Seulement pour adultes

« Quoi ?! Critiker parle de films X sur son site ?! ». Non, fans de ciné ; il s’agit bel et bien d’un film d’horreur. En découvrant l’existence de ce métrage, j’ai été intrigué par son approche et surtout par les critiques à son égard. Avec 6,8 sur IMDB et 96% d’approbation sur Rotten Tomatoes, il était légitime que je procède à un visionnage. A la barre, nous retrouvons un certain Ti West, ayant déjà passablement de bouteille en matière de films d’horreur. Que donne alors ce présent métrage ? Possède-t-il vraiment la teneur d’un film horrifique de grand cru ? Pourquoi aller tourner des films pour adultes dans des endroits aussi chelous ? On embarque sa vaseline et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1979, Wayne, producteur de son état, décide de tourner un film X destiné au marché vidéo qui prend son essor. Il rassemble donc son équipe et particulièrement sa petite amie Maxine, future star pornographique. Afin de construire ce projet, il loue une annexe dans une ferme au beau milieu du Texas, profitant de la tranquillité des environs pour tourner en toute discrétion. Mais les propriétaires des lieux sont bien étranges…

Il faut tout d’abord préciser qu’en matière horrifique, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film de cette teneur. La majorité des codes sont respectés tout en étant renouvelés et se calquant admirablement bien sur le thème ainsi que sur l’époque.

On y retrouve donc Wayne (Martin Handerson), producteur de films pour adultes fan des slips moulants, souhaitant faire un carton avec son prochain projet, « Les filles du fermier ». Il loue donc une maisonnette sur le terrain d’une ferme au beau milieu du Texas et embarque son équipe. Celle-ci est composée de : sa petite amie, Maxine (Mia Goth), star porno en devenir ; Bobby-Lynne (Britanny Snow), actrice ayant déjà de la bouteille dans le métier ; Jackson (Scott Mescudi), acteur avec de gros arguments ; RJ (Owen Campbell), caméraman voulant révolutionner le genre ; et Lorraine (Jenna Ortega), la petite amie de ce dernier, ne connaissant rien à cet univers et le découvrant avec curiosité.

Tout ce petit monde se retrouve dans la ferme d’Howard (Stephen Ure), un vieux croulant étrange, et son épouse Pearl (également interprétée par Mia Goth), une vieille femme en pleine décrépitude. Bien que réticent à l’idée d’avoir autant de monde sur sa propriété, Howard accepte qu’ils restent. Les règles sont claires ; vous ne nous embêtez pas, on ne vous fout pas à la porte.

La petite équipe commence donc son tournage non sans se faire apercevoir en pleine action par Pearl qui semble apprécier la scène qu’elle découvre. Quelques tensions et discussions viennent s’insinuer dans le groupe, notamment la prise de décision de Lorraine de tourner dans le film, contre l’avis de son petit ami RJ, qui se voit obligé de filmer lui-même la scène dans laquelle elle va passer un bon moment avec Jackson.

Puis, une nuit, les événements vont se précipiter. Pearl semble animée d’une rage meurtrière hors normes et se met à dézinguer la petite équipe, individu après individu. On découvre alors ses réelles motivations et c’est dans une final brutal que se termine le métrage, non sans que l’on apprenne qu’une préquelle intitulée Pearl est prévue par le même réalisateur.

Bien, que pouvons-nous tirer de ce métrage ? Tout d’abord, nous avons un casting qui n’en est pas à son coup d’essai et qui nous surprend par l’authenticité des interprétations. Chaque personnalité est bien fondée et chacun possède un caractère bien trempé à sa manière. Il n’y a pas de fausse note abusive dans leur comportement et cela aide grandement à une bonne compréhension de l’histoire mais aussi à une immersion correcte.

Puis, transposer cette histoire à la fin des années 70 permet d’avoir une esthétique assez particulière pour être remarquée, lorgnant sur certains plans et aspects que l’on pourrait retrouver dans des rape and revenge (bien que ça ne soit pas le sujet ici) ou dans d’autres films iconiques, tels Vendredi 13 ou Massacre à la tronçonneuse.

L’histoire, en elle-même, est cohérente et il faut dire que le débordement de scènes horribles aide encore plus à l’affaire. Entre scènes de sexe, apparitions de Pearl, clou dans le pied, pics dans les yeux, massacre devant un van, coup de flingue et incursion de la vieille dame dans le lit de Maxine pour un instant particulièrement dérangeant, on en a pour notre rétine.

De plus, les thèmes abordés sont peu communs dans le domaine horrifique (ici, le milieu de la pornographie et l’inévitabilité de l’humain à vouloir plaire), permettant des dialogues bien sentis. La scène de discussion entre les membres de l’équipe avant la prise de décision de Lorraine en dit long sur ce qui se trame dans les coulisses du domaine et permet une compréhension toute trouvée des intérêts des protagonistes.

Et il y a ce fameux mélange entre sexe et violence, souvent mentionné dans les films de tous horizons mais poussé à son paroxysme dans le présent métrage. On peut alors faire un lien clair entre ces deux univers, le tout mis en image avec un soin des plans et de l’esthétique qui fait plaisir à voir. On passe donc l’intégralité du métrage croché devant son écran à souhaiter en découvrir plus même si certains passages mettent clairement mal à l’aise.

Pour sa nouvelle réalisation Ti West nous gratifie d’un film qui parle de beaucoup de choses et qui parvient à rester cohérent du début à la fin. Avec ses personnages réalistes, son côté rétro, ses scènes de sexe entre professionnels, son aspect brut et ses exactions violentes, X est un très bon film d’horreur qui peut se targuer de se respecter d’un bout à l’autre. Amateurs de frissons, de massacre et d’histoire qui sort un peu des sentiers battus, procédez au visionnage ; ça en vaut la peine.

Et sortez couvert !