Un bébé sang problème

Un biberon rempli de sang. Que voilà une affiche évocatrice pour un film d’horreur ! Grace est le rejeton d’un court-métrage du même nom sorti en 2006, avec Liza Weil et Brian Austin Green dans les rôles principaux. Paul Solet, réalisateur de ce court, rempile pour le porter à l’écran en long métrage en 2009. Les bébés ont toujours eu une place particulière dans le cinéma horrifique. Les films utilisant l’innocence et la bouille de ces poupons parviennent, en général, à trouver leurs aficionados. Est-ce le cas ici ?

Michael et Madeline Matheson vont avoir un enfant. Ils font le choix de se tourner vers une sage-femme du nom de Patricia Lang, ancienne amie de Madeline, pour suivre la grossesse et procéder à l’accouchement. Seulement, un terrible accident de la route aura raison du pauvre enfant. Madeline décide tout de même de le porter jusqu’à terme. Lors de la naissance du bébé, ce dernier revient à la vie. C’est une petite fille et sa maman décide de l’appeler Grace. Seulement, la petite n’est pas comme les autres enfants. Elle possède un appétit… différent.

Une chose importante concernant ce film ; il s’agit plus ici d’un drame que d’un véritable film d’horreur. Mais si certaines scènes planent sur le genre en question, le tout restera exempt de jump-scares et autres ficelles horrifique… pour notre plus grand plaisir ! En effet, il s’agit d’un de ces métrages qui reprend les standards du drame familial pour soulever un problème de fond, ici celui de la différence. Le régime particulier de la petite Grace implique une fraction notable entre elle et le reste de la société, fraction qui va également s’étendre au reste de sa famille.

Autre aspect intéressant ; il s’agit d’un film extrêmement féminin. Le casting masculin est rapidement mis sur la touche ou reflète une nette infériorité. Ici, ce sont les dames qui prennent les décisions et qui passent à l’action. Le symbolisme présent ici par rapport à la féminité implique la détermination. Une mère déterminée à élever sa fille malgré sa différence ; une belle-mère déterminée à voir sa petite-fille malgré le blocus de Madeline ; une ancienne amie déterminée à ne pas enterrer le passé ; et finalement, une enfant déterminée à survivre. La toile de fond étant le lien entre une mère et son bébé, on assiste à un drame d’une grande ampleur où les femmes font la loi.

Jordan Ladd tient le rôle principal, celui de Madeline. Habituée de métrages horrifiques (Cabin Fever et Hostel 2 d’Eli Roth, notamment), elle campe ici une mère désespérée, d’une part par la perte de son enfant, puis par la résurrection de ce dernier impliquant une différence notable d’alimentation. Prête à tout, elle est la figure de proue de cette détermination où rien ne pourra la séparer de sa petite Grace.

Gabrielle Rose est impeccable dans le rôle de Vivian, la belle-mère de Madeline. Possédant une filmographie bien fournie, elle joue celle qu’on achèterait pour la passer au bûcher tant elle est insupportable. Ce rôle de mère, grand-mère et épouse ultra-protectrice lui va comme un gant et on hésitera même à tenter de lui coller une baffe via notre écran. Versant parfois dans une surenchère acceptable, on se demande comment à fait Michael pour grandir avec une personnalité pareille.

Puis vient Samantha Ferris dans le rôle du Dr. Patricia Lang. Ancienne amie (et plus si affinité) de Madeline, cette sage-femme peine à passer à autre chose et voit ici l’occasion de renouer certains liens, non sans être préoccupée par l’intrigante résurrection de la petite Grace. Présente dans beaucoup de séries, notamment en Ellen Harvelle dans Supernatural, elle campe un personnage profond et touchant sur bien des aspects.

Le reste du casting masculin présente ; Stephen Park dans le rôle du mari Michael, soutenant sa femme dans sa grossesse ; Malcolm Stewart en Dr. Richard Sohn, principalement sous les ordres de Vivian ; et Serge Houde en mari totalement soumis de ladite gente dame. Quand je vous disais que c’était un film mettant à l’honneur la femme, je n’étais pas loin du compte. Tous ces personnages masculins présentant clairement des caractéristiques secondaires, presque non-essentielles à la tournure des événements. Ils ne sont là que pour donner de la valeur au reste du casting.

Paul Solet dirige donc bien ses acteurs et également son scénario. Le problème de fond du jusqu’au-boutisme d’une mère pour son enfant est bien présenté et cohérent. Toutefois, nous ne saurons pas l’origine exacte de la faim étrange de la petite Grace. Ici, nous ne sommes pas dans un film de monstre, à l’instar d’un Baby Blood ou Le monstre est vivant, mais dans un drame bien torché qui préfère passer du temps sur les personnages et les conséquences de leurs actes plutôt que sur la genèse de l’état de Grace. Ce n’est pas un mal car, au final, ça n’apporterait rien à l’histoire. On peut cependant deviner où le réalisateur souhaitait aller avec cette petite, notamment par l’intermédiaire de la présence de mouches dans sa chambre ou encore de sa capacité régénérative au contact de sang frais.

Quelques bâillements pourraient intervenir durant la lecture de Grace. Non pas par ennui de l’histoire, mais par lenteur sur certains aspects de la vie quotidienne des Matheson ou encore sur des plans fixes, tentant subtilement de faire passer le temps en attendant que quelque chose se passe. Et au niveau horrifique, comme dit précédemment, on aura droit à quelques scènes bien léchées au niveau sanguin, mais pas d’intervention nécessitant que l’on aille se planquer sous notre canapé.

Dans tout ça, que dit le final ? Eh bien, je vous laisse la surprise ! Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’élever une petite avec cette étrange soif de sang va se révéler extrêmement compliqué dans les années à avenir. Le plan final nous arrive en pleine tête, violent, sans concession, parvenant à nous faire tressaillir sur le simple fait que les enfants, au bout d’un moment, se mettent à grandir. Cohérente avec le reste du métrage, cette fin est, à mon avis, celle qu’il fallait.

Si vous pensiez hurler de peur devant Grace, il n’en sera rien. Le film s’adresse à tout amateur de drame horrifique plongeant dans un univers familial tendu, arborant une différence notable chez l’un des protagonistes, ici une enfant. Pas de bébé courant partout pour bouffer de la chair humaine, le traitement est ici plus posé, plus calme et surtout plus profond. Voilà un film qui a de la bouteille, ou devrais-je plutôt dire, du biberon.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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