Ben mon vieux !

M. Night Shyamalan, c’est un peu les montagnes russes en matière de cinéma. Après des cartons comme Sixième Sens (1999), Incassable (2000) ou Le Village (2004), il se ramasse avec des films comme La Jeune Fille de l’eau (2006) ou Le Dernier Maître de l’air (2010). Puis, il revient sur le devant de la scène avec The Visit (2015) ainsi que Split (2017) et Glass (2019). Ouaip, ça vaudrait le coup de faire une analyse de son œuvre pour mieux comprendre ces hauts et ces bas.

Mais la question n’est pas réellement là. Il s’agit plutôt de déterminer ce que vaut son dernier métrage baptisé Old. Eh bien, à la base, c’est un roman graphique, Château de sable, écrit par Pierre Oscar Lévy et illustré par Frederik Peeters (un Français et un Suisse). L’histoire l’ayant touché, le réalisateur décide de mettre cela en image pour une sortie en 2021. Est-ce qu’une plage, ça peut être dangereux ? Que penser de la fuite du temps dans nos vies ? Une bonne crème anti-ride aurait-elle pu arranger les choses ? On prend son parasol et on s’installer sur la plage de Old pour passer à la critique !

Guy (Gael Garcia Bernal), Prisca (Vicky Krieps) et leurs deux enfants s’en vont pour une journée à la plage avec d’autres personnes, dans le cadre de leurs vacances bien méritées. Seulement, des événements étranges commencent à se produire ; le corps d’une femme est retrouvé, les enfants semblent avoir une faim insatiable et le temps a une emprise bien particulière sur les personnes présentes. Ne pouvant s’échapper de cette plage, ils doivent se rendre à l’évidence ; leurs vies pourraient bien défiler entièrement à cet endroit.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on retrouve du style Nighty avec ce nouveau film ! Sur l’heure et demie du métrage, le cinéaste reprend ses bonnes vieilles ficelles pour nous présenter une histoire autant angoissante que prenante. Chapeau également aux acteurs, tous bien dans leurs rôles. Les personnages des enfants devaient particulièrement être attentifs car plusieurs comédiens interprétaient le même rôle, vu qu’ils grandissent bien trop vite, les bambins !

On démarre le métrage tout en douceur avec la présentation de la famille de Guy. Le couple bat clairement de l’aile et décide de se faire une dernière session de vacances avant que tout ne se termine entre eux. Les enfants, Maddox, 11 ans (Alexa Swinton), et son petit frère Trent, 6 ans (Nolan River), ressentent bien cette tension et tentent de faire avec. L’hôtel leur propose alors une sortie spéciale sur une plage privée, histoire de passer du bon temps tranquille.

La petite famille accepte et se retrouve dans ce lieu idyllique avec d’autres clients ; Chrystal (Abbey Lee Kershaw), adepte de son apparence, sa fille Kara, 11 ans (Mikaya Fisher) et son mari Charles (Rufus Sewell), chirurgien ayant un comportement assez étrange, et la mère de celui-ci, Agnes (Kathleen Chalfant) ; Mid-Sized Sedan (Aaron Pierre), un rappeur connu et reconnu ; ainsi que le couple Jarin (Ken Leung) et Patricia (Nikki Amuka-Bird).

A noter que ça fait plaisir de revoir Rufus Sewell dans un rôle qui lui colle admirablement bien. Notons aussi la présence d’Alex Wolff (Trent à 15 ans), Eliza Sclanlen (Kara à 15 ans), et même la fille de Clint Eastwood, Francesca, comme employée de l’hôtel. Le réalisateur M. Night Shyamalan fait plus qu’un caméo puisqu’il endosse le rôle du conducteur du bus de l’hôtel… et même un peu plus que ça.

Bref, tout ce petit monde se retrouve sur la plage. Les enfants s’amusent, les adultes bronzent ou lisent un bon vieux bouquin ; tout semble se passer admirablement. Cela jusqu’à ce que le corps d’une femme flotte jusqu’à eux et que les enfants semblent irrémédiablement grandir d’heure en heure. Qu’est-ce qui se passe sur cette foutue plage ?

A partir de là, les choses deviennent de plus en plus inquiétantes ; dégénérescence, fille qui tombe enceinte, tension plus que palpable entre les différentes personnes présentes, la conclusion est claire ; le temps n’est pas le même dans ce cadre paradisiaque. En effet, une heure équivaut approximativement à deux années de vie. Et suivant l’âge des protagonistes, cela a une influence non négligeable.

Bien que le réalisateur use et abuse de son propre style (travelings, plans fixes décalés), il arrive à instaurer une ambiance pleine et entière, un huis clos tendu à ciel ouvert dans un cadre magnifique. Bien que l’endroit soit une véritable carte postale, M. Night Shyamalan parvient à nous rendre complètement parano et nous faire passer un moment de délicieuse angoisse liée à des thématiques bien senties.

La conclusion de cette affaire ; bien que l’on ne sache pas les véritables origines de cette plage (et c’est tant mieux), son utilisation est clairement mentionnée. Le sujet est louable sur le fond mais l’est clairement moins sur la forme, ce qui apporte une question supplémentaire ; est-ce que la fin justifie les moyens ? Je vous laisse la surprise du final (qui n’est pas réellement un twist comme Nighty nous en a fait par le passé) mais qui soulève tout de même une question de fond.

Les questions, il y en a passablement durant le métrage et les différents thèmes présents sont assez pertinents pour tous nous concerner. On y parle (vous l’avez certainement compris) de la fuite du temps. En l’espace d’un film, ce sont toutes les vies des personnages qui se déroulent sous nos yeux, étriquées dans un unique endroit d’où on ne peut s’échapper. La maladie a également une place prédominante dans l’histoire. En ce qui concerne les liens familiaux, je pense qu’il n’est même pas nécessaire de préciser qu’il s’agit-là du pilier central.

Il vaudrait la peine de creuser un peu cette histoire, tant le roman graphique Château de sable que le film de M. Night Shyamalan, les deux traitant de thèmes qui horrifient l’être humain depuis l’aube des temps et sur lesquels il est pertinent de s’arrêter quelques instants. En restant d’un calme absolu durant tout le traitement de son film et en nous proposant quelques séquences carrément terrifiantes (la grotte avec Maddox, Trent et Chrystal), le réalisateur semble retrouver son style d’avant.

Cependant, en arrivant en fin de métrage, on ne peut s’empêcher de penser que l’on vient d’assister à quelque chose de tout à fait « shyamalanesque » mais tout de même un peu creux. Même si les thèmes abordés sont intéressants et sont puisés dans les propres craintes du réalisateur, tout semble être allé… trop vite. Bien que le temps file sur cette étrange plage, nous sommes, tout comme les protagonistes, obligés de suivre la cadence qui va irrémédiablement trop vite. En même temps, c’est sans doute aussi un peu le but du film, non ?

En nous présentant un métrage bien structuré, avec des personnages intéressants et une trame peu habituelle, M. Night Shyamalan peut se targuer de faire un retour comme il se doit dans sa filmographie. Bien qu’usant un peu trop de son propre style et nous laissant sur une globalité du film plus pauvre que ce que l’on pourrait croire, n’en reste que l’heure et demie passée sur cette plage ne laisse pas indifférent. A voir pour tous les fans du roman graphique, pour ceux de Shyamalan et pour les intéressés de métrages qui ne se contente pas simplement d’images choc pour nous faire tressaillir. Le temps, lui, est un ennemi indestructible.

Sur ce, ‘faut que je me grouille ; une vie, c’est court.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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