Et pendant ce temps-là, dans les vignobles californiens…

Ce film, je dois l’avouer, c’est l’affiche qui m’a titillé en premier lieu. Ensuite, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une production de Blumhouse, une valeur horrifique pas foncièrement sûre mais qui nous dépote quelques petits films bien sentis. La réalisation est confiée à un certain Kevin Greutert, déjà aux commandes de Saw VI (ah…), Saw 3D (mmmmh…) et Jessabelle (aïe !). Bon, on va y parler de visions apparemment terrifiantes et puis, gros bonus, ça se passe dans un vignoble. UN VIGNOBLE ! On va parler de pinard et voir en live les vignes californiennes ! Après cet argument, j’ai décidé de regarder le film et, croyez-le ou non, ce fut une étonnante surprise. Le vin californien a-t-il toujours mon approbation ? La trouille est-elle au rendez-vous ? La prise de risque des protagonistes était-elle calculée ? Allons-nous en au milieu des cépages pour en découvrir d’avantage !

David et Eveleigh Maddox s’installent à Paso Robles, Californie, dans un vignoble qu’ils viennent d’acquérir. La jeune femme est enceinte et même si les défis seront nombreux avec leur nouvelle activité, les habitants du coin les accueillent avec plaisir. Eveleigh s’adapte rapidement à son nouvel environnement mais quelque chose cloche. Elle est assaillie de visions terrifiantes et troublantes à tel point que son quotidien en devient insurmontable. Qu’est-ce qui a pu se passer dans ces lieux au goût de paradis ?

Eveleigh (Isla Fisher) est dans une terrible passe. Dans ce nouveau décor, et après un terrible accident de voiture qui a coûté la vie à un enfant, elle doit vivre avec des visions pas franchement chouettes, une grossesse en cours, et elle refuse de prendre des médicaments pour calmer lesdites visions afin que son bébé n’ait pas de problème. Elle se fait pourtant des amis et a un soutien (parfois mitigé) de son mari. Beau rôle pour cette actrice qui parvient à nous convaincre en maintes occasions. Son mari, David (Anson Mount), ne sait pas quoi penser de tout cela et se trouve être un peu effacé. Tout en restant dans le coup, l’acteur manie son couple à l’écran de manière futée.

Sadie (Gillian Jacobs) est une amie d’Eveleigh. Attentionnée, prévenante, elle sera un soutien absolu dans les épreuves vécues par son amie. Spécialiste en vins et medium à ses heures perdues, Helena (Joanna Cassidy) se met à avoir des transes bizarres n’augurant bien de bon. A noter Jim Parsons, LE Sheldon de The Big Bang Theory, dans le rôle d’un médecin et l’apparition d’Eva Longoria dans le rôle d’Eileen, la meilleure amie d’Eveleigh faisant tout spécialement le trajet depuis Los Angeles pour la voir.

Le casting est franchement sympathique. Les personnages à l’écran possèdent tous un vécu et semblent bien dans leurs rôles. Malgré le fait qu’ils se tiennent principalement dans une production viticole, ils ne titubent pas et restent droits dans leurs baskets, instaurant une immersion dans leurs histoires naturellement, sans que l’on s’en rende réellement compte. Un beau travail, même si certains rôles sont sous-utilisés (Eileen, par exemple).

On démarre le métrage avec un terrible accident de voiture ayant coûté la vie à un enfant. Après ce terrible drame, les Maddox décident de se lancer dans une petite production de pinard des familles et investissent tout dans l’achat d’un vignoble. On assiste à leur arrivée, leur accueil chaleureux et les personnages se mettent gentiment en place.

Puis, les visions vont démarrer. Une silhouette tout de noir vêtue, des bouteilles qui explosent, des traces de sang apparaissant soudainement, l’éventail des hallucinations d’Eveleigh est relativement large et parvient souvent à surprendre. C’est donc sans s’ennuyer que nous continuons d’avancer dans l’histoire afin d’en apprendre plus sur cette demeure et les environs.

L’enquête est suivie par le spectateur en même temps qu’Eveleigh qui tente aussi de comprendre ce qui lui arrive. Viendront ensuite quelques passages à vide, où la musique sauve la mise pour ne pas que l’on commence de s’ennuyer. Puis, on approche gentiment de la fin. Eveleigh en a marre ; elle arrête ses cachets et à partir de là, tout va s’accélérer pour enclencher un final des plus destructeurs.

« Destructeur » dans le bon sens du terme. Même si les indices sont parsemés comme des bouchons de lièges sur tout le film, on ne voit pas le twist arriver… du moins l’un des deux que j’ai pu déceler. C’est donc bouche bée, le regard vissé sur l’écran, le verre de vin rouge en train de déborder, que nous assistons à la scène finale. Radicale, violente, sans concession, on s’en veut presque de s’être fait avoir, mais c’est avec plaisir que nous remarquons que c’est le cas.

Le scénario se veut donc malin en intégrant une manière différente de voir les choses… tout comme Eveleigh. Les visions de cette dernière ont un but extrêmement précis, dont l’explication sera, j’en suis sûr, appréciée par les amateurs de twists en tout genre. En plus de ne pas s’ennuyer, on fini sur une note tout à fait sympa, osant même une dernière image évocatrice sur le futur de la demeure des Maddox.

Le sentiment de tension est bien présent et toujours amené de manière cohérente, voire surprenante. On ne sait pas à quelle moment la jeune femme va être victime d’une nouvelle vision et cette dernière peut être terrifiante (la silhouette à capuche) comme paraissant anodine (des pièces sur un meuble). Du coup, on va de surprise en surprise tout en conservant un aspect horrifique, bel et bien présent durant le métrage. Joli ! 

Tout comme un bon rouge, la robe est colorée, l’odeur évoque la chaleur d’une fin d’après-midi d’été et le goût est fruité et corsé à la fois. En plus, les déboires de la famille Maddox ne s’arrêtent pas aux visions d’Eveleigh et la problématique du couple sera mise en avant quelques fois durant le métrage. Un moyen comme un autre de surfer sur les « drama-horribilis » de ces dernières années tout en approfondissant les personnages.

Car c’est bien là l’enjeu du film ; parler du changement. Après une épreuve dramatique, comment se reconstruire ? Est-ce que tout plaquer et recommencer ailleurs permet d’oublier ? Le passé, à un moment ou un autre, ne nous rattrape-t-il pas ? C’est dans cette optique du changement que les visions prennent un intérêt tout particulier, intervenant à un tournant de la vie du couple qui se verra contraint d’occire ces hallucinations… ou de les prendre en compte. Comme un écho, choisir de passer outre un drame ou l’affronter pour en finir une fois pour toute.

Visions est une étonnante surprise. Partant du fait que ça allait rester dans le banal, voire le désastreux (comme une piquette de supermarché), il s’avère que c’est une excellente cuvée. Présentant un scénario tenu et possédant un certain intérêt, des personnages qui ne sont pas simplement effleurés mais avec leur vécu et leur charisme, le tout avec une fin qui pète les bouchons, j’ai été scotché de me retrouver devant quelque chose d’aussi sympathique. Si vous aussi vous êtes amateurs de millésimes, vous pouvez vous lancer dans le visionnage de ce film… en dégustant une bonne bouteille.

A consommer avec plaisir et modération.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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