Sympathy for the Diablero ?

Dans sa première saison sortie fin 2018, Diablero nous apportait la preuve que les séries funs pouvaient également se trouver outre-Atlantique. Produite au Mexique et créée par Pablo Tébar et José Manuel Cravioto (sur la base du livre El Diablo me obligó de l’écrivain mexicain Francisco Haghenbeck), l’univers nous présente les Diableros, des chasseurs de démons officiant dans l’ombre pour protéger l’humanité. Posant clairement les bases d’une mythologie à part entière, la première saison se finissait sur une image on ne peut plus évocatrice annonçant l’arrivée d’une suite. Cette dernière est-elle du même niveau ? Les démons ont-ils du souci à se faire ? Est-ce que ça sent ou non le sapin ? Pour le savoir, on fait un stock de bouteille vide et on part en chasse… euh, on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Après leur confrontation finale avec une entité surpuissante et la disparition du Père Ramira Ventura (Christopher von Uckermann), Elvis (Horacio Garcia Rojas), sa sœur Keta (Fatima Molina) et leur amie Nancy (Gisselle Kuri) montent leur petite affaire de chasseurs de démons. Souhaitant passer à autre choses, les deux femmes laissent tomber Elvis qui doit dès lors se débrouiller seul. Mais une étrange affaire se profile et pourrait bien apporter des réponses sur l’enlèvement du fils de Keta, Mayakén (Matías del Castillo). Pour avancer, Elvis a besoin de son équipe… et de retrouver Ventura.

Premier constat ; on retrouve les personnages de la première saison… et ça fait plaisir ! Elvis est toujours autant drôle et maladroit, non sans posséder un côté émotionnel non négligeable lors de cette nouvelle saison. Sa sœur Keta prend clairement en grade en découvrant pleinement ses capacités de Diablera et se retrouve aux prises avec une puissante poussée de sentiments au fur et à mesure qu’elle se rapproche de son fils. La belle Nancy reste un atout non négligeable de l’équipe et s’amourache du Père Ventura. Ce dernier revient d’un petit tour dans l’au-delà et doit faire partie intégrante de la team tout en devenant le père qu’il doit être pour sa jeune fille Mariana (Cass Iturralde).

Isaac (Humberto Busto) est moins présent mais nous gratifie toujours de sa personnalité électrique ; le Cardinal Morelo (Flavio Medina) ne fait pas long feu ; Mayakén (Matías del Castillo) est un enfant pas comme les autres ; et le méchant de cette nouvelle saison, Altamirano (Hoze Meléndez) fait ce qu’il peut pour être à la hauteur.

Les personnages évoluent ; il ne faut pas le nier. Surfant sur un aspect plus émotionnel dans cette nouvelle saison, chacun ayant son lot de problèmes et de souvenirs douloureux à gérer. Une profondeur supplémentaire est donc apportée aux différents protagonistes, non sans faire en sorte que le rythme soit plus posé que dans la première saison. Dès lors, chaque acte des personnages est légitime et expliqué, concrétisant la personnalité de chacun. L’effet d’émotions changeantes de la première saison se stabilise donc dans celle-ci.

Mais ce n’est pas parce que le sérieux des personnages prend l’ascenseur que nous ne sommes pas gratifiés de plusieurs scènes franchement cocasses et drôles. Elvis conserve ce charisme si particulier qui fait de lui un leader-boiteux attachant. Ventura a quelques soucis après son retour de l’au-delà et parvient maladroitement à gérer sa relation avec Nancy. Quant à Isaac, il est au centre d’une scène hilarante où il prend la personnalité de sa grande tante.

Outre des personnages qui sont plus aux prises avec leurs émotions, le scénario décide de se borner à une ligne conductrice principale sans en faire trop. Précédemment, on avait beaucoup de choses à découvrir sur le monde des Diableros et cette nouvelle saison n’apporte pas énormément de consistance à l’univers global. L’histoire préfère se focaliser sur la recherche de Mayakén et sur la véritable utilité de ce dernier.

C’est donc l’occasion de creuser encore plus les personnages et d’instaurer une mythologie limite familiale sur l’ensemble de la série. L’étrange entreprise détenant Mayakén ainsi que le personnage à la tête de celle-ci (Altamirano) arrivent au centre du récit en nous introduisant, par la même occasion, les anges dans la mythologie de cet univers. On sent comme un petit relent de Supernatural, non ?

Quoiqu’il en soit, le fil conducteur est prenant et on avance rapidement dans les six épisodes d’une trentaine de minutes afin de voir comment tout cela va tourner. Les quelques intrigues secondaires parsemées çà-et-là apportent un peu d’eau au moulin sans nous convaincre totalement. La relation entre Ventura et Nancy, par exemple, semble prendre une direction différente à chaque épisode sans réellement savoir où aller. Est-ce simplement les prémices d’une structure qui se solidifiera dans une prochaine saison ?

La série conserve son charme d’Amérique Latine en nous montrant de magnifiques plans et en structurant son histoire avec les coutumes locales et les personnalités qui vont avec. Un voyage surnaturel sans bouger de son canapé, en somme. Une excellente chose que de ne pas tomber dans le piège du plagiat d’une autre culture pour tenter d’élargir son auditoire. Diablero a donc son identité propre et c’est de toute beauté. Sans parler de la chanson Futuro du groupe Café Tacvba au générique, nous mettant directement dans l’ambiance !

Les effets spéciaux liés aux maquillages sont toujours hallucinants et les autres… eh bien… ça reste correct. On peut bien entendu voir les ficelles au détour de quelques scènes mais globalement, cela ne péjore pas le visionnage. A ce titre, suis-je le seul à avoir trouvé que le démon de catégorie trois de cette saison avait des faux-airs de Krokmou, le dragon du film d’animation éponyme ?

Tout comme dans la première saison, la série parle de beaucoup de chose mais intensifie clairement son approche de la famille et des liens inaltérables entre les individus d’une fratrie de sang… ou qui s’est choisie. Aller récupérer un ami dans l’au-delà, partir à la recherche d’un enfant disparu depuis des années, sacrifier sa propre existence pour que perdure celle de nos amis, tout cela est mis en avant dans cette nouvelle saison.

On dévore donc facilement les six épisodes pour en arriver à un final surprenant qui apporte un lot non négligeable de questions. Que va devenir Elvis ? Ce qui est arrivé dans notre monde aura-t-il un impact puissant sur la société ? Les personnages rencontrés dans l’au-delà ont-ils une importance prédominante pour la suite ? Qui a offert ce jouet à Ventura ? Mayakén peut-il s’émanciper aussi facilement ? Les anges sont-ils des bâtards ? Tant d’interrogations qui nécessiteront une attente avant de trouver une réponse.

Tout comme précédemment, le mélange est savamment fait entre les effets visuels, l’horreur second degré et l’aspect thriller composé de démons et autres créatures peu enviables. Ce qui reste irrémédiablement dans cette série, c’est sa capacité à gérer les différents genres sans en faire trop ni pas assez. Le dosage subtil et la maîtrise de la mise en place permettent de conserver un tout cohérent et appréciable.

On termine cette nouvelle saison avec un fun en deçà de la précédente mais avec toujours autant d’attention. Retrouver un univers comme celui-ci, teinté de personnages atypiques, d’émotions fortes, de démons vicelards, de plans magnifiques et de situations rocambolesques, ça n’arrive pas tous les jours. Ces six épisodes parviennent aisément à nous faire comprendre que les Diableros n’ont pas dit leur dernier mot. Fans de la première saison ou adeptes des histoires qui parviennent à nous faire voyager tout en conservant une essence surnaturelle et un fun sympathique, lancez-vous dans le visionnage.

Bon sang, Ventura, fait le poing dans ta poche et lance-toi !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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