Ménage spatial

Sous-genre de la science-fiction, le space opera permet de nous concocter des histoires bien trempées tout en nous faisant voyager dans l’espace. Star Wars, Star Trek, Doctor Who ou encore Le Cinquième Elément sont des exemples intemporels. Eh bien là, on va parler de Space Sweepers, un film sud-coréen réalisé par Jo Sung-hee (A Werewolf Boy, Phantom Detective) qui débarque sur la plateforme Netflix en 2021. Vaisseaux spatiaux, nettoyage de l’orbite terrestre, complot à grande échelle, équipe de bras cassés, on va avoir de tout pour notre plus grand plaisir, prouvant ainsi que la Corée du Sud… bordel, c’est la classe ! Qui plus est, le film m’a été conseillé par un grand connaisseur du 7ème art ; impossible donc de passer à côté. On allume les boosters et on se lance dans la critique !

En 2092, la Terre est devenue pratiquement inhabitable ; végétation pratiquement inexistante, raréfaction de l’oxygène, pollution accrue ; c’est un enfer. Une grosse société, UTS, construit alors un ersatz de planète Terre en orbite, ceci seulement pour quelques élus appelés les citoyens UTS. Pour les non-citoyens, c’est la bataille quotidienne pour survivre, certains travaillant comme balayeurs spatiaux pour détruire les nombreux déchets en orbite autour de la Planète Bleue. Parmi ceux-ci, la capitaine Jang (Kim Tae-ri) et son équipage, qui vont se retrouver au cœur d’une terrible machination.

Difficile de résumer le film en quelque ligne tant ce dernier est finalement dense. On se retrouve avec des sous-intrigues bien torchées ainsi qu’un fil rouge relativement cossu, faisant de ce métrage une œuvre complète durant tout de même 136 minutes. Mais rassurez-vous ; les sud-coréens savent gérer quand il s’agit de nous construire quelque chose de bien foutu.

On démarre donc le métrage en nous présentant la situation ; c’est le bordel sur Terre et c’est là qu’une société bienfaitrice, UTS, va faire le nécessaire pour que l’humanité puisse vivre décemment. Ce postulat de départ, avec tout ou partie de l’humanité qui se barre de la planète, n’est pas sans rappeler un certain nombre de métrages (Elysium, Oblivion). Mais ce n’est pas pour autant que l’on va se retrouver en terrain connu.

Nous faisons la connaissance de l’équipage de têtes brûlées du vaisseau « Victory », cador en matière de ramassage de déchets spatiaux pour se faire un peu de thune. Nous avons Tae-ho (Song Joong-ki), au passé plus brumeux que ce que l’on pourrait croire et recherchant activement sa fille ; la capitaine Jang (Kim Tae-ri), intransigeante et badass ; Tiger Park (Jin Seon-kyu), véritable force brute tatouée ; et Bubs (Yoo Hae-jin), un droïde sachant bluffer au poker et pro dans l’art du lancement de harpon.

Cette équipe sillonne donc l’orbite terrestre dans le but de ramasser des déchets pour gagner quelques sou-sous. Un jour, ils découvrent une fillette dans l’un des compartiments d’un autre vaisseau, répondant au nom de Kot-nim (Park Ye-rin). Celle-ci serait un robot ultraperfectionné kidnappé par une organisation terroriste ayant fait d’elle une potentielle bombe à hydrogène.

A partir de là, le scénario prend une bonne consistance, notamment en incluant des personnages comme James Sullivan (Richard Armitage) en directeur impitoyable d’UTS et ayant fêté ses 152 printemps, ou Pierre (Kevin Dockry), un autre éboueur de l’espace, follement amoureux du capitaine Jang. Côté histoire et personnages, on a ce que l’on est venu chercher ; du bon.

On suit alors les péripéties de cette équipe de choc qui cherche tantôt à vendre la fillette pour se faire quelques pépettes ou à la protéger du complot intergalactique au centre duquel elle semble se retrouver. Rebondissements, dialogues savoureux, courses-poursuites dans l’espace, tout cela pour arriver à un final retournant la situation et nous présentant une fin cohérente avec une dernière image rendant un hommage clair à tous les films avec des vaisseaux spatiaux (me dites pas que vous ne l’avez pas vu venir). Même si la fin semble alambiquée, elle a le mérite de conclure clairement ce conte futuriste.

Autre point fort ; les effets spéciaux. Mais bordel, ils font comment en Corée du Sud pour rivaliser avec les plus grandes sociétés calées en la matière ? On assiste à des battles de vaisseaux franchement incroyables, on virevolte dans l’espace à grande vitesse et on visite des lieux hétéroclites d’un bout à l’autre de l’orbite terrestre. Et à chaque fois, c’est visuellement extrêmement correct.

Perso, j’ai été un peu déçu du personnage de Sullivan, ne sachant pas si je devais le prendre pour un méchant de James Bond ou un réel bienfaiteur qui aurait pété définitivement une case. Bien qu’il explique clairement pourquoi il en vient à faire cela à cause d’un événement traumatisant de son enfance (on est en 2092, il a 152 ans, faites le calcul), il reste un peu flou dans son développement.  

Le film traite de beaucoup de sujets et je passerai volontairement à côté de celui de l’écologie ; le problème est soulevé mais ne reste pas le point central, le métrage préférant s’attarder sur son scénario ainsi que sur ses personnages. Pas de morale pompeuse, simplement un constat de la situation et une vision de ce que ça pourrait être si ça venait à dégénérer. 

Mais le sujet de la rédemption semble faire mouche. Les membres de l’équipage du « Victory » sont à la recherche d’une victoire qu’ils n’ont pas pu avoir par le passé et veulent faire amende honorable par rapport à cela ; Jang et sa tentative raté d’aider l’humanité ; Tae-ho recherchant sa fille après un terrible drame ; Tiger Park s’émancipant de son ancien statut sur Terre ; et Bubs… souhaitant avoir une apparence humaine pour masquer ses faits passés.

En nettoyant l’espace, les protagonistes en viennent également à nettoyer leur âme et leur conscience. Ils sont à la recherche d’un moyen d’en finir avec le passé même si ce dernier, on le sait, finit toujours par nous rattraper. Cela mixé avec les autres différents thèmes tels que l’honneur, l’amitié, la recherche de quelque chose de plus grand que le simple confort, la détermination à suivre une voie juste et la bataille quotidienne pour la survie, il y a de quoi faire.

Avec des personnages intéressants, des effets spéciaux qui scotchent, une histoire basique mais bien amenée, des vaisseaux qui vont à toute berzingue et des droïdes qui savent causer, Space Sweepers est bien parti pour être une des bonnes surprises de cette année 2021. La Corée du Sud n’a pas fini de nous étonner et s’ils arrivent même à nous bluffer avec un space opera bien foutu, je ne peux que m’incliner en disant : « Bravo ! ».

Pensez à trier vos déchets.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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