Arnaque au surnaturel

Aussi connu sous le titre Les mauvais esprits, ce métrage est réalisé par un islandais du nom d’Olaf de Fleur (si, si). Entendant rarement parler de films horrifiques venant de cette contrée, je me demandais vraiment ce que cela pourrait donner. C’est donc avec une certaine avidité que je me suis jeté sur le contenu, surtout quand on voit le sujet usité ici. Des arnaqueurs jouant sur les sentiments des gens pour leur faire croire au surnaturel vont se retrouver face à une menace bien réelle. L’arroseur arrosé version horreur, ça ne peut que donner quelque chose de bien, non ? Pour en savoir plus, c’est intrigué que j’ai démarré le visionnage de ce film tout en espérant ardemment qu’il ne me vole pas une heure trente de ma vie. ATTENTION : cet article contient des spoilers, des vrais… donc si vous voulez une surprise totale, revenez après visionnage.

Angela (Florence Pugh) et Jackson (Ben Lloyd-Hughes) sont frère et sœur. Ensemble, ils ont monté leur petite affaire d’arnaque envers les personnes étant persuadées que leur maison était hantée. Avec l’aide de leurs amis, ils se pointent chez le client, mettent des caméras partout et Angela s’occupe du reste, faisant croire qu’elle permet aux âmes égarées de rejoindre l’au-delà. Mais cela se corse lorsque sur une dernière affaire, ils se retrouvent confrontés à de réels événements surnaturels.

Dit comme ça, le pitch a l’air des plus sympathiques. Moi aussi, je me suis laissé séduire par cette idée pourtant courante que les arnaqueurs pouvaient aussi se faire arnaquer. Tout ce qui brille n’est pas or, mes amis. Et c’est l’appât du gain qui va faire basculer nos jeunes faux-chasseurs de fantômes dans une galère telle, qu’ils vont mettre du temps à s’en remettre… et nous, c’est notre naïveté qui va nous pousser à regarder le métrage.

Si l’on prend les acteurs présents dans le film, globalement, ils jouent bien ce qui leur est demandé. On regrette une Angela majoritairement trop peu investie, un Jackson cabotin, sa petite amie qui ne sert pas à grand-chose et un caméraman qui se prend les pieds dans le plancher. Le meilleur rôle du métrage revient sans doute à Madame Green (Celia Imrie) qui nous gratifie d’un personnage à la fois bizarre, complexe et complètement à la masse.

Outre cela, le scénario ose une tournure en plein film, à la manière d’un Pascal Laugier (bien que de moindre manière). On démarre l’histoire avec la conviction que les pauvres jeunots vont s’en prendre plein la patate quand ils seront confrontés à de vrais esprits. On attend ce moment avec une impatience urticante et c’est là qu’ils débarquent dans la grande demeure de Madame Green.

Cette bâtisse a été le théâtre d’événements sordides perpétrés par le fiston de Madame Green sur des fillettes. Les apparitions commencent, on sursaute quelques fois et on s’attend à ce que ça parte en cacahuète à tout moment, telle une explosion horrifique bienvenue dans ce monde en carton inventé par les arnaqueurs présents dans la maison.

Et là… coup de volant ! On apprend que les vrais méchants de l’histoire ne sont pas des esprits mais bien des humains. Pour un film d’horreur, c’est souvent couillu d’oser un revirement comme celui-là, surtout si l’on considère que les esprits en question sont toujours bien présents et même enclins à donner un petit coup de main histoire de sauver quelques protagonistes.

Mais du coup, c’est une bonne ou une mauvaise chose, ce revirement ? Je partirais du principe que l’idée est osée et que pour cet aspect-là, c’est une bonne chose. On fait aller le spectateur à fond dans le sens du surnaturel et on tourne un coup sec pour le transposer sur autre chose. L’effet perturbateur fonctionne quelques instants avant que l’on se rende compte que l’on s’est fait avoir. En même temps, pour les amateurs de ce genre de métrage, ça se sent pourtant à quelques kilomètres que ça va tourner de cette manière.

Et c’est là qu’arrive l’aspect moins charmeur de ce genre de revirement. On le voit carrément arriver, si l’on fait attention à certains indices, et le plaisir de se faire avoir se transforme en un « Quoi ? Alors ce ne sont pas les esprits qui vont dézinguer les roublards les uns après les autres ? Mais… pourquoi ? ». On se rend alors compte que le titre du film Les mauvais esprits prend tout son sens.

Eh oui… les mauvais esprits, ce sont ces jeunes qui profitent de la crédulité des gens blessés pour leur soutirer un peu de thunes afin de vivre comme ils le souhaitent. Les mauvais esprits, ce sont ces tueurs maniaques, complètement tarés, qui prennent un malin plaisir à faire souffrir des fillettes. Les mauvais esprits, ce ne sont en aucun cas ceux des fillettes en question qui cherchent à prévenir, aider et réduire à néant le dessein des méchants.

Au final, bon ou pas bon ? Mitigé serait le mot convenant le mieux à la situation. D’une part, j’ai trouvé que la qualité du métrage était globalement moyenne et que certains passages suscitaient plus l’ennui que la véritable ferveur d’aller plus loin. D’autre part, oser un revirement comme celui-là avec ce que ça implique, tout en appuyant sur une morale bien cossue, c’est courageux et intéressant. Reste la toute fin du métrage qui ne laisse plus de doute sur les « pouvoirs » d’Angela et surtout le coup de sa rencontre avec Jackson qui laisse une vague impression de tristesse dans notre petit cœur.

Malevolent est un film qui n’est pas forcément bon en soi mais qui véhicule un tas de bonnes petites choses, à commencer par sa force d’oser tirer le frein à main pour opérer un 180°. Des acteurs parfois insipides ou ennuyeux, un déroulement pépère (un peu trop pour un film de genre) et quelques exactions sanglantes ne viennent pas redorer totalement le blason de ce métrage. Reste le montage final qui est intéressant. A voir pour tous les accros absolus du genre, à laisser de côté pour les autres.

J’ai trouvé ironique de planter la voiture après avoir percuté le jardinier.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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