Chuuuuut !

Malgré son titre, ce film en a fait pas mal… de bruit. Tout d’abord grâce à John Krasinski qui n’a pas chômé en prenant les casquettes de scénariste (aux côtés de Scott Beck et Bryan Woods), réalisateur et acteur. Pour ne pas chercher trop loin et offrir au film un rôle féminin de qualité, il demande à son épouse Emily Blunt d’interpréter sa femme. Ensuite, Sans un bruit a fait parler de lui de par son approche intéressante pour un film d’horreur post-apocalyptique. Le principe est simple ; tu fais du bruit, tu meurs. De prime abord, on pourrait penser qu’avec une idée comme celle-là, on aura franchement de quoi s’ennuyer, mais les apparences s’avèrent parfois trompeuses. C’est donc sur la pointe des pieds et en chuchotant que nous allons en découvrir plus sur ce métrage silencieux et atypique.  

En 2020, aux Etats-Unis, dans le Midwest. La famille Abbott fouille dans une ville déserte pour trouver des vivres et des médicaments tout en prenant soin de ne faire aucun bruit. La planète a été envahie par des créatures aveugles mais dotées d’une ouïe exceptionnelle, condamnant quiconque pourrait émettre un son. Un drame survient et la famille doit parvenir à faire son deuil tout en continuant de lutter pour sa survie. Un an plus tard, leur routine silencieuse est toujours d’actualité, chacun faisant face à ses doutes et ses peurs, les parents se préparant pour la naissance de leur prochain enfant malgré les terribles créatures qui rôdent dans les environs.

Dans le casting, on note une magnifique performance de tous les acteurs présents. John Krasinski est le père survivaliste, prêt à tout pour protéger sa famille. A ses côtés, Emily Blunt explose tout dans le rôle d’Evelyn, son épouse. Battante, sachant donner l’amour nécessaire à ses enfants et à son époux, elle est véritablement le pivot central du métrage et nous offre, qui plus est, un rôle profond, bien rodé et intelligent.

Les bambins ne sont pas en reste. Noah Jupe est Marcus, le cadet, interprétant son rôle avec conviction et simplicité. Cade Woodward est Beau, le benjamin qui apparaît peu à l’écran mais qui laisse une empreinte indélébile dans l’histoire du film. Et comment oublier la présence de Millicent Simmonds dans le rôle de Regan, l’aînée. Sourde dans le film comme à la ville, elle a été choisie par John Krasinski car il ne voulait pas d’une « actrice entendante faisant la sourde ». De plus, il souhaitait pouvoir complètement s’immiscer dans cet univers silencieux et en apprendre plus sur la surdité. La jeune actrice nous livre une formidable performance, tant dans son jeu qu’en leçon de vie.

Pour l’anecdote, le vieil homme croisé en forêt peut ne pas vous être inconnu, surtout si vous avez été fan de la série Prison Break. Vous souvenez-vous du Général Jonathan Krantz, antagoniste ultime de la série ? C’est bien son interprète Leon Russom que nous retrouvons dans Sans un bruit, avec plus de cheveux et moins d’hommes de main.

Première chose qui frappe dans ce film ; le silence. Normal, allez-vous me dire. Un seul bruit et CRAC, on a 99,9% de risque de se faire dézinguer. Au lieu de tirer les choses en longueur en restant contemplatif et sans apporter de l’eau à son moulin, le réalisateur parvient habilement à faire de chaque plan un moment de tension, le moindre craquement pouvant déclencher l’arrivée des monstrueuses créatures. Prendre un flacon sur une étagère, pendre son linge, marcher, tout devient source de problème car tout doit se faire dans un silence absolu.

Vous imaginez donc bien que les moments de tension sont légion, le métrage basant toute sa procédure de stress sur cet argument. Il est possible de voir se profiler quelques petites longueurs mais dans l’absolu, quand on voit les protagonistes tout faire pour ne pas être entendus, on se retrouve piégés avec eux dans cet univers silencieux et potentiellement mortel... et on en vient à redouter de poser trop fort notre canette de soda sur la table du salon.

Cette tension existe pour une excellente raison ; les créatures. Celles-ci, avec quelques relents de soldats arachnides de Starship Troopers, sont rapides, brutales, sans pitié et possèdent une sorte d’armure empêchant toute attaque directe contre elles. Aveugles et se repérant uniquement au son, elles sont de parfaites machines à tuer, les êtres humains étant dans l’incapacité de leur échapper en cas de craquement de plancher non désiré. Peu nombreuses à l’écran, les effets spéciaux sont cependant bien foutus et on n’aimerait pas se retrouver face à l’une de ces bébêtes.

Le scénario, tout comme l’ambiance globale du film, joue aussi avec nos nerfs. Après un drame vécu par la famille, nous les retrouvons quelques mois plus tard, Madame avec un joli bidon annonçant l’arrivée prochaine d’un marmot. On se calque alors sur leur vie quotidienne tout en vivant quelques scènes de tension lors de bruits causés accidentellement comme une cassure de lampe. Nous en apprenons aussi un peu plus sur le climax mondial et sur les créatures via une cache du père où il tente, en vain, de prendre contact avec de potentiels secours.

Scènes de famille obligent, nous avons la possibilité de découvrir les différents protagonistes dans tout un tas de situations diverses, comme le père qui peut enfin causer avec son fils près d’une chute d’eau, ou la complicité mise en place entre la mère et sa fille. Autant de scènes qui prennent sens dans ce monde complètement dévasté, la famille devenant l’unique chose pour laquelle se battre. Cela occasionne également, vous le pensez bien, quelques scènes de tirage de larmes.

On suit agréablement ce qu’il se passe tout en conservant cette tension constante jusqu’à en arriver à un assaut final haletant, accouchement de Madame et incursion d’une vilaine bestiole dans le domaine familial à l’appui. Le film se termine sur une image forte, montrant que tout ne fait que commencer et qu’il vaut clairement la peine de se battre pour ceux qu’on aime. Même si la solution vient d’un fait un peu prétexte (sérieusement, le père de famille aurait été le premier à y penser à ce moyen de vulnérabiliser les créatures ?), c’est le message et le fait qu’on vienne de passer un super bon moment qui compte.

Abordant des thèmes comme la famille, la culpabilité, la survie et le sacrifice, Sans un bruit n’est pas un de ces films tape-à-l’œil qui essaie de nous en coller plein la cornée à grand renfort de trouille. Aucun sursaut, juste une tension constante dans le silence assourdissant du métrage, nous présentant de bons acteurs qui sont piles dans le ton. Amateurs de films intelligents osant présenter quelque chose hors des sentiers battus, je vous invite à le découvrir. Et n’oubliez pas ; évitez de faire trop de bruit lors du visionnage afin de ne pas embêter les autres spectateurs…

… ou de risquer de vous prendre une grosse bestiole sur le coin de la tronche.   

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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