Ça vole pas haut…

Les drones sont de plus en plus présents dans notre quotidien. En découvrant qu’un film d’horreur traitait du sujet, je me suis lancé ! Bon, déjà, pourquoi le titre original The Drone a-t-il été traduit en français en Drones au pluriel ? Aucune idée. Le réalisateur, Jordan Rubin (Zombeavers), a-t-il essayé de faire une comédie, un film d’horreur ou les deux ? ‘Sais pas. Ce film est-il directement pompé sur un autre grand classique de l’horreur qu’est Jeu d’enfant de Tom Holland en 1988 ? Peut-être. En tout cas, j’ai procédé au visionnage pour vous… et ce n’était pas triste. On met son drone en charge et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers mais entre nous, on s’en fout.

Chris (John Brotherton) et sa femme Rachel (Alex Essoe), fraîchement mariés, emménagent dans leur nouvelle maison. Chris trouve un drone flambant neuf dans les poubelles et décide de le garder en prenant le soin d’acheter une nouvelle télécommande. Mais l’appareil semble avoir une conscience propre… et met en place un plan diabolique pour piéger Chris.

L’idée de base d’un drone comme figure principale d’un film d’horreur est une bonne chose. Cependant, même si les fondations profondes tiennent le coup, ce n’est pas une raison pour bâtir une histoire en château de cartes par la suite. C’est précisément ce qui arrive avec ce film qui contient passablement de foutage de gueule.

Commençons par les acteurs. Alex Essoe a pourtant une filmographie bien fournie (notamment Doctor Sleep) mais se trouve être à des kilomètres d’une quelconque crédibilité dans son rôle de jeune femme se retrouvant face à un drone meurtrier. Son mari n’est pas en reste, possédant lui aussi une bonne filmo… mais restant ici un personnage fade, tête à claque et peu crédible.

Leur voisine, Corrine (Anita Briem) est chaude comme un ordi sans ventilateur et serte principalement d’excuse pour quelques scènes cocasses ; les détectives Ramirez et Allen (Gonzalo Menendez & Sam Adegoke) jouent les deux aux méchants flics ; et le tueur en série de l’histoire, interprété par Neil Sandilands, sent bon le taré de service en carton. On a donc ici soit un gros problème de jeu de la part des acteurs, soit d’écriture et de direction de ces derniers.

Dès les premières minutes, on sait que ça va être gratiné. Une équipe du SWAT débarque chez un tueur-violeur-pilote-de-drone et rien que les dialogues de cette petite bande valent leur pesant de lourdeur (« Qu’est-ce qu’il a fait de sa femme de ménage ? » ou « Tiens, celle-ci a matché le mauvais type » en découvrant le corps égorgé de la dernière victime du maniaque).

On passe ensuite à une poursuite entre les membres du SWAT et le tueur avant que ce dernier, sur le toit de son immeuble, drone à la main, n’hurle quelques 0 et 1 comme une formule magique avant de se faire frapper par la foudre, transférant ainsi sa conscience dans l’appareil se trouvant dans ses mimines. Je n’arrive pas à me rendre compte que je viens d’écrire ça…

La suite du film passe par la présentation des personnages au jeu douteux, à l’enchaînement de scènes censées faire rire avec l’arrivée de la voisine cruellement en manque de dildo humain et à un illogisme complet du début à la fin. Le drone est donc possédé par l’esprit du tueur en série et va alors mettre en place le plan le plus alambiqué du monde pour se débarrasser de Chris et garder Rachel pour lui tout seul.

Alors que l’intrigue monte en puissance (c’est ironique, hein, on est d’accord), la révélation de l’identité du tueur tombe magnifiquement à plat tant c’est capillotracté. Les dernières minutes nous affublent d’une consternation sans nom, tout d’abord parce que c’est complètement con, et ensuite parce que la finalité du film n’a absolument aucun sens, le personnage de Rachel étant d’une incohérence à faire pâlir le plus majestueux des murs en crépis !

On ne comprend pas vraiment où veut en venir le réalisateur ; est-ce une comédie horrifique ? Une horreur comique ? Ni l’un, ni l’autre ? Bien que le film soit parsemé de scénettes souhaitant nous apporter un peu de légèreté, on ne peut se résoudre à trouver une raison à ce foutoir et du coup, l’ensemble paraît d’une incohérence totale. Au moins, Zombeavers avait l’avantage de clairement annoncer la couleur, ce qui n’est pas le cas ici.

Et puis, il faut préciser que ce film m’a fait terriblement penser à Jeu d’enfant de Tom Holland. Sorti en 1988, ledit métrage mettait pour la première fois en scène notre ami pour la vie Chucky. Dans les similarités, on peut noter ; l’étrange formule du tueur ; le transfert de sa conscience dans un objet inanimé ; la découverte dudit objet près des poubelles ; la furtivité de l’objet en question pour commettre des méfaits ; sa capacité à se transférer dans un corps humain ; sa destruction par le feu ; et sa finalité, transpercé par quelque chose (une balle dans Jeu d’enfant et un poteau dans le présent film). Ça fait pas mal de points, non ? 

Parodie assumée ? Film pour de rire ? Hommage ? Là encore, je ne peux pas vous aider sur le fond du film et vous vous ferez votre propre avis. Même au niveau du montage ou de certains effets, on reste dans le fragile. Pourtant, on s’ennuie rarement tellement on a envie de découvrir quelles énormités nous attendent pour la suite. On tient donc ici un film résolument comique pour tous les amateurs horrifiques tant ça dérive dans le nawak.

Je reste convaincu que Jordan Rubin est un réalisateur à suivre ; il kiffe le genre horrifique (ça se voit) et dès que l’équilibre aura été trouvé entre l’idée de base, la direction des acteurs et la cohérence du récit, on pourra alors se retrouver devant quelque chose de bien et surtout d’assumé. Ici, je cherche encore si c’était pour de rire ou si c’était réellement sérieux.

Drones est donc à éviter si vous voulez conserver 80 minutes de votre vie. Incohérent, bordélique, risible, avec des personnages se mentant à eux-mêmes et des scènes horrifiques qui n’en sont même pas, laissez tomber la technologie des drones et revenez-en au bon vieux cerf-volant.

D’ailleurs, ça pourrait être une bonne idée de suite.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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