Sorceleur pour la vie

L’histoire de The Witcher commence en l’an de grâce 1990 avec la publication de romans et de recueils écrits par Andrzej Sapkowski. A ce moment-là, l’écrivain polonais ne sait pas encore que son histoire va prendre un essor considérable. En 2001, le film Le Sorceleur est produit en Pologne, suivi d’une série réalisée par la même équipe technique. En 2007, le studio CD Projekt (également en Pologne) lance le premier jeu vidéo basé sur l’univers des livres, l’intrigue se situant après ces derniers. Deux autres jeux suivront, notamment The Witcher 3 : Wild Hunt qui connaît un immense succès.

Dès lors, les contrées de la Pologne et des Etats-Unis s’unissent pour créer une série par le biais de Lauren Schmidt-Hissrich, productrice exécutive et showrunneuse. La première saison débarque sur la chaîne Netflix en 2019. Ardent fan du troisième opus en jeu vidéo, il faut dire que j’attendais cette série avec une certaine impatience. Cette dernière reprend la trame des livres et n’a aucun lien avec les jeux. Est-ce que je vais m’y retrouver ? Nilfgaard va-t-il étendre son autorité ? Pourquoi Geralt n’a-t-il pas deux épées ? Tant de questions qui nécessitaient un visionnage… et quelle surprise, mes amis, quelle surprise !

Sur le Continent, Geralt de Riv (Henry Cavill) est un Sorceleur, individu upgradé par la magie et l’entraînement pour chasser tous les types de monstres. Son destin va être étroitement lié à celui d’une puissante magicienne, Yennefer (Anya Chalotra) ainsi qu’à la petite fille du royaume de Cintra, Cirilla (Freya Allan), possédant un pouvoir incroyable.

Avant toute chose, il convient de préciser que tous ceux qui ne connaissent que les jeux ne sont en aucun cas dépaysés. L’adaptation ici présente est fidèle à la série de livres dont elle s’inspire et donc à l’univers de The Witcher. Comme dans toute adaptation, il est clair que certaines choses dérogent de l’original, mais il me semble qu’il n’est pas nécessaire d’en tenir rigueur, le rendu final étant cohérent et tout de même puissamment inspiré du matériau d’origine, sans en changer les bases. Et à la question ultime qui me taraudait depuis les premiers visuels à savoir « Pourquoi Geralt n’a qu’une épée ? », il en possède bien deux… mais ne les porte pas en permanence.

Car oui, un Sorceleur se doit d’avoir deux épées ; une pour les monstres (en argent) et l’autre pour les humains (en acier). Et il faut dire que cette vie n’est pas des plus évidente. Etant toujours à la recherche de contrats pour occire des monstres, Geralt va de ville en ville et se trouve être, la plupart du temps, considéré lui-même comme un monstre. Son design (extrêmement fidèle) comprend des cheveux cendrés, des yeux jaunes, quelques pouvoirs magiques et une aptitude hors normes à la torgnole.

Henry Cavill nous offre donc une prestation absolument géniale ! Ayant lui-même confié qu’il aimait particulièrement ce rôle, il est plaisant de savoir qu’il est partant pour que l’aventure continue. Une très bonne chose au vu de sa performance dans la série, nous faisant découvrir un Sorceleur ressentant tout de même une foule d’émotions, du rejet à la colère en passant par l’amour, tout cela en conservant un humour non négligeable. Magnifique travail !

Il en est de même pour Anya Chalotra interprétant Yennefer. Magicienne accomplie, son chemin pour atteindre ce statut est long et semé de souffrances. Avec ses magnifiques yeux violets et son jeu pile dans le ton, difficile de ne pas se laisser ensorceler. La jeune Freya Allan nous offre une Cirilla à la recherche de son identité profonde et nous gratifie de nombreuses scènes portant à croire qu’elle va devenir une véritable guerrière. A noter que l’actrice, elle aussi, souhaite continuer de grandir en même temps que son personnage.

Joey Batey nous interprète Jaskier, un barde loquace, non sans humour ; MyAnna Buring est Tissaia, rectrice d’Aretuza, l’académie de formation des sorcières, froide mais juste ; Anna Shaffer est la magicienne Triss Merigold, croisant le destin de Yennefer comme celui de Geralt ; Lars Mikkelsen (le frère de Mads) est le sorcier Stregobor, un peu fourbe sur les bords ; et Jodhi May joue merveilleusement la reine Calanthe, souveraine de Cintra et grand-mère de Cirilla.

Un casting avec quelques têtes connues et d’autres faisant leurs débuts. Mais dans l’ensemble, nous avons ici des prestations absolument dans le tir et il serait faux de dire que l’ensemble ne colle pas à l’univers qui nous est présenté dans la série. On retrouve le ton des différents personnages que l’on a pu connaître dans les livres ou les jeux… et c’est impeccable !

L’univers de The Witcher est complexe et pourtant bien coordonné. Il faut tout d’abord prendre en compte que nous nous trouvons sur un Continent où des puissances militaires s’affrontent. Le royaume de Nilfgaard est le principal antagoniste de cette saison, bouffant du territoire à tout-va et souhaitant étendre sa domination. Ne vous faites pas de souci en ce qui concerne le nom des différentes contrées qui nous sont présentées ; on met un peu de temps à s’y retrouver mais ça en vaut la peine.

Notre Sorceleur se retrouve donc dans un monde de conflits mais également de monstres. Là, la série ne va pas jouer la carte de la facilité en nous proposant des épisodes « loners » avec une traque et une créature à chaque fois. La mode Supernatural, c’est classe, mais il faut savoir s’en émanciper lorsqu’un univers entier doit être posé durant une première saison, ceci dans le but de conserver un rendu complet et cossu pour la suite.

Des monstres, il y en a, il ne faut pas vous en faire ; dragons, goules, kikimora, sylvains, les créatures parsèment la terre du Continent et y’a du boulot pour notre chasseur. Cependant, il se peut parfois que les humains soient les véritables monstres en lieu et place d’individus ayant une tête certes peu affable mais possédant un cœur bien plus grand que certains homo sapiens.

La magie possède également une place importante dans l’univers de The Witcher, notamment en nous présentant les sorcières formées à Aretuza. Genre de Poudlard avec une glauquitude grimpant proche des 100%, seules les meilleures peuvent en sortir avec un poste de conseillère auprès d’un monarque. Yennefer fait les frais de cette formation qui se trouve être loin de ce qu’à pu vivre un certain Harry.

Une fois que l’on mélange tout cela, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien, une première saison de huit épisodes, entre quarante-cinq minutes et une heure de durée, qui se bouffe comme des bretzels ; on n’a pas envie de s’arrêter ! Les aventures de Geralt et de ses compagnons nous prennent aux tripes et nous invitent à vouloir en savoir toujours plus sur cet univers si particulier et pourtant si familier.

Le domaine de la fantasy est maintenant connu et reconnu, surtout au sein de la pop culture. Pourtant, en puisant ses inspirations dans les mythologies polonaises et slaves, The Witcher parvient à faire mouche et nous embarquer dans son univers, certes impitoyable mais ô combien prenant. Bien sûr, on sent comme un goût de déjà vu, ne serait-ce qu’en reprenant des sagas comme Le Seigneur des Anneaux ou encore Game of Thrones, mais plus on creuse l’histoire de The Witcher, plus on se surprend à aimer cette structure.

Un autre point fort ; la musique. Tout comme dans le jeu vidéo, elle colle parfaitement à l’univers de la série. C’est une véritable leçon sur comment nous emmener encore plus loin grâce à des compositions magnifiquement interprétées. On peut citer notamment Jette un sou au Sorceleur (Toss A Coin To Your Witcher) qui vous reste méchamment dans la tête ou la splendide chanson à l’issue du dernier épisode, The Song Of The White Wolf, parvenant à nous coller des frissons. La bande-originale est composée par Sonya Belousova et Giona Ostinelli et franchement, ça envoie du lourd.  

Cette première saison est donc parfaite ? Il faut bien entendu relativiser la moindre et admettre qu’il y a un rythme parfois inégal, notamment dans les premiers épisodes. Cela peut s’expliquer par une mise en place un peu désorganisée dans le but d’avoir une assise plus importante par la suite. Il ne faut donc pas décrocher dès le départ si on se dit que ça paraît mollasson ; cela ne dure pas.  

De plus, le fait de nous présenter cette première saison sur deux axes temporels distincts (vous verrez bien) peut nous embrouiller quelque peu sans pour autant nous outrer. Les grands fans peuvent regretter le traitement de certains personnages, mais je pense qu’il est nécessaire de conserver un peu de matière pour la suite, bien qu’il en reste assez au vu des histoires d’Andrzej Sapkowski.

Traitant des problèmes de différences, de l’essence qui fait de nous des êtres humains et des conflits intervenants entre deux royaumes, la série est actuelle dans ses propos. Sans nous faire de tirade moralisatrice, on peut constater que les apparences sont parfois trompeuses et que les monstres sont souvent tapis au plus profond des êtres, apparence physique mise à part. La notion de choix est également importante, tout comme elle l’était dans The Witcher 3 : Wild Hunt, chaque choix fait étant déterminant pour la fin du jeu.

Cette première saison est bien fichue pour poser les bases d’une nouvelle mythologie télévisuelle. Une suite est d’ores et déjà prévue pour 2021. Il faudra donc patienter près de deux ans pour découvrir la suite des aventures du Sorceleur, du destin de Cirilla et des problèmes de conflits sur le Continent. Bon… ben… dans ce laps de temps, c’est l’occasion de se refaire intégralement The Witcher 3 : Wild Hunt !

Des acteurs reprenant amoureusement leurs personnages, un univers peuplé de monstres, de conflits et de magie, une histoire qui ne demande qu’à continuer de grandir et un humour noir assorti de punchlines bien amenées, The Witcher est une série parfaite pour les soirées tranquilles sur le canapé. Nous embarquant dans un conte grandiose avec ses innombrables qualités et ses quelques défauts, cette adaptation nous fait prendre conscience qu’il existe encore des pépites inexplorées et qu’après une série de livres et trois jeux vidéo, il est encore possible de nous surprendre.

Mais je maintiens ; deux épées dans le dos, ça claquerait encore plus !

Commentaires

Floflo

27.12.2019 11:11

J'adore ta critique, j'ai adoré cette série. Par contre je ne savais pas qu'il y avait des livres du coup je vais aller en librairie. Merci infiniment pour ta critique 🤩

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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