L'émancipation du DCU

Vu au Cinéma Colisée de Couvet

L’univers cinématographique DC a connu pas mal de remous ces dernières années. Tantôt la surprise est excellente (Wonder Woman, Shazam!), tantôt ça reste irrémédiablement bancal (Justice League, Suicide Squad). Le 8ème film de cet univers est Birds of Prey, sous-titré et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn. Petite amie du Joker déjà présente dans le tristement célèbre Suicide Squad, le métrage nous narre son émancipation après sa rupture avec le Clown Prince du Crime et la découverte de l’équipe des Birds of Prey, un groupe de femmes défendant les rues de Gotham City. Cette team a déjà été adaptée à la télévision dans la série Les Anges de la Nuit (2002-2003) où l’on voit d’ailleurs la première apparition live de Harley Quinn sous les traits de Mia Sara. Pour le film ici présent, c’est la réalisatrice Cathy Yan qui se trouve aux commandes, ayant la pénible tâche de nous faire oublier Suicide Squad, ce métrage faisant pseudo-office de suite. Alors, réussite ou échec ? Harley va-t-elle pleinement s’émanciper ? La hyène est-elle un bon animal de compagnie ? On se commande un sandwich bacon-œufs-fromage et on se lance dans la critique.

Séparée du Joker, Harley Quinn (Margot Robbie) décide de vivre sa vie non sans taire sa récente rupture afin de conserver une immunité face aux malfrats de Gotham. Lorsque la nouvelle vient à se répandre, elle se retrouve dans le collimateur de plusieurs méchants dont le terrible Roman Sionis alias Black Mask (Ewan McGregor). Fuyant pour sauver sa vie, elle va faire la connaissance d’une mystérieuse tueuse à l’arbalète, d’une inspectrice désespérée, d’une jeune voleuse et d’une chanteuse de bar à la voix perçante. Ensemble, vont-elles réussir à sauver la ville d’un terrible destin ? 

Margot Robbie reprend à merveille son rôle de Harley Quinn qu’elle tenait déjà dans Suicide Squad. Complètement barrée, nous gratifiant de scènes de combat époustouflantes autant que de décadence psychologique, on s’amourache du personnage par sa complexité et sa détermination. Huntress (Mary Elizabeth Winstead) n’est pas très loquace mais est indétrônable dans son rôle. Dinah Lance, que l’on pourrait aussi appeler Black Canary, chante admirablement bien et se retrouve malgré elle au cœur des événements. Renee Montoya, inspectrice de son état, préfère déposer sa plaque pour mieux pouvoir enquêter sur les atrocités commises en ville. Il faut également compter sur la présence d’Ella Jay Basco dans le rôle de Cassandra Cain, jeune voleuse particulièrement douée en tant que pickpocket autant qu’actrice.

Cette équipe est à la fois complexe, intéressante, badass, drôle et cohérente, nous invitant à un festival de scènes d’action, d’émotions et de fun sur toute la durée du film. La symbiose entre les différentes protagonistes est excellente et on prend un réel plaisir à les découvrir pour les voir ensuite évoluer tout d’abord séparément… puis ensemble. Casting on ne peut plus féminin, c’est une franche réussite en matière d’adaptation cinématographique par rapport aux comics, respectant le matériau d’origine tout en adaptant la masse à l’écran.

Du côté des méchants (et respectivement du casting masculin), qu’est-ce que ça donne ? Si la prestation d’Ewan McGregor dans le rôle de Roman Sionis/Black Mask est louable, n’en reste que toute l’essence du personnage ressort assez peu. Complexe par son passé trouble, possédant une fascination pour les masques et se trouvant être un chef de gang particulièrement sadique, cela est assez peu développé dans le film. Pour résumer ; très bon travail d’Ewan McGregor mais écriture du personnage un peu trop édulcorée à mon goût. Pour une première apparition de Black Mask au cinéma, on reste sur notre faim.

Il en est de même pour Victor Zsasz. Criminel sadique et tueur en série à ses heures perdues, ce personnage a été joué admirablement par Anthony Carrigan dans la série Gotham. Il paraît cependant beaucoup moins dangereux dans Birds of Prey, même si Chris Messina joue bien son rôle. A nouveau, j’ai trouvé que l’écriture du personnage était trop surfaite, bien qu’il ait effectivement été l’homme de main de Black Mask dans l’une des nombreuses trames des comics.

Donc, du côté casting, nous avons d’excellents oiseaux de proie et deux méchants en demi-teinte. Cependant, la structure du scénario nous permet de voir évoluer tout ce petit monde dans une trame à la fois fun, décomplexée et franchement divertissante. La structure de l’histoire, à l’image de notre anti-héroïne en phase d’émancipation, s’avance pour revenir ensuite en arrière afin de nous délecter de quelques détails sur le pourquoi des événements.

La réalisation est donc une pièce maîtresse du film et le scénario n’est pas en reste. Même si on peut trouver que l’objet qui déclenche toute l’histoire est un tantinet prétexte (un fameux McGuffin), on ne s’ennuie pas pendant l’heure quarante de film. Oui, il y a quelques baisses de rythme, mais ces dernières apportant des éléments non négligeables pour l’intrigue, elles passent facilement.

Les scènes d’action envoient carrément du maillet en nous proposant des combats chorégraphiés impeccablement tout en restant hyper lisibles. On ajoute à cela la folie de Harley, la vengeance d’Huntress, la détermination de Montoya et la loyauté de Black Canary, on saupoudre le tout avec une scène hallucinante de l’attaque d’un commissariat et une poursuite à moto et patins à roulettes, on mélange bien le tout et on obtient un réel divertissement. 

Birds of Prey fait partie de ces films de l’univers cinématographique DC qui assume ce qu’il fait et qui ne cherche pas à nous spolier une heure de notre vie. On passe donc un excellent moment jusqu’à une fin à la fois logique et déjantée (à l’image de Harley), posant sans doute les bases pour un prochain film centré sur les héroïnes, maintenant sorties de l’ombre, que sont les Birds of Prey.

Oui, bon, d’accord, on ne se trouve pas en présence d’un film possédant une profondeur extrême. Il serait même juste de dire qu’outre le fun et le plaisir ressenti pendant le visionnage, nous n’avons pas l’impression d’une recherche viscérale de poser une construction massive pour la suite des événements. Mais au vu de l’affiche, des personnages présents et du sujet de base, il est clair que nous nous rendons au visionnage pour bénéficier d’une heure quarante de fun sans réellement s’attendre à quelque chose d’autre.

Quel avenir pour les Birds of Prey maintenant ? Harley Quinn ferait apparemment partie d’une trilogie et un autre film, incluant les personnages présents dans celui-ci, pourrait être produit. La sortie de The Suicide Squad en 2021 pourrait également bénéficier de la présence (ou du moins l’apparition) de certains d’entre eux. Quoiqu’il en soit, pour l’heure, il est légitime d’attendre ce que DC va nous préparer pour la suite, à commencer par Wonder Woman 1984 qui doit sortir cette année.

Un franc bon moment de fun et de rigolade avec une pointe d’émotions, le tout nous faisant découvrir de nouveaux personnages tout en creusant celui de Harley Quinn, Birds of Prey est une bonne surprise. Une team féminine incroyable, des scènes surprenantes et la présence d’une hyène aide beaucoup à l’affaire. Malgré des méchants moins convaincants et une trame légèrement prétexte, l’univers coloré, déjanté et complètement au maillet de Harley Quinn peut encore nous étonner. Un film qui prouve que l’univers DC peut s’émanciper de ses erreurs passées pour mieux se lancer dans l’avenir. Aux fans des comics et à tous ceux qui veulent effacer Suicide Squad de leur mémoire, bon visionnage !

Bonne chance pour voir ne serait-ce qu’une partie des clins d’œil par rapport aux comics et à l’univers DC. Cet article est dédié à Bruce, meilleur animal de compagnie de tous les temps… et trop peu présent à l’écran.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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