Quelqu'un a un anti-venin ?

Netflix nous gratifie d’un large choix de films et de séries. Dans cette sélection, on retrouve La Morsure du Crotale ou Rattlesnake en anglais (ce qui claque beaucoup plus, nous sommes d’accord). Le pitch ayant l’air sympa, il est temps de glaner quelques infos sur le film. Il est réalisé par Zak Hilditch, à qui l’on doit notamment l’adaptation sortie en 2017 de la nouvelle 1922 de Stephen King. Ici, c’est plus une histoire de désert, de serpent, de pacte et de compte à rebours. La question est : est-ce que le film a du mordant ? Pour le savoir, lançons-nous dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Katrina (Carmen Ejogo) voyage avec sa fille Clara (Apollonia Pratt) au milieu du désert texan pour rejoindre sa mère. Un pneu de la voiture éclate soudainement et alors que Katrina le change, sa fille se fait mordre par un serpent à sonnette. Paniquée, elle se rend dans un baraquement à proximité où une étrange femme accepte de soigner la blessure mais cela occasionnera une dette pour Katrina… une dette de sang.

On ne peut pas nier que Carmen Ejogo joue son rôle de mère à la perfection en nous gratifiant d’une relation simple et crédible avec sa petite fille. L’actrice porte le film sur elle d’un bout à l’autre car les autres protagonistes restent relativement effacés. On peut cependant noter que Theo Rossi dans le rôle de Billy se la joue « enfoiré » de premier ordre et que sa compagne Abbie, interprétée par Emma Greenwell, nous met mode « pitié » vu sa terrible condition. David Yow, quand il ne pousse pas la chansonnette, prend le rôle de Charlie, un vendeur d’armes sous le manteau. A noter que c’est la première fois que je vois une vapoteuse dans un film. Les temps changent…

Bref, ce qui nous intéresse ici, c’est la morsure du titre et ce qu’elle déclenche. Perdue au milieu du désert, Katrina n’a pas d’autre choix que de demander à une miss cheloue un coup de main pour sauver sa fille. Mystérieuse au possible, cette dame (interprétée par Debrianna Mansini), fleure bon le coup fourré où je ne m’y connais pas. Et ce qui doit arriver… arrive.

Hospitalisée après avoir été sauvée par cette étrange personne, Clara n’a plus une trace de morsure. Un type bien sapé (Bruce Davis) entre dans la chambre et demande à Katrina le paiement de ce miracle en prenant une vie humaine d’ici le coucher du soleil, sans quoi la morsure refera surface et tuera sa fille dans d’atroces souffrances. Pensant tout d’abord à un canular, Katrina se rend vite compte que le temps lui est compté si elle veut que sa fille reste en vie.

Mais voilà ; qui choisir ? Ce vieil homme dans la chambre d’à côté qui semble être aux portes de la mort ? Un individu lambda dans la rue ? Qui mérite de mourir pour que sa fille vive ? C’est au détour d’une descente de verre dans un bar qu’elle va remarquer Billy et Abbie, un couple où Monsieur impose clairement une dictature physique violente. Elle a fait son choix.

Reste à trouver une arme auprès d’un revendeur peu orthodoxe, fumeur de vapoteuse, et de s’introduire chez le couple pour en finir avec Billy, permettant ainsi de sauver la gamine. Un voyage dans le désert, une altercation et quelques visions cauchemardesques plus tard, Katrina parvient à ses fins, mais était-ce vraiment la bonne solution ? Une vie vaut-elle une vie ? Tant de questions, mes amis, tant de questions…

Et c’est là que le film nous blase quelque peu. Restant très habile sur la forme, notamment grâce au terrible compte à rebours qui prend fin au coucher du soleil, nos mirettes restent rivées sur l’écran, attendant de voir comment va se sortir Katrina de cette terrible situation. Pourtant, sur le fond, on reste sur notre faim. La femme qui disait que faire du mal aux autres n’était pas bien – en aucune circonstance – se retrouve à devoir assassiner un humain.

Vous allez me dire « Mais, c’est pour sauver sa fille, quand même ! ». OK, bien. Je ne divaguerai pas sur la justesse des motivations mais simplement sur le fait que le film n’en fait pas état. Là où il était possible d’avoir une toile de fond parlant de la vie humaine, de sa valeur et des principes que nous sommes prêts à exploser pour parvenir à sauver un être aimé, on reste dans le plat absolu où l’on nous relate simplement les faits, rien que les faits. Une mer avec un magnifique coucher de soleil mais pas de profondeur, en somme.

Au lieu de s’orienter sur un débat philosophique et philanthropique de fond, le film part sur le problème de la violence globale et principalement dans les couples. Katrina fuit clairement quelque chose (y’a qu’à voir les messages d’un certain Mark) et retourne chez sa mère. A mon avis, il ne faut pas avoir fait le MIT pour comprendre qu’elle tente d’échapper à un conjoint violent et sauver sa fille de cet enfer matrimonial.

Cela explique donc son choix et surtout sa difficulté à faire face à la future mort de Billy, renvoyant sa propre situation dans celle actuelle où il ne s’agit plus seulement de sa vie mais de celle de sa fille. Sa réaction quand Billy se met à pleurer est manifeste car on sent qu’elle a déjà dû vivre quelque chose de semblable, le tout fleuri de belles promesses de changement qui ne sont jamais tenues.

Les apparitions horrifiques en cours de métrage, à chaque fois orchestrées par les fantômes de personnes assassinées à cause de cette dette à régler, font mouche cela dit sans nous coller une trouille salutaire. Ce qui rythme le métrage, c’est la deadline et uniquement la deadline. Tout le reste semble être là pour agrémenter ce fil conducteur et nous faire patienter jusqu’à l’arrivée du générique.

Pas foncièrement impérissable dans notre mémoire, relativement plat sur le fond, avare en explications sur les véritables raisons de cette dette de sang et sur le fonctionnement d’un potentiel pacte qui va avec, La Morsure du Crotale reste intéressant car il nous fait passer une heure trente de notre vie avec une certaine rapidité. On veut savoir, on veut avancer et c’est exactement ce que fait le film, au détriment d’une quelconque profondeur qui aurait pu apporter un réel plus. Et n’oubliez pas ; dans le désert, sortez couverts.

A la fin du film, elles en sont à la lettre « N » … comme Netflix. Marrant, non ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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