Le mot magique

L’univers cinématographique DC nous a proposé jusqu’ici six films mitigés. Tantôt grandiose, tantôt foutraque, chacun des métrages possède ses bons et moins bons côtés. Avec son envie de rattraper le temps perdu par rapport à son principal concurrent Marvel, on appréhende les sorties dans cet univers en se demandant qu’est-ce qui va nous arriver. C’est ainsi que débarque Shazam! en 2019. David F. Sandberg est à la réalisation. Après plusieurs courts-métrages, il réalise les films d’horreur Dans le noir (2016)et Annabelle 2 : La Création du mal (2017). Le réalisateur va-t-il être la hauteur ? DC Comics redore-t-il son blason ? Le costume kitsch réussit-il à convaincre ? On prononce le mot magique et on s’embarque dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Billy Batson (Asher Angel), âgé de 14 ans, passe de famille d’accueil en famille d’accueil. Fugueur, possédant un mépris total pour l’autorité, il recherche activement sa mère après s’être égaré dans une fête foraine quand il était petit. Arrivant dans la famille Vasquez, il fait la connaissance des autres enfants placés et peine à s’intégrer. C’est lors d’un étrange voyage en métro qu’il va rencontrer un puissant sorcier qui va lui donner de puissants pouvoirs dans le but de stopper le Dr. Sivana (Mark Strong), un homme possédé par les Sept Péchés Capitaux.

Avec ce film, on retrouve l’essence même du comics d’origine, possédant un fun décomplexé tout en conservant un aspect mature totalement assumé. De prime abord, on pourrait se dire qu’il va s’agir d’une comédie super héroïque, mais dès les premières minutes, on comprend que nous allons être témoin d’autre chose. Une chose beaucoup plus intéressante.

On démarre fort avec l’explication de l’origine de la rancœur de Thaddeus Sivana. Durant cette introduction, nous avons notamment le plaisir de retrouver un certain John Glover, qui s’était déjà frotté à l’univers des super-héros dans Batman & Robin et Smallville. Le ton est donné ; le film possède un côté sombre non négligeable et terriblement attrayant.

Viennent ensuite les mésaventures du jeune Billy Batson, personnage joué impeccablement par Asher Angel. Aimant semer le chaos et prêt à tout pour retrouver sa mère, il fait la connaissance de la famille Vasquez composée des parents Victor (Cooper Andrews) et Rosa (Marta Milans) ainsi que des enfants ; Mary (Grace Fulton), la grande sœur responsable ; Eugene (Ian Chen), le gamer qui ne voit pas le temps passer ; Pedro (Jovan Armand), ami fidèle mais peu volubile ; Darla (Faithe Herman), la petite sœur bavarde ; et surtout Freddy (Jack Dylan Grazer), fan des super-héros Superman et Batman, qui devient le meilleur ami de Billy… et également son acolyte.

Chacun des rôles est interprété magnifiquement et il n’y a pratiquement rien à redire sur les prestations des acteurs, jeunes comme plus âgés. Le ton est juste, liant même une certaine émotion avec chacun d’eux et nous offrant des personnalités concrètes et entières. Cela dit, il en va de même pour le rôle de Shazam lui-même, joué par Zachary Levi. En roue libre, sachant manier le côté ado du personnage avec brio, il peut être tantôt comique, tantôt héroïque. Il est intéressant de constater que l’acteur a déjà participé à l’univers cinématographique Marvel dans le rôle de Fandral dans Thor : Le Monde des ténèbres et Thor : Ragnarok.

Shazam possède donc les pouvoirs du sorcier du même nom. Les lettres composant son patronyme représentent les dons qui lui sont attribués (la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure). C’est après un acte héroïque de Billy que ce dernier va se retrouver dans une étrange station de métro où sa rencontre avec le sorcier va changer sa vie.

Mais dans quel but obtient-il ses pouvoirs ? Eh bien, le Dr. Thaddeus Sivana, ancien potentiel Shazam n’ayant pas réussi le test, va obtenir l’appui des Sept Péchés Capitaux, des démons avec une franche sale gueule qui lui octroient une potentielle invulnérabilité. Afin d’éviter que ces fléaux ne détruisent le monde, le sorcier opte donc pour transmettre ses pouvoirs à Billy avant de s’évanouir en poussière.

Le super-méchant est interprété par un Mark Strong en grande forme. Après avoir été également l’antagoniste principal du film Kick-Ass, on le retrouve ici avec des pouvoirs immenses et une rancune tenace contre celui qui a obtenu ce que lui n’est pas arrivé à atteindre. Avec sa tête de l’emploi, il s’agit sans conteste d’un excellent vilain, aidé qui plus est par sept démons à la fois bien fichus et convenablement flippants.

Pour en terminer avec le casting, on peut noter la présence de Lotta Losten, actrice principale du court-métrage Lights Out du même réalisteur, également de la partie dans le film tiré de ce court, Dans le noir, interprétant dans Shazam! une scientifique qui ne fait pas long feu. Et pour parler de caméo, avez-vous vu la poupée Annabelle en début de métrage ? 

Mais revenons à l’histoire. D’un côté, nous avons un jeune garçon possédant des pouvoirs immenses et les utilisant pour faire de sa vie quelque chose de plus fun. Cherchant irrémédiablement une figure parentale, le fait de pouvoir se transformer en adulte rien qu’en prononçant « Shazam ! » lui permet d’attiser ce manque et sa tristesse.

De l’autre, il s’agit d’un adulte conservant un cœur d’enfant brisé, qui n’a jamais connu l’approbation de son père et qui a toujours été considéré comme un incapable, rejeté par sa famille. Donc le film porte à l’écran un face à face entre un héros et un méchant qui sont pourtant très semblables ; l’un n’a plus sa famille biologique ; l’autre l’a effectivement mais n’existe pas à leurs yeux. Autant l’un que l’autre recherche une forme de famille ; Billy la trouve via les Vasquez et leurs enfants ; Sivana la compose par l’arrivée des démons et de leurs pouvoirs.  

Au-delà de cet aspect que j’ai trouvé très sympathique, le film envoie du lourd. Tendant largement vers la comédie (le comportement de Freddy, les tests vidéo de Shazam, les punchlines pas encore au point de ce dernier), il y a également une large place pour l’action, l’émotion et la baston. La première partie pose les bases du métrage tout en gardant une bonne dose de fun et en nous proposant un spectacle que l’on apprécie vivement.

Durant sa seconde partie, le film donne une place plus importante à l’émotion et la remise en question de ses protagonistes… mais se trouve moins avare en action ! Les combats entre Shazam et Sivana sont énormes (surtout après que le premier maîtrise le vol) et l’aide de la famille de Billy apporte du fun et de la consistance à l’histoire… tout comme aux fights qui nous sont proposés.

Puis, dans sa toute dernière partie, on est à la fois surpris en bien par la tournure des événements (plusieurs Shazam, c’est la classe) et on se retrouve dans un conduit plus conventionnel et droit que jusqu’ici. Pourtant, la fraîcheur du métrage se ressent du début à la fin et on assiste à un spectacle à la fois prenant, marrant et intéressant. Tiens, j’ai comme l’impression que DC Comics reprend du poil de la bête !

Les dernières minutes sont savoureuses à souhait, Billy trouvant sa place, ses parents d’adoption étant ravis de son acceptation et le méchant étant enfermé. La scène finale dans la cafète est énorme et « l’ami » invité par Shazam pour l’occasion est une idée toute sympathique. Je vous conseille également de rester lors du générique, ce dernier dégageant un humour décomplexé et bonnard comme le reste du film, via une animation dessinée se moquant ouvertement des autres super-héros de cet univers.

C’est sans compter sur la scène inter-générique où le Dr. Sivana va faire la connaissance d’un super-vilain bien connu des amateurs du comics ; Mister Mind, une chenille qui peut paraître inoffensive… mais méfiez-vous de cet aspect rudimentaire qui cache un diabolique esprit machiavélique. Pour les plus observateurs, Mister Mind était déjà présent au tout début, observant Sivana lors de son arrivée chez le sorcier alors qu’il était enfant. Si nous assistons ici à la présentation du méchant d’un prochain film, moi je dis un grand OUI !

L’identité est une part importante du métrage, Billy ne parvenant à trouver réellement la sienne qu’après avoir retrouvé sa mère biologique qui avoue l’avoir volontairement abandonné. C’est alors que se découvrant une nouvelle famille aimante, il va trouver la force nécessaire de se battre contre Sivana pour sauver les siens… eux qui viennent même l’aider lors de la phase finale.

Chez DC Comics, on s’attend donc potentiellement à du mitigé. Dans le cas présent, on sent qu’il y a un réel travail d’écriture et nous obtenons un film qui parvient, sans excès grandiloquents, à nous proposer un spectacle à la fois drôle, émouvant et divertissant. Cela fait du bien de constater que tout n’est pas fini pour cet univers et que le prochain film, Birds of Prey en 2020, devrait techniquement continuer sur cette voie.

Moi qui m’attendais à quelque chose de moyen, j’ai été étonnamment surpris en bien. Shazam! est un vrai film de super-héros avec de la consistance, du fun, de l’amitié et de la baston à revendre. Complet, possédant des qualités indéniables dans la réalisation, j’espère vivement que la franchise va continuer sur cette voie. Car réussir à rendre crédible et sympathique une histoire comme celle de Shazam, costume compris, ce n’était pas foncièrement gagné d’avance. Fans de comics ou amoureux du cinéma, lancez-vous dans le visionnage ; vous ne serez pas déçus.

En revanche, ça doit être lourd de ne jamais pouvoir dire comment on s’appelle sans révéler son identité de super-héros…

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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