Tu veux être mon ami ?

Dans les films d’horreur, l’utilisation de la technologie actuelle est monnaie courante. Dans des métrages comme Unfriended (2014), Countdown (2019) ou le beaucoup plus ancien Terreur.com (2002), l’accès à Internet devient réellement dangereux. En 2016, Simon Verhoeven (aucun lien avec le réalisateur Paul Verhoeven) se met aux commandes de Friend Request, un film d’horreur allemand, composé d’acteurs presque exclusivement anglophones et tourné en Afrique du Sud. Ici, l’aspect technologique est présent via un célèbre réseau social qui va être le vecteur d’une vengeance particulièrement coriace. Ce film mérite-t-il un like ? La publication de nouveaux posts va-t-elle être compromise ? A-t-on de réels amis en ligne ? Pour le savoir, on inscrit son nom d’utilisateur, son mot de passe et on se lance dans la critique.

Laura (Alycia Debnam-Carey) est une étudiante populaire. Postant régulièrement ses activités sur Facebook, ses 800 amis peuvent la suivre quoi qu’elle fasse. Par gentillesse, elle accepte l’invitation en ligne de Marina (Liesl Ahlers) qui ne comptabilise aucun ami sur son profil. La nouvelle amie devenant de plus en plus envahissante, Laura décide finalement de la supprimer de sa liste. Grossière erreur.

Il faut se méfier de qui l’on accepte comme ami sur les réseaux sociaux ; ça peut partir en cacahuète. C’est la terrible expérience vécue par Laura. L’actrice Alycia Debnam-Carey se débrouille très bien dans le rôle de la jeune fille populaire qui va perdre son statut au fur et à mesure du métrage. Belle prestation par rapport aux autres protagonistes gravitant autour d’elle.

Tyler (William Moseley), son petit ami, apporte un soutien non négligeable mais reste extrêmement terne. Kobe (Connor Paolo), le meilleur ami de Laura, subit un revirement notable durant le métrage, apportant une pseudo-intrigue supplémentaire peu attrayante. Olivia (Brit Morgan), la meilleure amie de Laura, est crédible mais effacée. L’on pourrait continuer comme ça avec le reste du casting, chaque personnage ne bénéficiant pas d’une profondeur assez vivace pour nous accrocher.

Quant au rôle de Marina tenu par Liesl Ahlers, il ne nous fait ressentir qu’une impression mitigée. Certes, le design de la jeune femme en mode « horrifique » se trouve être extrêmement bien fichu, mais l’écriture du personnage est en demi-teinte ; pas assez intrigant pour nous surprendre, pas assez flippant pour nous faire peur et pas assez profond pour que l’on tranche sur le fait de l’aimer ou de le détester.

Il s’agit pourtant ici de l’essence même de l’histoire. Que se passerait-il si une jeune fille particulièrement perturbée (et bénéficiant de certaines connaissances en magie noire) venait à en vouloir à une belle étudiante populaire sur les réseaux sociaux ? Dans le cas présent, on s’embarque dans une aventure horrifique suivant drastiquement les standards mis en place ces dernières années, sans nouvelles surprises.

Il faut avouer que le mur de Marina est dérangeant, que ses intrusions sur la page de Laura mettent du piquant et que l’erreur inconnue (que nous connaissons tous) a cette fois-ci la capacité d’augmenter notre niveau d’inquiétude. Outre cela, l’horreur du film se borne à des jump scares, des apparitions furtives et un final tirant en longueur. Cependant, la mise en tension lors de certaines scènes est notable, Marina aimant jouer avec ses victimes avant de passer à l’action… et de les inscrire comme amies sur sa page Facebook.

On suit donc le concept irréfutable suivant : mise en place de l’intrigue-erreur commise-vengeance d’un esprit revanchard-enquête-session finale. A ce titre, la fin de Friend Request boucle habilement la boucle, nous laissant à la fois une impression d’inachevé mais parvenant à nous satisfaire. Scénaristiquement donc, pas de nouveautés. Pour un film surfant sur l’aspect de la technologie, c’est dommage.

Pourtant, il y a quelques éléments passablement bonnards dans le film qui vont rehausser un peu le ton. Le design global est bien construit, utilisant la mise en place à l’écran de ce qu’il se passe sur les différents supports numériques (téléphones, ordinateurs), nous projetant d’une certaine manière l’écran sur l’écran. Esthétiquement, les plans sont jolis et se différencient clairement entre la vie de Laura racontée avec un filtre et sa confrontation avec Marina sur un ton beaucoup plus brut.

La musique est un élément que j’ai trouvé étonnant dans le film. On démarre ce dernier avec une séquence musicale sur fond de design « réseau social » particulièrement prenant. La bande originale est gérée ici par le musicien britannique Gary Go et son titre The Beginning, concernant ici le début du métrage, et son remix pour le générique final, se trouvent être très agréables à l’écoute et collant à l’univers « filtré » de certains passages du film.

On parle donc ici de réseaux sociaux et de ce qu’il faut éviter avec ces derniers. Pourtant, dans le cas présent, nous sommes loin d’un contexte comme celui mis en place dans Unfriended. Car la « victime » ici présente s’avère être à des kilomètres d’une innocence avérée. Le réseau social n’est donc pas le vecteur direct du problème mais plus l’outil ultime pour la vengeance de Marina.

En revanche, le film s’intéresse à l’influence de ce type de réseaux dans nos vies, Laura écrivant même une étude sur le sujet de l’addiction à ces produits. On constate que la quasi-totalité des 800 amis de cette dernière ne lève pas le petit doigt pour l’aider ni même pour comprendre ce qu’il se passe effectivement, basant uniquement leur jugement ce qui se produit via leur écran.  

Les véritables amis de Laura, eux, sont bien présents… mais s’avèrent peu efficaces dans leur manière de gérer la situation. Finalement, on constate que l’influence numérique a une réelle incidence sur la vie de tous les jours, déterminant qui a le droit d’avoir des amis ou non. Laura en fait d’ailleurs la triste expérience ; en perdant des amis sur son profil, elle perd aussi une certaine influence sociale qui l’amène à se retrouver irrémédiablement seule.

Pas folichon de faire un film qui reste stable du début à la fin en partant sur ce sujet-là. Friend Request ressemble un peu à ses profils en ligne qui ont une photo de couverture archi-moche mais que l’on décide quand même de suivre. Dans le cas présent, malgré aucun changement scénaristique, des personnages brouillons et peu profonds ainsi qu’une ligne de conduite prévisible, le métrage n’en reste pas moins regardable lors d’une soirée pluvieuse. Utile pour les fans d’horreur qui veulent engranger toutes les connaissances liées aux films traitant du sujet de la technologie et anecdotique pour ceux qui sont à la recherche de nouveauté. Alors, un pouce en l’air ?  

Et vous, êtes-vous ami avec Ma Rina et Lau Ra sur votre profil ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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