Mais chuuuuut, p’tain !

Oui, oui, on le sait ; les suites dans le domaine des films d’horreur sont souvent clairement en-deçà du film original. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? Après une sortie fracassante de Sans un bruit en 2018, métrage maniant habilement tension, histoire intelligente, acteurs au top et trouille bien maîtrisée, sa suite est présentée en avant-première à New York en mars 2020… avant que la situation ne dégénère. Du coup, la sortie officielle de cette suite arrive en 2021. Le réalisateur-acteur-scénariste John Krasinski, ne voulait pas rempiler pour un deuxième opus. A-t-il bien fait de changer d’avis ? Dans un monde où faire le moindre bruit peut vous tuer, est-ce qu’il fait bon vivre ? Etes-vous prêt à faire silence pendant la projection ? Tout en faisant le moins de bruit possible, on se lance dans la critique.

Après la terrible attaque des créatures sur la famille Abbott, la mère Evelyn (Emily Blunt), le fiston Marcus (Noah Jupe), la fille Regan (Millicent Simmonds) et le tout nouveau membre de la famille fraîchement venu au monde doivent quitter leur planque. C’est donc en silence qu’ils se mettent en route et finissent par tomber sur Emmett (Cillian Murphy), un ami de la famille. Ayant perdu les siens, ce dernier tente tant bien que mal de survivre dans ce nouvel univers perturbant. Entre honneur, devoir, doute et remise en question, le groupe doit tout tenter pour transmettre au monde leur incroyable découverte sur la faiblesse des monstres qui pourrait bien permettre à l’humanité de survivre. 

Chose assez incroyable ; si l’on excepte les flashbacks présents dans les deux métrages, ceux-ci se déroulent sur une période de seulement cinq jours. Quand on remet les pendules à l’heure en ce qui concerne l’application du temps au cinéma, ça fait bizarre de se dire que l’on a attendu trois ans pour avoir le lendemain à l’écran.

On retrouve avec grand plaisir le casting du premier film. Bien que le réalisateur, John Krasinski, tenant le rôle du père de famille Lee, est mentionné comme étant dans le cast principal, on ne le voit cependant pas des masses à l’écran. Mais sa présence permet de conserver une cohérence absolue entre les deux métrages. Le rôle d’Evelyn, tenu par l’impressionnante Emily Blunt, est toujours au centre de tout. La survie est un élément qu’elle maîtrise et elle est prête à tout pour que ses enfants survivent. Touchante, battante, intelligente, c’est une prestation bluffante que nous offre l’actrice.

Les bambins rempilent également pour leurs rôles. Marcus, le fiston, semble avoir un peu plus de place dans ce nouvel opus, étant obligé de braver sa peur pour réussir à sauver le petit nouveau membre de la famille. Millicent Simmonds prend de l’ampleur dans cette suite avec le rôle de Regan. Jeune fille sourde (dans le métrage comme dans la vie), elle envoie du lourd tout au long du film, que ce soit par ses remarques pertinentes, sa détermination ou sa volonté de sauver les siens. Franchement, un seul mot : chapeau !

Un nouvel élément pertinent vient s’ajouter au casting ; il s’agit de la présence de Cillian Murphy dans le rôle d’Emmett. Père de famille ayant tout perdu, il survit de manière bancale dans ce monde de silence et se trouve être passablement bourru. Cependant, la rencontre avec la famille Abbott lui permet de se remettre en question et de découvrir qu’au-delà de sa survive, celle des autres peut également être déterminante. Cela le pousse, notamment, à aider la jeune Regan dans sa quête de transmettre la vulnérabilité des créatures au monde entier. Comme d’habitude, Cillian Murphy est grandiose dans ce rôle bien écrit, évoluant comme il se doit durant le métrage. A noter également la présence de Djimon Hounsou dans le rôle d’un survivant vers la fin du film. 

Là où le premier film nous bluffait par un scénario bien rodé et une situation des plus déplaisante (le fait de ne devoir faire aucun bruit pour rester en vie), ce nouvel opus nous présente moins de surprises ; on connaît les créatures, leur fonctionnement, leur point faible et le contexte global de la situation. Mais il faut bien avouer que nous avons toujours une furieuse tendance à ne produire aucun son pendant le visionnage, principalement lorsqu’il n’y en a aucun à l’écran, de peur de nous faire bouffer la gueule par l’un des monstres.

Il faut voir ce second opus comme une évolution des personnages et la découverte du monde au-delà du fait de rester terrer dans un endroit précis. Plusieurs rencontres passablement vicelardes ont lieu pendant le film (qu’il s’agisse des créatures en elles-mêmes ou des autres survivants), tout cela en restant dans le leitmotiv de ne produire aucun bruit afin de rester en vie.

C’est donc avec un certain plaisir que nous découvrons les mésaventures de la famille Abbott, leur rencontre avec Emmett, leurs astuces pour éviter de faire du bruit (à ce titre, le bébé est enfermé dans un caisson insonorisé avec une bouteille d’oxygène), leur bataille pour rester en vie et leur quête d’un mystérieux endroit où il serait possible de vivre et toute quiétude… et de passer le mot au reste du monde concernant la vulnérabilité des bestioles à l’ouïe fine. Cet endroit peut être trouvé grâce à la chanson Beyond the Sea, adaptation de La Mer de Charles Trenet.

Nous avançons donc silencieusement dans le métrage en constatant que les créatures n’ont rien perdu de leur férocité et que les autres survivants peuvent potentiellement être des salopards. Cela nous amène à une fin certes conventionnelle mais clairement cohérente avec le récit. Car le but, ici, est de narrer une histoire dans un contexte précis tout en présentant des personnages pertinents et évoluant dans ledit contexte ; c’est chose faite.

Contrairement à d’autres films du genre qui partent complètement en cacahuète lors du deuxième opus, Sans un bruit 2 continue sur sa lancée en agrandissant le monde terrible dans lequel vivent les protagonistes tout en apportant une dimension de sensibilité et de nature humaine bienvenue. En même temps, c’est bien ce que l’on recherche en regardant un film postapocalyptique, non ?

Il serait possible de regretter le peu d’informations sur les autres survivants présents dans le film. Je pense notamment à ceux rencontrés à la marina qui ont l’air sacrément pétés du cerveau. Dans ce genre de contexte, au-delà du danger représenté ici par les créatures, n’oublions par que l’homme est un loup pour l’homme et que, envers et contre tout, l’être humain reste l’élément le plus dangereux, surtout dans un contexte délétère comme celui du film.

Mais cela est ainsi ; nous sommes ici en présence d’un métrage intimiste, comme l’était le premier. Le but n’est pas de montrer une odyssée fracassante avec trompettes et bannières pour sauver le monde, mais bien de nous présenter une vie de famille dans un contexte terrifiant. La survie pour ce qu’elle est vraiment ; tout faire pour garder ses proches en vie et être prêt à tout pour que chaque jour ne soit pas le dernier. Preuve en est ; comme mentionné au début, l’histoire se déroule sur cinq jours, permettant une immersion plus profonde que large dans la situation traversée par nos protagonistes.

Avec de nouveaux personnages, une évolution de ceux précédemment présents, des créatures toujours aussi vicieuses, un scénario conventionnel mais cohérent et un fracassant silence, Sans un bruit 2 peut se targuer d’être une excellente suite. Les rumeurs d’un troisième opus, non centré sur la famille Abbott, crépitent sur Internet. A ce stade, la véritable question serait de savoir quoi raconter ensuite. Pour le découvrir, il faudra attendre, silencieusement, de nouvelles infos. En attendant, visionnez sans crainte ces deux films ; de véritables bombes silencieuses.

Restez calme et ne faites pas de bruit.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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