La pleine lune

Le rouleau compresseur Marvel continue d’aplanir les sentiers avec la mini-série Moon Knight, nous présentant un nouveau venu dans le grand Marveliverse. Créée par Jeremy Slater, la série reprend l’histoire du personnage éponyme créé en 1975 et apparaissant pour la première fois dans le comic book Werewolf by Night #32. Continuant d’étoffer son univers, Marvel va-t-il réussir à nous surprendre ? Qu’est-ce que cette histoire peut apporter de plus à la structure déjà passablement cossue du géant des comics ? N’en font-ils pas un peu trop ? Pour le savoir, on invoque Khonshu et on se lance dans la critique ! ATTENTION : des spoilers se retrouvent potentiellement dans cet article

Steven Grant est un modeste employé d’un musée londonien. Quelque peu parano, s’attachant à son lit pour éviter d’aller se balader au milieu de la nuit et ne sachant pas vraiment s’y prendre avec les filles, sa vie va basculer quand son alter ego, Marc Spector, partageant le même corps que lui, va se révéler. Ils se retrouvent poursuivis par des mercenaires passablement vicelards sous les ordres d’un certain Arthur Harrow, cherchant à ressusciter une puissante déesse égyptienne.

Si l’on reprend toutes les productions de Marvel ces dernières années, on se rend rapidement compte que nous connaissons déjà la musique. On nous présente un nouveau personnage qui sera ensuite introduit dans les prochains métrages, tout cela en faisant le maximum pour nous convaincre du bien-fondé de la procédure. Et avec Moon Knight, comme bien souvent, ça fonctionne.

Nous découvrons alors Steven, timide, maladroit, peu sûr de lui, travaillant aussi bien que possible dans un musée de Londres. Il faut noter la performance d’Oscar Isaac, ce dernier interprétant notamment le rôle ci-avant nommé mais également celui de Marc Spector, un mercenaire surentraîné aux ordres d’un dieu égyptien ; Khonshu, divinité lunaire qui se battait contre les forces des ténèbres aux temps des pharaons. A noter que la voix de ce dernier est assurée par F. Murray Abraham (Persévère dans Last Action Hero, entre autres).

Steven/Marc sont donc forcés de partager le même corps, le premier ne sachant pas du tout ce qu’il se passe et le second étant obligé de suivre les ordres de son maître Khonshu. Comme si les choses ne se compliquaient pas assez, un étrange personnage, Arthur Harrow, semble être déterminé à récupérer une amulette détenue par Marc, lui permettant apparemment de retrouver le tombeau d’Ammit, déesse égyptienne ayant comme passe-temps de bouffer les âmes des humains jugés indignes.

Pour le coup, nous avons droit à un méchant passablement charismatique en la personne d’Ethan Hawke. Sorte de gourou parcourant le monde pour juger ses semblables par l’intermédiaire du pouvoir de la déesse, sa détermination n’a d’égale que sa méchanceté et sa volonté de vouloir être le disciple d’Ammit. Cela fait de lui un personnage à la fois complexe, dangereux et qui envoie du lourd à l’écran.

Dans cette quête pour retrouver le tombeau, notre maître du jugement va donc se retrouver confronté à notre duo dissociatif mais également à Layla, interprétée magnifiquement par May Calamawy. Femme de Marc, elle découvre l’existence de Steven et lui trouve également un certain charme. Compliqué d’avoir deux personnalités amoureuses de la même personne dans le même corps, apportant non seulement une touche d’émotion mais également d’humour.  

Il est nécessaire de préciser que nous avons également dans cette série la dernière apparition du regretté Gaspard Ulliel, acteur de talent malheureusement décédé en janvier 2022. Il interprète le rôle d’Anton Mogart, alias Mister Midnight, un trafiquant d’art raffiné qui va être un obstacle notable pour Steven/Marc et Layla dans leur quête de vérité. Une belle dernière performance qui restera, malheureusement, bien trop courte.

L’histoire se suit sans aucun mal et joue même avec nos nerfs lors de certains passages. Lorsque Layla rencontre Steven et qu’elle se met à lui parler de Marc, ce dernier semble complètement paumé tant les informations qu’on lui transmet n’ont aucun sens. Nous, spectateurs, ressentons également la même chose. Non pas que la série nous prenne pour des cons, mais bien qu’elle soit parvenue à nous faire ressentir le désarroi dans lequel se trouve Steven à ce moment-là ; bien joué.

On avance donc dans l’intrigue en partant de Londres pour se diriger ensuite en Egypte, faisant des détours par des tombeaux enfouis, des cités exotiques, des déserts arides et des pyramides bien dressées. La série peut se voir comme une sorte de chasse au trésor en y instaurant une dimension de sauvetage de l’humanité et en y incorporant des éléments du thriller, notamment les blackouts de Steven qui nous mettent en position de faiblesse scénaristique car nous ne savons pas ce qu’il s’est passé. A ce titre, la course poursuite du premier épisode vaut son pesant de cacahuètes, faisant des bonds temporels dérangeants mais nous happant clairement dans la peau même de Steven comme si nous, spectateur, étions une autre personnalité du protagoniste.

Bien entendu, je vous laisse la surprise de la finalité de l’histoire, mais il faut savoir que les six épisodes qui composent cette série sont un régal car ils sortent tout de même des sentiers battus. Même si l’on se retrouve dans un contexte déjà connu (Marvel fait du « Marvel », on le sait), on ne peut qu’apprécier la mise en place d’un personnage comme Steven/Marc et le développement de l’histoire autour des dieux égyptiens. Cela aurait-il un rapport avec le prochain méchant de Thor : Love and Thunder qui s’avère être un tueur de dieux ? Affaire à suivre.

Qui plus est, Moon Knight possède tous les ingrédients pour passer un agréable moment et découvrir ce nouveau personnage pas piqué des hannetons qui va sans doute apporter un peu de folie dans le multivers actuellement mis en place par Marvel. Les épisodes se déroulant dans l’asile en sont un exemple concret, permettant d’intensifier le sentiment que nous sommes complètement paumés tout en gardant le récit cohérent.

Forts de nous présenter une histoire bien fichue avec des personnages intéressants et une intrigue certes connue mais rafraîchissante comme une oasis en plein désert, Moon Knight ravira les amateurs de Marvel, de chasses au trésor épiques et d’histoires un tantinet barrées. Pour continuer de construire la structure gigantesque que les studios mettent en place, c’est une bonne surprise qui vaut le visionnage. Et hâte de voir ce que donnera Steven et de ses trois personnalités.

J’ai dit trois ? Pardon, je voulais dire deux… hem…  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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