apporte rien au métrage. Pire encore, les bruitages sont très souvent limites ridicules, nous faisant même esquisser un sourire lorsque l’entité met des claques à Betsy, rendant la scène plus comique qu’effrayante.

Bref, dans American Haunting, on s’attend à du lourd et on se retrouve face à un poids plume. Un bon casting ne fait pas de bons personnages, une légende effrayante ne fait pas forcément un bon film d’horreur et une explication convaincante n’opère pas en nous la compassion nécessaire pour décréter qu’il s’agit d’un métrage apostillé de la mention « bien ». Pour dire que l’action se passe au 19ème siècle, dans une ferme au milieu des Etats-Unis, on s’attendait à être un peu plus collé au fond de notre canapé.

Une Bell histoire de hantise qui ne convainc pas, en somme.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page