Miroir, mon terrifiant miroir

Les miroirs ont toujours été des éléments mystérieux dans la culture populaire. L’une des traditions les plus connues est le fait de devoir les couvrir lorsqu’une personne décède dans un lieu afin d’empêcher que l’âme du défunt ne se retrouve piégée à l’intérieur. Le miroir devient alors une déformation de la réalité, un objet mystérieux qui peut se jouer de nos sens... et de nos peurs. Sujet déjà traité au cinéma, notamment avec Mirrors, c’est en apercevant Oculus que je me suis dit « Allez, tente le coup ! ». Pas déçu du voyage !

Tim vient de sortir de l’institution psychiatrique où il était enfermé depuis ses dix ans. Sa sœur Kaylie vient le chercher. Ensemble, ils s’étaient fait une promesse ; détruire la créature du miroir responsable de la mort de leurs parents. Ils sont alors se dresser contre cette chose dans le but de pouvoir définitivement tourner la page.

Petit tour de casting. Karen Gillan a le vent en poupe ; compagne du Docteur dans Doctor Who, elle enchaîne les films et les séries, elle rafle nominations et prix dans les différents festivals. Du coup, son personnage de Kaylie dans Oculus est à l’image de sa montée en puissance ; impeccable. Tiraillé entre la raison et sa promesse, entre le réel et l’imaginaire, elle joue son rôle à la perfection.

Pour l’aider dans sa tâche, Brenton Thwaites qui joue son frère, Tim. Moins de cast en 2014 au moment de la sortie du film, mais tout de même du talent. L’osmose entre les deux personnages est nickel et on prend plaisir à les voir réagir réellement comme un frère et une sœur.

La présence de Rory Cochrane aide également beaucoup. Habitué aux seconds rôles mais aussi à du plus important avec, notamment, celui de Timothy Speedle dans Les Experts : Miami, il apporte sa capacité d’évolution dans le rôle à ce film. De gentil père de famille à l’individu complètement psychotique, c’est géré du début à la fin. Son épouse Marie dans le film, Katee Sackhoff, possède également un beau palmarès avec, entre autres, Battlestar Galactica. Deux facettes pour cette mère de famille qui nous fera tressaillir de terreur. Le reste du casting tient aussi bien les rênes.

Aux commandes, un certain Mike Flanagan, qui rempile pour son deuxième long métrage après le très bon Absentia, en 2011. Par la suite, il récidivera avec Hush et l’excellent Ouija : les origines. Un réalisateur au potentiel de fou, surtout à la vue de ce métrage qu’est Oculus.

Tout d’abord, on joue ici la carte d’un ennemi peu commun ; un miroir. Mais on ne va pas s’amuser avec des regards sur le tain qui se déforme, ni même avec un jeu constant avec la glace satinée de cet objet. Non, car ce truc, il manipule, il modifie la perception, il pousse au changement et à faire des choses atroces. C’est lentement mais sûrement que cet ennemi posera ses marques pour notre plus grand plaisir et notre plus grand frisson. A noter que Mike Flanagan ne voulait en aucun cas expliquer les origines de ce miroir et l’on en remercie ; le mal sous cette forme n’a besoin d’aucune explication, si ce n’est celle mentionnée en début d’article.

Puis, vient le scénario et la manière de mettre en place le tout. C’est coulant, fluide, compréhensible… et cela même si on joue sur deux époques différentes. Eh oui, deux films pour le prix d’un ! D’un côté les Kaylie et Tim adultes, cherchant à prouver que ce miroir est hanté et que c’est lui le responsable de la mort de leurs parents ; de l’autre Kaylie et Tim, enfants, déjà aux prises avec cet objet maudit et jurant de s’en débarrasser un jour. C’est grâce à ces deux tableaux que nous aurons une cohérence de récit totalement folle.

Car de la cohérence, il y en a ! Merci M. Flanagan, cela devient tellement rare dans les films d’horreur. Ici, pas de chichis à essayer de faire passer une pilule trop grosse. On reste dans cadre de l’histoire sans en faire trop. En mettre plein les yeux au public ? Pourquoi faire, quand on a une bonne histoire à raconter, des acteurs qui gèrent et un miroir maléfique ? Pas de tentatives désespérée d’en faire trop ; tout est fait dans une justesse impeccable et qui fait plaisir à voir.

Et la trouille, dans tout ça ? Franchement, ce film prouve que sans mettre des tonnes de jump-scares, il est tout à fait possible de mettre une bonne peur aux spectateurs. Avec des effets dans la ligne de tir du reste (donc pas de sur-effets), Oculus nous collera la frousse à de nombreuses reprises et parviendra même à nous bluffer sur l’effet « réalité VS irréalité ». Cette impression constante de ne pas savoir n’est pas âcre au goût, au contraire ; elle est savoureuse. C’est donc tout naturellement qu’on se laissera glisser dans cette histoire, quitte à y laisser des plumes, tout comme risquent les protagonistes.

On est pris dedans, coincés et heureux de l’être dans cette maison, avec Kaylie, Tim et leurs souvenirs. Tout ça pour en arriver à un final bluffant, rendant une cohérence finale de dingue au reste du récit, du genre qui nous ferait presque verser une larme tellement c’est bien fichu.

Pas de négatif alors ? Très peu, il faut l’avouer. Pour chipoter, on pourrait dire que les plus assidus verront le truc venir (si c’est le cas, vous êtes franchement balèzes), que certains effets de trouille usent un peu trop de la surprise ou encore que la réaction des personnages dans certaines situations paraît un peu délicate. Mais qu’importe, on pardonne tout cela tant le reste vaut clairement le coup.

Oculus vous réconcilie avec le cinéma d’horreur. Si vous pensiez que rien ne valait le coup après 2010, sachez qu’il existe des films bien foutus, notamment celui-ci. Mike Flanagan est clairement quelqu’un à suivre, surtout lorsque l’on voit ce qu’il a sorti après ce métrage. Presque poétique, ça fait du bien de constater que le reflet du cinéma d’horreur ne se borne pas à se mirer dans un miroir déformant.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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