Bas les masques

« Oh non… pas encore un film de maison hantée » me suis-je dit en voyant l’affiche du film et son nom évocateur. Dans le domaine horrifique, j’ai bouffé tellement de films avec des maisons hantées que ça devient compliqué de trouver quelque chose qui sorte du lot. Tiens, on parle ici d’une attraction un soir d’Halloween. Bon, et à part ça ? A la barre, nous avons Scott Beck, réalisateur de quelques métrages (courts et longs) et également scénariste de Sans un bruit. Il y a aussi Bryan Woods… qui possède le même CV. Ouais, bon, j’ai un moment à tuer, autant le regarder. Vais-je tomber en léthargie ? Est-ce la fin ? Si je m’endors, est-ce que je recommence au début ? Mais… ‘c’est pas si mal ! On prend son ticket et on démarre la critique.

Harper (Katie Stevens), une jeune fille quelque peu déprimée, s’en va avec des amis à une fiesta pour la soirée d’Halloween. Tous décidés à faire une attraction bien flippante pour terminer leur sortie, ils découvrent une maison hantée à visiter. Ils sont accueillis par un clown essayant de les mettre dans l’ambiance, mais les jeunes sont bon enfant. Alors qu’ils démarrent leur visite, ils vont vite se rendre compte que l’aspect extrêmement réaliste de ce qu’ils découvrent n’est pas là sans raison.

Bon, on ne va pas dire que l’on part avec quelque chose de radicalement différent des autres métrages horrifiques traitant de ce sujet. Une bande de jeunes, une soirée qui s’annonce bien, un crush naissant entre Harper et Nathan (Will Brittain), le joyeux luron du groupe en la personne d’Evan (Andrew Caldwell), les bonnes copines du secteur ; Bailey (Lauryn McClain) et Angela (Shazi Raja) ; il n’y a pas grand-chose de nouveau sous les projecteurs blafards des attractions horrifiques.

Enfin, les attractions en question sont tout de même une chose extrêmement courante aux Etats-Unis et on peut en trouver maintenant de plus en plus à travers le monde à chaque Halloween. Sorte de train fantôme 2.0, vous prenez votre billet et tentez de « survivre » à votre passage dans le décor prévu d’un bout à l’autre pour vous filer les jetons.

Eh bien ici, nos jeunes ont déjà un capital-sympathie intéressant. Contrairement à d’autres groupes dans le même genre, ceux-ci nous paraissent… plus proches d’une représentation réaliste des êtres humains qui nous entourent. On apprend donc rapidement à les connaître et on s’étonne d’autant les apprécier.

Puis, l’attraction démarre ; un clown à l’entrée, un fantôme dans les couloirs, une sorcière faisant une « performance » réaliste ; tout concourt au bien du palpitant de nos jeunes qui s’éclatent complètement dans cette maison hantée. Mais les choses prennent soudain une tournure plus sinistre ; l’un d’eux est blessé et il faut sortir de là pour le soigner.

Mais voilà ; apparemment, aucune sortie de secours ne semble prévue… et les acteurs de l’attraction n’ont pas l’air des masses convaincus de les aider dans cette tâche. Dès lors, le film prend un nouvel aspect ; une session d’Escape Room géante. Un étrange personnage, déguisé en fantôme et se faisant appeler Mitch, leur donne un coup de main pour tenter de rejoindre l’extérieur.

Le film surprend, dans le bon sens du terme, sur plusieurs points. Tout d’abord, les réactions des jeunes semblent assez réalistes par rapport à d’autres métrages, même si les facilités scénaristiques sont présentes (oh, mince, j’ai perdu la seule clé nous permettant de sortir…). On est donc surpris de leurs réactions car elles sont plus… cohérentes que d’habitude. C’est dingue, ça, quand même.

Ensuite, l’orientation que prend le métrage. On s’attend à une banale histoire de maison hantée, gna gna gna, avec des « BOUH ! » et des « A L’AIDE ! » à tour de bras. Eh bien, non. On se retrouve dans un piège sadique tendu par des individus masqués et timbrés. A ce titre, là où le film fait très fort, c’est lorsqu’ils retirent leurs déguisements ; ils… non, je vous laisse la surprise.

Pour embellir (si l’on veut) le tout, les décors sont foutrement bien faits. Les différentes pièces de la maison nous transportent à chaque fois dans un nouvel univers et la fin du film nous donne même quelques relents d’un certain Saw. Entre la forêt, la salle de la cage ou le long couloir, tout est construit de manière à nous plonger dans le récit… tout comme dans l’attraction.

On suit donc les mésaventures de cette équipe non sans ressentir une empathie grandissante pour chacun, se demandant comment ils vont parvenir à s’en sortir. Tout cela pour en arriver à une fin quelque peu capillotractée, mais libératrice, autant pour l’un des protagonistes que pour nous ; nous avons vu un bon film traitant de ce thème et cela sans avoir recours à du surnaturel pur jus.

Côté trouille, nous ne sommes pas en présence d’un métrage qui va viscéralement nous décoller les fesses du canapé, ni nous forcer à prendre un coussin pendant une grand partie de son déroulement. Dans le cas présent, c’est plus le contexte dans lequel se trouvent les protagonistes et leurs ennemis bien, mais BIEN timbrés, qui vont nous permettre de classer cette création dans la section « horrifique ». On note aussi quelques jump scares çà-et-là mais globalement, c’est justifié… vu que nous nous trouvons tout de même dans une attraction où c’est clairement le but de nous faire sursauter.

Avec son casting sympathique, sa maison hantée vaste et bien décorée, son histoire simple mais traitée de manière réaliste et ses antagonistes au design fleuri, Haunt peut se targuer d’être une bonne production horrifique. A la fois totalement conventionnel mais usant des standards du genre à son avantage, c’est une bonne surprise pour tout amateur de films d’horreur bien fichu. Lancez le visionnage et profitez de la visite !

Mention spéciale pour Mitch !