Deux c'est assez, trois c'est trop

Avec un personnage comme Chucky, difficile de s’arrêter. Après un bon premier film et une suite carrément en demi-teinte, nous en arrivons à Chucky 3. Le poupon possédé par l’âme d’un tueur en série est de retour et nous promet du lourd. Sorti seulement neuf mois après le second opus, c’est Jack Bender qui se retrouve aux commandes de ce métrage afin de continuer la sombre histoire de la poupée tueuse. Bien souvent à Hollywood, on sent la pression des studios sur un film, et c’est exactement le cas ici, Don Mancini (le créateur de Chucky) devant vite-fait rempiler pour un nouveau film juste derrière Chucky, la poupée de sang. Alors, cet opus va-t-il nous surprendre ? Pourquoi est-ce qu’il serait le film de trop ? Les écoles militaires aux Etats-Unis ne disposent-elles pas d’une unité anti-poupée-tueuse ? On respire un grand coup et on essaie de trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Huit ans ont passé depuis la défaite de Chucky dans l’usine où il a été créé. Andy, avec une maman toujours en unité psychiatrique, est envoyé dans une école militaire histoire de lui apprendre la vie. Il va faire connaissance avec de nouveaux amis et également avec le cadet-lieutenant-colonel Shelton, la brute du coin. Heureusement, la belle Kristen est là pour faire battre le cœur de notre adolescent qui découvre ses premiers émois. Et Chucky dans tout ça ? Ben… il va revenir et il n’est pas content.

Vu que seulement neuf mois dépare le second opus et celui-ci, tandis que huit ans ce sont écoulés dans le film, il était nécessaire de changer d’acteur pour le petit Andy, maintenant âgé de seize ans. Pour le rôle du jeune homme, c’est Justin Whalin qui s’y colle. Celui qui deviendra le Jimmy Olsen de la série Loïs et Clark se retrouve face à son jouet d’enfance et à une foule de problèmes d’adolescents. Bien joué mais potentiellement mal écrit. Kristen De Silva (Perrey Reeves) vient ajouter une touche féminine bienvenue au métrage, jouant le rôle de la cadette grande gueule et prête au combat. Le petit Ronald Tyler (Jeremy Sylvers) est la nouvelle victime de Chucky, devenant ami avec ce dernier avant de remarquer (trop tard) que c’est un réel enfoiré. Le cadet-lieutenant-colonel Brett Shelton (Travis Fine) est l’enfoiré de service, moins enfoiré qu’il n’y paraît.

Et puis, il y a Brad Dourif, qui reprend la voix de Chucky pour la troisième fois ! Même si la performance vocale reste et que le rire diabolique du poupon nous colle toujours des frissons, la répartie est moins grande concernant l’humour et on peine vraiment à se mettre dans l’ambiance, de quelque manière que ce soit.

Car ici, il y a déjà clairement un problème de cohérence. Le scénario s’enfonce dans les abysses du n’importe quoi dès les premières minutes. L’entreprise créatrice de jouets, huit ans après les faits du second film, décide de remettre sur le marché la poupée « Brave Gars ». Pour cela, ils nettoient l’usine, utilisent les restes de Chucky pour créer une nouvelle poupée et grâce au sang contenu dans le petit corps du tueur en série, BAM, ils font revenir Chucky à la vie. Du déjà-vu, vous dites ?

Si déjà l’explication du retour de notre poupée meurtrière préférée est bancale, attendez de voir ce que cela donne avec les différents personnages. Andy, après deux épreuves cossues à se battre contre un jouet tueur, ne semble pas réellement affecté par tout ça. Il préfère penser à sa survie à l’école miliaire et au joli minois de la belle Kristen. Le retour de Chucky le mettra en mode « C’est ma guerre ! » et il fera alors tout pour aider le petit Tyler, nouveau venu dans le viseur du tueur en série prisonnier du corps de la poupée.

Les autres personnages sont faits du même bois. Harold Whitehurst (Dean Jacobson), souffre-douleur et trouillard, effectue l’acte le plus héroïque du métrage ; Kristen De Silva, grossière et grande gueule, possède en fait une stabilité émotionnelle impeccable ; Shelton, enfoiré à ses heures perdues et aimant son pouvoir sur les autres, est nettement moins méchant que ce à quoi l’on s’attend ; le Sergent Botnick (Andrew Robinson, Scorpion dans L’Inspecteur Harry) interprète un coiffeur déjanté, dégénéré et dangereux ; et même Chucky, prêt à tout pour finalement sortir de ce corps, ne semble pas des masses investi dans sa tâche.

En gros, pas grand-chose ne fonctionne dans ce film. On passe donc l’heure et demie à regarder ce qui s’apparente à un drame adolescent sur un fond de film horrifique pas si apeurant que cela. On attend qu’il se passe quelque chose, en fait. Même les crimes de Chucky prennent la poussière, reprenant des standards déjà vus et revus pour l’année 1991. L’humour est moins présent (mais la répartie de Chucky fait toujours plaisir) et aucune scène ne reste réellement marquante.

On avance lentement et gentiment jusqu’à un final dans un manège ayant pour toile de fond un parcours hanté. Après une baston entre Andy et Chucky, ce dernier se verra littéralement déchiqueter. Enfin une mort en une fois pour notre poupée assoiffée de sang. Il y a donc au moins quelque chose de crédible dans ce film ; la mort du méchant.

Donc, des personnages insipides ou incohérents, des scènes n’envoyant rien d’autre que 25 images/seconde, une trouille qui s’est barrée en vacances ; le constat est réellement mauvais. Chucky 3, dans cette saga horrifique, est clairement le vilain petit poupon, n’apportant absolument rien à l’histoire, aux personnages, à la saga et au cinéma en général. Un vide se justifiant par l’envie des producteurs de faire rapidement du pognon avec cette saga et qui, au final, parviennent à nous flinguer l’histoire propre en ordre. On en vient à apprécier le fait que le film se termine, en espérant que le carnage cinématographique est terminé.

Fans d’horreur, concernant la saga de Chucky, sur votre étagère DVD, vous vous devez d’avoir une place vide ; celle de ce film. N’apportant strictement rien, rempli de vide et ne parvenant même pas à nous faire décoller d’un quart de million de millimètre notre petit cœur avec ne serait-ce qu’un ersatz de trouille, Chucky 3 est réellement le film de trop. Cela fait plaisir de retrouver notre poupée tueuse mais dans ces conditions, il valait clairement mieux la laisser dans l’emballage.

Espérons que cette fois-ci, le lobby du jouet aura compris la leçon. o

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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