Vive les vacances !

Comme nous sommes en période estivale, j’ai pensé qu’un petit film d’horreur anthologique serait le bienvenu. Et avec un titre comme celui-là, ça fait doucement penser au fait que les vacances sont tout de même une chose indispensable à notre bien-être ! Avec huit courts métrages, Holidays reprend les grandes fêtes annuelles pour en faire de véritables cauchemars. Enfin, c’est selon, car si un mot peut bien définir ce film, c’est « irrégulier ». Nous avons donc l’occasion de voir ce que nous proposent plusieurs réalisateurs dans des segments de dix à quinze minutes. La Saint-Valentin, est-ce glamour ? Le Lapin de Pâques, mythe ou réalité ? Passer le réveillon avec une fille rencontrée sur Internet, une bonne idée ? C’est avec impatience et déception que je vous propose de revoir ensemble les plus grandes fêtes de l’année à la sauce horrifique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

1er segment – Valentine’s Day

Maxine est une jeune adolescente complexée, amoureuse de son prof de gym (ce dernier attendant impatiemment une greffe de cœur) et rudoyée par la peste du nom d’Heidi. Recevant une carte de Saint-Valentin de son entraîneur d’amour, la suite implique un cutter, Heidi et un cadeau de Maxine à l’élu de son cœur.

On commence de manière standard et convenue. Les réalisateurs, Kevin Kölsch et Dennis Widmyer (à qui l’on doit le récent Simetierre) y vont pépère en nous proposant un segment conventionnel en tous points mais avec une touche de bizarre et une bonne prestation de la jeune Maxine (Madeline Coghlan) qui n’a pourtant pas une seule ligne de dialogue. Son regard à la fois fou et naïvement amoureux, calqué sur un effet de lumière et agrémenté d’une musique voletante, aide certainement à l’affaire. Malgré la présence de Rick Peters (un habitué des séries comme Dexter), le décollage d’Holidays ne se fait pas en trombe et même si l’idée est sympathique, elle ne nous fait pas prêter un grand intérêt.

En même temps, on peut prendre au pied de la lettre d’offrir un cœur à la Saint-Valentin.

2ème segment – St. Patrick’s Day

Elizabeth est une enseignante qui veut par-dessus tout tomber enceinte. Après une surdose de picole lors de la fête de la Saint-Patrick, elle se réveille dans une voiture entourée de mues de serpents. C’est le début d’une grossesse par comme les autres.

Ici, ça démarre pourtant bien car un sentiment de tension est immédiatement instauré par la présence de la toute jeune Isolt McCaffrey jouant le rôle de Grainne, une gamine au sourire plus terrifiant que sa moue traditionnelle. Pour le reste, on est dans le convenu et même si la prestation de Ruth Bradley en Elizabeth est acceptable, on regrette que la mise en tension ne soit qu’un prétexte à une fin complètement WTF. La présence d’un sosie capillaire d’Elvis et un serpent arborant fièrement la même coupe de cheveux n’aide pas à prendre tout ce qui s’est passé précédemment au sérieux. Ça devait être grinçant mais ça en devient pratiquement pathétique. Le réalisateur Gary Shore, à qui l’on doit Dracula Untold (eh oui…), ne parvient nullement à faire transpirer son Irlande natale de ce métrage.

Un Leprechaun et un chaudron rempli d’or aurait mieux passé.

3ème segment – Easter

Prête à s’endormir, une petite fille partage son incompréhension de Pâques avec sa mère. Est-ce que Jésus et le Lapin ont quelque chose à voir ? Comment fait le Lapin pour entrer dans la maison alors que les portes sont closes ? Existe-t-il vraiment ? Au milieu de la nuit, la fillette va se chercher un verre d’eau et fait une rencontre des plus surprenantes et effrayantes.

Là, on tient quelque chose ! Le réalisateur Nicholas McCarthy gravite dans le domaine horrifique depuis quelques années. Après un dialogue surréaliste entre une mère et sa fille, on démarre le suspense à proprement parler. La tension prend un nouvel essor lorsque la fillette rencontre le terrifiant Lapin de Pâques. Créature horrible qui aurait passé crème dans Le Labyrinthe de Pan comme cousin du Pale Man, c’est Mark Steger derrière le maquillage, un habitué des créatures et de Nicholas McCarthy. Ce monstre, frappé des stigmates du Christ, déroule son message terrifiant à la jeune fille (Ava Acres, American Horror Story) et le segment se termine sur un verrouillage de fenêtre après une transformation en ombres chinoises. On ne tient pas ici un chef d’œuvre absolu mais après ce qu’on a vu, on souffle un bon coup et on se dit qu’au final, rien n’est vraiment perdu.

Et puis c’est bien connu ; on ne peut pas créer de Lapin de Pâques sans casser des œufs.

4ème segment – Mother’s Day

Kate a un léger souci ; elle tombe systématiquement enceinte après chaque rapport sexuel. Son médecin lui conseille d’opter pour une thérapie moins conventionnelle et elle se retrouve dans un rituel en plein désert avec d’autres femmes, toutes stériles. Elle va en fait servir de passerelle pour les enfants qu’elles ne peuvent avoir.

On pensait que la Saint-Patrick était naze ? Attendez de voir ce segment ! Réalisé par Sarah Adina Smith, c’est un pack d’incohérences et de non-dits frustrants. La facilité déconcertante avec laquelle la jeune Kate se fait embrigader dans cette fiesta païenne ne laisse pas de place au doute ; ça va être pourri. Kidnappée, personne ne semble se soucier de son absence pendant plusieurs mois et en plus, pour renforcer l’incohérence, la standardiste du 911 a l’air de tout vouloir sauf y mettre du sien pour sauver la jeune femme. La dernière image du segment pourrait nous faire penser à une reprise de Gozu mais ne parvient qu’à confirmer ce que l’on s’est dit depuis le départ ; on va s’ennuyer sévère. Et puis, quel rapport avec la Fête des Mères ?

Un stock de capote valait clairement mieux qu’un voyage dans le désert.

5ème segment – Father’s Day

Carol rentre chez elle et découvre un colis contenant un magnétophone et des écouteurs. Elle s’empresse de démarrer la lecture de la cassette et découvre avec stupéfaction qu’il s’agit de son père qu’elle croyait mort depuis des années. Il lui donne des indications si elle veut le retrouver. Elle ignore que ce voyage sera sans retour.

Habitué des courts métrages et ayant bossé sur les effets visuels dans Le Dernier Exorcisme, Partie II, Anthony Scott Burns nous livre ici un étonnant paquet. Dirigeant habilement Jocelin Donahue (The House of the Devil), le segment nous tient en haleine par l’unique présence vocale d’un père absent pendant trop d’années. On boit ses paroles, on a envie de savoir ce qu’il s’est passé et en s’embarque sur le chemin de la rencontre avec Carol, sourcillant même un certain enthousiasme à l’idée de retrouver le paternel. Mais on le sait ; tout ne va pas se passer comme prévu. Même si la fin est conventionnelle et abrupte en même temps, la tension laissée par la simplicité de l’histoire vaut tout de même de hisser ce segment dans le haut du panier.

N’oubliez pas de rembobiner.

6ème segment – Halloween

Le soir d’Halloween, trois jeunes filles sont cloîtrées chez Ian, leur « patron » dans une affaire de shows sexy sur webcam. La tension monte entre les femmes et leur geôlier avant que tout ne dérape. En cette fin de soirée, c’est Ian qui sera la star devant la webcam… et les filles qui dictent les règles.

Attention, c’est du Kevin « Silent Bob » Smith ! Il faut donc s’attendre à une mise en scène discordant complètement avec le reste de la globalité du métrage… et c’est le cas. Langage fleuri, insultes gratuites, présence de la fille même du réalisateur, Harley Quinn Smith, dans le trio de vendeuses de charmes, on sent bien qui tient les rênes de ce segment. Après une dispute où Holly (la fille de Kevin Smith) mentionne que plusieurs femmes forment un sabbat, on s’attend à ce que ça dérape violemment version Salem. Eh bien non. Au contraire, on va passer en mode Saw où Ian devra choisir entre la mort (à grands coups d’électrochocs là où je pense) ou la survie (nécessitant qu’il se créée un organe féminin), tout ça devant la webcam. Le segment se termine sur une blague comme seul Kevin Smith sait en faire. On aime ou on n’aime pas, mais la cassure entre ce métrage et les autres est tout même hyper violente et le rapport avec Halloween aurait pu être mieux traité. On va dire que c’était la blague de Kevin Smith en s’immisçant dans Holidays.

« Alors fais-en une » *glisse le couteau sous la porte

7ème segment – Christmas

En période de Noël, Pete peine à trouver le cadeau idéal pour son fils ; un casque de réalité virtuelle révolutionnaire appelé UVU. Quand un homme en pleine crise cardiaque s’avère être le détenteur de l’objet tant convoité, Pete le laisse mourir en emportant son bien. Puis, cette mort se met à le hanter.

On a beau dire, ça fait plaisir de revoir Seth Green à l’écran ! Notre loup-garou de Buffy contre les vampires ne change pas son style et parvient toujours à bien s’en tirer dans toutes les situations. Seulement, il fallait un scénario un poil plus convaincant pour nous mettre en état de jouasserie. La prestation de son épouse, jouée par Clare Grant est aussi sympathique mais même postulat ; on s’ennuie ferme. Avec quelques relents d’un Black Mirror du pauvre, le réalisateur Scott Stewart (Legion, Priest) ne nous fait décoller à aucun moment. Le segment se termine mollement avec quelques effusions de sang en ne fournissant pas réellement de raisons ni d’explications. Bon, on a revu Seth Green à l’écran quand même, mais ça ne fait pas tout. Une nouvelle fois, avec une fête comme Noël, il y avait sans doute autre chose à faire.

Fais du feu dans la cheminée, comme disait l’autre.

8ème segment – New Year’s

Reggie a quelques problèmes relationnels. Après avoir assassiné son rendez-vous, il s’empresse d’en prendre un nouveau via un site de rencontres. Il fait la connaissance de Jean, une jeune femme avec qui il décide de sortir pour le Nouvel-An. Après leur rendez-vous, ils se rendent chez elle. Reggie pense qu’il va conclure, mais il est loin du compte.

Adam Egypt Mortimer réalise ce dernier segment sur un scénario de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer, les réalisateurs du premier. Voilà, la boucle est bouclée ! Pourtant, on sort avec un goût d’inachevé. Habitué des voix dans les jeux vidéo et ayant plusieurs métrages à son actif, Andrew Bowen joue un Reggie convaincant et malaisant. Jean est interprétée par Lorenza Izzo et reste dans le tir. Pourtant, aucune tension ne vient s’acharner sur nous, même quand Reggie découvre les morceaux de corps dans l’armoire à pharmacie de Jean, un peu à la mode Seth Brundle dans La Mouche. Puis, on passe en American Psycho avec l’attaque à la hache de la jeune femme, terminant sa soirée dans une petite danse improvisée après en avoir fini avec sa victime. Donc, pas grand-chose à se mettre sous la dent avec ce dernier segment.

Et bonne année !

Conclusion

Holidays est-il un bon film d’horreur anthologique ? Non, il ne faut pas se leurrer. Sur les huit métrages proposés, deux sortent du lot mais tout le reste est soit conventionnel, soit malvenu, soit carrément foireux. Très peu à retirer donc de ce film à sketchs qui ne pourra passionner que les avides absolus du savoir universel en matière de métrages horrifiques. Pour les autres, prenez des vacances et passez votre chemin.

Ouais… ça donne envie de revoir Les Dents de la Mer et d’aller à la plage.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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