Bonne nuit !

On connaît la force des pays latins pour nous offrir des films bien sentis, alliant parfaitement tension et scènes surprenantes. Bien sûr, en découvrant l’existence de No dormirás, thriller argentino-hispano-urugayen sorti en 2018, mon sang ne fit qu’un tour ; il fallait procéder à un visionnage. Déjà au fait de The Silent House en 2010, le réalisateur Gustavo Hernández nous propulse ici dans une histoire de pièce de théâtre, d’asile abandonné et de privation de sommeil. Un bien beau programme, me direz-vous. Cela va sans doute occasionner quelques nuits blanches. Eh bien… pas vraiment. Le manque de sommeil peut-il péjorer la qualité d’un film ? Les asiles sont-ils des endroits sûrs ? Dormir, une nécessité ? On prend un grand café et on se lance dans la critique.

La jeune Bianca (Eva Quattrocci), comédienne en devenir, se voit offrir la possibilité du premier rôle dans une pièce de la célèbre Alma (Belén Rueda). Elle se rend donc dans un asile abandonné où la troupe séjourne dans le but de s’entraîner pour la représentation. Cela inclus d’y rencontrer les autres acteurs, de rester dans les petits papiers d’Alma pour conserver le premier rôle, d’être privé de sommeil et de gérer les forces invisibles qui habitent dans le coin.

Première chose à clarifier ; le casting est super. Eva Quattrocci se débrouille impeccablement bien, de même que Natalia de Molina, interprétant Cecilia, la rivale de Bianca pour le premier rôle de la pièce. Et que dire de l’hallucinante Belén Rueda qui n’en est pas à son coup d’essai (L’Orphelinat, Les Yeux de Julia) ? En cheffe de troupe complètement à la masse, elle pousse ses acteurs à la performance ultime, quitte à les empêcher de dormir pendant plusieurs jours.

Car le postulat de base de No dormirás est très terre à terre ; la privation de sommeil. Tiens, le titre donnait une puissante indication sur le sujet. Le film débute d’ailleurs sur une scène passablement bien fichue où une jeune femme, cobaye d’Alma, n’a pas dormi depuis près de 108 heures, occasionnant des hallucinations peu sympathiques et un décrochement mental non négligeable. Convaincue que la privation de sommeil peut faire ressortir le meilleur, elle décide d’expérimenter cela sur une troupe d’acteurs de théâtre à l’occasion de sa prochaine pièce.

Alléchant, non ? C’est aussi ce que j’ai pensé. Le métrage démarre, on se retrouve vite dans l’ambiance en nous présentant Bianca et son père, ayant quelques soucis psychologiques et finissant par se faire emmener par de gentils messieurs en blouses blanches. Le premier rôle dans la nouvelle pièce d’Alma lui est proposé et c’est parti pour l’asile !

Car oui, le cadre a son importance. On ne peut pas nier que le bâtiment fait froid dans le dos, que le reste de la troupe possède des personnalités bien trempées et que l’histoire qui gravite autour de cette pièce de théâtre est bien sombre. Pourtant, avec tous ces atouts dans sa manche, le film ne semble pas décoller. On vogue, ensommeillé, de rebondissements en nouveaux questionnements sans réellement comprendre l’enjeu de tout cela.

Heureusement, tout finit par arriver ! C’est dans les quinze dernières minutes du film que tout se joue et que nous comprenons enfin la raison de tout ce remue-méninge. Enfin, quand je dis « comprendre », c’est peut-être vite dit. Le film se perd un moment en route et prenant un chemin peu conventionnel, tout cela sans doute pour intensifier l’impression de perte de repère. Mais ça ne fait que nous embrouiller un peu plus.

Le constat final est loin d’être affligeant, mais il faut avouer qu’avec un titre pareil, on s’attendait clairement à quelque chose qui nous colle les fesses au plafond. Au lieu de ça, c’est la bave sur le t-shirt que nous risquons de récolter. Poussif la majorité du temps, possédant une ambiance bien sentie mais perdue au milieu d’une intrigue trop tarabiscotée pour être honnête, on finit par décrocher.

Quelques sursauts viennent ponctuer le métrage en nous surprenant de temps à autre, mais le constat général est mitigé concernant la nuit blanche suivant le visionnage. Les séquences oniriques auraient certainement pu aller un cran au-dessus et le final avait sans doute un potentiel bien plus grand, même si Bianca parvient aisément à nous surprendre.

Au-delà du fait que l’on risque potentiellement de bâiller, il ne faut pas oublier que le film traite de plusieurs sujets intéressants. On peut y voir une métaphore sur les performances ultimes de certains acteurs, poussant leur psychisme dans les retranchements les plus reculés pour parvenir à obtenir LE rôle qui changera tout. Mais comme bien souvent, il faut prendre garde à ne pas DEVENIR le rôle en question.

La tyrannie d’Alma peut aussi être un comparatif avec les décisionnaires dans le milieu du divertissement, prêts à tout pour obtenir un rendu final bluffant, permettant ainsi une renommée plus grande… ou une caisse plus remplie. Il serait dommage de ne pas souligner également que le film s’attarde passablement sur les problèmes psychologiques au sein de la cellule familiale, preuve en est de la relation entre Bianca et son père ou la révélation finale du métrage.

Bancal sans réellement être totalement inintéressant, No dormirás reste cependant bien soporifique, la faute d’un scénario mollasson, une construction un peu trop morne et un manque crucial de tension récurrente. Cependant, ce métrage reste un bon petit thriller parfait pour les soirées pluvieuses, prouvant que malgré ses lacunes, un bon casting et un visuel bien foutu, ça fait toujours plaisir de découvrir ce type de film.  

Sur ce… *bâille* je vais aller me coucher. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page