Un film qui crâne

Officiellement, The Wretched est sorti le 19 juillet 2019 lors du Festival international du film Fantasia. C’est en 2020, notamment en raison d’une certaine pandémie, que le métrage est distribué en drive-in et en VOD. Avec une histoire d’adolescents, de sorcière et de disparitions d’enfants, on part sur un bon vieux film d’horreur des familles. Mais cette production, réalisée par les Pierce Brothers, va-t-elle nous faire frissonner ? Le film est-il pertinent ? Le fait qu’il soit resté 1er au box-office pendant six week-ends consécutifs, détrônant ainsi Avatar de James Cameron, est-il justifié ? On prend son kit anti-sorcellerie et on se lance dans la critique.

Ben (John-Paul Howard), 17 ans, s’en va retrouver son père Liam (Jamison Jones) alors que ses parents sont séparés. En l’aidant à travailler à la marina du coin, le jeune homme fait la connaissance de Mallory (Piper Curda) qui ne le laisse pas indifférent. Mais depuis son arrivée, il remarque des choses louches chez ses voisins. Se pourrait-il qu’une sorcière soit à l’œuvre ?

On démarre le film avec une scène d’introduction tout en musique des années 80 en nous faisant arriver dans une maison de banlieue en même temps qu’une baby-sitter. Celle-ci entre dans la bâtisse, s’étonne de ne voir personne, vérifie qu’est-ce qui peut bien faire du bruit à la cave et se retrouve nez à nez avec une créature qui est en train de dévorer la fille qu’elle devait garder. Charmant comme mise en bouche, non ?  

Puis, le sympathique Ben débarque chez son papounet. Adolescent typique, il est serviable, a de l’esprit et ne représente en rien le jeunot rebelle qui passe par une crise existentielle. Rôle bien interprété par John-Paul Howard, on se laisse prendre au jeu de la routine instaurée au personnage. Son travail à la marina, sa rencontre avec Mallory, sa soirée entre « potes » se terminant par une blague nulle, tout concourt à la mise en place des actions quotidiennes.

Le père de Ben, Liam, n’est pas en reste. Avec une filmographique sympatoche, Jamison Jones se fond impeccablement dans le rôle du père proche de son fils et souhaitant plus que tout conserver une entente malgré la situation quelque peu tendue avec la mère de celui-ci. La jeune Mallory tente d’en savoir plus sur Ben en restant convaincante et convaincue.

Mais quelque chose cloche avec les voisins de Ben. Abbie (Zarah Mahler), son mari Ty (Kevin Bigley) et leurs deux enfants ont tout de la famille carte postale. Mais après avoir ramené un cerf qu’elle a percuté avec sa voiture, une chose hideuse en sort et à partir de là, le comportement d’Abbie change radicalement, ce que Ben remarque aussitôt.

On attaque alors une partie du métrage qui m’a puissamment fait penser à Paranoïak ou encore Vampire, vous avez dit vampire ? Le coup de l’adolescent qui constate des trucs chelous chez ses voisins, c’est une méthode connue au cinéma, bien qu’ici on nous propose de suivre les agissements d’une sorcière. Qui plus est, le métrage ne va pas s’attarder à nous montrer uniquement les constations à distance de Ben et va nous plonger dans les terribles transformations d’Abbie.

En continuant d’arpenter l’histoire, on en apprend un peu plus sur les événements et à quelle créature ils sont liés. En conservant une atmosphère étrange, que ce soit dans les plans ou dans les dialogues, les frères Pierce parviennent à nous garder attentifs au moindre détail et nous préservent de l’ennui qui pourrait intervenir. Quelques jump scares viennent ponctuer l’affaire et l’ambiance globale reste tendue car, au final, on ne sait pas vraiment ce que veut cette… chose.

La sorcière en question prend toute son ampleur dans la dernière partie où, après s’être littéralement débarrassée de son pyjama de chair, elle s’en retourne dans son antre, poursuivie par un Ben qui vient de se prendre un bon vieux twist en plein dans la gueule. Eh oui, tout comme nous, la révélation qui arrive avant la confrontation finale, Ben ne l’avait pas vu venir ! Une surprise bien vue qui prend le spectateur à contre-pied et remet en cause ce que nous avons vu jusqu’ici.

Pour en revenir à la sorcière, la bougresse possède un design certes conventionnel mais efficace, assez pour nous ramener à cette lointaine époque où les contes contenant une méchante dame bouffant des enfants pouvaient nous coller les miquettes. Son astuce ? Faire oublier les enfants qu’elle kidnappe à leur entourage pour éviter qu’elle ne se fasse poursuivre. Astucieux, non ?  

Le final ne surprend pas outre mesure mais reste dans ce que nous pouvions en attendre. Puis, arrive l’épilogue et comme souvent dans les films d’horreur, les méchants ne sont jamais vraiment détruits, n’est-ce pas ? On peut dire ce que l’on veut mais un film d’horreur qui se termine avec des petites fleurs colorées et des licornes qui pètent des Skittles, ça ne le fait pas.

En reprenant des thèmes et des manières de construire l’histoire que nous connaissons déjà, les Pierce Brothers ont fait un pari risqué. Pourtant, c’est dans la mise en place de leurs idées que le film prend un essor particulier, assez pour en devenir intéressant, captivant et aisément regardable. Les thèmes sont d’ailleurs connus, notamment l’adolescence et son lot de problème, mais aussi les distances familiales ainsi que la représentation de l’oubli.

Efficace et plaisant à regarder, The Wretched est un bon film d’horreur. Des acteurs qui font bien leur travail, quelques moments de sursauts, une tension bien amenée et un monstre revenu du fin fond de notre mémoire d’enfant, les réalisateurs marquent un bon point et nous font passer un chouette moment popcorn. A voir pour tous les amateurs et ceux qui veulent définitivement faire passer la sorcière de Blanche-Neige pour une mégère de bas étage.

Comme quoi, on peut parfois être surpris.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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