Torsion maligne

Un nom résonne dans l’industrie des films horrifiques ; James Wan. Le bonhomme a tout de même été à la réalisation de Saw (2004), Insidious (2011), Conjuring : Les Dossiers Warren (2013) et sa suite Le Cas Enfield (2016), entre autres. En 2021, il revient nous filer la pétoche avec Malignant. Seulement, dans le domaine de l’horreur, il est parfois difficile de savoir jusqu’où aller pour que ça ne paraisse pas trop étrange. En nous promettant une histoire originale, le réalisateur va-t-il dépasser les bornes ? Est-ce qu’il s’agit vraiment de quelque chose de nouveau ? Et l’essentiel ; la trouille est-elle au rendez-vous ? On se prépare à tout et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers, mentionnés par une balise

Madison (Annabelle Wallis) vit avec son petit ami Derek (Jake Abel) qui s’avère être passablement violent. Après avoir été blessée, la jeune femme commence à avoir d’horribles visions de meurtres. Constatant que ses visions s’avèrent exactes, elle va alors se mettre en quête de son passé. Est-ce que le mystérieux tueur pourrait avoir un lien avec elle ?

Oui, dit comme ça, ça paraît être totalement de l’ordre du conventionnel. Et pourtant, James Wan réussit à nous surprendre car il nous présente une histoire pas banale et gratifiée de tous les détails horrifiques que l’on peut attendre d’elle. A la question de savoir s’il s’agit de quelque chose de totalement original, je réponds « oui », bien que l’intrigue ressemble de peu à un autre métrage de 1982, mais j’y reviendrai dans la section « spoilers ».

On peut déjà noter la présence d’Annabelle Wallis, déjà en tête d’affiche du film Annabelle (2014). Jeune femme devenant de plus en plus battante au fur et à mesure du métrage, elle est heureusement épaulée par sa sœur, Sydney (Maddie Hasson), qui souhaite plus que tout qu’elles puissent être de « vraies » sœurs. Eh oui, Madison a été adoptée alors qu’elle était encore enfant. Une vieille habitude scénaristique de nombreux films horrifiques.

A citer également le lieutenant Kekoa Shaw (George Young), policier quelque peu dépassé par les événements ; Dr. Florence Waever (Jacqueline McKenzie), aux pratiques parfois douteuses ; Madison jeune (Mckenna Grace, fille du couple Warren dans Annabelle : La maison du mal), déjà passablement torturée ; ou encore Serena (Jean Louisa Kelly), la mère biologique de Madison.

Tout ce petit monde se retrouve donc dans un film où une jeune femme a des visions de meurtres… Bon, ça paraît hyper convenu, mais admettons. Lorsque l’on visionne le film, on se rend rapidement compte que quelque chose cloche et que l’intrigue va être sans doute plus profonde que ce que l’on avait pu croire au départ. C’est donc avec une certaine assiduité que l’on se lance à corps perdu dans l’histoire.

Avec des scènes de meurtres sanglantes, un tueur étrangement surnaturel et des indices semés avec parcimonie tout au long du film, on s’étonne à rester autant croché, James Wan jouant habilement avec nos nerfs et notre intellect, non sans nous gratifier de plusieurs passages clairement flippants. Y’a pas à dire ; il connaît son métier, le gaillard !

Entre l’intrigue sur la situation familiale de Madison, l’étrange tueur semblant pouvoir contrôler l’électricité (et sa dégaine pour le moins terrifiante), les scènes de dialogues apportant de l’eau au moulin et les passages tendus à souhait nous mettant clairement dans une ambiance horrifique pur jus, il y a de quoi se réjouir !

C’est donc avec délectation que l’on atteint la révélation finale (j’y reviendrai dans la section « spoilers ») et que l’on se demande s’il s’agit d’une vaste farce (très bien établie, cela dit) ou si tout cela est traité avec sérieux, ce qui ferait passer le métrage pour clairement sinistre. Mais bon, hein, on est des inconditionnels du genre horrifique ; on a déjà vu pire, pas vrai ?

ATTENTION : à partir de cette ligne, SPOILERS EN ACTION !

Car le fin mot de l’histoire, c’est que notre chère Madison est victime d’un tératome malin de proportion inquiétante. Les tératomes (pour faire court) sont des tumeurs découlant de l’absorption d’un fœtus in-utéro par un autre, développant ainsi une « partie » du jumeau absorbé dans le corps de son frère ou sa sœur. Moche, non ?

Et pourtant, tout ce qu’il y a de plus réel. Simplement, dans le cas présent, le tératome en question n’est pas banal ; il faisait partie intégrante du corps de Madison et plus particulièrement de son cerveau. Les apparitions de Gabriel (le frère de Madison) donnent donc lieu à des scènes dérangeantes et graphiquement flippantes. Ce qui explique également pourquoi la démarche du tueur semblait être si particulière. 

Je vous avouerais qu’en cours de route, je me suis demandé si je n’avais pas déjà vu cela quelque part. Je me suis alors souvenu de cet obscur métrage de Frank Henenlotter de 1982, Frère de sang (ou Basket Case pour la version originale). Le sujet est celui de deux frères ; l’un tout à fait normal et l’autre, son siamois, monstrueux, trimballé dans un panier en osier. Ils se mettent en quête de faire payer leur séparation ratée aux principaux responsables.

A l’instar de Gabriel qui veut punir les médecins responsables de son état (et qui souhaite également protéger sa sœur, vu que c’est également son corps), n’y aurait-il pas une légère ressemblance ? Bon, OK, dans Frère de sang, il s’agit de siamois et non d’un tératome. Mais on ne peut nier qu’il y a quelques bribes qui peuvent coller. Néanmoins, Malignant n’est en rien lié au film précédent et reste donc pleinement une production originale.

Car tout comme son petit-petit-cousin de 1982, le métrage ici présenté peut se poser comme étant un délire horrifique pur jus en nous présentant une tumeur pouvant prendre possession de son hôte, étant particulièrement habile en matière de gymnastique et ayant une apparence à faire pâlir le plus monstrueux des croque-mitaines.

A la question de savoir si le métrage de James Wan va trop loin, je ne pense pas. Il s’agit ici d’une nouvelle idée et d’une présentation qui pousse le sujet à son paroxysme. N’en reste que le tout est traité avec sérieux et à aucun moment nous n’avons l’impression de nous retrouver dans un « délire entre potes ». Pour prendre un autre exemple, Jusqu’en enfer (2009) de Sam Raimi allait très loin dans le délire mais il restait bel et bien un film d’horreur à part entière. Ici, le traitement se fait de manière sérieuse et c’est la révélation qui semble aller beaucoup trop loin. Mais il faut l’avouer ; ça fonctionne malgré tout.

FIN DES SPOILERS

Le film de James Wan possède un bon rythme et des plans puissamment terrifiants, nous permettant clairement une bonne immersion dans cette histoire tordue. Il faut également mentionner que les thèmes liés à la personnalité d’un individu, aux notions de la famille et sur la capacité de tout être humain de se battre contre des choses qui le dépasse sont également présents. Il faut cependant préciser que le rythme est assez soutenu et que l’on ne s’ennuie pas durant tout le laps de temps du film.

Nous présentant une idée originale avec des acteurs bien dans leurs baskets et une intrigue assez dark et barrée pour être convaincante (du moins sur le plan horrifique), Malignant est une bonne surprise en cette année 2021. James Wan reste un maître du genre horrifique et il me tarde de voir ce qu’il nous prépare pour la suite ! Hein ? Quoi ? Ce sera la suite du film Aquaman ? Waf, ça passera quand même bien, non ?

Et méfiez-vous de ce qui se trouve dans votre dos, d’accord ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page