Prenez une grande inspiration

Sur les conseils d’un ami calé en cinéma, je me suis laissé aller au visionnage du film Oxygène, débarquant sur Netflix en 2021. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que le réalisateur n’est personne d’autre qu’Alexandre Aja (Haute Tension, Piranha 3D, Crawl). Le concept du huis clos angoissant a déjà fait ses preuves au cinéma. Il n’est pas évident de dérouler toute une intrigue en restant dans un endroit relativement (ou totalement) restreint comme une cabine téléphonique dans Phone Game ou un cercueil dans Buried. Notre réalisateur français va-t-il réussir un tour de force ? La science-fiction est-elle sujette à la claustrophobie ? L’angoisse va-t-elle nous emporter ? Ce que l’on peut dire c’est qu’au cinéma, certains ne manquent pas d’air. On fait ses exercices de respiration et on se lance dans la critique. ATTENTION cet article contient des spoilers mentionnés par une balise)

Une jeune femme (Mélanie Laurent) se réveille dans une capsule cryogénique à la pointe de la technologie. Amnésique, elle n’a aucun souvenir de qui elle peut bien être ni de comment elle est arrivée là. A l’aide de l’ordinateur de bord, elle va entamer des recherches… surtout que l’oxygène commence à manquer.

Ce que l’on peut constater assez rapidement, c’est que nous nous trouvons dans un film de science-fiction. Bien que le futur nous ait d’ores et déjà rattrapé en matière de technologie, il est indubitable que l’action ne se passe pas de nos jours, l’ambiance flirtant avec une douce odeur de SF. Il faut donc calibrer son cerveau en partant du principe qu’à partir de ce point, tout ce que nous verrons sort d’un imaginaire (ou non…) futuriste.

L’angoisse des huis clos au cinéma est passablement complexe, car il faut avoir un scénario qui tienne la route en plus de la trouille irrémédiable d’une mort potentielle. Les deux films cités en exemples dans l’introduction y sont parvenus brillamment. Est-ce le cas de celui présenté ici ?

On ne peut pas dire que le scénario soit d’une nouveauté absolue. D’ailleurs, plusieurs points laissent à penser qu’il fallait intensifier l’histoire avec une bonne dose de science et de complot, mais j’y reviendrai. Cependant, les différentes sections de l’intrigue nous emportent dans une envie constante de voir la suite des événements et, en même temps que l’actrice, découvrir les tenants et aboutissants de toute cette histoire.

C’est donc avec intérêt que nous suivons les mésaventures de la jeune femme, prénommée Liz. Pour grandement aider à l’affaire, Mélanie Laurent nous offre une prestation franchement bien fichue sur l’intégralité du film, passant par toute une gamme d’émotions. Vu qu’elle se trouve être seule dans cette situation critique, il est clair qu’elle porte tout le film sur ses épaules.

Alors oui, on retrouve la voix de Mathieu Amalric sortant de l’ordinateur de bord ainsi que Malik Zidi dans le rôle de Léo, un protagoniste important dans l’intrigue. Ces deux compères (ainsi que d’autres interventions, notamment vocales) permettent un développement bien amené du scénario.

Mais est-ce que cela suffit pour passer un bon moment ? Je passerai sur l’aspect « spectaculaire » des révélations du film (voir la section spoilers) ainsi que sur les potentielles incohérences scientifiques décriées dans passablement de critiques. Nous sommes dans un film de science-fiction ; la liberté est donc (pratiquement) totale.

Au final, on se prend au jeu et on suit l’intrigue avec l’envie d’aller plus loin, le décompte d’oxygène aidant beaucoup à nous embarquer dans cette aventure statique dont le dénouement apporte une bouffée d’air frais appréciable. Peut-être pas du grand Alexandre Aja, mais un beau tour de force pour oser construire un film de science-fiction comme celui-là.

ATTENTION : SPOILERS A PARTIR DE CE POINT

Bon, je vais vous avouer que le coup du voyage spatial, je l’ai vu arriver plus d’une bonne heure avant la fin du film. Du coup, les différentes révélations faites en cours de route (le système du transfert mémoriel, le coup des clones, la planète lointaine) ne deviennent que des « plus » apportés à l’intrigue pour la rendre plus exceptionnelle et plus consistante.

Dans la gamme des révélations spectaculaires, on peut également citer tout ce qui entoure la vie de Liz ; la maladie de son mari, le complot pour éviter que l’extinction de l’humanité ne passe à la une, le dessoudage de la vieille Liz par des hommes armés ; on entre clairement dans la notion de complot international. Cependant, vu que nous voyons ce dernier depuis une capsule à plus de 68'000 kilomètres de la Terre, ce n’est pas dérangeant et cela apporte même une tension supplémentaire.

L’intérêt dans ce type de métrage, outre les chouettes effets spéciaux, c’est l’aspect introspectif, d’où la stagnation dans un endroit extrêmement confiné. Sur ce point-là, plusieurs thèmes sont abordés ; l’identité, la mémoire, la capacité de déduction et la volonté (ou non) de vivre en sont quelques-uns parmi ceux traités. Et là encore, Mélanie Laurent fait un travail absolument fabuleux.

Vu qu’il s’agit tout de même d’un film d’Alexandre Aja, le réalisateur nous gratifie également de quelques séquences qui font mal (les perfusions, notamment la ventrale…). On ajoute à cela quelques corps en mauvais état qui volent dans la structure des différentes capsules et on se dit que bien que se trouvant dans un domaine de SF, le réalisateur arrive tout de même à nous faire grincer des dents et à nous surprendre.

Le dénouement était bien vu (détournement de l’oxygène restant) et la dernière image ne peut pas être plus ancrée « science-fiction » que celle qui a été servie. On peut donc dire que malgré quelques incohérences et une intrigue semblant forcer le spectaculaire, on touche ici un bon film de SF.

FIN DES SPOILERS

Cochant toutes les cases de son cahier des charges en matière de science-fiction, Alexandre Aja nous offre ici une histoire étouffante, guindée de sous-intrigues parfois pétaradantes mais aidant à soutenir la tension. Mélanie Laurent est toujours aussi belle et pro dans chacun de ses gestes. Le tout est emballé dans une capsule cryogénique hi-tech. On n’aimerait clairement pas se retrouver à sa place et rien qu’avec ce postulat, je pense qu’Oxygène remplit clairement ses fonctions.

Je m’arrête-là ; il faut que j’aille ouvrir un coup la fenêtre.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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