Un peu de nouveauté

Une histoire peu commune que celle du film Les Nouveaux Mutants ; c’est un récit dans l’univers des X-Men, mais pas vraiment ; c’est une production lorgnant plus sur l’horrifique que le purement héroïque ; et c’est un métrage avec de gros soucis de production. Le réalisateur, Josh Boone (Nos étoiles contraires), a notamment dû effectuer passablement de reshoots et gérer l’acquisition de la 21st Century Fox par Disney, en mars 2019, en pleine post-production. Le film sortant finalement en 2020 dans la version souhaitée par le réalisateur, il ne verra pas de suite au vu de la reprise des droits des X-Men par Disney. A noter que le réalisateur, grand fan des comics The New Mutants publiés dès 1982, ne veut pas faire de fausse note. Dans ce foutoir, est-ce que le métrage vaut le coup ? Quelque chose a-t-il pu être sauvé ? Les problèmes des jeunes mutants sont-ils plus importants que ceux des jeunes normaux ? Pour le savoir, lançons-nous tel un boulet de canon dans la critique. ATTENTION : de petits spoilers sont possibles

Après la destruction totale de la réserve dans laquelle elle vivait, Danielle (Blu Hunt), une jeune cheyenne, se retrouve dans une institution psychiatrique avec d’autres patients de son âge ; Illyana (Anya Taylor-Joy), la peste ; Rahne (Maisie Williams), la gentille ; Roberto (Henry Zaga), le tombeur ; et Samuel (Charlie Heaton), le discret. Sous la supervision du Dr. Cecilia Reyes (Alice Braga), Danielle apprend qu’elle est une mutante et qu’elle est là pour contrôler ses pouvoirs. Mais depuis son arrivée, quelque chose de terrifiant rôde des les couloirs, donnant des visions cauchemardesques à toute la petite bande.

On peut déjà dire que le casting est brillant. Anya Taylor-Joy (The VVitch, Split) est en grande forme ! Avec notre puissante envie de lui donner des baffes dans les premières minutes, son personnage se développe pour devenir l’un des plus intéressants du métrage, surtout au vu de son pouvoir. Un véritable effet magique ! Maisie Williams (Game of Thrones) n’est pas en reste avec son personnage de Rahne, au passé violent et devant accepter qui elle est pour pouvoir avancer. Elle se liera d’une profonde amitié avec Danielle, cette dernière découvrant petit à petit ses capacités qui sont, on peut le dire, hors norme.

Du côté des gaillards, on retrouve avec plaisir Charlie Heaton (Stranger Things) qui nous fait développer une sympathique empathie grâce à son personnage discret, à la culpabilité élevée et au pouvoir supersonique. Henry Zaga (Teen Wolf, 13 Reasons Why) nous gratifie de quelques sorties légères afin de détendre l’atmosphère et reste un personnage qui peut s’enflammer assez vite. 

Et Alice Braga dans tout ça ? Son rôle du Dr. Cecilia Reyes est assez standard et posé. Pas vraiment méchante, pas vraiment gentille ; son calme olympien dans toutes les situations (enfin, presque) nous détend comme si nous étions, nous aussi, parmi ses patients. Donc, un tout bon casting.

Je parlais de quelques problèmes de production. Il est vrai que le tournage s’est terminé en 2017 et qu’il fallait encore enclencher toute la post-production, notamment avec les nombreux effets visuels parcourant le métrage. Cependant, le film a déjà été repoussé plusieurs fois pour éviter de sortir en même temps que d’autres qui aurait pu lui faire de l’ombre, notamment Deadpool 2 (2018) et X-Men : Dark Phoenix (2019).

En plus des reports, l’achat de la 21st Century Fox par Disney n’a pas aidé. Afin que le réalisateur puisse sortir sa propre vision du film, ce dernier a dû procéder à plusieurs reshoots (nouveaux tournages de scènes) dans le but d’obtenir le rendu final souhaité. Les droits passant également d’un studio à l’autre, il fallait jouer fin pour réussir à avoir un film cohérent et pouvant potentiellement plaire aux fans.

Avec tout ça, que donne le résultat final ? Eh bien, au vu de ce qui s’est passé et qu’il s’agit ici d’un immense bordel (n’ayons pas peur des mots), le visionnage est fort plaisant ! Tout d’abord, nous nous retrouvons dans un film traitant de super-héros mais sur une note nettement plus horrifique. Loin d’être comme Brightburn ou de nous coller les miches comme un Conjuring, n’en reste que l’idée est sympa et cela change radicalement des standards habituels.

On suit donc la jeune Danielle, arrivant dans cette institution où le nombre de patients est peu élevé. Nous découvrons les différents personnages, leur passé et leurs pouvoirs dans une première partie relativement soft et conventionnelle. Puis, on passe à du plus lourd dans la seconde moitié avec un véritable combat pour la survie de chacun, devant affronter ses peurs pour en ressortir vivant.  

Alors oui, le scénario est connu et, devrais-je même dire, convenu. La plupart des événements sont détectables des plombes à l’avance (coucou la relation entre Danielle et Rahne, les réactions de certains des protagonistes) et on avance en terrain familier.

Cependant, ce qui rend le film sympa, c’est sa forme pour le moins peu courante ; en mélangeant le style super-héros avec celui du domaine lorgnant sur l’horrifique, on regarde une histoire qui change de nos habitudes et qui nous emmène vers de nouvelles possibilités. Qui plus est, avec le casting bonnard et les effets spéciaux forts sympathiques, on se laisse volontiers prendre au jeu.

Avec Les Nouveaux Mutants, on découvre aussi des personnages encore non portés à l’écran de l’univers Marvel, ainsi que leurs pouvoirs associés et ça, c’est vraiment sympa ! Illyana et sa magie, Danielle et ses projections, Rahne et sa transformation, le chaud-bouillant Roberto et le rapide Samuel ; autant de raisons de se lancer dans le visionnage pour étendre encore plus notre connaissance du Marveliverse. Bien que, fondamentalement, ce film n’en fasse pas partie.

La peur est au centre du récit, permettant d’insérer des éléments horrifiques simplement et sans prise de tête. Il ne s’agit pas de sursauts incroyables sur notre canapé et les jump scares ne sont même pas forcément présents, mais le visuel reste à plusieurs bornes de ce que l’on a l’habitude de voir dans les films X-Men. Des visages grimaçants, des jeunes filles en feu (littéralement), des chasseurs de sorcières sadiques et des ours géants, ce n’est pas ce que l’on retrouve facilement dans ce type de métrage.

Bien que devant être le fer de lance d’une trilogie, le film n’aura aucune suite, les X-Men et leur bande étant maintenant détenu par Marvel qui est lui-même détenu par Disney. Avec sa fin on ne peut plus conventionnelle, c’était peut-être le meilleur moyen de terminer le métrage et de se dire qu’au fond, après les terribles événements vécus par les protagonistes, ils méritaient bien un peu de repos.

Une bande de jeunes à problèmes, c’est une chose, mais si en plus ils ont un pouvoir de destruction hors normes, c’en est une autre. Le film développe des problèmes comme la recherche de l’identité, la peur de l’avenir et la difficulté pour les adolescents et jeunes adultes de se projeter plus loin dans leur futur. La présence des peurs de chacun nous renvoie également un message parlant de la culpabilité, cette dernière n’étant pas en mesure d’être contenue si on ne parvient pas à se pardonner et, respectivement, à savoir qui l’on est vraiment.  

Peu habituel sur sa forme tout en conservant un fond rodé, Les Nouveaux Mutants est un agréable film pop-corn. Avec des acteurs qui en valent la peine, une histoire certes simple mais bien orchestrée et des effets visuels qui sont fortement sympatoches, c’est le métrage idéal un soir de pluie avec le big paquet de maïs soufflés sur les genoux. Avis aux amateurs de super-héros pas comme d’habitude et aux films osant essayer quelque chose de nouveau, lancez-vous.

Lockheed n’a pas été blessé durant le tournage.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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