Pas très équilibré

Ce film fait partie des « video nasties », une liste rendue publique en Angleterre, an de grâce 1983, et comportant un total de 72 films qui s’y sont trouvés à un moment ou un autre. Sans entrer dans les détails, cette liste concernait les films distribués en vidéo et possédant un contenu choquant ou offensant, condamnant les revendeurs à une amende, voire l’emprisonnement. La loi sur les enregistrements vidéo de 2001 a rendu la liste obsolète. Je parle de cela concernant ce film, même si d’autres films critiqués sur ce site s’y trouvent également (I Spit on Your Grave, notamment), pour la simple et bonne raison qu’il s’agit ici de ce qui peut être considéré comme l’un des meilleurs de la liste en question. Film d’exploitation jouant à fond la carte du « B » absolu, réalisé par Don Gronquist qui signe son premier long métrage, nous sommes ici en présence d’un slasher peu équilibré dans tous les sens du terme. Sa présence sur la liste des « video nasties » est-elle justifiée ? La campagne, est-ce dangereux ? L’hospitalité a-t-elle un prix ? Voyons cela ensemble. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Trois amies, Terry, Nancy et Gloria, s’en vont pour un festival de musique dans une ville de l’Oregon. En route, Nancy perd le contrôle du véhicule, pendant un orage, qui finit dans le fossé. Les trois jeunes filles sont recueillies par Mme Penrose, vivant dans un manoir isolé avec sa mère et leur jardinier. Gloria ayant été plus gravement touchée et devant prendre du repos, elles décident de rester quelques jours. Mais c’était sans compter sur le fait de tomber dans une famille avec de lourds secrets et une vision toute particulière de l’hospitalité.

Terry (Laurel Munson) est une jeune femme forte et indépendante qui découvrira, malgré elle, les terrifiants secrets de la famille Penrose. Nancy (Sara Ansley), jeune brune téméraire, a la langue bien pendue et apprendra que les bois, c’est dangereux. Gloria (Barbara Lusch) apparaît peu à l’écran mais reste la seule actrice qui tournera dans d’autres métrages après celui-là, sur celles précédemment mentionnées. Marion Penrose (Janet Penner) envoie du lourd, principalement sur la fin. Femme à la fois sympathique mais étrange, elle permet une immersion directe dans cette famille bizarre. Sa mère (Virginia Settle), déteste les hommes et semble faire une fixette sur la table à chaque repas. Le jardinier, Norman Barnes (John Morrison) papote avec les invitées et s’occupe de la maison. Son nom ne tombe pas loin d’un certain Norman Bates et cela aura une significative importance dans la suite de cette critique. Pour terminer, il faut noter que tous les acteurs présents viennent de la ville de Portland, dans l’Oregon.

Un casting à l’image du titre : déséquilibré. Si certains personnages parviennent clairement à être dans le ton et à instaurer une ambiance (Marion Penrose et sa mère), cela est plus difficile, notamment pour nos trois jeunes amies. Les personnages ne sont pas réellement profonds et l’empathie ne fonctionne clairement pas. Heureusement, la Marion est là pour sauver la mise est nous explosera complètement les mirettes en fin de métrage. La mère est délicieusement barrée et ses discours sont sans équivoques.

Problème principal du film : le rythme. Déjà court (79 minutes), il n’aurait pas fallu plus de pellicule sans quoi on se serait sûrement mis en PLS sur notre canapé. La plupart des dialogues tirent en longueur, on est dans un environnement grandement contemplatif (oui, on sait, Marion joue bien du piano) et les scènes semblent souvent s’allonger pour rien. Autant dire qu’avec un court-métrage, on tenait sans doute quelque chose de meilleur.

Cela n’empêche pas d’avoir quelques moments de tension, comme les repas, où Maman Penrose se lâche clairement sur ses connaissances et sa manière de voir les choses, ou encore lors des halètements dérangeants et puissamment masculins qui se font entendre dans la maison. Ces scènes, même si elles semblent s’éterniser, servent à placer une ambiance toute particulière dans ce film.

Même si les longueurs sont légion, l’ambiance est pesante et mérite que l’on s’y attarde. Les plans jouent habilement avec nos nerfs, histoire de nous en montrer un peu mais pas trop, majoritairement dans les scènes où un étrange monsieur vient mater les filles sous la douche ou écoute une conversation entre elles dans leur chambre à coucher. L’intrigue monte, on se demande sur quoi l’on va tomber, mais le flegme s’installe malgré tout. Non, même le poids de l’atmosphère ne nous fait pas oublier les inévitables longueurs.

Cette ambiance pesante mais longuette est complètement en inadéquation avec la musique présente dans le métrage. Omniprésente, tonitruante, hors de propos, elle n’aide en rien à être pleinement immergé dans ce manoir au milieu de nulle part. Oui, ça fait plaisir de retrouver certains sons des années 80, grands standards de l’horreur, mais trop, c’est trop. On en vient presque à presser la touche « Mute » de la télécommande pour éviter de continuer à subir ça.  

Du coup, on se dit qu’on va se retrancher du côté de l’horreur. Nous sommes dans un slasher après tout. D’exploitation… au contenu « B »… mais un slasher quand même. Eh bien, le film ne compte que trois morts à son actif. Bien moins que Scream, si vous préférez. Pourtant, les morts sont graphiques, surprenantes et dérangeantes. Dès lors, il est tout à fait pardonnable de ne pas avoir une surenchère de chair à canon pour la simple et bonne raison que ça reste crédible.

Et même si les acteurs déambulent un peu n’importe comment et que le traitement du film n’est pas au top, il faut continuer. La persévérance, c’est parfois la clé de découvertes insoupçonnées. Et c’est pour cela que malgré les oreilles en sang et les yeux tombants, j’ai continué de regarder ce film, envers et contre tout. Il fallait arriver au bout pour trouver quelque chose qui sauve pleinement le tout, une perle dans les abysses, une lumière dans les ténèbres. Il le FALLAIT !

Tout à coup, BAM, la fin débarque, et avec elle son lot de saveurs, de surprises et d’étonnement. Pour un film des années 80, on peut dire que ce genre de fin, ne plaisante pas. Bien que pompée quelque peu sur un certain Psychose d’Alfred Hitchcock, le final de Unhinged laisse complètement coi et parvient à mettre mal à l’aise sur bien des aspects. Je n’en dis pas plus, c’est juste réussi.

Déséquilibré sur bien des points, Unhinged ne parvient pas à nous mettre en situation de tension bien longtemps. Avec des acteurs pour la plupart fades, un rythme hyper inégal et lent, on ne retiendra de ce métrage que sa présence sur la liste des « video nasties » et sa fin atypique et sympathique. Pour le reste, même pour les années 80, on reste dans le tir de ce qui a déjà été fait et rien ne vient chambouler cette petite vie tranquille à la campagne. Les amateurs d’horreur devraient voir ce film au moins une fois. Les autres, passez votre chemin et voyez s’il n’y a pas autre chose à vous mettre sous la dent.

Et si on vous offre l’hospitalité dans un manoir tenu par une mère et sa fille, répondez sobrement ; NIET !  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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