Le travail, c'est la santé !

Un week-end de cohésion de groupe pour l’entreprise, ça vous tente ? Nul doute que cela vous passera après avoir vu Severance. Avec ce film, Christopher Smith signe son deuxième métrage (après Creep) et co-écrit le scénario avec James Moran. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette fois-ci, l’humour bien « english » est de la partie pour notre plus grand plaisir. Suivant une bande de collègues au milieu d’une forêt dans les pays de l’Est qui se font poursuivre par des adeptes de la violence, l’histoire est profondément ancrée dans le style survival, avec cette touche d’humour sombre à la british. Cela donne-t-il envie de partir en week-end avec son entreprise ? La survie est-elle quotidienne dans le cadre du travail ? Que penser du domaine commercial de la vente d’armes ? Corrosif, drôle et fun, Severance apporte un lot de réponses… à sa manière. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Sept collègues travaillant pour la société Palissade Defense, spécialisée dans la vente d’armes et de gadgets militaires, se retrouvent au milieu d’une forêt en Hongrie. Ils vont y passer un week-end pour renforcer leurs liens et donner une meilleure cohésion à l’équipe, notamment en jouant au paint-ball. Mais voilà ; une petite erreur géographique et ils se retrouvent pourchassés par un commando de survivalistes adeptes de la violence et de la torture.

Au niveau des acteurs, on a de quoi faire ! Richard (Tim McInnerny) est le chef de ce petit groupe. Peu sûr de lui, ne parvenant pas à hausser la voix quand la situation l’exige, il cherche à motiver les troupes avec maladresse. Harris (Toby Stephens) est ronchon, posé et sûr de lui, tout l’inverse de son patron. Jill (Claudie Blackley) est la jeune femme râleuse et professionnelle par excellence. C’est d’ailleurs d’elle que viendra le fin mot de l’histoire sur la cause de leurs désagréments. Billy (Babou Ceesayu), la force tranquille de la team, est également l’assistant direct de Richard, laissant place à quelques dialogues savoureux. Gordon (Andy Nyman), lèche-botte par excellence, légèrement stupide quand il le veut (le plongeoir), aura fort à faire avec un piège à ours. Et que dire de Steve (Danny Dyer), shooté jusqu’aux oreilles, possédant tous les psychotropes existants dans sa valise et pensant se faire un week-end « détente », avec drogues et escort-girls ? Pour terminer, mention toute spéciale à Maggie (Laura Harris), forte et indépendante, égérie de la survie dans ce film.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les acteurs sont piles dans leurs rôles. Drôles, touchants, parfois tellement abrutis qu’on les achèterait pour les baffer, n’en reste que tout fonctionne à la perfection. Steve nous inclut des dialogues tordants à la pelle (surtout lorsque Maggie est dans le coup) tandis que Richard nous bidonne par son incapacité notoire à gérer un groupe. Dans l’ensemble, les prestations sont toutes impeccables, dans le ton de l’humour grinçant du film.

De plus, avec des personnages surfant sur les clichés comme ceux-ci, on peut rapidement s’identifier à l’un d’eux. Nous possédons forcément une manière de travailler se rapprochant sensiblement de l’un des personnages présentés ici, et cela nous renvoie donc notre propre image. Carriéristes et je-m’en-foutistes trouveront forcément leur compte dans cette galerie de protagonistes. 

Côté histoire, le scénario est linéaire et se base sur les nombreux survivals déjà existants. Erreur géographique, route barrée, milieu de forêt, mauvais endroit… au mauvais moment, tout s’y trouve. Ce n’est pas pour autant que le visionnage en pâti, bien au contraire. En restant dans les standards du genre, Christopher Smith nous balise la route (contrairement à celle des personnages) et nous emmène dans ce récit où, on le sait, ça va forcément partir en cacahuète. On peut cependant trouver tiré par les cheveux les raisons des attaques du commando, non pas dans le fond mais dans la forme. Cela prouve, encore une fois, que dans un survival, le bas-de-bol, c’est jusqu'au bout.

Après une introduction bien concrète projetant d’emblée l’atmosphère, nous continuons le métrage, heureux de ce qui s’y passe. L’arrivée de l’équipe à leur gîte, leur organisation, le repas du soir (merci Gordon !), l’ambiance se pose et on sait que quelque chose ne tourne pas rond. On en arrive au débarquement d’une forme menaçante autour de la maison, quelques passes-passes histoires de nous tendre les nerfs et ensuite, on démarre vraiment dans le viscéral. Le rythme ne s’arrête plus jusqu’à un final sanglant et drôle à la fois, tout ça avant d’avoir un repos bien mérité. Nous avons survécu, libéré de cet enfer avec les quelques survivants, et cela nous ravi. 

L’humour noir présent dans le film aide également à ne pas s’ennuyer un instant. Les punchlines de Steve et sa capacité à toujours trouver un moment pour se prendre une petite substance ; le kidnapping de Gordon en arrière-plan ; le coup de la jambe dans le frigo du car ; tout concorde à ce que le grincement humoristique soit une douce musique à nos oreilles. Ah, quand un anglais s’y met, il faut dire que ça dépote un max !

Sanglant, Severance l’est assurément. La scène d’ouverture annonce directement la couleur (rouge, bien évidemment) et on sait que l’on va se retrouver dans un film potentiellement WTF avec coups de flingues et de couteaux en prime. Typiquement survival, le métrage est violent dans son traitement, n’épargnant pas les rétines du spectateur et envoyant du lourd dans les séquences de traques et de combats. Attention les amis, ça va saigner.

Outre un superbe moment à passer, la critique de l’entreprise est bien présente dans le film. Lorsque les protagonistes se retrouvent poursuivis par ce commando tout à fait cintré, la hiérarchie ne compte plus ; il ne reste que la survie. C’est un peu une métaphore de ce que l’on peut retrouver dans le monde du travail d’aujourd’hui. C’est la survie du plus fort au détriment du plus faible. Celui qui arrive à rester en vie dans cette jungle professionnelle parviendra à ses fins.

A noter aussi la critique évidente des sociétés travaillant dans l’armement. Tout ce qui arrive dans le film est du fait de Palissade Defense, et certains diront que les types n’ont que ce qu’ils méritent. En même temps, en usant d’un ton décomplexé pour parler de cela, on reste dans le correct, sans partir dans un ton réaliste comme dans Lord of War. Le message reste le même ; ceux qui fabriquent les armes peuvent se retrouver un jour face à elles.

Severance est un bijou d’humour anglais et de giclées de sang intempestives. Les amateurs de survival et les aficionados des sorties d’entreprise seront comblés devant ce film. Le ton résolument comique ne plaira pas forcément à tout le monde, mais Christopher Smith signe ici un bon métrage, tout en sourires et en blessures. Et n’oubliez pas ; si un autochtone vous dit de ne pas prendre une route, NE LA PRENEZ PAS !

RIP la jambe de Gordon…  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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