Que diable, vive le camping !

La légende du diable de Jersey est intrigante surtout depuis sa résurgence en 1909 où beaucoup d’apparitions et d’attaques de la créature ont été recensées. Il s’agirait d’une bestiole habitant dans une forêt du New Jersey, tantôt monstre cryptide, tantôt démon. Plusieurs séries ont usé de cette légende le temps d’un épisode (notamment l’épisode Le Diable du New Jersey de la série X-Files) et quelques films de seconde zone sont sortis. Puis en 2012 arrive sur les écrans The Forest (rien à voir avec le film éponyme de 2016), dont le titre original est The Barrens, une zone située dans les vastes forêts du New Jersey. Réalisé par un certain Darren Lynn Bousman (déjà réalisateur de Saw II, III et IV), c’est un pari risqué de s’aventurer dans les bois à la recherche de cette créature, certes connue mais pas reconnue. La chasse va-t-elle être bonne ? ATTENTION : cet article contient des spoilers

Afin de répandre les cendres de son père et de passer du temps en famille, Richard Vineyard (Stephen Moyer) embarque les siens pour aller faire du camping dans la région de Pine Barrens. Sur place, il se rappelle d’une rencontre terrifiante dans son enfance. Il se serait retrouvé face à face avec le diable de Jersey. Et depuis son arrivée dans la forêt, il est convaincu que ce dernier est à ses trousses… et que la vie de sa famille est menacée.

On commence le film avec deux jeunes campeurs interprétés par Shawn Ashmore et Athena Karkanis. Ils vont malheureusement faire la connaissance du diable de Jersey dans une séquence qui met bien en place l’ambiance du film. On en arrive ensuite à la présentation de la famille Vineyard. Richard, le père, semble à la fois impatient et tendu de se retrouver au milieu des bois. Interprétation acceptable de Stephen Moyer, notre Bill international de True Blood.

Dans cette petite famille, on retrouve également Cynthia (Mia Kirshner), nouvelle épouse de Richard, se devant de supporter Sadie (Allie MacDonald), la fille adolescente de son mari. Le petit dernier Danny (Peter DaCunha) cherche désespérément son chien et finit par accepter de partir en camping sans son toutou. De toute façon, c’est le p’tit dernier, il n’a pas le choix.

A noter la présence d’Erik Knudsen dans le rôle de Ryan, un adolescent épris de la jeune et jolie Sadie mais qui va devoir faire face à un papa plutôt retors. L’acteur était déjà présent dans la saga Saw, sous les traits du jeune Daniel du deuxième opus. Toujours en relation avec Saw, J. LaRose est de la partie dans le rôle d’un ranger, lui qui était aux prises avec de vilaines chaînes au début du troisième opus de la saga horrifique. Pour la petite histoire, Athena Karkanis est, elle aussi, présente dans Saw IV et VI.

Les acteurs sont bons dans leurs rôles et on a droit à un léger revirement en milieu de métrage. Cynthia prend la place de figure principale et du coup, le métrage part sur de nouvelles perspectives ce qui vient donner un bon coup de fouet à un rythme parfois beaucoup trop poussif. Car même si plusieurs scènes parviennent à maintenir une tension honorable (le cerf sur la route, la soirée feu de camp, le départ de la famille dans les profondeurs des bois), il arrive bien souvent que l’on attende qu’il se passe quelque chose… et que l’on ne fasse qu’attendre.

Les apparitions furtives de la créature ne sont pas en reste, permettant d’obtenir un effet d’ambiance assez sympathique, plongeant le spectateur dans les bois mêmes où se déroule l’action. Le scénario n’abuse d’ailleurs pas d’incursions malvenues de la bestiole et le réalisateur gère les différentes montées de tension avec parcimonie. Bien entendu, arrive un moment où tout monte radicalement ; la découverte que Richard n’est peut-être pas si sain d’esprit que cela.

On part alors dans un drame familial conventionnel avec poursuite en forêt à l’appui. Comme mentionné précédemment, le fait que Cynthia prenne « le rôle principal » durant cette période aide beaucoup à rester dans le bain et à ne pas finir par s’ennuyer. On échafaude des théories, on essaie de savoir comment tout cela va finir… et on se fait techniquement avoir.

Car là où The Forest fait fort, c’est dans sa finalité. L’idée est bien pensée de faire aller le spectateur sur un chemin (forestier) et de faire miroiter une théorie avant de la fracasser radicalement dans une dernière scène où la tension est magnifiquement menée. On s’en prend plein le cornet et on se dit qu’au final, les quelques longueurs du métrage peuvent être pardonnées car ça en valait la peine.

Pas de débordement gore ou outrancier, tout se jouant de manière plaisante sur une mise en ambiance et un contexte. La découverte d’une tente déchirée ou d’un cadavre de chien deviennent alors des éléments horrifiques à part entière, ne sachant pas contre quoi les protagonistes se dressent. Jouer sur la psychologie du spectateur en rassemblant des indices (cohérents, qui plus est) pour l’emmener où le réalisateur veut aller, c’est franchement bien vu.

Cet huis-clos forestier reprend les thèmes chers au cinéma horrifique, à savoir la famille et ses dysfonctionnements. Une nouvelle épouse, une adolescente difficile, un petit frère peureux, un père qui ne sait pas comment s’y prendre, tout ce que vit la famille Vineyard dans les bois n’est que le reflet de son quotidien où, au final, il est nécessaire de vivre ensemble et de se serrer les coudes pour survivre. Du moins, pour que la vérité éclate.

La fin du métrage peut paraître complètement bâclée, se terminant sur une attaque directe et laissant le terrible choix au spectateur de se faire sa propre opinion sur la suite des événements. Pourtant, en restant après le générique, l’on en apprend plus sur ce qu’il s’est vraiment passé et on découvre également que pour l’un des membres de la famille, les choses ne sont pas encore terminées. Restez donc après l’image finale.

The Forest est plus malin que ce que l’on pourrait croire. Malgré quelques longueurs (surtout en milieu de métrage) et des prétextes parfois un peu exagérés, on se retrouve plongé dans les bois avec la famille Vineyard pour le meilleur mais aussi pour le pire. Psychologiquement bien vu, abusant de notre crédulité (voire de notre expérience) de spectateur, c’est un chouette drame horrifique qui se déroule sous nos yeux, nous apportant presque l’envie d’aller faire quelques jours de camping pour décompresser.

Et prenez un bazooka avec vous, au cas où.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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