Quel charmant bambin

Les enfants tueurs au cinéma existent depuis un certain nombre d’années. En 1992, le réalisateur Dennis Dimster, principalement acteur dans des séries durant les années 70 (Drôles de dames, L’Incroyable Hulk), met en boîte Mikey. Ici, c’est dans le viscéral que l’on va plonger, avec un bambin aux airs angéliques qui s’avère être un horrible tueur en devenir. Ce film, interdit de diffusion au Royaume-Uni depuis 1993, possède quelques perles à son actif, surtout pour un métrage émanant des nineties. Mais comme on dit, chaque médaille à son revers. Est-ce que nous allons être outrés ? Mikey est-il un enfant perturbé ? L’invraisemblable peut-il donner du corps à un film comme celui-ci ? Les enfants sont merveilleux, espérons qu’il en soit de même pour le petit Mikey. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Adopté par les Trenton (John Diehl et Mimi Craven), Mikey (Brian Bonsall) semble être l’enfant parfait ; bouille angélique, politesse incarnée, s’enthousiasmant de la vie à chaque instant. Pourtant, quelques petites choses ne vont pas dans son comportement ; il s’amourache de Jessie (Josie Bisset), sa voisine de 15 ans, s’automutile le bras avec des punaises et fait des dessins étranges. Sa prof, Shawn, enquête et se rend compte de l’horrible vérité. Mais au fond, ce n’est pas parce que Mikey a assassiné son ancienne famille que l’horreur va se répéter, n’est-ce pas ?

Les acteurs, ce n’est pas droit ça. Les parents adoptifs de Mikey s’imaginent clairement vivre dans un univers rose bonbon rempli de licornes expulsant des Skittles par l’arrière-train. Sans connaître le passé du petit bonhomme, la palme revient au père, Neil (John Diehl), optimiste jusqu’au-boutiste du métrage. Que dire de la prof de classe de Mikey ? Fort de ses deux ans (DEUX ANS !) d’ancienneté, elle flaire le mauvais coup fomenté par le gamin et tente d’avertir sa hiérarchie… qui s’en cogne sévèrement le tampon et préfère mettre des paniers avec un mini-ballon de basket. La jeune voisine Jessie n’est pas en reste. Jouant relativement bien, ses réactions vis-à-vis de Mikey restent beaucoup trop cordiales, surtout pour une adolescente qui vient de vivre un drame. A noter que le petit Ben Owens (Whit Hertford), le frère de Jessie, fera plein de futures apparitions, notamment dans La Famille Addams et dans Jurassic Park. Son rôle dans Mikey reste très en surface, mais dans le ton.

Vous l’avez compris ; du côté des adultes, c’est le bordel. On ne comprend pas pourquoi ils prennent des décisions pareilles et semblent sortir tout droit d’un monde où la cruauté n’a pas de mise. Même la police est totalement à l’ouest et disparaît, comme par magie, à un moment du métrage, laissant toute la place à la prof pour faire tout le boulot.

Et côté Mikey, ça donne quoi ? Eh bien, le petit Brian Bonsall se débrouille bien. Alternant les séquences entre visage tendu de rage et faciès angélique, on y croit et on le prendrait même parfois en pitié (le pauvre… il a quand même perdu toute sa famille). Son comportement déviant est, bien entendu, la force du métrage, mettant clairement le spectateur mal à l’aise lors de ses débordements de violence. En plus, il filme ses actes, le bougre !

Le film démarre puissamment avec l’éradication de la famille de Mikey. Le mioche, caméra allumée, dessoude sa petite sœur, maman et papa, sans aucun état d’âme. Une séquence qui aurait pu parfaitement coller à l’univers de Sinister et faire de Mikey un digne enfant de Bagul ! C’est tendu, atroce, malsain. On peut dire que le démarrage se fait en fanfare… mais pas pour longtemps.

Puis, on entre dans la présentation de la nouvelle famille de Mikey et de l’entourage de celle-ci. Découverte d’un nouveau monde pour l’enfant, c’est l’occasion d’introduire les personnages et de montrer que le petiot possède quelques cases en moins. Le comportement déviant de Mikey monte en puissance tout le long du métrage, mais jamais dans l’intensité connue au début. Ah, si ! Sur la fin.

C’est donc dans une débauche de violence que se termine le métrage. L’angelot décide d’en finir avec sa nouvelle famille et met à profit son habileté à l’arc (!) et à la fronde pour dézinguer tout adulte qui entrerait dans son champ de vision. S’ensuit une mise en scène des plus macabres (surtout pour un marmot de 9 ans), montrant toute la complexité d’un jeune garçon tiraillé entre sa peur de l’abandon et son désir de tuer. Les dernières images du film nous montrent que, quoiqu’il arrive, Mikey sera toujours, TOUJOURS, au-dessus de tout soupçon. 

On ne s’ennuie pas, il faut l’avouer. Le comportement malsain de Mikey nous tient réveillé, mais notre tête remue pas mal. Les incohérences sont légion, principalement au niveau de la crédibilité des situations et des personnages. A aucun moment un adulte plein de fougue n’arrive à maîtriser un enfant de 9 ans. Ce dernier fait preuve d’une force exceptionnelle, fracassant un crâne à coups de batte, faisant un tir dans le mille avec une fronde et visant habilement avec son arc, entre autres exactions meurtrières.

Car oui, les meurtres sont violents, graphiques et ne se répètent pas (sans doute pour cela que l’on passe de l’arc à la fronde). C’est donc dans cette ambiance malsaine que se déroule le film. On sait de quoi Mikey est capable avec la scène d’introduction, on regarde comment il se comporte en société malgré ses penchants, et on assiste à son explosion en fin de métrage. Simpliste, restant tout de même efficace, incohérent maintes fois, le scénario n’en reste pas moins peu ennuyeux. On regrette le manque d’humour noir, pourtant bien présent en début de film (« Je suis meilleur à la frappe »), qui s’estompera au fur et à mesure des minutes.

L’image et les plans ressemblant à une mise en scène de série des années 70 (le réalisateur ayant été acteur dans plusieurs d’entre elles, ceci explique cela) nous transporte de manière moindre dans un contexte horrifique. Au niveau de l’image, on a plutôt l’impression d’un épisode malsain de Santa Barbara. On se retrouve donc plus dans un thriller dramatique plutôt qu’un film d’horreur à proprement parler, même si les situations sont, en soi, horribles.

Peu de ressort social dans ce film. Le petit Mikey a un grain, c’est tout. Ses actions atroces sont expliquées rapidos via le syndrome de l’abandon, où Mikey, transi de peur à l’idée de se retrouver seul, en arrive à tuer son entourage et créer ainsi lui-même sa propre solitude. Quand on voit le pied qu’il prend à tuer des gens, on se demande vraiment si cette explication est plausible. Disons plutôt qu’avec sa caméra et son lance-pierre, il kiffe faire le vide autour de lui, point barre.

A ce propos, concernant sa caméra, il est intéressant de constater que déjà en 1992, on plaçait cet appareil électronique dans un contexte horrifique. Ce serait bonnard de savoir si Scott Derrickson, le réalisateur de Sinister, ne se serait pas inspiré de la passion du petit Mikey pour la vidéo afin mettre en place son scénario… 20 ans plus tard. Le mouflet considérant ses films comme « des dessins animés », on peut également se demander s’il ne serait pas devenu le cintré présent dans The Poughkeepsie Tapes. Qui sait… tout est peut-être lié.

Mikey est un film intéressant pour l’époque, avec son lot de débordements, traitant des enfants tueurs avec cynisme et simplicité. Malgré des acteurs mous du genou et un scénario très souvent WTF, on ne s’ennuie pas devant ce métrage qui, une fois remis dans son contexte de l’époque, envoyait quand même du lourd. Ceux qui apprécient les thrillers des nineties trouveront sans doute ce film bonnard. Au final, il ne reste qu’une conceptualisation de la violence dans notre société à l’échelle familiale, non ?

Les enfants sont merveilleux…

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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