Vous reprendrez bien une pilule rouge ?

Matrix… ce film a révolutionné le cinéma en 1999. Réalisé par les Wachowski, le succès connaîtra deux suites : Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, toutes deux en 2003. Dix-huit ans plus tard, en 2021, voici qu’arrive le quatrième opus de la saga avec Matrix Resurrections. A la direction, on ne retrouve que Lana Wachowski, sa sœur Lilly s’écartant du projet. Est-ce que Neo va revivre à l’écran et dans nos cœurs ? La nouvelle matrice est-elle plus vicieuse que la précédente ? Mettre à jour un tel programme, est-ce une bonne idée ? On avale la pilule rouge et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Thomas Anderson est un concepteur de jeux vidéo à succès intitulés… Matrix. Ayant des visions assez cheloues et se rendant régulièrement chez son psy, sa mémoire va peu à peu lui revenir. A une autre époque, il était l’Elu, censé faire gagner l’humanité dans la guerre contre les machines et détruire la matrice pour libérer le monde entier. Se pourrait-il alors que les jeux qu’il a conçus soient en réalité… des souvenirs ?

Je ne sais pas ce qu’il se passe ces dernières années avec les suites tardives. Entre Halloween (2018), SOS Fantômes : L’Héritage (2021) ou le film présenté ici, on dirait qu’Hollywood essaie de jouer sur notre corde sensible de la nostalgie pour nous faire des sortes de séquelles-boot destinées à faire découvrir les anciennes gloires à la jeune génération en engrangeant quelques pépettes au box-office par la même occasion.

A noter qu’une partie de l’idée de la naissance du film est triste. Après le décès de leurs parents, les sœurs Wachowski ont réagi de différentes manières ; Lilly voulait s’émanciper du monde cinématographique (elle venait également de terminer sa transition) tandis que Lana souhaitait faire « revivre » des personnages importants pour elle et ainsi développer la résurrection de Matrix.

Une partie du casting original est de retour et ce n’est pas pour nous déplaire ! On retrouve donc Neo (Keanu Reeves), plus vieux et plus posé, concepteur de jeux à succès et potentiellement psychotique à ses heures perdues. Il croise du regard une certaine Tiffany (Carrie-Anne Moss) dans un café et est persuadé de la connaître. Il faut avouer que revoir les deux tourtereaux, ça fait un petit quelque chose.

On croise également d’anciens protagonistes comme l’Agent Smith (Hugo Weaving), Morpheus (Laurence Fishburne), Perséphone (Monica Bellucci) ou l’Oracle (Gloria Foster), cependant uniquement via quelques séquences d’archives des premiers films.

Par contre, le Mérovingien (Lambert Wilson) ainsi que Niobe (Jada Pinkett Smith) reviennent dans leurs rôles respectifs, l’un pour une courte durée et l’autre pour un développement plus accru de son personnage.

Des nouveaux personnages, on en a ; Morpheus (Yahya Abdul-Mateen II), une version programmée par Neo de son vieil ami ; Bugs (Jessica Henwick), capitaine du Mnemosyne et lapin blanc attitré de ce nouveau film, combattive et déterminée ; Smith (Jonathan Groff), nouvelle version de l’ennemi de Neo, en mode 2.0 ; l’Analyste (Neil Patrick Harris), psychiatre de Thomas Anderson et créateur de la nouvelle matrice actuellement utilisée ; et à noter un très court passage de Christina Ricci en dirigeante de l’entreprise dans laquelle travaille Neo.

Sans faire la liste de tous les personnages (que je vous invite à découvrir si ce n’est pas déjà fait), il faut dire que chacun fait son travail avec tout le professionnalisme que cela requiert ainsi qu’en se rendant bien compte de l’hommage que ce film représente par rapport aux précédents.

Maintenant que l’on sait que le boulot des acteurs est aux petits oignons, qu’est-ce que cela donne en matière d’écriture ? Eh bien, de manière tout à fait intime et personnelle, il me semblait que la trilogie initiale se valait à elle-même ; l’Elu n’était pas celui que l’on croyait, on reboot la matrice et on repart pour un tour. Cependant, avec ce quatrième film, les règles vont devoir changer.

Alors que Thomas Anderson peine de plus en plus à distinguer la réalité de la fiction, Bugs et Morpheus lui propose de prendre la pilule rouge pour reprendre conscience de ce qui existe vraiment. Etant maintenant à nouveau libéré de la matrice, il n’a pas d’autre idée en tête que de sauver également sa bien-aimée, Trinity, toujours coincée dans le système, mariée et mère de famille de surcroit.

Elle-même et Neo ayant une importance capitale pour l’Analyste, celui-ci ayant découvert qu’une proximité relative entre eux boostaient les « piles » que sont les êtres vivants, leurs corps sont soigneusement gardés dans la réalité. Cela va donc être une véritable mission suicide pour réussir à extraire Trinity de la matrice et ainsi reprendre le pouvoir sur le système.

Je ne vous cache pas qu’en matière de scènes d’action, on va en avoir pour notre budget. Entre les explosions, l’utilisation des ralentis à bon escient, les courses-poursuites, les combats intenses entre personnages surpuissants et la mise en image du tout, ça envoie du lourd ! La nostalgie du premier film fait son effet ; on retrouve un peu de 1999 dans le film présenté ici, les grosses innovations technologiques de l’époque en moins.

Eh oui, dix-huit ans après le premier film, on sait maintenant ce dont est capable une entreprise d’effets spéciaux et il n’y a pas, radicalement, d’immenses nouveautés en la matière dans le présent film, du moins nettement moins que ce que l’on avait pu voir notamment dans le premier opus. Qu’importe ; les liens entre la trilogie initiale et le présent métrage fonctionnent, comme le coup du chat, le gag du kung-fu ou encore les punchlines de Smith.

Il faut dire que le film présenté ici est extrêmement méta dans sa conception. On se retrouve dans une version de la matrice où Matrix s’avère bien exister de manière fictionnelle, via un jeu créé par Thomas Anderson alias Neo, le véritable Elu qui a vraiment vécu les aventures décrites dans ses jeux. On peut saluer l’auto-dérision et la mise en abîme du concept même de la matrice.

Qui plus est, il y a passablement d’excellentes idées dans cette suite ; la collaboration entre les humains et les machines dans la réalité (bien que ça fasse un peu Transformers), les nouveaux programmes et mods créés par l’Analyste pour défendre l’univers virtuel (notamment le retour de programmes exilés de l’ancienne version de la matrice ainsi que le mode « Meute ») et également un développement plus dense des conséquences que peut avoir une pénurie d’énergie venant de la matrice dans la réalité des machines.

Par contre, au niveau écriture, il semble que l’on saute parfois des étapes. Tout va assez vite et on dirait que certaines scènes ou personnages manquent de développement. On note, par exemple, un magnifique effet « Ta gueule ; c’est magique » lors de la scène de fin dans le café (lieu appelé magnifiquement « Simulatte ») avec l’apparition Chuck Norrisienne de Smith ou, dans un autre registre, un manque de développement du personnage de l’Analyste, censé être une p’tain de menace et qui se cache très vite sous le tapis en fin de métrage.

Néanmoins, on suit le film avec plaisir et nostalgie, faisant fi de ces imperfections qui se trouvent çà-et-là, tout en se disant que, finalement, un nouveau métrage dans la saga Matrix, c’est peut-être ce qu’il fallait à Lana Wachowski mais que ce serait mentir que d’affirmer que nous ne nous l’attendions pas aussi avec une sous-jacente impatience.

La fin du film est assez ouverte pour laisser place à une myriade de suites… mais rien n’est prévu pour le moment, la réalisatrice souhaitant, pour l’heure, laisser une fin ouverte et sujette à interprétation des spectateurs plutôt que de continuer l’aventure. Perso, cela me satisfait ainsi car pour un quatrième opus, on pouvait s’attendre à nettement pire et il vaut mieux arrêter tant que tout se passe bien.

Là où d’autres auraient fait l’erreur d’en faire trop, ce film parvient habilement à doser les choses pour que l’écriture (bien qu’un peu bordélique par moment) ne reprenne pas la trame trait pour trait, apporte des nouveautés, des personnages inédits et que tout cela nous fasse arriver à une fin cohérente. Franchement, ça aurait pu être catastrophique et non, ce film fait plaisir.

A noter que pour l’heure, il ne fait pas un carton admirable au box-office et ceci pour une raison toute simple ; il est sorti dans le sillage d’un certain Spider-Man : No Way Home. Si les dates de sorties sur grand écran avaient été plus éloignées, cela aurait-il permis à Matrix de réellement procéder à sa résurrection ? Qui sait…

Sans s’attendre à grand-chose, on a eu beaucoup et ça, c’est déjà une excellente nouvelle ! Avec de nouveaux personnages, une histoire à la fois méta et possédant une base pertinente, de l’action à l’état pur et la nostalgie qui fait remonter nos souvenirs en 1999, Matrix Resurrections pourrait ravir tous les amateurs de la saga ainsi que ceux qui kiffent la science-fiction. Je le conseille fortement car ce n’était pas gagner d’arriver après le troisième film tout en rendant l’ensemble cohérent et pourtant, c’est le cas.

Et vous, vous préférez la pilule bleue ou la pilule rouge ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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