Vous vous sentez seul ?

Voir un bon film d’horreur, ça fait toujours plaisir. Sorti en 2020, Come Play peut se définir comme tel. Basé sur un court métrage de Jacob Chase (que vous pouvez visionner en cliquant sur CE LIEN), le réalisateur se place derrière la caméra pour adapter son histoire en long métrage. Un enfant autiste, des parents sur les nerfs, un monstre terrifiant, tous les ingrédients semblent réunis pour passer un chouette moment horrifique. Est-ce réellement le cas ? Passer son temps devant les écrans, est-ce une mauvaise idée ? Voulez-vous être l’ami de Larry ? Pour tenter d’en savoir plus, on allume sa tablette et on se lance dans la critique.

Sarah (Gillian Jacobs) et son mari Marty (John Gallagher Jr.) sont dans une phase difficile. Leur jeune fils Oliver (Azhy Robertson), autiste, demande beaucoup d’attention et les tensions se font de plus en plus présentes dans le couple. Sans ami, Olivier découvre l’histoire de Larry sur son portable. Il s’agit d’un monstre incompris qui veut plus que tout avoir un ami… et il a choisi Oliver.

Tout d’abord, les acteurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Gillian Jacobs (Bad Milo!, Visions) se défend dans le rôle de la mère fatiguée par la situation et cherche plus que tout à communiquer avec son fils. Même si le personnage, à mon sens, aurait mérité un peu plus de profondeur, le constat est tout à fait correct. John Gallagher Jr. (Underwater, The Belko Experiment, 10 Cloverfield Lane) est impeccable en paternel sympathique et nous offre quelques belles scènes de tension.

Les enfants ne sont pas en reste, particulièrement le jeune Azhy Robertson qui envoie du lourd dans sa prestation. Portant majoritairement le film sur ses épaules, on peut dire qu’il s’agit d’une belle prouesse. Son pote de classe, Byron (Winslow Fegley) est également dans le tir et nous offre même une leçon de vie en fin de métrage. Bref, dans le casting, bien que potentiellement restreint, peu de choses à redire.

L’histoire pose un constat certes simple mais ô combien efficace. Un jeune garçon autiste se retrouve aux prises avec une entité malveillante qui veut faire de lui son ami. Découvrant le personnage de Larry via son écran de smartphone, le jeune Oliver va déclencher des événements surnaturels bien flippants, la créature se rapprochant irrémédiablement de sa proie au fur et à mesure que l’histoire avance.

On assiste alors à des scènes de tension bougrement bien fichues, jouant habilement avec nos nerfs. L’utilisation des arrière-plans, les jump scares bienvenus, les écrans omniprésents, le design du monstre, tout va dans le sens de nous coller les miquettes tout en gardant un récit avec une bonne consistance. Nous avançons dans une histoire où un appareil de mesure laser, une application sur tablette avec des filtres ou le moindre écran peut devenir une terrifiante menace.

On peut citer aussi le parking où travaille Marty (lieu principal de l’intrigue du court métrage), nous proposant quelques bons moments de tension ou encore la soirée pyjama qui tourne au drame, durant laquelle Oliver et ses « amis » vont se retrouver face au terrible Larry. D’ailleurs, c’est qui ce type ?

Eh bien, on n’en saura pas des masses sur cette entité, mis à part qu’elle se trouve potentiellement dans un monde numérique et qu’elle ne peut passer dans le nôtre qu’à certaines conditions. Même si le fin mot n’est pas donné sur l’identité du monstre, n’en reste qu’il est incompris (comme le mentionne le titre de son histoire) et dangereux. Qui plus est, son design, bien que surfant énormément sur celui du bestiaire filiforme de ces dernières années, reste à la fois étrange, intrigant, flippant et touchant.

On déambule donc dans ce récit ponctué de réelles scènes de trouille pour en arriver à un final d’une cohérence absolue. La dernière scène se déroulant dans le salon de la petite famille peut même parvenir à vous tirer les larmes si vous êtes un tant soit peu sensible. Franchement, un bon boulot !  

Alors oui, on peut se référer à pas mal de métrages du genre. En visionnant Come Play, plusieurs films me sont venus en tête ; Mama, d’Andrés Muschietti (2013), Mister Babadook, de Jennifer Kent (2014) ou encore Dans le noir, de David F. Sandberg (2016). Cependant, le film ici présenté a son identité propre et à aucun moment nous n’avons l’impression de nous trouver dans un autre métrage. Il s’agit-là simplement de références que l’on peut déceler lors de certaines scènes. Le film reste entièrement entre les mains de son créateur.

On voit donc que le réalisateur Jacob Chase aime le genre horrifique, s’y connaît et sait le manier. Qui plus est, on se retrouve avec un film abordant une masse de sujets pertinents ; la difficulté du couple pour l’éducation, l’amitié, les relations entre parents et enfants, le courage qu’il faut pour organiser sa vie lorsque son enfant est différent. Autant de sujets qui sont traités en toile de fond.

La dangerosité des appareils connectés pour les enfants peut également être soulevée. Après tout, c’est grâce à son téléphone portable qu’Oliver apprend l’existence de Larry pour la première fois. Cela serait-il un appel à la prudence sur le contenu que les bambins peuvent trouver en ligne, comme l’avait fait judicieusement une publicité de l’époque en nous narrant que tout ce que nos têtes blondes voyaient sur leurs écrans s’invitait dans leurs chambres ?

Au-delà de ça, le film parle aussi et surtout de solitude. Il y a celle d’Oliver, peinant à se faire des amis du fait de sa différence. Celle de sa mère, Sarah, ne trouvant pas l’approbation dans le regard de son fils et se sentant délaissée par son mari. Celle de ce dernier, travaillant seul au milieu d’un parking la plupart du temps désert. Et bien entendu, celle de Larry, monstre incompris qui ne cherche qu’à se faire un ami. Ce sujet, vaste, est ici extrêmement bien traité pour chacun des personnages car au fond, nous sommes tous seuls face à nous-même. Et celui qui n’a jamais été seul un moins une fois dans sa vie… bon, OK, je ne vais pas citer du Garou, quand même.

Efficace dans son approche comme dans sa réalisation, Come Play nous invite à venir passer un moment de jeu horrifique comme on aimerait en avoir plus souvent. Avec un casting bien fichu, une histoire qui tient la route, une réalisation pas loin d’être exemplaire, un monstre terrifiant et un final qui emballe le tout dans un magnifique ruban, je le conseille vivement à tous les amateurs du genre. Et face à son écran, on se sent un peu moins seul.

Pas vrai, Larry ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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