Prenez votre température

Pourquoi ne pas se mater une mini-série parlant d’une pandémie mortelle au niveau mondial ? Déjà, ça nous changera un peu de notre quotidien et en plus, il s’agit de quelque chose que nous connaissons déjà mais qui a été remis au goût du jour. Basé sur le roman Le Fléau paru en 1978 (édition revisitée en 1990) de Stephen King, cette mini-série retrace les événements que les fans du Maître du Suspense ont sans doute déjà vu dans la micro-série télévisuelle, en quatre épisodes, sortie en 1994, réalisée par Mick Garris et créée par l’écrivain himself. Entre 2020 et 2021, on nous sert une nouvelle adaptation créée par Josh Boone (Les Nouveaux Mutants) et Benjamin Cavell. Est-ce une bonne idée de sortir ça à ce moment-là ? Qu’est-ce qui change par rapport à la première mouture ? Vous sentez-vous fiévreux ? On garde un thermomètre à portée de main et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers indiqués par une balise

Un virus s’échappe d’un laboratoire top secret américain et décime 99,4% de la population. Les survivants rêvent tantôt d’une vieille femme les invitant à venir à Boulder, dans le Colorado, histoire de démarrer une nouvelle vie, tantôt d’un homme flippant les incitant à se rendre à Las Vegas pour prendre part au dernier combat. Apparemment, le reste de l’humanité se dirige vers un conflit ultime entre le Bien et le Mal.

Pour commencer, j’ai beaucoup aimé l’adaptation de Mick Garris en 1994 et je ne vais pas m’amuser à constamment comparer les deux productions. Celle des années 90 durant environ quatre heures et celle présentée ici environ neuf heures, il est clair que nous avons plus le temps de retrouver des passages du roman omis dans la première adaptation. Néanmoins, je reviendrai sur quelques éléments pouvant être mis en avant.

Bon, parler de pandémie, ce n’est pas évident pendant les années 2020 et 2021 mais au moins, on est dans le sujet. Volonté propre de sortir ça à ce moment-là ou erreur de timing ? On s’en moque car la quasi-extinction de l’humanité reste ici un prétexte pour nous présenter un combat ultime entre le camp des gentils et celui des méchants, non sans conserver une zone de gris non négligeable.

On démarre cette série en fanfare en nous présentant un monde totalement déchu suite à l’attaque d’un virus de la grippe particulièrement agressif. Il n’y a qu’à voir les victimes de ce fléau pour se rendre compte de l’atrocité de leur agonie (cou gonflé, fièvre hors normes, abondance de mucus). Mais la centralisation de l’intrigue se fait principalement sur les survivants.

Narrant son histoire de manière non linéaire, The Stand nous présente divers protagonistes, ayant tous possibilité de basculer du côté du Bien ou du Mal. Intéressant d’ailleurs de commencer avec Harold (Owen Teague), déstabilisant étant donné son personnage manipulateur et quelque peu rempli de rage. Il s’agit cependant d’un protagoniste central, mais j’y reviendrai dans la section des spoilers.

On retrouve également Stu (James Marsden, X-Men) en sympathique survivant et leader-né ; Frannie (Odessa Young), jeune femme battante et déterminée ; Nadine (Amber Heard), ambiguë et déchirée par son destin ; Glen (Greg Kinnear), tête pensante cynique et n’ayant peur de rien ; Larry (Jovan Adepo), musicien cherchant la rédemption et doté d’un courage incroyable ; Nick (Henry Zaga), porte-parole muet du Bien ; ou encore Tom (Brad William Henke), drôle et touchant (Tom, ça s’écrit L-U-N-E).

A mentionner le passage d’Ezra Miller (Justice League) en Poubelle, pyromane complètement taré ; Nat Wolff (Nos étoile contraires, Death Note) interprétant Lloyd, prisonnier sauvé par le Fils de l’Ombre qui aurait mieux fait d’y rester (à l’ombre) ; Heather Graham (Very Bad Trip, Horns) jouant Rita, compagne de route de Larry ; Fiona Dourif (La Malédiction de Chucky), reprenant le rôle de Face-de-Rat ; ou encore J.K. Simmons (Spider-Man) dans le rôle du Général Starkey.

A noter pour info la présence de la voix de Bryan Cranston (Malcolm, Breaking Bad) en président des Etats-Unis ; Stephen King trônant sur une publicité pour une maison de retraite ; et Mick Garris comme résident de la zone libre de Boulder.

Bref, tout ce petit monde se retrouve dans un univers postapocalyptique dans lequel il est possible de suivre deux voies (ou voix) ; celle de Mère Abigail (Whoopi Goldberg), la sage centenaire étant l’intermédiaire de Dieu sur Terre… et que ça fait trop plaisir de retrouver ; ou celle de Randall Flagg (Alexander Skarsgard), incarnation du Mal basé à Las Vegas (renommée New Vegas pour l’occasion).

On assiste donc à une narration non linéaire nous présentant les différents personnages et où ils se situent. Si on a lu le bouquin ou vu la série de 1994, peu de surprises. Et même si l’on n’a pas connaissance de cela, on voit comment les choses tournent avant que les personnages nous soient présentés ; on est donc moins étonnés par certains comportements ou décisions venant de certains d’entre eux.

N'en reste que chacun des acteurs fait un travail impeccable et que les personnages arrivent à nous convaincre. J’ai cependant une pensée triste pour Alexander Skarsgard ; il joue parfaitement son rôle mais j’ai peiné à ressentir une quelconque menace venant de lui. Le terrible Eric de la série True Blood ne m’a pas fait tressaillir. Il faut dire que le physique atypique de Jamey Sheridan dans la mini-série de 1994 était plus intrigant.

L’histoire suit donc son cours et plusieurs éléments du roman interviennent alors qu’ils n’étaient pas présentés dans la première adaptation (notamment la rencontre de Rita et Larry et leur cavalcade dans les égouts), faute de temps. On peut donc plus largement comprendre les personnages et ainsi apprécier leurs combats, leurs déceptions, leurs tragédies et leurs moments de bonheur. La construction s’opère comme faisant de chaque individu une pièce manifeste du puzzle pour que l’un des deux camps l’emporte.

A ce titre, le final a été spécialement réécrit par Stephen King pour s’émanciper quelque peu du roman initial. Néanmoins, le personnage de Randall Flagg conserve sa fin, contrairement à ce qu’avait fait l’adaptation précédente. Seulement, l’avant-dernier épisode présenté ici nous concocte quelque chose de beaucoup plus « perché » que précédemment. J’ai trouvé cela osé et bien que ça envoie visuellement du lourd, ça reste passablement compliqué à digérer.

Car on parle énormément de religion et de notion de choix dans cette histoire. King aime beaucoup ces thèmes et en use énormément dans ses récits. Dans The Stand, cette notion est pratiquement ouverte, un camp représentant le Bien et l’autre le Mal, permettant ainsi de tergiverser quelque peu sur la dichotomie entre les deux. Du coup, l’assaut final à New Vegas est presque trop brutal pour être honnête, ne laissant pas vraiment d’alternative sur le possible libre choix des individus.  

ATTENTION : à partir d’ici, alerte spoilers !

Le dernier épisode a été également écrit spécialement pour la série et termine en bonne et due forme cette dernière. D’ailleurs, la notion de « reste honnête et résiste » est applicable à tous les personnages de la série et principalement à un certain Harold. Celui-ci, se prenant une démerdée à moto comme jamais, écrit ses dernières pensées avant d’en finir.

On apprend alors par la suite qu’il est resté honnête avec lui-même jusqu’au bout et même s’il semble demander pardon pour son acte de trahison, il ne veut pas s’en émanciper. Qui plus est, il résiste avec de terribles blessures jusqu’à ce qu’il ait écrit ce qu’il avait à dire, faisant de lui, sans doute, un des personnages les plus cohérents de cette nouvelle adaptation.

Comme je l’ai dit, cette notion peut être calquée sur tous les autres personnages, faisant du thème principal de The Stand la volonté humaine de survivre tout en restant le plus droit possible par rapport à ses convictions. La super-grippe n’est qu’un moyen d’en arriver à cette interprétation et n’est clairement pas le sujet principal de la série.

Il y aurait sans doute énormément à dire sur les différents thèmes et ce que l’on peut en tirer. Si cela vous intéresse, merci de me le dire en commentaire et, si intérêt il y a, pourquoi ne pas faire une vidéo là-dessus pour analyser les différents aspects de cette nouvelle adaptation du Fléau.

ATTENTION : fin des spoilers à partir de cette ligne

Quoiqu’il en soit, The Stand est une série bien ancrée dans l’actualité et dans la culture populaire. Cette nouvelle vision permet de voir plus large et de découvrir les personnages sous un jour nouveau. Possédant peu de surprises mais sachant nous intéresser assez pour que l’on se bouffe les neuf épisodes d’une traite, c’est le média idéal pour se changer un peu les idées en cette année 2021. Ou du moins, cela permet de constater que tant dans la réalité que dans la fiction, nos choix nous déterminent ; reste à savoir de quel côté on veut se placer.

Je vais m’arrêter là ; je me sens un peu fiévreux.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page